Un réseau maffieux est entrain d’être démantelé au Katanga sous l’impulsion du tout nouveau gouverneur de cette province, Moïse Katumbi Chapwe.

Les minerais exploités dans cette province traversent chaque jour le poste frontalier de Kasumbalesa pour entrer frauduleusement en Zambie grâce à un réseau de complicité de haut niveau, tant en Rd-Congo qu’en Zambie. Ces minerais vendus au rabais, sont raffi­nés puis exportés par les Zambiens avec un plus va­lue record. La lutte ne doit s’arrêter qu’une fois les choses normalisées, pour mettre fin à l’adage qui dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Après l’aboutissement heureux du processus électoral, l’heure est au baptême de feux pour tous les dirigeants congolais sor­tis des urnes. Le plus dur est donc à venir, à savoir s’atteler à poser des actions concrètes pour redonner le sourire au peuple de la République Démocratique du Congo. Si certains gouver­neurs de provinces ne se sont pas encore mis en exergue, il en va autrement de celui du Katanga. Moïse Katumbi Chapwe s’est déjà mis dans sa peau de cavalier au service d’une croisade de développement de son peuple. Gonflé à bloc au sortir du séminaire de renforcement des capacités organisé par le ministre de l’Intérieur à l’intention des gouverneurs de pro­vinces, le chef de l’admi­nistration katangaise s’en est allé en guerre contre la corruption, fort de sa légitimité populaire aux derniers scrutins. Depuis le début de la semaine, le gouverneur Moïse Katumbi est en visite de travail dans les secteurs publics de production des richesses de sa province. Mardi il était descendu au poste frontalier célèbre de Kasumbalesa pour une inspection surprise. Au milieu de l’accueil et de la mobilisation, le gouver­neur n’a pas failli à son devoir légitime de palper de façon tactile les réali­tés de ce poste qui est une porte d’entrée des devi­ses pour l’économie du Katanga en particulier, et de toute la République en général. Son envie d’aller au fond des choses lui a fait découvrir la fraude massive qui sévit dans ce poste douanier. En effet malgré le guichet unique, un énorme réseau de cor­ruption est organisé dans ce secteur avec des ramifications comme une gi­gantesque toile d’arai­gnée, jusque en Républi­que de Zambie. Cette maf­fia économique s’est spé­cialisée dans le pillage des ressources minières de la province du Katanga de­puis belle lurette. Le gou­verneur a découvert que des commissions faramineuses sont régulièrement perçues sur des marchan­dises qui ne sont déclarées à la douane que dans une moindre mesure, au détri­ment de l’économie natio­nale. Tel est le cas de ces grands camions chargés comme des baudets de l’hétérogénéité brut. Ces mastodontes pèsent 37 tonnes. Ils sont alignés en file indienne, at­tendant de traverser la frontière pour se rendre en Zambie. Là bas il existe des petites unités industrielles qui raffinent les minerais en provenance de la RDC, avant d’être exportés. La Zambie s’enrichit ainsi aux dépens du vrai propriétaire des richesses qu’est la Ré­publique démocratique du Congo. L’œil vigilant du nouveau gouverneur a tout de suite découvert l’astuce utilisée par les criminels économiques. D’abord la valeur et le poids réels des minerais qui sont chargés dans des camions de gros tonnages, ne sont pas déclarés formellement à la douane, tellement la com­plicité est bien planifiée au niveau des responsables préposés aux formalités ad­ministratives à la frontière congolo-zambienne. Tous les 80 camions alignés, répertoriés au moment où le gouverneur procédait à son enquête affichaient un poids réel de 77 à 80 ton­nes de minerais brut, alors que les affréteurs avaient déclaré à la douane qu’ils pesaient seulement de 30 à 34 tonnes ! Cet excédent de poids constitue en réa­lité la quantité des produits qui passent régulièrement la frontière en fraude. Il constitue un énorme man­que à gagner pour la Ré­publique Démocratique du Congo. Ce déficit pharao­nique est de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars. Le butin saisi par le gouverneur Moïse Katumbi ce jour là est es­timé à 5.000 tonnes de mi­nerais. La teneur de ces mi­nerais est aussi revue à la baisse par les fraudeurs. Selon les services du gou­verneur, la teneur réelle est de 64% au lieu des 34% officiellement déclarés sur les manifestes de sortie de frontière.

Un véritable syndicat du crime transnational

Il nous revient que l’affaire de la saisie de ces camions avant leur entrée en Zambie a soulevé un tollé de protestation dans les milieux officiels de la Zambie. Certains ministres pas moins, de ce pays se sont insurgés contre l’acte posé par le courageux gou­verneur, allant même à l’ac­cuser dans une affaire lointaine qui avait concerné son frère, et à laquelle il n’était même pas mêlé. Cette levée de boucliers qui éclabousse les officiels zambiens dans une affaire de pillage orga­nisé des richesses de la RDC est d’autant plus igno­ble que les intentions affi­chées par ces voisins sur le plan politique les mettaient hors de tout soupçon. Il a été prouvé au terme de l’en­quête liminaire du gouver­neur Katumbi que du côté congolais aussi, la pieuvre de la maffia a également étendu ses tentacules. En aval comme en amont, une collusion s’est établie entre les deux côtés de la frontière par le biais des fossoyeurs de la RDC. Les innombra­bles obstructions actives que Moïse Katumbi a eu à subir de la part de certains fils du Katanga pour l’empê­cher de passer gouverneur, s’expliquent à présent à la lumière de la découverte de ce réseau maffieux.

Il faut en finir avec les fossoyeurs du peuple congolais

Ces fils égarés qui connaissaient l’intégrité morale de monsieur Katumbi et son courage à la limite de la témérité, ont tout fait pour l’empêcher de se hisser à la tête du gou­vernorat de la province du Katanga. Aujourd’hui certes ils sont entrain de se mor­dre les doigts, car leur pot aux roses ne commence qu’à peine à être décou­vert. Le nouveau gouver­neur de la province cuprifère a déclaré la guerre à la corruption, et il ne s’arrêtera pas en chemin. Car si la destina­tion finale à l’exportation des minerais volés à la RDC est assurée par les digni­taires zambiens, le gros du problème reste à démante­ler et à désintégrer le ré­seau de ces trafiquants sans foi ni loi, qui affament le peuple congolais depuis des décennies et qui aggra­vent sa misère. La chose n’est pas aisée mais Moïse Katumbi est déterminé à réussir le pari de la réus­site du serment du chef de l’Etat quand il a juré d’ouvrir toutes grandes les portes de la prison à ceux d’entre les congolais qui confondraient les richesses du pays avec leur propre patrimoine. Le gouverneur du Katanga vient donc de mettre la main dans une fourmilière ; il lui faudra le soutien de toutes les autorités compétentes pour l’aider à vaincre l’hydre de la corruption qui a gan­grené toutes les sphères de la vie nationale congo­laise.

L’Avenir