Benoît XVI, Saint-Père ou « Saint –Pire » ?

Soyons honnêtes, le catholique que je suis, n’a jamais véritablement « accroché » à notre nouveau pape ; mais je me suis fait une raison, car ce serait terrible, qu’humainement ou même dans le cadre de sa mission, notre nouveau pape, fasse l’unanimité dans toute l’Eglise. On serait alors plutôt dans une république de type « communiste stalinien » ou à la « nord coréenne » ou encore, dans les méandres de l’histoire d’une institution naguère, trop puissante et qui régentait trop tous les aspects de la vie des fidèles. Par ailleurs, vu le charisme extraordinaire de son prédécesseur (Paix à son âme), la tâche s’annonçait pour le nouveau pape et dès son élection, bien peu aisée pour l’ex Cardinal Ratzinger, par ailleurs ex gardien du dogme au sein de l’Eglise ; rôle, assez ingrat par ces temps-ci où l’Eglise a trop mauvaise presse (dans le grand public et chez une partie de ceux qui la composent) quand elle prétend rappeler ce qu’elle considère comme être ses valeurs fondamentales. A Cologne, lors des dernières Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), j’ai bien eu l’impression que les milliers de mes « petits frères et petites sœurs » se sont efforcés d’avouer un enthousiasme convenu pour Benoît XVI et que spontanément, le cœur n’y était pas vraiment… Mais peu importe ces considérations personnelles qui n’engagent que moi ; ce n’est pas sur ce terrain là que je suis censé attendre le nouveau pasteur de l’Eglise mais sur ses orientations et prises de position. Et là, c’est une succession de faits (par intrinsèquement graves) qui commencent par m’alarmer quelque peu. Allons-y dans l’ordre :

1. Benoît XVI entame un dialogue avec les catholiques intégristes, schismatiques (ils se défendent d’ailleurs contre cette appellation et affirment toujours leur attachement à Rome) , qui n’ont jamais accepté les orientations essentielles du concile Vatican II ; qu’il s’agisse de la liturgie ou plus grave, des positions de fond comme le dialogue avec les autres religions puisqu’ils considèrent le catholicisme supérieur à toutes les autres religions ; ce qui reste à démontrer :si le catholicisme répond personnellement à l’essentiel de mes questions spirituelles et existentielles, je n’ai pas la prétention de croire que des croyants d’autres religions, ne sont pas dans le même état d’Esprit que moi. Et comme on dit, « les voies du Seigneur sont impénétrables » et on y voit encore une illustration dans la diversité des religions comme des hommes et bien d’autres choses ; et qu’une troisième « grande religion du Livre » soit apparue après le christianisme, pose d’ailleurs plus de questions que cela n’apporte de réponses. Et pour en revenir à la question de la liturgie et des rites de nos célébrations eucharistiques, elle n’est pas simplement cosmétique. Car le catholique africain que je suis, ne se reconnaîtrait que très peu (voire pas du tout) dans une Eglise dont tous les rites seraient en latin au même titre que si j’étais musulman, je me sentirais peu à l’aise avec des rites essentiellement en arabe…Malgré toute la richesse linguistique, l’histoire prestigieuse du latin comme de l’arabe. Bref, ce dialogue avec les ouailles de Monseigneur Lefebvre est A SUIVRE ATTENTIVEMENT…

2. Benoît XVI a reçu Oriana FALLACI, « auteure » d’un fameux ouvrage sur l’Islam ; je ne l’ai pas lu mais les échos sur l’ouvrage sont sulfureux et en son temps, cette femme a été vouée aux gémonies par des musulmans outrés par ses prises de position qui diabolisent littéralement leur religion soupçonnée des plus sombres desseins en ce qui concerne ses dogmes et ses rapports avec l’Occident. Je ne vais pas me faire ici l’avocat de l’Islam mais je vais simplement rappeler que l’histoire de l’Eglise est parsemée de prises de position au sommet, d’actes et autres faits qui n’ont rien à voir avec la « charité chrétienne » et avec la lettre et l’esprit du message du Christ et pour finir, comme il est écrit « avant de voir la brindille qui est dans l’œil de ton frère, regarde la poutre qui dépasse du tien ». FIN DE CITATION dont je ne garantis pas la stricte exactitude au niveau des mots utilisés. Le pape est libre de recevoir qui il veut, mais que faut-il déduire de cette rencontre surtout quand d’aucuns prétendent que notre nouveau pape est quelque peu mal à l’aise dans le cadre du dialogue avec l’islam et que par ailleurs, sa vision et ses propos sur la place de l’Europe (ou de l’Occident) dans l’histoire de l’humanité (place que je reconnais, à titre personnel, « spécifique »…On en reparlera) est ambiguë. Sur ce terrain aussi, notre nouveau pape est « A SUIVRE »

3. Enfin, l’Eglise s’apprêterait à interdire la prêtrise (donc ce qui est par nature une « vocation ») aux homosexuels !!! J’avoue ne pas être, de par ma culture, particulièrement à l’aise avec l’homosexualité ; que je suis quelque peu agacé par les revendications relatives à l’homoparentalité ou au mariage homosexuel. Bref, sur ce terrain là, je ne suis pas « politiquement correct » ni peut-être vraiment chrétien. Mais je m’efforce de me soigner et j’ai cotoyé suffisamment d’homosexuels dans le cadre professionnel comme personnel, pour ne pas être obsédé par ce qui relève de leur vie privée et intime, dans les rapports que j’établis avec eux; dans le même ordre d’idées, discriminer un Homme, le martyriser ou le tuer pour son orientation sexuelle, me paraît complètement fou !!! De la à vouloir leur interdire une vie si essentielle du point de vue d’un catholique qu’est la prêtrise (en y voyant semble t-il et entre autres, les attirances déviantes de nombreux prêtres pour les petits garçons), me semble terriblement inquiétant. Cela d’autant plus, qu’un individu, homosexuel ou hétérosexuel, une fois prêtre, est censé faire et respecter un vœu de chasteté. Exigence qui, par ailleurs, fait l’objet de débats enflammés au sein de l’Eglise. Alors, si on en arrive à un acte d’ostracisme supplémentaire à l’égard des homosexuels de la part d’une institution si symbolique et si puissante qu’est l’Eglise de Rome, nul doute qu’on assisterait là à une véritable régression à bien des points de vue. Et encore une fois, à mon humble avis et avec mes modestes connaissances chrétiennes, je n’y verrais nullement l’application des messages du Christ.

Bref, cher Saint- Père, et avec tout le respect que je vous dois, je vous ai à l’œil et je dois surtout prier pour vous, pour toute l’humanité, pour l’Eglise que vous avez l’honneur de conduire quelques années de son « long et tortueux, chemin sur la terre »