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Invitation à la Commémoration du Souvenir de la Traite Négrière et de son Abolition |
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Pourquoi célébrer la journée du tirailleur le 23 août et non le 1er décembre ? |
(
20/08/2004 10:43 )
À Buenos Aires / Argentina
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Le Sénégal célébrera désormais la journée du tirailleur sénégalais le 23 août de chaque année. L’histoire retiendra que Me Wade est le premier président de notre pays à avoir pensé, tant soit peu, revivifier le souvenir des milliers de soldats noirs de l’ex A.O.F. Lesquels auront pris une part active à toutes les campagnes militaires où la France, à la bourre, humiliée, rarement triomphante en tout cas, a dû faire appel à leur gros esprit de sacrifice : invasions coloniales, conflits mondiaux (14-18, 39-45), épisodes de décolonisation (1954-1960), voire pour les plus anciens, bataille de Prusse en 1870. Passons sur les guerres d’invasion et de décolonisation durant lesquelles ils ont, sous la contrainte, il est vrai, combattu leurs propres frères à qui - tout comme à eux – cette même France n’accordait aucune dignité en tant qu’homme : populations africaines et asiatiques, peu ou prou résistantes. Notre propos se limitera ici à leur participation aux deux grandes guerres mondiales.
La célébration des deux dernières fêtes de l’indépendance nationale, 2003 et 2004, annonçait déjà un certain regain pour la cause des tirailleurs. En effet, des militaires d’active, habillés et coiffés d’époque, arborant fière allure, nous ont tant soit peu rappelé a leur bon souvenir. Le Musée des Forces Armées, pas en reste, à travers une exposition étalée dans le temps, a retracé leurs faits et gestes. On semble en être restés là…Jusqu’au jour où la France a cru bon devoir célébrer le 60ème anniversaire du débarquement de la Provence, le 15 août dernier. Et parallèlement – pudiquement, dirions nous – rendre un hommage aux fameux Régiments de Tirailleurs Sénégalais (RTS) qui se sont distingués durant cet assaut meurtrier. Coïncidence ou simple hasard ? En tout cas, le chef de l’état sénégalais a retenu la date de l’entrée des troupes du 6ème RTS à Toulon, survenue 8 jours plus tard, soit le 23 août, pour magnifier la geste des tirailleurs. Qui ose alors imaginer que le jour où la France daignera mentionner le massacre de Thiaroye - 60 ans au 1er décembre prochain - le Sénégal, pris d’un subit accès de mémoire et de frénésie, ne lui emboîtera le pas? En décorant ici et là des rescapés pas loin de rendre l’âme, inaugurant stèles et statues, etc. Bref, en versant dans toutes choses qui ne sauraient masquer notre séculaire, assourdissant et scandaleux silence autour de ce drame.
Où est donc notre dignité, peuple, ô beau peuple sénégalais?
Osons le dire : la reconquête de Toulon intéresse beaucoup plus la France que le Sénégal, sous domination coloniale en 1944, comme on le sait. De plus, cette date ne saurait réhabiliter nos chairs à canon de pères et grands-pères, recrutés de force le plus souvent, contraints de se battre, décimés par la rigueur climatique et/ou les maladies, «cristallisés» à vie avec des pensions indécentes car inéquitables. L’amalgame, comme quoi ils luttaient aussi contre le nazisme, est ulcérant car, y a t-il une différence entre nazisme et colonialisme? En réalité, les historiens de l’alternance, ont fait là un choix piètre, politicien pour le moins, afin de ne pas trop offusquer la France.
Le seul choix censé a nos yeux et que la raison du commun des africains de l’ex AOF comprend fort bien, est la date du 1er décembre. En effet, cette date traduit tout a la fois le vain sacrifice des tirailleurs et le peu de considération accordé à eux par la France. Victimes du «blanchiment» des troupes françaises, rapatriés sans être désintéressés, certains d’entre eux ont été sauvagement massacrés. L’impunité de cette barbarie court à ce jour, sans aucune protestation officielle des nations potentiellement concernées (ex AOF), le Sénégal en tête. Eclaircir les contours de cette infamie, situer les responsabilités, statuer sur le nombre, la nationalité et le nom des morts, localiser effectivement leurs sépultures, exiger enfin des excuses de la France – c’est l’air du temps – demeurent un minimum. Faute de quoi, le 23 août retenu risque de tourner court avec des parades et défilés non indiqués, des activités festives aux antipodes de la désillusion de nos anciens, une visite mal venue au prétendu «cimetière des martyrs de Thiaroye» (pour mémoire, il y aurait 35 morts officiels alors que 202 tombes anonymes s’y trouvent). A un tel tableau, il ne manquerait alors que la bouffonnerie et le rire hilare du tirailleur sénégalais « Y’a bon banania». Image caricaturale que le colon lui a toujours collé et qu’amplifiera, malheureusement, notre refus de la dignité. De plus, célébrer la journée du tirailleur le 23 août, c’est faire ombrage à la journée internationale de commémoration de l’esclavage et de son abolition. Qui plus est, le 1er décembre a toujours été considéré, jusqu’ici en tout cas, comme la journée du combattant africain.
samba_ndiaye@sunumail.sn
Professeur de lettres, Dakar
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kdiaa (
20/08/2004 11:07 )
À / France
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Je trouve la réaction de ce prof poignant. J'avais même honte pour nous tous en le lisant car au départ, je me suis dit après avoir vu cette invitation " ha enfin on pense à nous" mais finalement, je me rend compte de mon erreur. J'ai aussi honte de ne pas connaitre tous les détails de mon histoire, de NOTRE histoire. Je constate également la place ridicule que nos chefs d'état pantin et courageux combattants ont eu dans les différents reportages et cérémonie du débarquement. |
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karo (
20/08/2004 17:19 )
À Bagnolet / France
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Je suis heureuse de constater que cette commemoration aura lieu, en effet au lieu de critiquer cette action il faut se satisfaire de ce petit pas,qui represente beaucoup pour la communauté noire. Je crois en l'avenir et en l'esprit de l'homme qui peut accomplir de grandes choses , il faut se donner la main pour avancer dans la meme direction avec du respect et des vibrations positives, parlez en faites renaitre la solidarité qui existait au temps de l esclavage ou l' amour de l'autre donnait assez de force pour resister face a l'oppresseur . J'envois beaucoup d'amour et de force a tous les gens qui liront ce message et a tous ceux qui continuent le combat et qui gardent l'espoir qu'un jour la paix reunira les peuples. |
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