A la direction de Camoa Air Liquide à Douala, c’est l’ébullition. Le personnel s’apprête à assister le 8 juin prochain, au combat du siècle entre le directeur général adjoint et l’ex-contrôleur de gestion de la Société. A Gauche, René Gibilaro, dit RG. A droite, Emmanuel Kingue-Johnson (E.K-J) dit le King. Le ring choisi pour cet ultime round est l’audience du tribunal de Première instance de Douala-Bonanjo qui siègera en matière correctionnelle pour juger, à défaut d’arbitrer le différend entre les deux adversaires. Le palmarès des pugilistes est éloquent et promet une belle empoignade. Après sept ans à la tête de la filiale Air Liquide au Cameroun, RG doit prendre sa retraite dans deux mois. Le King, ex-numéro deux de Camoa, a pris sa retraite en décembre dernier après 25 ans de service. Il faut dire que cet ultime rencontre entre les plaideurs est placé sous le signe de la revanche. On se souvient qu’au premier round, Gibilaro avait placé l’offensive très haut en adressant une requête au Commissaire central aux renseignements généraux de Douala. Motif ? Nuisances et allégations mensongères de Monsieur Kingue-Johnson auprès de la direction et du personnel de la société Camoa. » C’était le 18 novembre 2005. Il se plaignait de son collaborateur pour « comportement négatif qui nuit à la sécurité du personnel ». Le sieur Kingue-Johnson, écrivait-il, avait affirmé que « le Directeur trafiquait sa fiche de paye » et Gibilaro, français né au Maroc concluait, péremptoire que « cette pratique dictée par un esprit pernicieux et malicieux est malheureusement fort courante au Cameroun (sic) ». Le pugiliste en chef de la Camoa, après cette passe d’armes unilatérale, crut alors porter l’estocade finale en faisant rechercher Kingue-Johnson par toutes les polices. (Voir Aurore Plus N° 862 du 23 mai 2006) En effet, deux avis de recherches furent lancés coup sur coup contre E.K-J. alors en séjour en France. Les avis de recherches étaient signés par le commissariat du 8è arrondissement de Douala et le Bureau Central National Interpol à Yaoundé. Le premier avis en date du 10 avril 2006 soulignait que « l’intéressé est poursuivi pour complicité de violation de secret professionnel au préjudice de la société Camoa Air Liquide". Le second daté du 21 avril stipulait que « l’intéressé est poursuivi par les tribunaux de Douala pour abus de confiance aggravé et autres au préjudice de la société Camoa ». La légèreté avec laquelle ces deux décisions de la police furent prises ne troubla pas la sérénité de Kingue-Johnson qui est rentré au Cameroun depuis le 23 mai dernier. Son retour coïncide avec l’audience du tribunal programmée pour le 8 juin, audience attendue avec fébrilité par tout le personnel Camoa qui attend de savoir qui de ces deux patrons aura le dessus dans ce combat de coq. C’est donc le troisième round. Par citation directe, Kingue-Johnson traîne Gibilaro au tribunal pour « délit de faux et usage de faux en écriture privée de commerce et tentative d’escroquerie ». Quel est le corps du délit ? Monsieur Kingue-Johnson est gérant de la société Transport-Service-Sécurité (TSS) qui a pour client unique la société Camoa dont elle assure le transport des bouteilles de gaz. En date du 13 février 2006, la Camoa a retenu, selon la citation directe, la somme de plus de 16 millions CFA à la TSS au titre de déduction de diverses avances pour fonctionnement. Intrigués et étonnés par cette écriture qui ne correspondait à aucune prestation de la Camoa, les superviseurs de la TSS auprès de la Camoa ont approché le service comptable de la Camoa pour avoir de plus amples informations. Le rapprochement d’écriture a fait apparaître les anomalies suivantes : contrairement aux usages de la Camoa qui avait l’habitude de régler les factures de prestations de services de la TSS par virements bancaires au profit du compte TSS ouvert à l’agence SGBC de New-Deido, 13 millions de Frs Cfa ont été payés à la TSS en plusieurs règlements par chèques tirés tantôt au Crédit Lyonnais, tantôt à la Société Générale. Apres investigations, la TSS s’est rendu compte que les divers chèques querellés ont été émis non pas à l’ordre de TSS mais « à l’ordre de nous-mêmes" signés de Messieurs Gibilaro, et selon le cas, Sawa René, Ndjonyam Joseph, respectivement patron et collaborateurs de la Camoa. Ces chèques ont souvent été touchés soit par Tchoumba Charles soit par Keuno Jean, également employés dans la boite. Aucun des chèques tirés par la Camoa et encaissés par le personnel Camoa au profit de TSS n’a été reversé à leur destinataire. L’affaire qui avait été enrôlé pour le 11 mai a été renvoyée au 8 mai pour consignation. Les collaborateurs de Gibilaro « qui ont facilité la commission de cette infraction en émettant et encaissant les chèques présumés destinés à la TSS à l’ordre de nous-mêmes et qui ont à cet effet facilité la commission de l’infraction de faux en écriture privée ont également été cité au tribunal pour complicité.

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