Les "diamants de sang" du Nord rebelle de la Côte d'Ivoire bannis du commerce mondial
LE MONDE | 18.11.05 | 13h52 • Mis à jour le 18.11.05 | 13h52
LONDRES CORRESPONDANT
près avoir alimenté des guerres via la contrebande, le diamant africain peine à emprunter de nouvelles voies d'acheminement officielles, malgré l'existence du processus de Kimberley, interdisant sa vente lorsqu'il provient d'une zone de conflit. Dernier exemple de ces trafics illégaux, la Côte d'Ivoire, montrée du doigt, mercredi 16 novembre, par tous les pays membres de cette organisation en raison de l'extraction et de l'exportation de "diamants de sang" dans le Nord rebelle.
POUR LES CHEFS DE GUERRE
Les Bourses, en particulier Anvers, principal centre mondial du commerce des diamants bruts d'Afrique de l'ouest et centrale, sont mobilisées pour s'assurer de l'authenticité des certificats de provenance accompagnant les pierres exportées de pays comme la Sierra Leone, le Liberia, la Guinée, la Gambie ou le Mali. Les pays membres du processus de Kimberley doivent désormais prendre les mesures nécessaires pour empêcher leurs ressortissants d'acheter ou de vendre cette marchandise illicite, originaire de zones contrôlées par les Forces nouvelles au nord de la Côte d'Ivoire. Lancé en 2000, ledit processus regroupe 69 pays producteurs, transformateurs, importateurs et exportateurs de diamants bruts.
D'après l'ONG britannique Global Witness, dans les localités du nord-ouest de la Côte d'Ivoire, telles que Bobi, Séguéla et Tortiya, des milliers de "creuseurs" exploitent le diamant alluvionnaire pour le compte de quelques chefs de guerre, liés à des intermédiaires, principalement libanais. Le diamant ivoirien, de couleur verdâtre et de qualité de joaillerie moyenne, transite généralement par le Mali, qui n'est pas encore membre du processus, avant de gagner la Guinée, signataire, lui, du protocole de Kimberley. Là, les revendeurs n'ont aucun mal à se procurer un faux certificat de provenance légale des pierres. Ainsi blanchi, le diamant gagne les centres de taille mondiaux.
Estimée à 300 000 carats par an, la production ivoirienne illégale constitue une importante source de revenus pour la rébellion en raison des prix élevés des gemmes. "Les gouvernements africains doivent resserrer la surveillance en amont", affirme Global Witness.
Marc Roche
Article paru dans l'édition du 19.11.05
|