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Syrie : le président Bachar El Assad vers la sortie ?
La situation difficile pour le président syrien ?
Par Lucien Pambou le 22/07/2012

Bachar El Assad et son nouveau chef d'Etat major Ali Abdullah Ayyoub
Le Conseil de sécurité vient de prolonger de trente jours la mission des observateurs de l’ONU. Sur le champ de bataille, l’armée syrienne libre a réussi à conquérir quelques quartiers de Damas mais l’armée fidèle à Bachar semble reprendre le dessus grâce à l’envoi de l’armée et de militaires aguerris face à la guérilla. Les membres de l’armée syrienne libre redoutent que l’armée officielle utilise les armes chimiques contre les résistants et donc de facto contre la population dont une grande partie commence à fuir vers le Liban.

Le Conseil de sécurité pendant ce temps prolonge les sanctions et Bachar se moque de la transition politique voulue par ses membres car il sait que la Chine et surtout la Russie, tout comme Israël (paradoxalement et ce que l’on ne dit pas) souhaitent que Bachar reste aux affaires pour la stabilité de cette partie du Moyen Orient.

Bachar El Assad serait-il entrain de jouer sa carte ?
Lucien Pambou


Les Russes ne souhaitent pas l’arrivée aux Affaires d’un gouvernement islamiste et sunnite dur qui éventuellement pourrait créer des troubles politiques et militaires qui risqueraient d’embraser la région. Pour les mêmes raisons Israël préfère avoir à Damas un gouvernement connu avec lequel il n’y a pas de traité de paix comme avec l’Egypte, mais dont Israël connait les points forts et les points faibles, ce qui lui permet d’entretenir avec Damas une sorte de guerre passive, froide et non armée.

Manifestation suite au décès d'un activiste tué par les troupes gouvernementales
Pour Israël, Damas est trop affaiblie, on préfère négocier la question du plateau du Golan occupé par Israël avec un adversaire affaibli plutôt qu’avec un gouvernement islamiste qui arrivant au pouvoir demanderait le changement des rapports de force. Paradoxalement la Russie et Israël poursuivent le même objectif de stabilité vis-à-vis de la Syrie mais avec des moyens différents. Israël observe une sorte de statu quo, ne dit rien et demande la stabilité de la région. La Syrie est un client confortable pour la vente des armes russes comme aussi pour la vente des armes chinoises. Pour les Chinois la Syrie est un excellent client qui permet à Pékin de commencer à mettre les deux pieds au Moyen Orient pour tisser sa toile d’influence.

L’Europe reste impuissante face à Bachar El Assad. Le Président François Hollande et son Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius peuvent organiser des rencontres en faveur des amis de la Syrie et demander que le Président Bachar quitte le pouvoir mais ils restent assez démunis militairement et avec l’Union européenne ils ne peuvent pas obtenir un mandat de l’ONU pour intervenir comme hier en Libye. Le monde occidental s’inquiète de l’utilisation éventuelle des armes chimiques aux motifs que la Syrie est une pièce maitresse dans l’équilibre politique et militaire au Moyen Orient.

Le Président Bachar El Assad a succédé à son père Hafez El Assad. Tous deux appartiennent à la tribu minoritaire des Alaouites qui est une branche du Chiisme dont le dépositaire politico-religieux au Moyen Orient demeure l’Iran et une partie de ses affidés le Hezbollah au Liban. On a ainsi une lecture de la longue influence de la Syrie au Liban et des liens spécifiques entre le Hezbollah libanais et les Alaouites de Syrie.

Une carte de la syrie
Ainsi l’autre volet de la guerre fratricide en Syrie est religieux et oppose les Sunnites et les Chiites au Moyen et au Proche Orient. Chaque branche de l’Islam veut asseoir de façon définitive sa domination sur l’autre et cela se traduit forcément par des escarmouches, des attentats dans la plupart des pays du Moyen Orient, au Yémen, en Syrie.

Bachar est-il près de la sortie ? Serait-il en train de jouer sa dernière carte ? L’Occident, et à travers celui-ci les Etats Unis qui aident l’armée syrienne libre (envoi d’armes, mise en place de matériels de renseignement à la disposition des résistants de l’armée libre de Syrie) à combattre les troupes militaires officiels de Bachar, jouent pour l’instant la montre. Que peuvent-ils faire d’autre ? Les troupes de Bachar pilonnent les villes et surtout Damas à l’arme lourde. Les Occidentaux demandent de nouvelles sanctions mais on sent poindre une impuissance pour arrêter une guerre civile qui est en train de se transformer en guerre confessionnelle.

On a dit que le printemps arabe qui avait touché la Tunisie, l’Egypte et la Libye en provoquant des soubresauts démocratiques au Maroc et en Algérie, a modifié l’espace politique dans ces pays ; la revendication des populations syriennes et la guerre civile en cours peuvent-elles être assimilées à un printemps arabe d’une autre tonalité qui va pousser le Président Bachar vers la sortie ?



 
Une carte de la Syrie
 


 
Une carte d'Israël où on voit le plateau du Golan (occupé par Israël) et la frontière avec la Syrie
 
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