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Défaite de Sarkozy : et maintenant que vont faire l’UMP et les ''Centres'' ?
Retour sur la défaite de Nicolas Sarkozy et analyse de la situation de son parti
Par Lucien Pambou le 08/05/2012
Sarkozy a perdu. Courte défaite, mais défaite tout de même d’un point de vue démocratique. En tant que militant de l’UMP j’avais parié sur une victoire de Sarkozy sur le fil, j’ai perdu et je le reconnais mais je reste dans cette droite sociale et humaniste qui a son existence au sein de l’UMP mais qui n’a pas de leader déclaré comme pouvait l’être Philippe Seguin. Le premier Ministre Fillon n’a pas su incarner ce courant.

La majorité de mes concitoyens ont choisi Hollande au nom de la respiration et l’alternance démocratique. Au moment où il y a un vent de populisme qui souffle en Europe (arrivée probable de députés d’extrême droite et qui se définissent comme nazis en Grèce), la France éternelle, comme d’habitude, dans sa définition paradoxale car sociologiquement à droite, choisit de se débarrasser du gouvernement conservateur dirigé par Nicolas Sarkozy.

La majorité de mes concitoyens ont choisi Hollande au nom de la respiration et l’alternance démocratique
Lucien Pambou


Avant d’en venir à l’UMP et aux « centres » qui ne manqueront pas de se recomposer après la défaite de Sarkozy, il faut saluer notre nouveau Président pour la cohérence de sa campagne et pour le débat avec Sarkozy au cours duquel il s’est définitivement présidentialisé, alors que beaucoup, à gauche comme à droite, ne le pensaient pas capable de redonner à la gauche française les lustres de 1981 en rendant possible l’alternance politique.

François Hollande
Quel destin pour un homme que l’on présentait affable, spécialiste de bons mots mais qui était considéré comme un second couteau par les siens et par ses adversaires politiques. Quel destin pour le couple qu’il a formé avec son ancienne compagne Ségolène Royal qui a échoué au second tour de l’élection présidentielle en 2007, rendant ainsi possible la victoire du père de ses quatre enfants en 2012. Les larmes de bonheur de leur fils ainé Thomas Hollande, avocat de profession, traduisaient une émotion qui allait au-delà de la simple réussite politique et de l’élection de son père en 2012.

Indépendamment de leur séparation que personne ne peut juger car ce sont des affaires privées, force est de constater que c’est la première fois en France, de la première à la cinquième République, qu’un couple soit marqué par un destin extraordinaire : deux candidatures à l’élection présidentielle et une qui se termine par un succès.

Quel destin pour François Hollande que l’on présentait affable, spécialiste de bons mots mais qui était considéré comme un second couteau par les siens et par ses adversaires politiques


Merci pour la bise à Ségolène Royal à la place de la Bastille, une bise significative affectueusement et politiquement comme un passage de témoin. Bravo Monsieur Hollande, bravo Monsieur le Président, malgré la foule immense qui vous a accueilli à la Bastille, les difficultés commencent dès demain car il va falloir remettre la France en marche sur tous les plans, économique, social, financier et économique.

Jean-François Copé en conférence de presse après une réunion extraordinaire de l'UMP
Sur le plan politique, il va s’atteler à constituer son gouvernement en gérant les équilibres, mais on peut lui faire confiance : il a une expérience qu’il tire de ses nombreuses années à la tête du PS, même si diriger un parti n’a rien à voir avec la direction d’un Etat. Sarkozy s’en va, il n’a pas démérité compte tenu de son score, néanmoins il va s’en prendre à lui-même.

Il d’ailleurs déjà reconnu sa responsabilité dans son discours de remerciements et d’adieu aux militants UMP réunis à la Mutualité. Je laisse aux politiciens et aux historiens le droit de faire un inventaire des erreurs de Sarkozy, de son hyper présidentialisation à son ouverture aux idées de l’extrême droite. Cette stratégie s’est avérée non payante électoralement et Buisson, qui en est l’inspirateur, est aussi responsable de l’échec de Nicolas Sarkozy.

Le troisième tour (élections législatives) s’annonce difficile pour la droite, celle de l’UMP et des centres
Lucien Pambou


Le troisième tour (élections législatives) s’annonce difficile pour la droite, celle de l’UMP et des centres. Par son autorité et par des statuts amendés par lui (disparition du poste de Président de l’UMP), Nicolas Sarkozy a réussi à maintenir une fausse cohésion de l’UMP et des centres au nom de la cohérence d’un projet politique et de la règle non écrite mais politiquement explicite des accords de désistement entre la droite et les centres.
Cet attelage tenait en partie grâce à la division des centres et à l’hégémonie de l’UMP créée en 2002. L’UMP est une constellation de courants qui n’ont jamais pu s’exprimer. Quel est le projet politique et la doctrine de l’UMP ? Quelle est sa définition des valeurs républicaines ? A quelles conditions peut-on s’y soustraire ? Tous ses éléments très peu clairement identifiés et qui n’ont jamais fait l’objet de débats structurés, ce qui a permis au Président de la République de ne pas se préoccuper de ce que pouvaient penser les autres membres de l’UMP.

La volonté de Bayrou de voter personnellement pour Hollande a été critiquée et incomprise par les caciques du parti, alors que Bayrou par son attitude ne faisait que se rapprocher de Nathalie Kosciusko Morizet qui, au nom d’un désistement républicain, préfère voter pour un candidat socialiste que pour un candidat du Front National. Sarkozy va-t-il résister à la tentation de réinvestir la droite alors qu’il avait déclaré qu’il abandonnerait la politique en cas de défaite ? Comment va se faire la recomposition à droite ?

On voit déjà les couteaux sortis entre Copé et Xavier Bertrand qui ne s’aiment pas beaucoup
Lucien Pambou


On voit déjà les couteaux sortis entre Copé et Xavier Bertrand qui ne s’aiment pas beaucoup. Copé anticipant la fronde propose d’inscrire l’UMP sur le mode de fonctionnement du PS (expression des courants et organisation des primaires en 2017), alors que Xavier Bertrand, lui, préfère qu’un groupe de sages emmenés par Raffarin et Jupé se consacrent à la refondation de l’UMP. Pour Borloo, c’est l’absence de virage social du gouvernement Fillon qui a précipité la défaite de Sarkozy au second tour.
Voilà comment la défaite de Nicolas Sarkozy va accélérer la recomposition de l’UMP et des centres dans l’espace politique français.
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