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DSK contre sa présumée victime : le Juif blanc contre la musulmane noire ?
Attention aux amalgames identitaires trop faciles pour l’esprit
Par Lucien Pambou le 30/05/2011
L’affaire DSK est en train de déraper subrepticement vers une opposition entre un homme de religion juive et une femme de religion musulmane. Je dis stop : la communauté juive et la communauté musulmane n’ont rien à voir dans cette affaire, même si on peut regretter au nom de l’amitié pour le couple DSK-Anne Sinclair que des éminents intellectuels juifs français comme Jack Lang, Bernard-Henri Levy, Jean-François Kahn et Robert Badinter aient pu donner l’impression qu’ils défendaient un membre de la communauté attaqué, alors qu’il ne s’agissait dans cette défense que d’amitié.

Zemmour, que l’on a souvent critiqué pour ses attaques en direction des autres minorités françaises, a eu une attitude plus équilibrée sur RTL en renvoyant l’affaire DSK/Nafissatou à la défense et à l’accusation qui actuellement s’activent pour défendre leurs clients respectifs. Il faut s’interroger et saluer le silence d’Alain Finkielkraut, lui le héraut de la lutte contre les déviances des communautés dans la République. Pourquoi n’a-t-il rien dit ?

Dominique Strauss Kahn est un homme populaire, il incarne la méritocratie et l’exemplarité. On attend de Finkielkraut des remarques au moment où l’homme qui représente ces deux points cruciaux a un pied à terre et ne montre plus l’exemple en termes de vertu morale. Il est silencieux parce qu’il estime que c’est une affaire privée, que c’est bien ici et qu’il n’y a rien à rajouter.

La Guinée
DSK et Nafissatou Diallo ne représentent pas par leurs actes médiatisés les dialogues entre communautés musulmane et juive. C’est d’abord l’histoire entre un homme et une femme au-delà de leurs religions. Nous sommes encore à l’état d’investigation et il faut garder à l’esprit la présomption d’innocence pour DSK et la présomption de vérité pour Nafissatou Diallo.

Jean-François Kahn fait mea culpa de son attitude inqualifiable quand il a parlé de « troussage domestique ». Il le dit lui-même dans un article du monde du 27 mai 2011 : « L’idée, que pour défendre l’honneur de DSK, il faille absolument chercher à salir la victime m’est, en effet, insupportable. » Dont acte Monsieur Jean-François Kahn, même si vous allez devoir quitter le journalisme pour continuer votre combat à travers des livres et des écrits. On attend de voir et on ne demande qu’à vous croire.

L’affaire DSK a permis aux femmes de s’exprimer et de délier leur langue. L’affaire Tron et la démission du Secrétaire d’Etat à la fonction publique, montre que les femmes victimes de l’oppression masculine ont le droit de s’exprimer et s’expriment. Il faut les encourager quelques soient leurs origines et leurs statuts, pour que la parité en politique et dans le monde du travail soit une réalité. L’inconscient collectif dans notre pays a toujours considéré le harcèlement sexuel comme faisant partie de la séduction masculine.
Encore faut-il que les femmes soient consentantes, or souvent, elles ont peur, elles se taisent car elles ne veulent pas perdre leur emploi ou la considération de leur chef. Certains parlent d’un féminisme victimaire. Je pense que les femmes sont trop souvent abusées dans notre société et que la victimisation qu’elles mettent en avant n’est pas stratégique mais simplement une honte longtemps bue et cachée au nom de la civilité.

Les femmes ont le droit de défendre leur sexe car, dans toutes les sociétés, elles apparaissent d’abord comme la victime et l’être faible. Il faut féliciter les démocraties, même si elles sont inégalitaires comme aux Etats Unis, de privilégier, quelque soit le statut de l’homme, l’égalité homme-femme, riche-pauvre, devant la justice. Dans notre beau pays, la douce France universaliste et solidaire, la pratique théorique des concepts comme justice, égalité, parité, tend à remplacer les faits concrets, surtout dès lors que ces faits portent sur des populations qui sont économiquement faibles dans l’exécution de la justice.

DSK est juif, Nafissatou est musulmane. Et alors ? Ou est le problème ? C’est d’abord une rencontre violente entre un homme et une femme et que ceux qui veulent y voir des problèmes identitaires (juif/musulman, blanc/noir) se trompent et arrêtent leurs fantasmes.
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