Au côté des Ronaldinho, Deco et autres Puyol, Samuel Eto’o est l’icône du FC Barcelone. Une icône aux vingt-huit buts en quarante-quatre matchs la saison dernière. Une icône adulée depuis son cri de lèse-majesté au Real Madrid lors de la fête du sacre, en mai dernier. « Madrid, salaud, salue le champion », avait-il scandé par six fois devant un Camp Nou médusé, puis ivre de reprendre la ritournelle.

Ce fâcheux épisode lui a valu des - excuses publiques le lendemain. Mais voilà résumé-là le pedigree du natif de Nkon, au Cameroun. À vingt-quatre ans, Samuel Eto’o est un génie du ballon rond incontrôlable. Incontournable aussi. D’abord en sélection. À dix-sept ans, il est le plus jeune participant de la Coupe du monde 1998. Les titres arrivent vite : champion olympique en 2000, d’Afrique des nations en 2000 et 2002. Mais là aussi, l’histoire achoppe provisoirement sur un débordement. Il y a un mois, le buteur aurait mis en cause publiquement le tireur du penalty décisif raté, synonyme d’absence du Mondial 2006. L’affaire demeure floue.

Incontrôlable, Eto’o l’est aussi en club. Son succès, il le puise dans une source inextinguible de rancoeur à l’encontre du Real Madrid, qui l’a découvert sans jamais lui avoir donné sa chance, selon lui. Comme bon nombre d’autres jeunes espoirs africains, l’avant-centre a été ballotté de prêts en clubs. Au Real Majorque, lui pense que ses cinquante-quatre buts en quatre saisons lui ouvriront les portes de Madrid. Le Real préfère jouer la surenchère pour transférer sa jeune pousse.

Le Barça récolte actuellement les fruits des 24 millions d’euros sortis et de cette rancoeur inassouvie. Eto’o, lui, suit le chemin tracé par son talent et son ego surdimensionnés. Le Barça n’est qu’une étape.

Stéphane Guérard