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Chefferies traditionelles et régimes néo coloniaux

 
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bamiléké
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Messages: 1078

MessagePosté le: Mar 24 Juil 2007 20:53    Sujet du message: Chefferies traditionelles et régimes néo coloniaux Répondre en citant

Pauvre des “ rois ” Bamiléké !



Ils étaient autrefois entièrement consacrés et dévoués au service de leur peuple, et apparaissaient en termes de gouvernance comme facteur d’ordre, de paix sociale, d’éthique morale et religieuse, et de dynamisme économique et culturel. Aujourd’hui, malheureusement, ceux qu’on nous demande par nostalgie culturelle de continuer à appeler “ rois bamiléké ”, ne sont plus à la quasi-totalité qu’une bande de dévoyés, dont les mœurs politiques et socioculturelles constitueraient jadis un délit de haute trahison passible de la peine de mort.
C’était déjà dommageable qu’ils fussent constitués “ auxiliaires d’administration ” dans un contexte colonial qui programmait leur disparition, puis post et néo-colonial caractérisé par le déracinement culturel et une caricature républicaine dans laquelle l’administration est partisane.
Du temps de mon enfance, on m’enseignait que “ le roi est avec Dieu ”. Et que c’est pourquoi il est garant de la moralité publique et gardien du patrimoine culturel et domanial du village ; de son royaume. Il ne faisait certes pas les lois comme dans les monarchies absolues ; il était chargé de veiller à leur juste application, et devait rendre compte de son action au comité délibérant des “ neuf ” ou des “ sept ” (selon les villages).
Selon une constitution non écrite, la défense et la gestion du patrimoine “ national ” ne lui conféraient aucun droit de propriété, et s’il avait le droit d’épouser toute fille du village qui lui plairait, l’adultère du roi était passible de la peine capitale, dont un comité secret était coutumièrement chargé de l’exécution. Personne n’allait les mains vides visiter le roi, et personne ne sortait les mains vides du palais (qu’on appelle aujourd’hui chefferie), puisqu’il était roi de tous et pour tous les sujets.

Le déracinement culturel, et l’individualisme matérialiste aidant, les bamiléké n’ont gardé de cette culture traditionnelle que le folklore (dans l’ensemble), et leurs rois esseulés et désorientés, comme par instinct de survie, ont décidé de se vendre au plus offrant, pour survivre, perdant du coup l’essentiel de leur autorité morale, et devenant socialement de vulgaires citoyens.
Dans un premier temps, ils se sont mis à conférer des titres de notable ou dignitaire du village à n’importe quel voyou qui pouvait leur apporter quelques millions Cfa pour soutenir leur nouveau train de vie. Dans un second temps, ils se sont battus pour conforter leur situation, non plus d’auxiliaires de l’administration, mais de fonctionnaires salariés de la préfectorale. Enfin, ils ont franchi le rubicon, en se livrant corps et âme au parti politique gouvernant, trahissant définitivement le principe de neutralité attaché à leurs fonctions et charges depuis la nuit des temps. Plus victimes qu’eux de la corruption politique, on meurt !

Une destruction programmée
L’avènement de la République (qu’induit le choix de la démocratie comme mode de gouvernement) entraîne fatalement la problématique de la coexistence entre des régimes ethnico-monarchiques et une République démocratique unitaire. L’Etat néo-colonial aurait eu la tentation, un moment – comme le souhaitait le colonel Lamberton (administrateur colonial français) – de supprimer ces monarchies faites “ chefferies coutumières ” par la colonisation. Mais cela eût transformé les Bamiléké en peuple acéphales incontrôlables.
Le meilleur choix aura été, pour les gouvernements Uc, Unc et Rdpc, de maintenir ces structures coutumières, sans tentative d’adaptation à la modernité démocratique, mais uniquement comme instrument d’embrigadement politique.
Cette fonction inédite des “ rois bamiléké ” aura été, on ne peut plus manifeste au cours de l’actuelle campagne électorale, et à plusieurs titres. Tout d’abord, des chefs traditionnels, comme on les désigne en langage prétendument républicain, se retrouvent sur les listes de candidats Rdpc conduites par eux-mêmes ou par leurs sujets, livrant ainsi à tous les outrages de la campagne leurs attributs symboliques. Choix partisan s’il en est, et qui leur ôte désormais toute légitimité en tant que chef d’une structure villageoise où se développe désormais un pluralisme politique légitime. Dévoiement du principe démocratique qui prescrit la neutralité partisane à l’administration républicaine dont ils relèvent.
Ensuite, ils se prêtent au viol de la conscience citoyenne que perpètre le parti-Etat pour réaliser son objectif de “ conquérir le maximum d’électeurs… ”
“ On aime à dire que les chefs traditionnels sont des gens qui mangent à tous les rateliers. Il y a des chefs traditionnels qui ont quarante femmes, et au soir du dépouillement, on est surpris que le parti compte à peine deux voix dans leur bureau de vote ”. C’est par un fils de l’Ouest, ministre “ de la République ”, que ces propos ont été tenus au cours d’un meeting de campagne du Rdpc dans le Haut-Nkam.
Qu’est-ce à dire ? Non seulement que les chefs traditionnels doivent se montrer un peu plus sérieux en restant fidèles au seul ratelier du Rdpc, mais ils doivent amener forcément leurs épouses à voter comme eux, pour le parti des flammes. Quitte à ce que, pour ce faire, chaque chef dispose de son propre bureau de vote à l’intérieur de la chefferie !

Il s’agit bien là d’un viol de la conscience des citoyens, si l’on pense que ces propos manifestent la volonté politique du parti-Etat de se servir de l’autorité des chefs traditionnels – ou ce qu’il en reste – pour obliger psychologiquement leurs sujets à voter Rdpc.
Reste cependant à savoir ce qu’allaient faire tous les “ Fù ” du Haut-Nkam dans un meeting de parti politique, et du Rdpc qui plus est, pour qu’un langage aussi plein d’arrogance et de menace leur soit tenu. Qu’allaient-ils y faire à l’exclusion des autres lieux de campagne s’ils n’étaient pas de simples dévoyés acquis à la cause d’un parti-restaurant ?
Et pourtant, les chefferies traditionnelles, à l’Ouest comme ailleurs au Cameroun, y compris celles en voie de reconstitution dans les provinces du Centre et du Sud, pourraient, au-delà d’être le vivier de nos valeurs culturelles, offrir à l’Etat l’opportunité d’une décentralisation politique originale en Afrique, parce que conciliant l’autorité politique monarchique avec le pouvoir administratif démocratique.
Dans la dévolution des pouvoirs aux collectivités locales, on pourrait imaginer – et pourquoi pas – de transformer chaque village en une commune rurale dont le “ chef supérieur ” comme on dit, serait président à vie du conseil municipal (fonction héréditaire donc), tandis que les conseillers municipaux et le maire seraient élus au suffrage des villageois, avec un mandat à terme et renouvelable. “ Le village électoral ” serait désormais une commune !
L’Etat national serait ainsi moins menacé dans son existence par les ethnies nations, et le pouvoir central n’aurait pas à régler des problèmes de ménage dans les tribus villageoises. Il est cependant évident que ce mode de décentralisation sera inadéquat dans les métropoles urbaines qui n’ont ni la même homogénéité sociologique, ni les mêmes contextes et problèmes de vie. Quoi qu’il en soit, nos chefs traditionnels méritent mieux que ce qu’ils sont aujourd’hui.

Par Jean Baptiste SIPA
Le 13-07-2007[/b]
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Mentalité de la cueuillette=sida économique

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"Si on se couche, on est mort" . Joseph Ki-Zerbo
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