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La convoitise du Sahara

 
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Dilo
Grioonaute régulier


Inscrit le: 01 Jan 2005
Messages: 322

MessagePosté le: Ven 17 Aoû 2007 15:14    Sujet du message: La convoitise du Sahara Répondre en citant

En cette période de troubles encore créés pour satisfaire à la fois les intérêts francais et la mégalomanie de Khaddafi, ci-dessous un article rédigé par le Pr Djibo Hamani et publié par le journal nigérien "La Roue de l'Histoire" sur le péripéties des évènements historiques dans le Sahara:

Citation:
ANDDH/ Alternative Espaces Citoyens : « Journée de réflexion sur le conflit au Nord »
Les enjeux geostratégiques autour du Sahara à travers l'h'istoire.
Axe I : Point d’histoire : les enjeux géostratégiques autour du Sahara de la période coloniale à aujourd’hui.

Axe 2 : Conflits armés dans le Nord : analyse des causes internes et des ingérences extérieures
Axe 3 : Les impacts prévisibles du conflit armé sur le cadre démocratique.
Axe 4 : Analyse de la gestion actuelle du conflit et propositions de sortie de crise.

Le Sahara de l’Antiquité grecque et romaine portait le nom de Libye ; on l’appelait aussi Ethiopie pour les parties peuplées de Noirs.

Désert par excellence, le Sahara est aussi le plus grand désert du monde avec 11 Millions de Km2 s’étendant de l’Atlantique à la Mer Rouge ; douze Etats sont sahariens et s’étendent sur plus de 13 M de km2. C’est dire que le fait saharien est la marque signalétique de ces Etats ; dans leur géographie, la formation de leurs populations, l’élaboration de leurs cultures, dans leurs différentes expériences politiques, tous ces Etats, sur plus d’un tiers du continent africain, sont d’abord des enfants du Sahara ; pendant plus de deux mille ans, cet espace a imprimé sa marque sur leur devenir, après avoir été un laboratoire d’expériences historiques qui ont fécondé toute la moitié septentrionale de l’Afrique, Egypte comprise. Toute stratégie d’ensemble qui concerne le Sahara concerne donc ces Etats et, de part leur superficie et leur poids démographique et politique actuels, ce qui les touche affecte nécessairement une grande partie de l’Afrique, en particulier la totalité de ses Etats arabes et l’essentiel de sa population musulmane, surtout lorsqu’on sait que des Etats comme le Sénégal ou le Nigeria ne peuvent rester insensibles à ce qui touche le grand désert

Les caractéristiques physiques essentielles du Sahara sont la rareté de la vie végétale, de la vie animale et de la vie humaine, la rareté et l’irrégularité des précipitations ; sa partie centrale est même hyper aride.

C’est un pays dans son ensemble peu élevé avec, au centre, un ensemble montagneux.

Les limites du Sahara sont assez nettes au Nord : le système des Atlas constitue une limite climatique et structurale tranchée.

Avec le Sud, aucune limite structurelle, et la limite hydrographique reste elle-même floue. La région sahélienne constitue, dans tous les domaines, une zone de transition et non une limite.

On situe les zones désertiques à partir de 100 ou 200 mm de pluie (250 aux USA), mais en général on prend la limite de 100 mm au nord du Sahara et 150 mm au sud, méthode tout à fait arbitraire.

Le Sahara ne devint un désert qu’à l’époque historique, et ce fut au II è siècle avant J.C. qu’apparut le chameau et que le cheval cessa d’être le principal moyen de déplacement dans la région. Jusque-là et pendant longtemps encore la circulation était relativement aisée, le peuplement ne connaissait aucune discontinuité et les populations de toutes couleurs vivaient imbriquées ; des groupes noirs étaient signalés aux abords de la Méditerranée, sans doute ancêtres de ceux que l’on a considérés plus tard comme issus d’un mouvement de traite d’esclaves.

Le Sahara a fait rêver les conquérants militaires ou marchands parce qu’il était la porte d’entrée des produits africains. Les Puniques, les Romains ont essayé de l’atteindre pour ne plus dépendre des Garamantes du Fazzan, que beaucoup de sources européennes présentent comme les ancêtres des Touareg mais que moi j’apparente aux Toubous parce que d’une part ils étaient noirs et d’autre part parce qu’on sait que l’apparition des Touareg, issus de la région d’Aujila, est consécutive à l’assèchement de la région et à la maîtrise du chameau.

L’apparition des Arabes après la naissance de l’Islam, a donné au Sahara une importance considérable dans les affaires du monde. Toutes les puissances musulmanes qui sont apparues sur la scène historique (Banu Umayya, Banu Abbas, Espagne musulmane, Fatimides d’Egypte, les différents empires marocains jusqu’aux Sa’adiens), ont cherché à contrôler les voies sahariennes, sources de revenus commerciaux considérables. Ainsi, les premiers Etats musulmans apparus en Afrique du Nord dès le VIIIè siècle furent tous des Etats liés au commerce saharien (Sijilmasa, Tahert, Zawila…) ; ils vont rapporter aux Etats plus puissants situés plus au nord l’essentiel de leurs revenus. A travers le Sahara parvenait en effet aux Califats musulmans et aussi à l’Europe la quasi-totalité de l’or qu’ils consommaient, avant l’invasion de l’Amérique. [Le Soudan guérit de la pauvreté comme le goudron guérit la gale du chameau] Le contrôle du Sahara était donc un enjeu capital. Cet objectif a été à l’origine de guerres entre confédérations berbères jusqu’à la suprématie des Inussufa (les Massufa des Arabes) dont le contrôle s’étendit de la Mauritanie à l’Ayar. A l’époque du Kanem, au XIII è siècle, le sultan Muhammad ibn Abd al- Jalil, plus connu sous le nom de Dunama Dibalimi (1210-1248) pour assurer son contrôle sur le commerce transsaharien avait conduit son armée jusqu’à Weddan à 250 km de la Méditerranée et s’était emparé de tout le sud de la Libye et ce d’après les sources arabes. Ces convoitises sur le commerce transsaharien expliquent également la formation du sultanat d’Ayar (Agadez) par des tribus touareg d’immigration récente, qui voulaient à leur tour profiter du commerce transsaharien jusque-là contrôlé par les Imussufa de Tigidda. Nous voyons enfin, au XVI è siècle Idris Alawoma de Borno s’installer à Bilma à la tête de son armée pour soumettre la rébellion du Tibesti et mater tous ceux qui perturbaient les routes sahariennes. Ce même souverain tenta de se servir de la rivalité turco-marocaine pour renforcer son Etat dont il voulut étendre l’influence à l’intérieur de l’actuelle Libye. C’est dans ce cadre aussi qu’Askiya Muhammad vint par deux fois à Agades en 1500 et 1515. On se rappelle également la politique saharienne méthodique du sultan marocain Al Mansur qui passa par la conquête du Touat, du Tidikelt et du Gourara pour aboutir à la conquête de Gao et Tombouctou en 1591, ce qui provoqua la chute de l’Etat songoi. Cette politique marocaine visait à contourner la puissance turque par le sud en lui fermant les portes du Sahara et du Soudan.

On voit donc que, pendant toute la période précoloniale, le Sahara fut un enjeu géopolitique majeur pour tous les Etats de la région.. C’était un enjeu vital dans tous les domaines et pas seulement au plan sécuritaire. Tous les souverains qui aspiraient à la grandeur de leur règne et à la prospérité de leur royaume assuraient la sécurité des routes sahariennes. Il y a donc comme une différence par rapport aux perspectives politiques des Etats actuels.

L’impérialisme colonial ne s’est pas battu pour le Sahara comme il l’a fait pour d’autres régions mais pour lui également, le Sahara suscita convoitises, affrontements diplomatiques et traités. Les Italiens, qui s’étaient emparé de la Libye, aspiraient à aboutir au Tchad ; les Anglais voulaient construire un chemin de fer Le Cap-Tombouctou ; les Espagnols, installés au Sahara occidental voulaient le Maroc et ses dépendances.

Les Français furent ceux qui mirent le plus d’enthousiasme à s’emparer du Sahara. Dès 1879, avant même la fameuse conférence de Berlin, l’idée apparut de la construction d’un chemin de fer transsaharien destiné à faciliter la conquête du Soudan central et occidental et à drainer vers la France leurs richesses que tous considéraient comme fabuleuses.

André Bourgeot écrit à ce sujet : « D’une manière permanente, le transsaharien est présenté comme un instrument stratégique de conquête : politique, économique, militaire… Dès le début, ce chemin de fer apparaît comme un des moyens d’élaborer un programme colonial dans le Soudan occidental et central, selon la terminologie de l’époque…Les partisans du transsaharien le présentent comme un moyen d’enrayer l’hégémonie britannique qui voulait s’étendre des Grands Lacs jusqu’au Nord-Ouest, à Tombouctou. »

Trois tracés prévus : W, C, E ; ce dernier devait aboutir au Lac Tchad « enjeu majeur pour les Britanniques et les Allemands ».²; il devait permettre de contrecarrer l’influence turque et, si les occasions le permettaient, d’annexer Ghadames et Ghat. La convention de Berlin de 1890 « fixe l’influence de la zone turque » et le traité franco-turc du 5 Août 1891 « légifère les délimitations territoriales africaines de ces deux puissances. »

L’accord franco-anglais du 5 Août 1890 reconnaît la zone d’influence française au sud de ses possessions méridionales jusqu’à une ligne qui part de Say sur le Niger à Barwa sur le Tchad ; ( traité franco-turc du 5 août 1891.

« Le transsaharien apparaît être le moyen approprié au processus de transformation des zones d’influence et des territoires sous domination en colonies. Dans son extension transafricain (sic) , il pouvait assurer ses fonctions stratégiques (la conquête), économique (exportation de capitaux et exploitation des matières premières), politique (colonisation d’exploitation) et sa fonction de jonction.

La peur de voir les Turcs occuper le Sahara central et donc d’empêcher la jonction avec le Soudan central poussa les Français à adopter la position des partisans du tracé central et à attaquer les Kel Ahaggar , occuper le Touat-Tidikelt, d’où le déclenchement d’affrontements qui aboutir0ent à l’assassinat du Père de Foucault (1916), l’année du déclenchement de la révolte de Kausan

Cette ambitieuse politique saharienne allait s’estomper avec la déception de ne pas trouver au Soudan l’Eldorado attendu, mais aussi à cause des affrontements sahariens après la guerre mondiale et les préoccupations intérieures des puissances européennes. Les Français restèrent les maîtres du Sahara central et occidental et de leurs prolongements soudanais. Leur politique ne se préoccupa pas de développement mais de sécurité. Elle aboutit à une profonde décadence de l’économie saharienne et sahélienne et à l’appauvrissement de leurs populations car elles tiraient une partie considérable de leurs revenus de ce commerce qui, par leur intermédiaire, liait la Méditerranée au Soudan et à la zone guinéenne.

Il fallut attendre la découverte du pétrole, à partir de 1953, pour que le Sahara reprenne de l’intérêt, cette fois non comme voie mais comme source directe de richesse. Mais c’était aussi la période de l’exacerbation des luttes politiques et du déclenchement des luttes armées.

Avec la perspective inéluctable de l’indépendance, les partisans du Sahara français recoururent à une dernière tentative pour conserver ces richesses annoncées: l’Organisation des Régions Sahariennes ‘O.C.R.S.) est créée en 1957 en vue de rassembler les régions sahariennes d’Algérie, d’A.O.F. et d’A.E.F. en une entité unique pour soit disant assurer leur développement. En réalité, il s’agissait de créer un nouveau territoire français qui échapperait au mouvement d’indépendance. Le projet, créé avec la complicité de Félix Houphouet-Boigny souleva l’inquiétude des élus africains qui dénoncèrent le complot. L’OCRS fut un projet avorté mais, et je cite une doctorante française « Ce projet apparaissait comme une possibilité pour la France de maintenir une présence en Afrique. Mais la construction d’une Afrique saharienne n’eut pas lieu… ». Mais le projet allait avoir des conséquences dit-elle ; il apparaît « comme un handicap de naissance pour les futurs Etats-Nations de la région, car il introduit le germe de la revendication séparatiste et des difficultés de la construction nationale ».

Les nostalgiques du Sahara français existent malheureusement encore en France et sont actifs à créer des difficultés aux régimes les plus vulnérables, ceux du Niger, du Mali et d’Algérie en particulier.

Les possibilités d’intervention extérieure sont accrues par d’autres paramètres à dimension mondiale : la question du pétrole devenu un produit encore plus stratégique avec la montée irrésistible de la Chine et de l’Inde et d’autres pays asiatiques dont les performances provoquent en Occident une inquiétude visible. Le fa- LES ENJEUX GEOSTRA GEOSTRATEGIQUES TEGIQUES AUTOUR DU SAHARA A TRA TRAVERS VERS L L’HISTOIRE ’HISTOIRE meux terrorisme d’Al-Qa’ida n’est qu’un élément de la bataille pour le pétrole, car sa source c’est d’abord les rapports entre les USA et les pays arabes et ces rapports relèvent de la stratégie américaine pour le contrôle du pétrole mondial. L’uranium, dont la région semble receler d’importants gisements (dans le Manguéni entre autres) ajoute à l’importance de cette zone.

Le Sahara redevient donc un enjeu, cette fois pour ses richesses propres ; la technologie moderne a aboli les distances et aujourd’hui, avec un TGV, on pourrait aller du lac Tchad à la Méditerranée en une journée. Avec un investissement de quelques milliards de dollars, ces trains réduiraient presque à néant la notion d’enclavement, alibi de tous les dirigeants des pays non riverains de la mer. Les richesses du Sahara sont réelles et l’appétit des puissances pour ces richesses est une autre réalité. Comment nos Etats pourraient- ils faire face aux appétits toujours plus aiguisés des puissances mondiales ou régionales ? Comment éviter que leurs erreurs de politique intérieure aboutissent à leur démantèlement ou à leur réduction au rôle de la mouche du coche dans des combats qui les dépassent et ne les concernent nullement ?

La priorité des priorités c’est certainement l’élaboration de politiques nationales susceptibles d’entraîner l’adhésion d’une masse critique qui rende toute tentative de subversion intérieure impossible ou risquée. La solidité du front intérieur doit faciliter la création d’un front des pays sahariens en particulier les plus menacés : Niger, Algérie, Tchad, Mali, et peut-être Mauritanie. C’est dire, en conclusion, qu’il est temps pour un pays comme le nôtre de sortir du sentier que lui a tracé le colonisateur et de reconnaître sa vocation saharienne. Nous sommes un pays du Sahara méridional et non un pays au sud du Sahara. Nos populations sont presque toutes issues de cet espace ; pendant des siècles sinon des millénaires et ce jusqu’au début du XX è siècle,, nos relations se sont faites pour l’essentiel avec le nord ; nous avons avec les peuples du Sahara et de la Méditerranée méridionale un substrat culturel commun et des liens religieux solides et profonds que le pays officiel ne doit pas ignorer. La redécouverte de cette réalité sera, je pense, un atout dans la consolidation du front intérieur et l’établissement de relations plus fécondes avec les autres pays sahariens, loin de la logique sécuritaire des grandes puissances et de leurs ambitions stratégiques. C’est là, peutêtre, la voie la meilleure pour empêcher que nos pays ne deviennent de nouveaux Iraq ou de nouvelles Somalies.

Par Djibo HAMANI
Université A. Moumouni Niamey

17 Août 2007
Publié le 15 Août 2007
Source: La Roue de l'Histoire
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OGOTEMMELI
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Messages: 1498

MessagePosté le: Sam 18 Aoû 2007 08:09    Sujet du message: Répondre en citant

Djibo HAMANI a écrit:
La solidité du front intérieur doit faciliter la création d’un front des pays sahariens en particulier les plus menacés : Niger, Algérie, Tchad, Mali, et peut-être Mauritanie. C’est dire, en conclusion, qu’il est temps pour un pays comme le nôtre de sortir du sentier que lui a tracé le colonisateur et de reconnaître sa vocation saharienne.Nous sommes un pays du Sahara méridional et non un pays au sud du Sahara. Nos populations sont presque toutes issues de cet espace ; pendant des siècles sinon des millénaires et ce jusqu’au début du XX è siècle,, nos relations se sont faites pour l’essentiel avec le nord ; nous avons avec les peuples du Sahara et de la Méditerranée méridionale un substrat culturel commun et des liens religieux solides et profonds que le pays officiel ne doit pas ignorer. La redécouverte de cette réalité sera, je pense, un atout dans la consolidation du front intérieur et l’établissement de relations plus fécondes avec les autres pays sahariens, loin de la logique sécuritaire des grandes puissances et de leurs ambitions stratégiques. C’est là, peutêtre, la voie la meilleure pour empêcher que nos pays ne deviennent de nouveaux Iraq ou de nouvelles Somalies.

Cette analyse du rôle qu'a eu le Sahara dans les échanges transafricains pendant des millénaires est très instructive. Les choses ont donc basculé avec le Yovodah qui a drainé les ressources naturelles et humaines africaines de l'hinterland vers l'Atlantique, puis de là vers l'Autre-Rive : soit un processus débuté au XVè siècle, et qui n'est toujours pas dépassé...

Toutefois, la suggestion géostratégique de l'auteur qui consiste, me semble-t-il, à réhabiliter les relations transsahariennes millénaires au détriment des nouveaux axes séculaires imposés par le commerce transatlantique apparaît assez problématique.

Au préalable, rappelons qu'en statistique, les événements les plus récents (ou les moins anciens) ont généralement une plus grande valeur prédictive des événements à venir ; surtout lorsqu'en l'occurrence ce passé récent-encore-actuel consiste au Yovodah. En sorte que pour le Niger, l'impératif stratégique consistant légitimement à réinvestir sa vocation saharienne ancestrale ne devrait pas l'entrainer à nier purement et simplement sa situation contemporaine "sub-saharienne". Outre que les modalités de ce réinvestissement saharien restent très largement à préciser ; beaucoup plus que ne l'a fait l'auteur du texte discuté. Il s'agirait de diversifier son rapport au monde, aussi bien en direction du Sahara, de l'Atlantique, que de l'Océan Indien, plutôt que de choisir l'axe transsaharien au détriment de tous autres...

D'une part, les pays du Nord-Sahara sont de plus en plus méditerranéocentrés, et considèrent avec dédain (voire mépris...) leurs voisins Sud-Sahariens : il n'y a qu'à voir la manière inacceptable dont les étudiants subsahariens, y compris nigériens, sont maltraités par leurs hôtes maghrébins dans l'indifférence généralisée des responsables publics...
En tout état de cause, les préoccupations géostratégiques (immédiates, voire à moyen terme) des pays Nord-Sahariens ne les portent nullement vers leurs voisins du Sud. Et il s'agit bien souvent de choix volontairement orientés et assumés par ces pays. En sorte que le Niger risquerait de se défaire de relations atlantistes, sans être assuré de créer ou renforcer des partenariats sahariens fructueux. Peut-être vaut-il mieux alors travailler d'abord (ici et maintenant) à modifer radicalement la structure des relations imposées par le Yovodah, en vue d'acquérir une autonomie pleine et entière dans l'exploitation commerciale et surtout industrielle de ses propres ressources naturelles. Et probablement que la réussite préalable d'un tel objectif (qui n'est plus hors de sa portée...) accroîtrait l'attractivité transsaharienne ex post du Niger...
C'est assurément de ce point de vue que cette proposition de Djibo Hamani prend tout son sens :
Djibo HAMANI a écrit:
La priorité des priorités c’est certainement l’élaboration de politiques nationales susceptibles d’entraîner l’adhésion d’une masse critique qui rende toute tentative de subversion intérieure impossible ou risquée.

D'autre part, les pays sahariens ont à peu près les mêmes atouts, ceux que leur confèrent justement le Sahara : ressources archéologiques, hydrocarbures, ressources hydrauliques sous-terraines, ressources (agro-)pastorales, ressources minières. En conséquence, outre l'exploitation conjointe (mutualisée ou coordonnée) desdites ressources, les possibilités d'inter-échanges de ces ressources seraient limitées.
C'est plutôt l'élaboration d'une offre maîtrisée à destination des pays de la planète dépourvus de ces ressources qui aurait un plus grand portentiel d'expansion commerciale et industrielle : d'où l'impératif de diversification mondiale des relations politico-économiques du Niger, bien plus que le réinvestissement d'une géostratégie transsaharienne où il pourrait se retrouver rapidement en concurrence internationale (âpre...) avec ses propres voisins pour la valorisation d'atouts similaires....
De ce point de vue, les immenses capacités agro-pastorales nigériennes encore inexploitées pourraient intéresser particulièrement ses partenaires africains en direction de l'Atlantique : le Niger pourrait devenir très facilement (tout est relatif, Djibo Hamani ayant évoqué le TGV) un grand pays producteur de viande et de lait BIOLOGIQUES (ie des produits agricoles normaux, à la différence des produits pollués de l'agriculture occidentale intensive, INDUSTRIELLE...), notamment à destination des populations côtières de ses voisins au Sud du Sud-Sahara, à très fort potentiel de croissance démographique, donc de besoins en viande, lait, agrumes et autres ressources agro-pastorales...
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Dilo
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MessagePosté le: Sam 18 Aoû 2007 13:34    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Au préalable, rappelons qu'en statistique, les événements les plus récents (ou les moins anciens) ont généralement une plus grande valeur prédictive des événements à venir ; surtout lorsqu'en l'occurrence ce passé récent-encore-actuel consiste au Yovodah. En sorte que pour le Niger, l'impératif stratégique consistant légitimement à réinvestir sa vocation saharienne ancestrale ne devrait pas l'entrainer à nier purement et simplement sa situation contemporaine "sub-saharienne". Outre que les modalités de ce réinvestissement saharien restent très largement à préciser ; beaucoup plus que ne l'a fait l'auteur du texte discuté. Il s'agirait de diversifier son rapport au monde, aussi bien en direction du Sahara, de l'Atlantique, que de l'Océan Indien, plutôt que de choisir l'axe transsaharien au détriment de tous autres...

D'une part, les pays du Nord-Sahara sont de plus en plus méditerranéocentrés, et considèrent avec dédain (voire mépris...) leurs voisins Sud-Sahariens : il n'y a qu'à voir la manière inacceptable dont les étudiants subsahariens, y compris nigériens, sont maltraités par leurs hôtes maghrébins dans l'indifférence généralisée des responsables publics...

J'adhère à cette vision de la situation, contrairement au vain espoir qu'émet le Pr Djibo Hamani. Néanmoins, il manque une explication plus ample de son propos.
Vouloir renouer des liens détruit par le Yovodah comme nous le souligne OGOTOMMELI, est un leurre. Encore fallait-il que la tendance montre une réélle attirance réciproque entre ces pays sahariens.
Dans l'Histoire récente, outre la période de Gammal Abdel Nasser, les pays au nord du Sahara n'ont oeuvré que pour le rapprochement au Moyen-orient ou actuellement vers la Méditérannée. Les mentalités de ces pays sont encore empreintes de l'époque du Yovodah et leurs dirigeants ne font que des actions de facade à l'égard de l'Afrique sub-saharienne et envers leurs populations.
l'Unité de l'Afrique au Sud du Sahara, serait-ce même d'abord par régions, est plus impérative, réaliste et plus nécessaire qu'une Union avec le Maghreb, car cet espoir-là me parait chimérique pour plusieurs générations encore.
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