Cela fait plusieurs mois que la rumeur court, relayée par quelques médias: l'attentat de Karachi de 2002 aurait une origine franco-française. En gros, selon le Canard Enchaîné, lors de la signature d'un méga-contrat d'armement, alors que le contrat était quasiment bouclé, les "balladuriens" auraient rajouté des intermédiaires supplémentaires à la dernière minute. Ce qui aurait gonflé le coût final du contrat, mais permis à des proches de Balladur d'encaisser des commissions.

Une fois Chirac élu, la France a cessé de payer les commissions, et, toujours selon le Canard, un des intermédiaires lésés, aurait tenté de se faire entendre avant de se raviser. Une balle dans la Golf de sa femme et quelques autres intimidations l'auraient "convaincu".

Sarkozy avait eu beau qualifier de "fables" ces histoires, l'actualité l'a rattrapée puisque l'ancien ministre de la défense Charles Millon s'est livré sans langue de bois à un juge d'instruction. Il a confirmé ce que Mediapart et d'autres avaient dit, à savoir que la France avait effectivement arrêté le paiement des commissions et qu'une enquête des services secrets avait conclu à une "intime conviction" que les rétro-commissions profitaient à des français.

Tout est dans le mot "intime conviction" qui n'est pas la même chose que "preuve".

Et c'est probablement ce qui fera que les adversaires de Nicolas Sarkozy en seront pour leurs frais: il leur faudra trouver autre chose pour impliquer l'ancien proche du candidat Balladur. Même si le fait que les comptes de campagne de Balladur incluaient un versement d'environ 1 millions de francs en billets de 500 francs prétendûment collectés lors d'un meeting restera hautement suspect.

De la même façon, le raccourci d'Hervé Morin est plutôt grossier: Bayrou soutenait Balladur, Balladur a bénéficié des rétro-commissions, donc Bayrou en était complice. Pour gagner la "bataille du centre" il lui faudra trouver autre chose. Mais on peut comprendre ses craintes. En 2007 Morin et ses amis avaient le vent en poupe. Entrée en grande pompe au gouvernement. Loi diminuant le nombre de parlementaires nécessaires pour faire un groupe taillée sur mesure pour le Nouveau Centre. Au final le Nouveau Centre apparaît en aussi (voire pire) mauvaise posture que le Modem de François Bayrou.

Lequel des deux survivra en 2012? Difficile à dire, mais je parierai plus sur Bayrou que sur Morin, d'autant que je vois mal Borloo être candidat à la présidentielle...