Peut-être aura-t-on l´occasion d´approcher l´histoire et la personnalité de Zumbi et de sa lutte, comme Toussaint Louverture en Ayiti, pour la liberté. Peut-être encore arrivera-t-on à exposer l´art oublié, réprimé, discriminé de la moitié de la population du Brésil; mais des blessures saignantes du passé, de celles qui aujourd´hui encore gangrènent ce grand pays américain, il faudra du temps et beaucoup d´humanisme pour réparer les inégalités qui, par le système social, se repercutent dans le temps et l´espace. Il est heureux qu´officiellement, du moins, on reconnait aujourd´hui l´apport socioculturel de la race noire au Brésil. Il n´est jamais trop tard pour devenir humain et de s´ouvrir à une société loyale et généreuse pour tous. Mais cette culture noire tronquée, étouffée, méprisée, arrive-t-on à en comprendre le cri? Ne faut-il pas avoir d´autres critères historiques que ceux de l´étalage en vitrine, ou de l´admiration en musée, comme le font tous les capitalistes sanguinaires lorsqu´ils offrent des musées, comme celui des blancs d´Amérique à leurs victimes indiennes exterminées? Est-ce le grand cynisme ou est-ce vraiment la conviction, la reconnaissance profonde du mal d´antan? Ou croit-on se défaire de sa mauvaise conscience en montrant tout à coup une tapageuse curiosité pour l´art négrobrésilien? Seul l´histoire le dira, car dans son calvaire centenaire, l´homme noir a cessé de croire à quoi que ce soit; il n´attend plus rien de ceux qui lui privèrent pendant des siècles de sa liberté, de ses droits, de sa culture, de son histoire. Et si aujourd´hui on fait beaucoup de bruit pour des pensées tronquées, empêchées, incomplètes, il se demande pourquoi on ne lui rende pas ses moyens volés. dévoyés afin qu´il termine ses vers ou s´attèle à les parfaire. C´est en effet là que se trouve l´avenir, et on se rend compte, comme partout où l´esclave noir a été déporté, vilipendé, meurtri, avili qu´on n´est pas capable de lui offrir ni la liberté, ni sa réalisation. Parce que ces deux valeurs fondamentales de l´existence sont faites et organisées par l´être lui-même au sein d´une société indépendante et souveraine, une société qui lui reconnait le droit à rêver, à réaliser ses attentes, ses déisrs. Bref, une société qui le respecte et l´aime. Et comme la race blanche veut toujours être au four et au moulin, gouverner et dicter son sens de l´histoire, elle étouffe les autres par son hégémonisme égoiste et cupide. A-t-elle déjà découvert que la démocratie, en fait, c´est la libre réalisation de tout un chacun, et non d´une race privilégée? Et depuis quand? Ce long chemin pavé de douleurs, de souffrances, de larmes et de meurtres, qui l´oubliera si vite...MK |