ABIDJAN : DES « GRIOTS » ACCROS DE L’ALCOOL Jadis, le soudan François fut l’un des grands empires qui ait résisté au blaanc. Des noms comme Kankou Moussa , Soundiata Kéita, Soumangourou Kante, Kaya Mangan Cissé… En outre les griots, détenteurs de l’histoire s’évertuaient à leur render homage en entonnant des chansons. Ils connaissaient l’origine de toute une dynastie ; Niakarama Doua, Balla Fasseké et autre, étaient toujours en compagnie du roi pour faire son éloge, auprès du peuple pour l’informer sur tout ce qui le concerne et tout ce qui le concernera . Les mariages, les baptèmes, les ceremonies, les pertes d’enfants sont des rôles qu ils exécutent avec passion et determination. Malheureusement cette forme de griotisme est entrain de s’éclipsser progressivement. En Guinée, Mali, ces griots ont choisi de faire de la musique mandingue pour preserver leur patrimoine; en Côte d’ivoire ce phenomène non moins connu est en voie de disparition. Ainsi on decouvre de nouvelles sortes de griots qu’on appelle les “faiseurs d’atalaku” .L’ATALAKU EST-IL-UNE FORME DE COMMUNICATION TRADITIONNELLE? On attend par communication traditionnelle, une communication qui se fait à plusieurs niveaux dans le cadre traditionnel: sous un arbre à palabre, sur la place du village avec des griots, des danses, la dote,contes… Elle contient les germes de la tradition. Le phenomène Atalaku est venu du Zaïre et consiste à faire l’éloge de quelqu’un par des louanges, c’est un mot Lingala; le musicien, le chanteur, dans une musique qui dure 5mn peut accorder 1mn 30s au faiseur d’Atalaku qui interviendra sur la musique. Et ce dernier le fait avec beaucoup plus de jeu de langue, d’une voix piaillante et avec une excellente danse. A écouter les albums de Papa Wemba, Koffi Olomide, on s’aperçoit qu’il y’a des voix étrangères dans la bande:c’est le phenomène Atalaku Selon KX Les mots que le faiseur d’atalaku utilise en le traduisant donne par exemple ceci : “Oui, c’est toi le maître du village Molokaï, tu as la frime, tu es notre père spirituel, Ô Wemba…” Aujourd’hui la quasi totalité des artistes Zaïrois utilisent ce concept à telle enseigne qu’il a aujourd’hui dépassé les frontières pour se retrouver en Côte d’Ivoire, mais là on le retrouve plus chez les animateurs de maquis et de bar climatisé. L’animateur du maquis le micro à la main, commence à faire « la prodada » (faire des eloges) de ses clients comme quoi « Michel est bien habillé, mignon garcon avec un bracelet à la main, ah! Dieu seul sait comment tu es mignon, Dieu seul sait comment tu es généreux…” et le client du jour donne ce qu’il a l’animateur; des sommes d’argent qui peuvent varier de 1000 à 5000FCFA . Certains clients préfèrent les casiers à la place de l’argent pour le “parolier.” Cependant, d’une part, l’atalaku fait partie de la communication traditionnelle en raison de la langue parlée qui est avant tout un dialecte du Zaire; c’est une forme de griotisme pour les Zairois, car le chant détient beaucoup de valeur culturelle, spirituelle puisqu’il situe des évènements précis de la vie de la société. Le ton, le rythme de la parole determine l’identité de l’homme, par exemple l’originaire de Kinshasa a un accent different de l’Ivoirien. Selon certaines langues du Show Biz Zairois l’atalaku est pratiqué depuis leur ancêtre donc ce n’est pas un phenomène nouveau, donc il faut arrêter de le voir comme un fond de commerce.Le Zaire est le pays où la musique est une matière première , cette affinité est d’autant plus vérifiée que n’importe quel tenancier de maquis ne peut s’insurger contre le fait que les clients n’aiment pas la musique de l’Afrique centrale. On veut chanter Zaïrois, danser au rythme du Zaïre Dans ce mimétisme culturel, ce sont les animateurs qui l’ont bien compris: faire l’atalaku version Française., mais cette fois ci au lieu du Lingala le message est en Français. Or la communication ne saurait être traditionnelle si le message est en Français. Le contenu du discours est depourvu de tout dialecte propre à la tradition. Aussi contrairement aux vrais griots qui parlent sans support de communication, le faiseur d’atalaku utilisent le micro pour vehiculer leur message et ils sont le plus souvent des accros de l’alcool, de veritable amuseurs publiques, qui ne pensent qu’à leur gain et la boisson. Du coup on en fait un fond de commerce. Si le griotisme fait partir de la communication traditionnelle, que dire alors du faiseur d’atalaku qu’on considère comme un griot moderne? Si le griotisme se modernise de jour en jour, n’ est ce pas là une deculturation? La communication traditionnelle n’a t-elle pas évolué? Toutes ces questions sont passées au peigne fin lors de ce travail . En effet, ce qu’on peut retenir c’est que la communiction traditionnelle a fait de nouvelles découvertes comme l’espace publique, les masques… Le griotisme fait partir de cette communication. Mais l’atalaku ne l’est pas à condition qu’il se limite au griotisme traditionnel. Aussi parler de “griot moderne” est une contradiction, c’est ajoindre tradition et modernisme. KAMAGATE ISSOUF .