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Humeurs de campagne du second tour : Sarkozy, des trois débats au « vrai travail »
La stratégie adoptée par Nicolas Sarkozy est t-elle la bonne ?
Par Lucien Pambou le 26/04/2012

Nicolas Sarkozy interrogé par Jacques Vendroux le 25 avril 2012
Le Président Nicolas Sarkozy prépare le second tour en estimant que c’est une nouvelle campagne qui commence. A la nouvelle campagne il faut donc des thèmes nouveaux et des propositions innovantes.

Nicolas Sarkozy a fait une proposition de trois débats autour des questions économiques, de société et de relations internationales. François Hollande a préféré rester sur la tradition républicaine et n’accepter qu’un seul débat. Je pensais en écoutant le Président que l’innovation politique de trois débats était la sienne et ma grande stupéfaction, j’ai appris, en regardant le journal de BFM télévision, que Giscard en 1981 l’avait déjà proposé à Mitterrand. Il s’agissait de deux débats et non de trois. Nicolas Sarkozy a apporté un élément supplémentaire : les questions économiques. La campagne de Sarkozy s’inspire de celle de Giscard de 1981. C’est vrai du nombre de débats mais aussi de l’affiche de campagne qui met l’accent sur la France forte.

Si le 6 mai Nicolas Sarkozy perd les élections, il le devra à des courtisans politiques (ministres et conseillers de tous bords et de tous poils) qui n’ont pas su contenir sa fougue et apporter des éclairages sur sa façon de faire


Si le 6 mai Nicolas Sarkozy devait perdre les élections, il le devrait à des courtisans politiques (ministres et conseillers de tous bords et de tous poils) qui n’ont pas su contenir sa fougue et apporter des éclairages sur sa façon de faire. Ils ont préféré se coucher, garder leurs privilèges, plutôt que d’être les véritables conseillers du Président de la République. On peut parler au Président, même si on n’est pas sûr que celui-ci tienne compte de votre avis.
Les courtisans autour du Président de La République n’ont pas su l’aider à expliquer de manière claire et pédagogique les réformes qu’il a entreprises comme les retraites, le service minimum, la réforme de l’Université, la mise en place de la RGPP (révision générale des politiques publiques). C’est vrai que nous sommes une société et un pays où être courtisan en taisant ses compétences est valorisé car on veut être dans la lumière.

Le Président de la République va organiser le 1er mai place du Trocadéro un meeting concernant le « vrai travail ». Pourquoi ne pas l’avoir fait depuis 2007 ? Que signifie ce concept de vrai travail ? Il existerait donc un vrai et un faux travail. Comment évaluer la productivité du vrai travail par rapport à celui qui est faux ? Quel est le modèle économique qui permet de comprendre le vrai travail par rapport à d’autres formes de travail ? Est-ce le travail de la classe populaire ? Des classes moyennes ? Le vrai travail, selon le Président, rassemblerait des hommes et des femmes qui refusent l’assistanat voire le statut. Adopter l’hypothèse du vrai travail n’est-il pas un autre moyen de former in fine un statut ?

Pourquoi ne pas avoir organisé de meeting sur le vrai travail depuis 2007 ?


Mélenchon a répondu que, malgré sa défaite au premier tour, il ne laisserait pas faire Nicolas Sarkozy et qu’il incite ses militants à se radicaliser et à être présents le 1er mai pour ne laisser la voie libre ni à Sarkozy ni encore moins à Marine Le Pen.

Supportrice de François Hollande
François Hollande interrogé à propos du « vrai travail » souhaite laisser Nicolas Sarkozy à ses fantasmes et à la division qu’il opère entre Français. Il préfère, dit-il, se préparer au débat qui l’opposera le 2 mai à Nicolas Sarkozy. Nicolas Sarkozy pense que la partie n’est pas perdue, que le match n’est pas encore joué et que Hollande n’a pas encore gagné. Nicolas Sarkozy a choisi d’accentuer la droitisation de sa campagne du second tour en s’adressant directement aux électeurs du Front national, alors qu’en 2007 il avait agi par ruse. Certains ministres qui ont mangé la soupe de Sarkozy ont déserté le navire comme Martin Hirsch, Fadela Amara et Rama Yade.

D’autres, de simples militants comme moi et des sympathisants, préfèrent rester à l’intérieur et dire des choses sans être courtisans ni insultants à l’égard de Nicolas Sarkozy. Etre militant, c’est aussi être capable à la place qui est la sienne, si petite soit-elle, de dire les choses car la conviction est d’abord l’adhésion aux idées d’un parti et on peut contester, voire exprimer un désaccord, avec le leader du parti sans remettre en cause son autorité globale.

On n’est pas habitué en France à ce type de comportement qui nécessite soit une adhésion totale, soit un désaccord dans le silence le plus assourdissant qui lorsqu’il devient difficile vous oblige à quitter le parti. Je suis à l’intérieur d’un parti et j’assume.

Nicolas Sarkozy en meeting à Mulhouse le 25 avril 2012
Nous allons donc avoir un 1er mai avec un espace de défilé regroupant des acteurs aux motifs complètement différents (Sarkozy, le Pen, les syndicats et les promeneurs du dimanche).

Pour Sarkozy, capter l’électorat du Front national va l’obliger à adopter certains thèmes du Front National comme la lutte contre les délocalisations, l’immigration voire dans certains cas la valorisation d’un certain anti-européanisme.

Nicolas Sarkozy va être obligé de parler aussi aux électeurs de François Bayrou et à certains électeurs de gauche car dans tous les camps que je viens de citer on trouve des travailleurs, mais sont-ils tous des « vrais » travailleurs au sens du Président de la République ?
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