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Gaston Kelman : ''Côte d'Ivoire, Tunisie, Egypte : si je pousse ce cri qui me brûle la gorge''
Suite à sa précédente chronique, Gaston Kelman revient sur la crise ivoirienne et les crises dans le monde arabe
Par Gaston Kelman le 11/03/2011

Gaston Kelman
Après ma tribune à propos de la crise ivoirienne, publiée sur Internet au début de février 2011, des lecteurs ont manifesté leur surprise de voir l’infâme iconoclaste, l’éternel pourfendeur de l’Afrique que je suis supposé être – celui qui dit entre autres, que la France ne doit rien au Cameroun par rapport à l’histoire – soutenir la lutte actuelle des peuples africains, la Côte d’Ivoire en l’occurrence, contre les diktats de la communauté internationale. Je n’ai jamais nié la valeur essentielle de l’histoire et demande tout simplement que l’on la lise désormais sans les œillères d’un dolorisme anesthésiant.

À chacun son interprétation. D’autres au contraire, ont manifesté, sur l’air de pas toi Gaston, leur surprise de me voir emboucher les trompettes d’une analyse aveuglée par ce qu’ils ont qualifié de nationalisme abscons. Pour moi, ce ne seraient donc pas des œillères, mais la cécité totale, pure et simple. J’ai apprécié que par ce pas toi Gaston, l’on reconnaisse que cette abscondité supposée dont on m’affuble ici, n’est pas mon état d’esprit habituel. Alors je demande si c’est faire preuve de nationalisme abscons que de se méfier des ingérences occidentales et des choix de cet Occident pour les peuples du Sud, au lendemain de la diffusion du film sur la françafrique ; alors que l’air est encore empuanti par les relents de l’apartheid ; alors que les mensonges de George W. Bush font des milliers de victimes ; alors que nous vivons au jour le jour les atermoiements et les récupérations de la communauté internationale qui accompagnent la révolution des pays du Maghreb !

je demande si c’est faire preuve de nationalisme abscons que de se méfier des ingérences occidentales et des choix de cet Occident pour les peuples du Sud, au lendemain de la diffusion du film sur la françafrique
Gaston Kelman


Qui accuserait le peuple mexicain de nationalisme abscons quand ce peuple – intellectuels, politiques, peuple de la rue – réagit au mépris manifesté par le président français qui a dédié l’année du Mexique en France à une personne que la justice de ce pays souverain avait condamnée pou crime, faisant d’elle une manière de Jeanne d’Arc ! Feraient-ils preuves d’anti-occidentalisme riquiqui, ces diplomates français – eh oui ! – qui ont écrit ceci : « Malgré ses références mécaniques aux droits de l’homme, notre pays (la France) éprouve les plus grandes difficultés à intégrer dans sa politique étrangère la défense de la démocratie, le soutien aux dissidents et la transformation des régimes. »

Manifestation en Tunisie peu avant la chute de Ben Ali
En français non diplomatique, cela signifie que la France a du mépris pour ces peuples qu’elle juge subalternes et indignes de la démocratie. Cela veut dire qu’au Tchad, au Mexique, en Côte d’Ivoire et en Tunisie, la France n’est pas encore sortie du complexe colonial. Et pour terminer, revenons sur ce dont on m’accuse – nationalisme abscons – pour dire que l’un des plus grands nationalistes abscons de l’histoire de l’humanité – pardonnez-moi cette répétition au fils des chroniques ; à chacun ses références – n’est autre que le grand prêtre Laocoon, qui dans l’Enéide de Virgile, se méfiait des Grecs surtout quand ils se mettaient à offrir des cadeaux comme le cheval de Troie.

Qui peut dire aujourd’hui que les régimes qui tombent en Afrique du Nord ne sont pas les cheval-de-Troie des puissances, garantes supposées de la démocratie, qui les ont soutenus pour leurs seuls intérêts, sans jamais penser aux peuples dans la détresse ? Même le "diable" libyen a réussi à faire la quasi-unanimité positive de l’Occident et à se faire dérouler le tapis rouge ici et là.

il faut comprendre que c’est ce nationalisme abscons – si on continue à le considérer comme tel - qui pousse l’Afrique du Sud à soutenir l’insoutenable Robert Mugabe, ou à l’opposé, la légitimité de Laurent Gbagbo


Mais il faut comprendre que c’est ce nationalisme abscons – si on continue à le considérer comme tel - qui pousse l’Afrique du Sud à soutenir l’insoutenable Robert Mugabe, ou à l’opposé, la légitimité de Laurent Gbagbo, parce que plus que nul autre peuple au monde, le peuple sud-africain a subi dans sa chair, les conséquences des choix des puissances coalisées pour leurs intérêts au détriment des valeurs universelles les plus élémentaires, dont la dignité humaine et la justice, au mépris des peuples qu’elles jugeaient subalternes. Et qui pourrait blâmer les successeurs de Nelson Mandela de prendre des positions nationalistes ! Voici donc venu le temps où l’Afrique est secouée par le cri strident des peuples qui ont compris que les communautés internationales et les puissances démocratiques ne viendront jamais pousser ce cri à leur place.
"Une mystique naturelle souffle dans l’air", chantait le Jamaïcain Bob Marley. Un vent de libération souffle, inattendu, sur toute l’Afrique, du Nord au sud, inattendumment synchrone, impitoyablement révélateur des similitudes et des différences entre les pays de l’une et l’autre rive du Sahara, effroyablement dénonciateur des scories, des autismes, des cynismes et des lacunes de la «communauté internationale» et des nations occidentales. Certains comparent ce mouvement à la chute du mur de Berlin.

Quelle puissance membre de la communauté internationale a su comprendre que les orteils des peuples maghrébins pris sous la botte de leurs dictateurs ne pouvaient plus supporter la souffrance qui leur était infligée. L’explication, rappelons-nous, a été donnée par les diplomates français : "Malgré ses références mécaniques aux droits de l’homme, notre pays éprouve les plus grandes difficultés à intégrer dans sa politique étrangère la défense de la démocratie, le soutien aux dissidents et la transformation des régimes" dont le seul rôle qu’on leur reconnaisse est de servir de pompe...à essence aux pays développés.

La liberté ne se donne pas, elle s’arrache


"La liberté ne se donne pas, elle s’arrache." Cette citation dont je ne connais pas le nom de l’auteur, s’il y en a jamais eu un, a bercé l’adolescence révolutionnaire africaine des années 1970. Si son auteur est inconnu, elle n’en est pas moins l’expression d’une vérité absolue. La psychologie du dominant – autant dans les empires et royaumes conquérants de l’Antiquité africaine, asiatique ou européenne, que dans les nations modernes, car il ne s’agit pas d’un problème racial - est ainsi construite qu’elle ne peut construire l’autre que comme son objet, sa possession. Pensez à la place du Noir ancien captif, dans les sociétés du Maghreb ; aux sociétés à castes du Sahel ou de l’Asie ; aux séquelles de l’esclavage dans bien des pays ; ajoutez-y l’arrogance de le françafrique qui se déployait au détriment des valeurs de liberté et d’égalité si chères à la France.

Michèle Alliot-Marie
Ensuite, l’absolue jouissance du dominant c’est, quand après une première phase de libération du dominé, il réussit à le convaincre qu’il a besoin de lui pour son émancipation. Certains appellent cela le néocolonialisme, terme que je n’ai jamais repris à mon compte, car il fait encore la part trop belle à l’ancien colon qui tirerait toujours les ficelles, alors qu’il appartient désormais au peuple libéré politiquement de poursuivre son indépendance dans les autres domaines, économique, culturel… Nous allons vous aider à vous développer, disent-ils, comme si l’on pouvait aider un peuple à se développer, comme si la ponction des enfants haïtiens et la logorrhée des ONG sinon leur action, avaient aidé à arrêter la désertification et la mort lente du pays de Dessalines.

Les crises tunisienne et égyptienne – avant de parler de celle de la Côte d’Ivoire, même si chronologiquement elle est antérieure aux deux autres - ont été des instants exceptionnels de la manifestation de cette vérité. Dans un premier temps, aucune puissance de la communauté internationale ne les a vues venir. Dans un deuxième temps, ces puissances ont continué à apporter leur soutien à leurs amis qui ne sont pas encore des dictateurs.

Les puissances occidentales ne se rendent pas compte à quel point le soutien qu’elles apportent aux régimes en place pour leurs seuls intérêts a exacerbé le ressentiment du peuple du Sud. De la frustration naît l’agressivité


Michèle Alliot-Marie atteint les sommets de l’art en autorisant la vente des outils de répression au régime tunisien aux abois, en proposant ses services pour mater la révolution – elle s’en vantera devant les députés -, en copinant en pleine crise avec les membres de ce même régime, en téléphonant au dictateur en difficulté, certainement pour le rassurer de la position et du soutien de la France dont elle est la diplomate en chef. Hillary Clinton n’a pas fait mieux avec l’Égypte. Dans un troisième temps, quand le peuple s’est défait tout seul du dictateur, on accourt la bouche en cœur et on lui promet de le soutenir pour qu’il mène à bien la démocratisation. Ces peuples n’ont rien demandé, mais qu’importe.

Manifestation sur la place Tahrir en Egypte en février dernier
Le dominant ne se résout pas à lâcher son objet. Car ces anciens dominés, voyez-vous, ne peuvent pas assurer tous seuls, leur destin, même s’ils en ont fait la preuve flagrante, quelques heures plus tôt. Mais le but réel de cette démarche est de remettre un pouvoir un nouveau cheval de Troie. Alors, je dis aux peuples que rien n’est jamais acquis. Comme par hasard, c’est un militaire qui a remplacé un militaire en Egypte et le peuple tunisien n’en finit plus de limoger les dirigeants prétendument nouveaux, mais qui continueraient à prêter allégeance à la France – le ministre des affaires étrangères qui signifiait son amitié à Michèle Alliot-Marie – ou qui sentiraient l’ancien régime.

Les puissances occidentales ne se rendent pas compte à quel point le soutien qu’elles apportent aux régimes en place pour leurs seuls intérêts a exacerbé le ressentiment du peuple du Sud. De la frustration naît l’agressivité. Pour avoir manifesté de la sympathie à Michèle Alliot-Marie, ministre française des Affaires étrangères, son homologue tunisien fraîchement nommé, a été poussé à la démission par le peuple. Mais cela n’a pas empêché le tout nouvel ambassadeur français en Tunisie, de traiter les journalistes tunisiens comme des … Arabes. Vous parlez d’un atavisme !

Ces peuples ont compris à quel point leur destin était insignifiant aux yeux des puissances étrangères. Tous les commentaires qui accompagnaient la lutte des Tunisiens et des Égyptiens portaient essentiellement sur les positionnements stratégiques de ces puissances et bien peu sur le destin de ces peuples et sur leur légitime aspiration à la liberté. Si l’Amérique s’inquiétait pour l’Egypte, c’était parce qu’il ne fallait pas prendre de risques dans la mesure où le Raïs était leur allié le plus sûr, c’est-à-dire le plus servile, au Moyen-Orient.

En Afrique Noire, les peuples n’acceptent plus que l’on leur impose des élus adoubés par l’étranger


Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo pendant la campagne présidentielle
Comment la Côte d’Ivoire se rattache-t-elle à ce mouvement des peuples africains vers la libération ? Le premier constat des similitudes tient plus au comportement occidental qu’au modèle de lutte. En effet, ce sont les mêmes autismes sur les attentes des peuples et le même cynisme par rapport à la sauvegarde des intérêts étrangers plutôt qu’au bien-être des peuples. En Afrique du Nord, les peuples ont mis à nu ces comportements des nations puissantes, en se battant pour faire tomber leurs dictateurs. En Afrique Noire, les peuples n’acceptent plus que l’on leur impose des élus adoubés par l’étranger. Il est un fait qui devrait aussi interpeller tous les observateurs. Au Maghreb, la communauté internationale se félicite des choix fait par l’armée de se rallier au peuple. Pourquoi donc le choix de l’armée ivoirienne de rester fidèle à Laurent Gbagbo n’est-il pas célébré de la même manière ?

Après les rodomontades, la communauté internationale a compris – première défaite - qu’une ingérence directe en Côte d’Ivoire était désormais impossible. Elle a essayé de refiler le sale boulot à la communauté ouest africaine à qui elle promettait toute la logistique nécessaire. Mais très vite, l’on a compris que les Africains n’iraient pas massacrer d’autres Africains à la demande de la communauté internationale. Nous sommes enfin arrivés au moment où – ultime défaite – la communauté internationale a dû laisser la gestion de la crise à l’Union Africaine et aux puissances locales dont la légitimité est pour le moins plus réelle que celle des puissances occidentales. L’Afrique du sud est montée au front.

L’Union Africaine a nommé un panel de chefs d’états pour chercher une solution de sortie de crise. Le peuple ivoirien ayant fort légitimement son mot à dire, a récusé la présence du président du Burkina, Blaise Compaoré. Monsieur Alassane Ouattara, en boudant – certains ont parlé de mépris - cette délégation, a clairement démontré vers quel type de médiation – occidentale - et d’intervention – armée par l’Occident -, allait son choix. Nous ne pouvons que le regretter.

Alassane Ouattara
J’ai toujours blâmé le discours africain qui justifiait l’inertie des populations par le fait que toute tentative de soulèvement serait violemment matée avec l’aide de l’Occident qui soutient des dirigeants qu’elle aurait mis en place. Mais aujourd’hui, le comportement des puissances en Tunisie – la proposition de Michèle Alliot-Marie - et en Côte d’Ivoire – les diktats tous azimuts et le mépris envers le Conseil constitutionnel, les contacts permanents du président français avec les dirigeants ivoiriens et africains pour orienter leur choix - prouve que les populations n’avaient pas tort.

Cependant, le comportement des peuples tunisien et ivoirien - Laurent Gbagbo en tête -, l’implication fort appréciable de l’UA qui met hors-jeu l’UE et la communauté internationale, prouvent que j’avais raison d’interpeller les peuples et de leur dire que l’on pouvait, certes au prix de nombreux martyrs, s’opposer avec succès aux puissances prédatrices en faisant tomber leurs suppôts et en ne se pliant pas à leurs diktats.

Je l’ai dit assez haut pour être sûr d’avoir été entendu : pour n’avoir pas compris que l’histoire était en marche, Alassane Dramane Ouattara regrettera certainement longtemps l’unanimité de la communauté occidentale sur son nom et les rodomontades des uns et des autres auxquelles il joignait sa voix pour invectiver Laurent Gbagbo et lui prédire une chute de « fruit pourri ». Dire que la communauté internationale était absolument convaincue que Laurent Gbagbo allait obtempérer comme au bon vieux temps et quémander la vie sauve et l’asile politique pour lui et ses proches ! O tempora, o mores, criait Cicéron à Catilina.

Et maintenant, au bout du petit matin des excès occidentaux épaulés par les dictateurs locaux, de Tunis à Alexandrie, de Sousse à Abidjan, du Caire à Pretoria, de Luanda à Nabeul, Bamako, Accra, Ouagadougou, les peuples veulent pousser leurs propres cris. Que de fois se sont-ils entendu dire qu’ils n’étaient pas prêts pour la démocratie !
«Si je pousse le cri qui me brûle la gorge, c’est que j’ai l’orteil pris sous la botte des autres.» Ainsi écrivait Guy Tirolien, grand poète guadeloupéen. Voici venu le temps du cri brûlant que réclamait Aimé Césaire. Le père de la Négritude interpellait avec force « cette foule criarde si étonnement passée à côté de son seul cri (…) le seul qu’on eût voulu l’entendre crier ». C’était le temps où les peuples dansaient le soir au rythme du makossa camerounais, de la rumba congolaise et des biguines caribéennes en hurlant des cris inutiles, des liesses iconoclastes, après avoir trimé toute la sainte journée sous la férule des despotes.

C’était le temps où cette foule africaine indolente, passait à côté de « son cri de faim, de misère, de révolte, de haine, cette foule étrangement bavarde et muette », imperturbablement bavarde d’une tchatche insipide, d’une palabre stérile. Et maintenant, au bout du petit matin des excès occidentaux épaulés par les dictateurs locaux, de Tunis à Alexandrie, de Sousse à Abidjan, du Caire à Pretoria, de Luanda à Nabeul, Bamako, Accra, Ouagadougou, les peuples veulent pousser leurs propres cris. Que de fois se sont-ils entendu dire qu’ils n’étaient pas prêts pour la démocratie ! Ne nous posons pas des questions sur les lendemains incertains. Ils seront comme tous les lendemains de révolution, comme ce fut le cas pour la plus mythique de toutes – la révolution française - avec leur lot d’incertitudes.

Il y eut le cri parti de Soweto, jonché de cadavres, dont la puissance et la beauté firent trembler l’univers. Nelson Mandela démiurgique, administra à l’humanité tout entière, une leçon de fraternité à l’exacte démesure de la bestialité démesurée dont il avait été victime, sous le regard complice de l’internationale communauté. Il y eut le cri tout aussi semé de cadavres de femmes et d’enfants, tonitruant d’efficacité, cri oublié du Mali qui renversa Moussa Traoré, cri identique à celui de la Tunisie et de l’Égypte.

L'Afrique du Sud
Il y eut les soubresauts qui secouèrent le continent noir avec les morts, les grèves, les conférences nationales, habilement kidnappés par le discours mitterrandien de la Baule qui se prétendit à tort, promoteur du multipartisme et des libertés. Ces cris et soubresauts ont permis l’émergence d’un embryon de démocratie multipartite, certes imparfaite mais en marche, lentement, inexorablement ; une liberté d’opinion appréciable en Afrique subsaharienne. Puis il y a en cours, le cri ivoirien dont la vocation, comme les cris de Tunisie et d’Égypte, est de libérer le peuple des diktats de cette communauté internationale.

Ce que les peuples du Sud attendent désormais, c’est que l’Occident comprenne, à la lumière des pays émergeants – la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud - , à la lumière des révolutions maghrébines, qu’elle comprenne ce que dit Dominique Moïsi de l’Institut Français des Relations Internationales (Libération du 21 janvier 2011). «Nous entrons dans un monde post-occidental et multipolaire ». Et il ajoute : « nous (les Occidentaux) avons du mal à nous saisir de cette nouvelle donne » ; pour conclure : « nous Français et Européens, sommes sur le quai à regarder les trains s’éloigner ».

Je ne suis qu’un bien pâle littérateur. Je n’ai pas la prétention que mes textes soient des essais de politologie ou des chroniques journalistiques. Je les voudrais juste porteurs de la puissance des mots, des évocations littéraires prophétiques qui nous interpellent, de la sensibilité qui est mienne, de l’orientation mienne mais que je sais partagée par des millions d’êtres qui comme moi, sont en quête de justice, de dignité, de liberté et de respect pour tous.

Bernard Kouchner
Alors, je dirai – modeste voix des sans voix d’Afrique, d’Amérique, d’Asie, d’Europe - : le souhait des peuples est que l’Occident des philosophes et de la Renaissance qui a essentiellement été une lumière, un phare dans le monde parmi d’autres phares, malgré – avec - ses périodes d’égarement intérieur – la Shoah - ou extérieur – la conquête de l’Amérique, la traite et le colonialisme -, conserve sa place en acceptant qu’elle n’est plus hégémonique. Si elle ne le comprend pas, les trains passeront et le réveil sera douloureux. Les intérêts matériels immédiats ne sauraient tout justifier. Quant aux relents postcoloniaux, souffrez que je n’en dise rien. Les jeunes diplomates français l’ont fait mieux que je ne saurais le faire.

Je ne saurais clore cette contribution sans vous livrer cet appréciable mea culpa de Bernard Kouchner, prononcé au cours de l’émission d’Arlette Chabot du 02 mars 2011, intitulée A vous de juger. Ce mea culpa passé totalement inaperçu auprès de bien des observateurs sur le plateau – signe que la situation est grave, en espérant qu’elle ne soit pas désespérée – a néanmoins été signalé par François Bayrou.

« Nous avons cru que quelque chose en eux (les peuples arabes) aspirait à la servitude » (sic). Si l’on a cru cela des peuples arabes – en espérant que les choses ont évolué – dont la contribution à l’évolution de la culture et de la science est reconnue par l’humanité tout entière, que penser de l’Afrique subsaharienne, longtemps crue sans histoire, sans culture, ceux dont Césaire dit que l’on a dit que les pulsations de l’humanité s’arrêtaient à leur porte !
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