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  Chirac : il faut regarder notre passé en face
Déclaration du président français ce mercredi
 
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Chirac : il faut regarder notre passé en face

Nombre de messages
:  9
Pages:  1  

  Regarder le passé en face, bien d'accord avec vous M. le Président, françaises, français, mais pas simplement une fois par an pour se donner bonne conscience mais chaque jour et en tout lieu à temps et contretemps réveiller les consciences et combattre le
Mary P. ( 10/05/2006 17:05 )
À / France

S’agissant de la traite négrière et de l’esclavage, des pans entiers de l’histoire des hommes, notamment ceux concernant le continent africain et les deux Amériques ont été systématiquement ignorés des manuels, sinon falsifiés ou réduits à la portion congrue. Ce qui explique l’ampleur du "traumatisme" de ceux qui découvrent seulement depuis quelques années une réalité des plus sombres et des plus honteuses qui leur fut soigneusement cachée et qui s’est déroulée sur plusieurs siècles. Force est donc de constater que nombre de nations européennes furent non seulement étroitement associées à ces pratiques ignobles mais aussi tirèrent "profit" dans toute l’acception du terme du commerce des esclaves, de leur exploitation et donc de la réduction de millions d’hommes, femmes et enfants au rang de bêtes de somme !

Or, chacun a le droit de connaître son histoire et ses racines et de pouvoir les re-situer dans un contexte où la partie la plus sombre n’est plus occultée, ce qui reviendrait à l’amputer d’une partie de son identité, ce que l’on a fait trop longtemps. Même remarque pour le génocide des amérindiens et plus près de nous, la colonisation..

Pour en revenir à l’esclavage, les petits français blancs, noirs et métis dont l’épopée napoléonienne est au programme sur leurs manuels ont tous appris, par exemple, les épisodes les plus célèbres de cette histoire, y compris les défaites de Napoléon. Cependant, ils n’ont jamais entendu parler - et pour cause - de la révolte des esclaves de Saint Domingue (Haïti) à partir de 1791 (en pleine révolution), des grands stratèges haïtiens tels que Toussaint Louverture, Dessalines et de tous les héros noirs ou mulâtres qui surent opposer aux glorieuses armées napoléoniennes de cuisantes défaites couronnées en 1804 par leur indépendance... "Haïti, première nation noire, qui osa proclamer l’homme en face du Tyran". Incroyable n’est ce pas ? Et pourtant, qui le sait vraiment ou s’en étonne aujourd’hui où cette victoire inouïe (compte tenu du contexte de l’époque) aurait dû être (et devrait être encore) saluée comme l’une des plus grandes et des plus belles victoires de l’humanité. Aussi, est-ce trop demander que de dire l’histoire telle qu’elle fut dans toute sa rigueur et sa cruauté et essayer de comprendre que certains de nos compatriotes descendants d’esclaves par l’un ou l’autre parent, voire parfois nos plus proches (conjoints ou enfants) ont grand besoin pour dépasser le traumatisme et la brûlure (toujours vivace parce que non re-connue) des fers de l’esclavage de cette reconnaissance là. Néanmoins, les européens devraient également pouvoir découvrir cette partie occultée de leur histoire commune afin d‘en tirer certains enseignements, de déculpabiliser et pour certains d’exorciser les maux profonds du racisme et de se désaliéner tout autant que ceux qu’ils continuent à désigner à la vindicte populaire ou à la victimisation éternelle.

Tous ensemble, ayons par conséquent le courage de regarder enfin la vérité en face et de nommer les choses par leurs noms sans se défausser sur tel ou tel : pays, personnes, époques, trafics triangulaires, complicités de roitelets corrompus, voire même cas d‘esclavagisme contemporain, en refusant de voir la seule réalité qui devrait nous occuper aujourd’hui et dont dépend la résolution de nombre de problèmes actuels : celle de la traite négrière et de l’esclavage, commis par les européens (notamment les français) pendant des siècles de "lumière".

Il n’est donc pas question de repentance mais seulement de justice et de re-connaissance, afin que cette partie tronquée de l’histoire des hommes retrouve toute sa place et redonne du même coup aux descendant des esclaves qui ont tant souffert, dans leur coeur et dans leur chair, dignité, honneur, fierté mais aussi - peut-être - sensation (enivrante) de se sentir enfin français à part entière. Est ce trop demander ? A en entendre certains qui se défendent pourtant farouchement de tout racisme ou parti-pris, cela semble encore hors de portée, voire impossible à mettre en oeuvre. Hélas !

Marie P. Preud’homme (le 10 mai 2006)

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  PLUS JAMAIS çA
stevie B ( 11/05/2006 00:28 )
À Ploufragan / France

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  PLUS JAMAIS çA
stevie B ( 11/05/2006 11:18 )
À Bourg-blanc / France

Hier soir sur arté, scandaleux et le terrible documentaire de la colonisation belge et de son assassin de roi de cette période,je suis totalement scandalisé.Je n'ai pas de mot pour l'instant pour décrire ma peine,l'immense chagrin et l'horreur que les Mindélés ont causé à ce peuple noir.Vraiment je prie le DIEU tout puissant de m'accorder beaucoup de force,de maîtrise et de retenue pour ne pas commetre de graves impairs sur le premier mindélé que je croise sur mon chemin ce matin.C'est plusque terrible ce qu'à vécu le peuple congolais depuis la colonisation jusqu'à ce jour par les belges.Je suis camerounais et partage entièrement et profondément la douleur et le profond chagrin du peuple congolais.J'avais vaguement appris les exactions et crimes commis par les belges au congo,mais j'étais très loin d'imaginer la profondeur et la gravité de ces génocides et catastrophes inhumains sur mon peuple.Après avoir vu ce que j'ai vu hier sur arté,ce documentaire,ces témoignages,ces différentes preuves de massacres et crimes gratuits et crapuleux,j'espère que ce sera marqué à jamais au plus profond des mémoires des congolais,et aussi de tous les peuples noirs de la terre.La communauté internationale toute entière est témoin que de tout temps et depuis la nuit des temps,le peuple noir,partout où il se trouve sur la terre a toujours été la cible facile et malveillante des pires exactions commis sur des êtres humains par d'autres humains.Au congo,au cameroun,comme dans des milliers d'autres coins de la planète où vivent les noirs,ils ont toujours été massacrés sauvagement comme des bêtes et très souvent sans raison plausible ou valable.Hier c'était la journée soit disant commémorative de l'abolition des traites nègrières et d'esclavages.C'est si facile aujourd'hui pour ceux qui le disent et ceux qui le pensent de dire :c'est fini on en parle plus,on oublie et on commémore.C'est encore beaucoup trop facile pour eux de le dire vu que c'est pas leur peuple qui a vécu ni subit ces pires exactions,ces catastrophes,génocides,donc ça ne leur concerne pas vraiment,ça ne leur touche pas vraiment,ni profondément,ils s'en moquent complètement vu que grace à ces systèmes politiques menés par leurs pairs colons à l'époque coloniale,grace à ces crimes crapuleux,grace à ces génocides des peuples noirs,ils vivent(les européens)aujourd'hui dans l'arogance de l'opulence,dans la richesse et le bonheur,dans la stabilité économique et donc dans la paix.Ils ne peuvent pas comprendrent ou ne comprendront jamais les térribles sacrifices humains subient par d'autres peuples différents des leurs pour qu'ils en soient et en arrivent là où ils sont aujourd'hui.Et après tout ceci,on osera encore leur demander de s'assoire sur une même table,de COMMÉMORER,D'OUBLIER,ET DE PARDONNER.Dans la vie d'un HOMME,il y a des choses térribles et très fortes qui marquent à jamais sa vie.Autant chaque homme peut être sensible,qu'il soit jaune,marron,blanc ou noir,autant il y a des choses qu'il ne peut pas éffacer au plus profond de lui,qu'il ne peut pas oublier,donc qu'il ne peut pas COMMÉMORER sur la base d'un pardon,ou même d'une simple excuse.Il ne peut y avoir aucune excuse ni aucun pardon à tout ce qui a été fait au peuple noir depuis les traites,la colonisations,les apartheids,les ségrégrations,les différentes sortes de racismes qui dailleurs persistent fortement toujours aujourd'hui,les crimes,les génocides,les guerres et autres catastrophes commis toujours par ces mêmes européens sur ces mêmes peuples noirs.Il ne pourra jamais y avoir de réparations aucune,pour fermer ces térribles et immenses plaies occasionnées.Même toutes les richesses volées à tous ces peuples réunis(l'or,le pétrole,les diamants,le gaz,le bois,boxite et autres richesses même alimentaire),ni même toutes les richesses de toute la terre réunies ne pourront jamais et jamais et jamais reparer les torts.Mais ce que je voudrais savoir moi c'est si c'est un térrible PÉCHÉ?est-un crime si un peuple aussi pauvre soit-il de peau et de richesses matérielles apparentes,dispose naturellement d'autant d'immenses richesses aussi malhonnêtement convoitées et jalousées aussi farouchement, barbarement,et sauvagement par les autres peuples soit disant modernes,civilisés(ANIMAUX) et riches mais pourtant, mais pourtant(TRÈS PAUVRES D'ESPRIT)?est-ce leur seul péché commis d'avoir toutes ces richesses qui entraine autant de HAINE et de crimes et GÉNOCIDES sur ces peuples noirs?
UN NOIR
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Adina ( 11/05/2006 14:49 )
À Achères / France

Bonjour
Est-il possible d'avoir l'intégralité du discours de Chirac?
Merci.
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Mary P. ( 11/05/2006 22:51 )
À Paris / France

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de la première journée commémorative en métropole du souvenir de l'esclavage et de son abolition.



"Jardin du Luxembourg - mercredi 10 mai 2006

Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs,

Ici même, au Sénat, le 10 mai 2001, à l'unanimité, la représentation nationale a solennellement qualifié la traite et l'esclavage de crime contre l'humanité. La France a ouvert la voie aux autres nations : mémoire et justice devaient être rendues à ces millions et ces millions de victimes anonymes de l'esclavage.
Aujourd'hui, 10 mai 2006, la France célèbre la première journée consacrée en métropole à la mémoire de la Traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions.

La Traite occidentale, du début du XVIème jusqu'au milieu du XIXème siècle, ne fut ni la première, ni la seule manifestation de la traite négrière, qui s'est étendue sur plus d'un millénaire. Et elle a nécessité, c'est vrai, des complicités multiples, jusque dans les pays d'origine des esclaves.

Mais, par le caractère systématique qu'elle a revêtu, par son extension géographique, la Traite occidentale a exercé une influence sur l'évolution de tout notre monde. Le commerce triangulaire a été une entreprise de déshumanisation qui a duré plusieurs siècles, et à l'échelle de plusieurs continents. Une tragédie, qui a vu la déportation en masse d'hommes, de femmes, d'enfants, arrachés à leur terre, aux leurs, et convoyés comme des animaux.


En ravalant les esclaves au rang de "biens meubles", le Code noir, promulgué en France en 1685, leur déniait la qualité d'homme. La légende biblique elle-même fut pervertie, pour légitimer ce trafic odieux : certains prétendirent que les Noirs descendaient de Cham, maudit par son père Noé. Et voilà comment l'on essaya de justifier l'infâme et l'injustifiable.

Ne nous y trompons pas : aujourd'hui encore, cette tragédie a des échos. En Occident notamment, elle a donné corps aux thèses racistes les plus insupportables, en contradiction absolue avec les idées des Lumières. En privant l'Afrique d'un sang vigoureux, elle a épuisé ce continent. Et, aujourd'hui encore, des formes d'esclavage et de travail forcé subsistent dans le monde, contre lesquelles nous devons plus que jamais nous mobiliser.

Dans ce drame, pourtant, sont nés de nouveaux peuples, et une culture forte et originale : nous venons d'en avoir deux puissants exemples, avec la "Forêt des Mânes", ce voyage à travers la mémoire des ancêtres, accompli par Léa de SAINT-JULIEN, que je félicite encore et qui a fait une superbe réalisation.

Et avec l'interprétation par Jacques MARTIAL de cet immense poète qu'est Aimé CÉSAIRE. Dans cet extrait du Cahier d'un retour au Pays natal, vous aurez noté que jamais le mot d'"esclavage" n'est prononcé. Et cette absence augmente encore la puissance de l'évocation. Elle fait surgir la réalité dans la béance même de ce qui n'est pas dit. Quel hommage à la noblesse de celles et de ceux à qui l'on a tout ôté, sauf l'essentiel : l'humanité.

Cette première journée à la mémoire de l'esclavage et de ses abolitions constitue une étape très importante pour notre pays. D'autant plus importante que, depuis toujours, l'Outre-Mer a partie liée avec la République et participe à la nature même de notre identité française.

J'ai voulu que tous les pouvoirs publics se mobilisent à l'occasion de cette commémoration, pour signifier la participation de la nation tout entière à cette prise de conscience empreinte de gravité et de fraternité.

Aujourd'hui auront lieu de très nombreuses manifestations publiques. Un hommage sera rendu aux grands hommes, inhumés au Panthéon, qui ont combattu l'esclavage : Toussaint LOUVERTURE, le commandant DELGRÈS, Victor SCHOELCHER. Dans les établissements scolaires, les enseignants organiseront un moment de réflexion et de recueillement dans leur classe. Les chaînes publiques de radio et de télévision proposeront une programmation spéciale. Chaque préfet organisera dans son département une cérémonie en souvenir de l'esclavage. Et le Gouvernement français est représenté à Gorée, au Sénégal, un des lieux de départ de la Traite, Gorée qui a vu tant de souffrances et tant de déchirements.

Mesdames et Messieurs,

Regarder tout notre passé en face, c'est une des clés de notre cohésion nationale. C'est une force supplémentaire pour notre avenir car c'est la marque de notre capacité à avancer, ensemble. Nous devons regarder ce passé sans concession, mais aussi sans rougir. Car la République est née avec le combat contre l'esclavage. 1794, 1848 : la République, c'est l'abolition.

Nous sommes les héritiers de ces républicains. Nous pouvons être fiers de leur combat pour les droits de l'homme. Aujourd'hui encore, leur engagement nous oblige. Cette première commémoration n'est pas un aboutissement : c'est un début. C'est l'affirmation nécessaire d'une mémoire de l'esclavage partagée par tous les Français.

Quelle que soit notre origine, nous sommes tous réunis par une identité majeure : l'amour de la France, la fierté de vivre ici, le sentiment de la communauté nationale, le respect des lois de la République.

Le combat de la République pour l'égalité, l'unité, la fraternité, la liberté, c'est un combat plus que jamais actuel, à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières. Pour que vive la République, il nous faut lutter sans relâche contre tout ce qui peut l'empoisonner. Les discriminations font perdre la foi républicaine à ceux qui en sont victimes. Les discriminations, le racisme, c'est la négation de tout ce que nous sommes, de tout ce qui nous avons construit, de tout ce qui nous fait vivre en tant que Nation.

Pour vaincre les préjugés, il faut lutter contre l'ignorance, contre l'oubli. C'est aussi pour cela que nous avons besoin de cette journée en mémoire de l'esclavage.

Pour que cet événement vive dans la durée, il faut maintenant l'incarner dans un lieu de mémoire, de travail, d'échange. Un lieu de recherche, de culture, de fraternité. C'est la mission que j'ai confiée au Professeur Edouard GLISSANT, chargé de préfigurer le futur Centre national consacré à la traite, à l'esclavage et à leurs abolitions.

Il faut également à cette mémoire un lieu symbolique, porté par une œuvre forte. Ici même, au Jardin du Luxembourg, où la Haute Assemblée s'est prononcée le 10 mai 2001, prendra place une œuvre originale commémorant la Traite négrière, l'esclavage et leurs abolitions. Je demande au ministre de la culture d'organiser dans les meilleurs délais un concours public à cette fin.

Mesdames et Messieurs,

La France, c'est l'exigence. Exigence de mémoire, exigence de justice, exigence de vérité et de fraternité. C'est parce qu'elle a toujours porté ce message qu'elle occupe dans le monde une place singulière. Face à l'infamie de l'esclavage, la France a été au rendez-vous, la première. Ce combat, elle continuera à le mener, pour la mémoire et contre toutes les formes modernes de l'oubli ou de l'esclavage. C'est sa vocation et c'est sa grandeur.

Et, au-delà de ce combat, à travers le souvenir de l'esclavage et de ses abolitions, c'est aussi la diversité française que nous célébrons aujourd'hui. Une diversité, ferment d'unité. Une diversité qui fait notre force et dont nous pouvons et devons être fiers.

Je vous remercie. "

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  Merci à MP
Fille d'Afrique ( 12/05/2006 14:24 )
À Angoulême / France

Merci à MP d'avoir porté ce discours à la connaissance de ceux qui n'ont pu l'écouter en direct. J'étais devant la télé, sur la chaîne parlementaire le mercredi 10 mai. La cérémonie retransmis en direct du jardin du Luxembourg m'a ébranlée jusqu'aux tripes lorsque le comédien Jacques Martial a interprété un poème de Césaire. C'était trop fort, c'était Grand, c'était spirituellement magistral !
J'ai été également touchée par le discours de Mr Chirac. Je n'ai pas retrouvé dans son discours dit d'un ton grave et ému, l'homme que je pensais qu'il était, à savoir inhumain, sans scrupules. J'ai vu un homme désolé et impuissant devant l'horreur vécue par d'autres hommes. Je me suis à cet instant précis sentie proche de lui, je me suis presque sentie bien dans ma peau de "française". Etait-ce que des mots, du bleuf de la part de Chirac ? Je ne crois pas. Malgré le vieux ressentiment que j'éprouve pour cet homme et sa clique françafricaine, à la fin, je l'ai applaudi, les larmes plein les yeux.
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  NO NAÎF
stevie B ( 13/05/2006 23:09 )
À Telgruc-sur-mer / France

À fille d\'afrique,toi qui aujourd\'hui te sens si bien dans ta peau de super-française malgré que tu sois fille d\'afrique,ne te laisse surtout pas baratiner ou embourber par la mafia ou le cirque politique.N\'oublie jamais que la politique reste un vaste podium où tous les comédiens les meilleurs éssaient de jouer leurs meilleurs comédies pour plaire justement aux naîfs comme toi.Que ce soit en europe,en afrique,aux états-unis ou ailleurs,la politique est et sera toujours la meilleure comédie jouée par les plus fin comédiens pour intérresser les plus naîfs.alors si aujourd\'hui,pour quelques propos flatteurs comme ne sait le faire que les politiciens,car pour être bon politicien,n\'oublie pas qu\'il faut forcément être un exellent parleur,tu te laisses séduire,j\'ai bien peur pour toi à l\'avenir que tu ne sois fortement déçu,vu que maintenant tu te sens si proche de lui étant une fille d\'afrique.
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  Merci à Stevie.
Fille d'Afrique ( 14/05/2006 15:16 )
À Montpellier / France

Je tiens compte de vos remarques et je vous en remercie.

Mais parfois, il faut faire confiance ne fut-ce qu'un tout petit peu aux autres. C'est la chose que je sais le mieux faire, quitte à me tromper parce que je crois que l'homme peut changer, il peut évoluer. Ceci dit, par mes propos, je ne donne nullement carte blanche ni à Mr chirac, ni à personne. Je sais trop ce que la naïveté a coûté à mes ancêtres. Je ne suis pas dupe, mais je pense que si l'Homme le veut, il peut devenir meilleur.
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  Relisez et méditez chaque jour (ou le plus souvent possible) ce texte d'Aimé Césaire
Mary P. ( 15/05/2006 21:27 )
À / France

Extrait du CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL, Aimé Césaire,
© 1955, édité par Présence Africaine.
Extrait cité par M. Jacques Martial, lors de la Cérémonie en l’honneur de la première journée commémorative du souvenir de l’esclavage et de son abolition



[...] le pain, et le vin de la complicité, le pain, le vin, le sang des épousailles véridiques.

[...]

Au bout du petit matin,
la mâle soif et l’entêté désir,
me voici divisé des oasis fraîches de la fraternité
ce rien pudique frise d’échardes dures
cet horizon trop sûr tressaille comme un geôlier.

Ton dernier triomphe, corbeau tenace de la Trahison.

Ce qui est à moi, ces quelques milliers de mortiférés qui tournent en rond dans la calebasse d’une île et ce qui est à moi aussi, l’archipel arqué comme le désir inquiet de se nier, on dirait une anxiété maternelle pour protéger la ténuité plus délicate qui sépare l’une de l’autre Amérique ; et ses flancs qui sécrètent pour l’Europe la bonne liqueur d’un Gulf Stream, et l’un des deux versants d’incandescence entre quoi l’Equateur funambule vers l’Afrique. Et mon île non-clôture, sa claire audace debout à l’arrière de cette polysnésie, devant elle, la Guadeloupe fendue en deux de sa raie dorsale et de même misère que nous, Haïti où la négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait à son humanité et la comique petite queue de la Floride où d’un nègre s’achève la strangulation, et l’Afrique gigantesquement chenillant jusqu’au pied hispanique de l’Europe, sa nudité où la Mort fauche à larges andains.

Et je me dis Bordeaux et Nantes et Liverpool et New York et San Francisco
pas un bout de ce monde qui ne porte mon empreinte digitale
et mon calcanéum sur le dos des gratte-ciel et ma crasse
dans le scintillement des gemmes !
Qui peut se vanter d’avoir mieux que moi ?
Virginie. Tennessee. Géorgie. Alabama
[...]


Ce qui est à moi aussi : une petite cellule dans le Jura,
une petite cellule, la neige la double de barreaux blancs
la neige est un geôlier blanc qui mont la garde devant une prison

Ce qui est à moi
c’est un homme seul emprisonné de blanc
c’est un homme seul qu défie les cris blancs de la mort blanche
(TOUSSAINT, TOUSSAINT LOUVERTURE)
[...]
c’est un homme seul dans la mer inféconde de sable blanc
c’est un moricaud vieux dressé contre les eaux du ciel
La mort décrit un cercle brillant au-dessus de cet homme
la mort étoile doucement au-dessus de sa tête
la mort souffle, folle, dans la cannaie mûre de ses bras

[...]
Gonflements de nuit aux quatre coins de ce petit matin
soubresauts de mort figée
destin tenace
cris debout de terre muette
la splendeur de ce sang n’éclatera-t-elle point ?
[...]

voum rooh oh
que mes cieux à moi s’ouvrent
[...]

Non, nous n’avons jamais été amazones du roi du Dahomey, ni princes de Ghana avec huit cent chameaux ni docteurs à Tombouctou Askia le Grand étant roi, ni architectes de Djenné, ni Mahdis, ni guerriers. Nous ne sentons pas sous l’aisselle la démangeaison de ceux qui tinrent jadis la lance. Et puisque j’ai juré de ne rien celer de notre histoire (moi qui n’admire rien tant que le mouton broutant son ombre d’après-midi), je veux avouer que nous fûmes de tout temps d’assez piètres laveurs de vaisselle, des cireurs de chaussures sans envergure, mettons les choses au mieux, d’assez consciencieux sorciers et le seul indiscutable record que nous ayons battu est celui d’endurance à la chicotte...
Et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ; que les pulsations de l’humanité s’arrêtent aux portes de la nègrerie ; que nous sommes un fumier ambulant hideusement prometteur de cannes tendres et de coton soyeux et l’on nous marquait au fer rouge et nous dormions dans nos excréments et l’on nous vendait sur les places et l’aune de drap anglais et la viande salée d’Irlande coûtaient moins cher que nous, et ce pays était calme, tranquille, disant que l’esprit de Dieu était dans ses actes.

Nous vomissure de négrier
Nous vénerie des Calebars
quoi ? Se boucher les oreilles ?
Nous, soûlés à crever de roulis, de risées, de brume humée !
Pardon tourbillon partenaire !

J’entends de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le bruit d’un qu’on jette à la mer... les abois d’une femme en gésine... des raclement d’ongles cherchant des gorges... des ricanements de fouet... des farfouillis de vermine parmi des lassitudes...

Rien ne put nous insurger jamais vers quelque noble aventure désespérée.
[...]
Ainsi soit-il. Ainsi soit-il. C’était écrit dans la forme de leur bassin.

[...]

Ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole
ceux qui n’ont jamais su dompter la vapeur ni l’électricité
ceux qui n’ont exploré ni les mers ni le ciel
mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre
gibbosité d’autant plus bienfaisante que la terre déserte
davantage la terre
silo où se préserve et mûrit ce que la terre a de plus terre
ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour
ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’oeil mort de la terre
ma négritude n’est ni une tour ni un cathédrale

elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l’accablement opaque de sa droite patience.

Eia pour le Kaïlcédrat royal !
[...]

Tiède petit matin de vertus ancestrales

[...]

Eia pour la joie
Eia pour l’amour
Eia pour la douleur aux pis de larmes réincarnées.


et voici au bout de ce petit matin ma prière virile
que je n’entende ni les rires ni les cris, les yeux fixés
sur cette ville que je prophétise, belle,
donnez-moi la foi du sauvage du sorcier
donnez à mes mains puissance de modeler
donner à mon âme la trempe de m’épée
je ne me dérobe point. Faites de ma tête une tête de proue
et de moi-même mon coeur, ne faites ni un père, ni un frère,
ni un fils, mais le père, mais le frère, mais le fils,
ni un mari, mais l’amant de cet unique peuple.

Faites-moi rebelle à toute vanité, mais docile à son génie
comme le poing à l’allongée du bras !
Faites-moi commissaire de son ressentiment
faites-moi dépositaire de son sang
faites de moi un homme de terminaison
faites de moi un homme d’initiation
faites de moi un homme de recueillement
mais faites aussi de moi un homme d’ensemencement

faites de moi l’exécuteur de ces oeuvres hautes
voici le temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme-

Mais les faisant, mon coeur, préservez-moi de toute haine
ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n’ai que haine
car pour me cantonner en cette unique race
vous savez pourtant mon amour tyrannique
vous savez que ce n’est point par haine des autres races
que je m’exige bêcheur de cette unique race
que ce que je veux
c’est pour la faim universelle
pour la soif universelle

la sommer libre enfin
de produire de son intimité close
la succulence des fruits.

[...]

Tenez je ne suis plus qu’un homme, aucune dégradation, aucun crachat ne le conturbe,
je ne suis plus qu’un homme qu accepte n’ayant plus de colère
(il n’a plus dans le coeur que de l’amour immense, et qui brûle)

[...]


Et voici soudain que force et vie m’assaillent comme un taureau [...].

Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n’est pas en nous mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l’audience comme la pénétrance d’une guêpe apocalyptique. [...]
car il n’est point vrai que l’oeuvre de l’homme est finie
que nous n’avons rien à faire au monde que nous parasitons le monde
qu’il suffit que nous nous mettions au pas du monde
mais l’oeuvre de l’homme vient seulement de commencer
et il reste à l’homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur
et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence, de la force
et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu’à fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite.

[...]

Et je cherche pour mon pays non des coeurs de dattes, mais des coeurs d’homme qui c’est pour entrer aux villes d’argent par la grand’porte trapézoïdale, qu’ils battent le sang viril, [...] .

Et au milieu de tout cela je dis hurrah ! [...]

le négrier craque de toute part... Son ventre se convulse et résonne... [...]

[...]

La négraille aux senteurs d’oignons frit retrouve dans son sang répandu le goût amer de la liberté

Et elle est debout la négraille

la négraille assise
inattendu ment debout
debout dans la cale
debout dans les cabines
debout sur le pont
debout dans le vent
debout sous le soleil
debout dans le sang
debout
et
libre
debout et non point pauvre folle dans sa liberté et son dénuement maritimes girant en la dérive parfaite
et la voici :
plus inattendument debout
debout dans les cordages
debout à la barre
debout à la boussole
debout à la carte
debout sous les étoiles

debout
et
libre

et le navire lustral s’avancer impavide sur les eaux écroulées.

Et maintenant pourrissent nos flocs d’ignominie !
[...]

[...]
dévore vent
je te livre mes paroles abruptes
dévore et enroule-toi
et t’enroulant embrasse-moi d’un plus vaste frisson
embrasse-moi jusqu’au nous furieux
embrasse, embrasse NOUS
[...]
embrasse, ma pureté ne se lie qu’à ta pureté
[...]
et lie, lie-moi sans remords
lie-moi de tes vastes bras à l’argile lumineuse
lie ma noire vibration au nombril même du monde
lie, lie-moi fraternité âpre
puis m’étranglant de ton lasso d’étoiles
monte, Colombe
monte
monte
monte
Je te suis, imprimé en mon ancestrale cornée blanche.
monte lécheur de ciel
et le grand trou noir où je voulais me noyer l’autre lune
c’est là que veux pêcher maintenant la langue maléfique de la nuit en son immobile verrition !


Aimé Césaire


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