Le président Jacques Chirac et ses disciples qui le savent n’aiment pas cela, et essaient de faire quelque chose : «amener l’Amérique à être solidaire avec un allié dans la guerre sur la terreur». Les Français veulent notre coopération militaire et diplomatique – mais, naturellement, pas notre présence économique. Laissez-moi traduire ce que les parasites de Paris veulent dire réellement : «Supportez notre brutalité et notre exploitation de l’Afrique de l’Ouest - des dizaines de milliers d’Africains très armés soupirent après la liberté du néo-impérialisme français – et peut-être nous les intelligents français allons vous jeter un petit os de temps à autres». Et nous sommes en danger au point de céder à cela. Au cours du demi-siècle depuis que la France a jeté un simulacre d’indépendance sur les colonies telles la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Mali, le gouvernement français et les intérêts des business français ont emporté tout ce qu’ils avaient la possibilité de piller. Pour Paris l’indépendance africaine signifiait le business comme d’habitude, sauf que Paris ne voudrait plus rien accepter pour le bien-être des populations locales. C’était une course libre pour les Français, garantie par une armée française qui a échoué partout ailleurs, mais qui est demeurée compétente pour contraindre les Africains armés. Chaque gouvernement français, l’un après l’autre, a soutenu les hommes forts en faveur des pro parisiens, depuis le gentil Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire, qui a purement mis en faillite son pays avec des projets de construction irréalistes, à Jean Bedell-Bokassa, un vrai cannibale qui a fréquemment été l’homme de main du président Valery Giscard D’Estaing. Mais les vents de la liberté ont commencé à souffler, souvent dans des endroits non soupçonnés. L’ère des «Grands Hommes» africains est terminée, même si quelques uns s’y accrochent encore. Et les Africains veulent la vraie liberté cette fois-ci, et non une colonisation française déguisée. En Côte d’Ivoire, les Français ont totalement mal géré la rébellion de 2002 qu’ils ont pensé pouvoir manipuler. Les efforts à amener les factions les une contre les autres ont explosé, déstabilisant un pays qui a été une source de fierté et de grand profit pour Paris. La seule chose commune au sein du peuple de Côte d’Ivoire est que les musulmans ou les chrétiens, les nordistes ou les sudistes haïssent, tous, les Français. Même au Sénégal, le pays qui a eu les relations les plus douces avec la France, les populations sont fatiguées des barbaries et du protectionnisme français. A travers la région, l’animosité à l’égard de Paris – spécialement du gouvernement amateur de Jacques Chirac – a atteint un point au-delà duquel la colère légitime menace de devenir une furia irrationnelle. A Abidjan, en Côte d’Ivoire, je me suis moi-même retrouvé dans la position inhabituelle de défense des Français, argumentant que personne ne pouvait être aussi omniprésent et prudent comme le croient mes amis locaux. Nous avons entendu un grand arrangement à propos d’un anti-américanisme global, mais, comme l’a noté cette colonne, une bonne partie de cela est superficielle ou concentrée parmi les suspects habituels, tandis qu’un réservoir extraordinaire de bonne volonté envers nous surabonde toujours dans la plus grande partie du monde. Même ceux qui se sont plaints, de manière réfléchie, à propos de la puissance américaine désirent ardemment une carte verte. En Afrique de l’Ouest, chacun a un ami ou un parent, ou l’ami d’un parent, dans l’une des villes de New York ou à Chicago. Leur vision de l’Amérique est celle de travailleurs immigrés courageux qui construisent des vies prospères, impossibles ailleurs. Le rêve américain est bel et bien vivant – à Dakar ou à Abidjan. Contrairement à cela, les peuples de l’Afrique de l’Ouest savent que leurs parents emprisonnés dans les bidonvilles de Paris ou de Lyon n’ont aucun espoir d’aller de l’avant, mais souffrent sans répit de discrimination. Comme résultat, les Africains de la rue expriment constamment une bonne volonté envers les Américains (malgré qu’ils soient mystifiés par l’héritage des touristes Africains américains qui se plaignent de leur part – les Africains vont joyeusement troquer les places). George Bush ou Bill Clinton pourrait remporter une élection grâce à une majorité écrasante dans chacun des pays que j’ai visité. Pendant ce temps, les Français savent qu’ils sont dans des difficultés. Ils savent que leurs victimes africaines sont malades et fatiguées d’être grugées et traitées comme des êtres inférieurs. Les Africains veulent que les Français sortent de leurs économies, de leurs élections et de leurs pays. La réponse française est d’offrir “la coopération” avec les Etats–Unis. Impliquant sans aucune subtilité que «les pouvoirs blancs devraient fusionner », après tout, ils ont mal lu les temps, et ont sauvagement mal lu l’Amérique. Mais c’est là l’affaire, concernant Paris: le gouvernement Chirac veut présenter un front occidental uni aux Africains qui soupirent après une vraie liberté, pour leur montrer que Washington n’est pas une alternative parce que l’Amérique est du côté de la France. Cette duplicité est particulièrement dangereuse, étant donné que beaucoup de pays francophones ont des populations à majorité musulmane - les musulmans qui ne sont pas anti-américains. Bien au contraire, ils pratiquent des formes de l’islam tolérant, et rebutent les efforts des extrémistes Wahhabia pour «purifier» la religion. L’islam est sérieusement malade dans le coeur du Centre Est, mais est vibrant et en pleine santé sur ses frontières, de Jakarta à Detroit en passant par Dakar. La lutte pour l’avenir de l’islam est cruelle et décourageante dans le Centre Est, mais ailleurs les bons gars gagnent. En acceptant l’offre que les français embrassent l’Afrique, nous risquons, sans nécessité, d’aliéner des millions de musulmans qui sont nos alliés naturels dans la guerre contre le fanatisme arabe. Nous devrions certainement coopérer avec la France lorsque cela est réellement dans nos intérêts. Mais en Afrique de l’Ouest, la coopération que Paris veut est une fausse coopération qui va seulement profiter aux néocolonialistes français, en salissant l’image de l’Amérique et en causant beaucoup de douleurs. Si nous croyons réellement en la liberté et la démocratie, nous devrions nous lever pour le peuple de l’Afrique qui lutte, et non pour les impérialistes de la Seine.

(Silué Nannougou) Vendredi 30 Juin 2006