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Jean Louis Borloo ne sera pas candidat à l’élection présidentielle de 2012
Il a raison : le ou les Centres n’existent pas en France et certains électeurs se sentent floués.
Par Lucien Pambou le 03/10/2011
Dans deux articles sur mon blog pambou.lucien.over-blog.com/, le 17 avril 2011 intitulé "La différence entre le Centre de Borloo et la réalité de la vie" et le 13 décembre 2010 intitulé "Nicolas Sarkozy et la gestion du Centre", j’avais prévu ce qui arrive aujourd’hui, à savoir la non candidature de Borloo malgré ses effets de manche, ses déclarations intempestives et finalement sa logorrhée permanente en tant que Président du Parti Radical. Dans les deux articles, je me suis interrogé sur l’existence du Centre dans la vie politique française.

Il faut me comprendre : je ne critique pas l’homme que je respecte pour sa capacité à dire en même temps le vrai et le faux. Je respecte l’avocat d’affaires entré en politique qui a réussi à faire de Valenciennes une ville de référence dans la République française. En revanche, je ne comprends pas l’homme politique, gentil et sympathique, qui n’a jamais su avoir une stratégie réelle.

Je ne comprends pas l’homme politique, gentil et sympathique, qui n’a jamais su avoir une stratégie réelle
Lucien Pambou


Dans un sondage récent, 68% de Français sondés disent ne pas vouloir voter pour Nicolas Sarkozy. Quoique l’on pense de Nicolas Sarkozy, lui au moins a une ligne politique claire avec une appartenance politique claire, des choix qui peuvent être contestables et discutables, mais des choix qui donnent une ligne, on peut tempérer cette ligne raisonnement par le fait que Sarkozy a fait des réformes incompréhensibles parce que non expliquées à la population et à la société civile française. Ces réformes s’apparentent, quand on les analyse, à la technique du jardinier qui utilise son râteau et qui, lors du nettoyage de son jardin, se retrouve avec tout et rien, le rien à savoir l’incapacité de décrypter réellement les bonnes et les mauvaises réformes.
Le problème avec Borloo, c’est qu’il est à la fois radical, au Centre et éventuellement affilié aux écologistes. Il a raison de ne pas se présenter à l’élection présidentielle. Essayons de voir les raisons de ce revirement alors qu’il apparaissait comme une candidature d’accompagnement à Nicolas Sarkozy, comme il le disait lui-même, pour le second tour.

Nicolas Sarkozy a rechoisi Fillon comme Premier Ministre lors du remaniement gouvernemental. Borloo en a pris ombrage et a quitté le gouvernement. Des leaders politiques de l’UMP comme Rama Yade ou Paillé l’ont suivi, pensant trouver une auberge plus ouverte et plus stratégique que celle dirigée par Jean-François Copé à l’UMP. D’ailleurs, c’est bizarre que Rama Yade et Paillé, qui ont eu toutes les faveurs et qui doivent une partie de leurs carrières à Nicolas Sarkozy, le dénigrent (même s’ils s’en défendent) de façon subjective et objective dans les médias.

Quoique l’on pense de Nicolas Sarkozy, lui au moins a une ligne politique claire


Jean-Louis Borloo apparait comme sympathique et bonhomme. Il a annoncé sur toutes les chaînes de télévision qu’il fallait faire la politique autrement. Finalement, il a compris que le Centre qu’il incarne et les Centres organisés autour de Morin, Bayrou et peut-être Villepin n’étaient pas crédibles dans la course à l’élection présidentielle et surtout dans un pays comme la France qui clive la vie politique entre Droite et Gauche en faisant exister les extrêmes Gauche et Droite à ses marges.

Jean-Louis Borloo avec Rama Yade qui l'avait suivi en quittant l'UMP
Borloo renonce à être candidat à la présidentielle parce qu’il sait qu’il n’a pas l’étoffe d’un candidat battant et d’un leader comme Nicolas Sarkozy. Borloo s’est proclamé leader de l’alliance des Centres qui ne l’ont jamais reconnu. Il faut s’en remettre aux contestations permanentes de Bayrou ou de Hervé Morin. Borloo parle du ou des Centres qui n’existent pas, si ce n’est en tant que fictions et symbolismes politiques.

Il justifie la non-présentation de sa candidature pour ne pas ajouter de la confusion à la confusion dit-il. Mais de quelle confusion parle-t-il ? On n’a jamais su quelle étaient les lignes directrices de son programme politique, économique et social. Il dit que les Centres n’ont jamais été aussi éclatés en compétition entre eux. Mais de quels Centres s’agit-il ? Des Centres théoriques « borlooiens » ou des véritables Centres de la vie politique française qui n’ont existé que de manière symbolique du temps de Lecanuet ou de Valéry Giscard d’Estaing.

Il faut être clair. Monsieur Borloo est sympathique, gentil, bonhomme et convivial. Il vient de montrer son caractère pas très sérieux, comme celui décrit par les Guignols. Que vont devenir les électeurs qui voulaient voter pour Monsieur Borloo et qui avaient cru en lui ? Monsieur Borloo par ses hésitations vient de donner une mauvaise image de ce qu’est l’homme politique français. C’est un homme qui n’est pas guidé par des convictions politiques réelles mais par des positionnements tactiques et une logorrhée verbale.
Il ne s’agit pas d’accuser tous les hommes politiques en France mais la défection de Borloo au nom d’un climat délétère et au nom d’un refus d’ajouter la confusion à la confusion peut justifier l’abstention de plus en plus importante dans notre pays. Borloo dit qu’il ne faut pas ajouter la confusion à la confusion. Il n’a jamais su théoriser la confusion de départ et la confusion de la fin devant les Français.

Monsieur Borloo réfléchit beaucoup, mais il n’est pas très courageux


Il refuse de porter une candidature de témoignage mais il refuse de dire la réalité : à savoir que le Parti Radical est un parti croupion et comme le dit Monsieur Lagarde, un de ses affidés déçu, maire de Drancy, c’est dommage qu’il n’ait pas été assez courageux. Le Sénat est passé à Gauche, et alors ? On sait que Monsieur Borloo réfléchit beaucoup, mais il n’est pas très courageux et, ce qu’on espère pour lui, c’est qu’il téléphone au Président Sarkozy pour rentrer dans le rang et se mettre en ordre de bataille pour la réélection de celui-ci.

Pauvre Paillé, Vice Président du Parti Radical, obligé de justifier l’injustifiable à savoir l’incapacité de son leader à être au second tour. On attendait la défection de Borloo au mois de décembre, elle est venue plus tôt, c’est tant mieux pour la Droite républicaine. Alors que vont faire Hervé Morin, Bayrou ou Villepin ? Seront-ils des baroudeurs du Centre ou vont-ils rentrer dans le rang pour mieux retrouver Sarkozy et éventuellement des postes de ministériels si Sarkozy est élu en 2012 ? Borloo est revenu à la maison. Que vont faire les autres impétrants des Centres ?
Que le Président Sarkozy réfléchisse à deux ou trois mesures importantes pour l’emporter en 2012. Le Centre de Borloo et les Centres (au fait où sont-ils ?) ouvrent la voie pour une campagne dynamique, mais le Président doit méditer la débâcle et le lâchage de Borloo vis-à-vis de l’opinion en termes de débat contradictoire sur les idées.

Nicolas Sarkozy devrait prendre à rebours l’intelligence de Borloo qui consiste à annoncer une candidature uniquement sur les plateaux de télévision.
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