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Quand la révolution, aux Amériques, était nègre...

 
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OGOTEMMELI
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Inscrit le: 09 Sep 2004
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MessagePosté le: Dim 04 Nov 2007 17:39    Sujet du message: Quand la révolution, aux Amériques, était nègre... Répondre en citant

Dans son topic d'anthologie sur les sorties de librairie, notre cher ami Henrychristophe avait déjà signalé, il y au moins un an, ce superbe livre de Nicolas Rey : "Quand la révolution, aux amériques, était nègre... Caraïbes noirs, negros franceses et autres "oubliés" de l'Histoire", éd. Karthala, Paris, 2005.

En outre, un jour dans F.O.G (l'émission de france-Olivier Gisbert), le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon avait évoqué cet ouvrage en des termes particulièrement dithyrambiques. Ce qui m'avait soufflé de voir qu'un homme politique français de sa trempe trouvait encore le temps, et surtout la curiosité intellectuelle, de s'intéresser à des livres au sujet si, comment dire, "singulier"...

Je m'étais donc promis de le lire, et ne suis vraiment pas du tout déçu. Plus fort encore, la préface est de notre fameux Elikia M'Bokolo. Celui-là même qui a écrit la préface de L'Afrique de Cheikh Anta Diop, de Fauvelle-Aymar, toujours dans la même maison d'édition Karthala, très en pointe dans le combat des africanistes français contre l'Afrocentricité. Bizarrement, cette maison possède une très bon fonds s'agissant de la "traite négrière", notamment avec les ouvrages de Serge Daget et François Renault, mais aussi beaucoup d'autres très belles pioches...

La préface de M'Bokolo est toute en élégante langue de bois académique, mais l'essentiel y est dit (au moins entre les lignes), et pour le coup bien dit :
Elikia M'Bokolo a écrit:
[...] ce livre passionnant ramène à la surface de la mémoire et porte à notre connaissance des figures individuelles et collectives autant que des phases fondamentales de l'histoire du monde jusqu'ici très largement oubliées. Et, disons-le, trop injustement oubliées.

Un oubli dont les effets ne se limitent pas aux Caraïbes et aux Amériques. Car ce dont il s'agit, ce n'est pas seulement de réparer une injustice, aussi cruelle et aussi pesante soit-elle. C'est aussi, grâce à un travail d'érudition singulièrement réussi et constamment rendu accessible, la mise en oeuvre d'une démarche qui donne à voir une histoire complète et équilibrée, dont se trouvent entièrement restitués les différents acteurs, les multiples enjeux, les complexes rebondissements et dont apparaissent plus que suggérées les connexions évidentes, dissimulées ou tortueuses, avec les combats d'aujourd'hui.

[...] les débats sur les réparations destinées à compenser, si l'on peut dire, la traite et l'esclavage des Africains comportent des risques inhérents à une approche qui resterait partielle d'un phénomène terriblement ample.

[...] En France, la République, en tant que régime, a été assez habile pour récupérer les profits des régimes précédents, tout en se défaussant de la responsabilité de systèmes dont l'inscription, au coeur de la longue gestation de la nation, continuait évidemment de produire des effets sous le régime républicain lui-même.

[...] Cette manie de distribuer de manière très inégale les rôles des différentes aires culturelles et géopolitiques dans la production du monde moderne et, en particulier, ce déni d'initiative frappant les Africains sur leur continent et en dehors de celui-ci, participent pleinement des mécanismes de domination qui structurent le monde d'aujourd'hui.

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OGOTEMMELI
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Messages: 1498

MessagePosté le: Dim 04 Nov 2007 18:31    Sujet du message: Répondre en citant

Racontée par les OPG et consorts, l'histoire du Yovodah se résume subrepticement, d'une part à l'histoire des négriers européens (Etats, individus et autres institutions) "traitant" du bois d'ébène ; d'autre part à l'émergence de courants abolitionnistes européens qui auraient pousser les Etats négriers à éradiquer cette "traite", subitement éprouvée par LES nations "civilisées" (évidemment occidentales...) comme un commerce inhumain...

Or, le livre de Nicolas Rey donne à comprendre que cette histoire fut également celle d'Africains luttant par tous les moyens, dès les premières déportations massives aux Amériques, pour recouvrer leur liberté volée, violée ; allant même jusqu'à s'allier à certaines puissances négrières pour en combattre d'autres ; fondant des ETATS ANTI-ESCLAVAGISTES au coeur des colonies américaines, parfois en solidarité avec les autochtones caraïbes.

Le Yovodah, ce n'est donc pas seulement une affaire de négriers blancs dealant des Nègres (avec les bénédictions de l'Eglise et de l'Etat) poussant à foison comme mauvaises herbes sur les côtes africaines Rolling Eyes C'est aussi une histoire de Nègres sabotant l'économie négrière, luttant inlassablement contre les colons pour s'extraire de leur condition de bois d'ébène...

Ce n'est pas seulement d'hypothétiques "rois nègres d'Afrique traitant des Nègres", c'est aussi l'histoire de vaillants combattants africains massacreurs de négriers, fondateurs d'Etat (Quilombo, Palenque, etc.) anti-esclavagistes nichés dans l'univers concentrationnaire des Amériques...et probablement en Afrique aussi.

Sauf qu'il manque d'autres nombreux Nicolas Rey pour rendre plus amplement raison des mouvements anti-négriers ayant existé sur le Continent-Mère...

Ce livre est encore une belle claque aux négriérisme académique avec sa perspective négrophobe, "anti-repentance", d'un crime séculaire contre l'humanité nègre fallacieusement dénommé "Traite" ; d'innombrables luttes africaines abolitionnistes ensevelies sous l'abolitionnisme des nations négrières occidentales. C'est aussi un vibrant hommage à tant de vaillants résistants ("Caraïbes noirs", "negros franceses") contre l'inhumanité de l'économie négrière transatlantique...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 08 Nov 2007 05:13    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Ce livre est encore une belle claque aux négriérisme académique avec sa perspective négrophobe, "anti-repentance", d'un crime séculaire contre l'humanité nègre fallacieusement dénommé "Traite" ; d'innombrables luttes africaines abolitionnistes ensevelies sous l'abolitionnisme [COLONIALISTE] des nations négrières occidentales. C'est aussi un vibrant hommage à tant de vaillants résistants ("Caraïbes noirs", "negros franceses") contre l'inhumanité de l'économie négrière transatlantique...


"Aujourd'hui, les derniers Caraïbes (quelques centaines) ne se retrouvent plus que dans des réserves en Dominique et à Saint-Vincent. Ces deux îles, leurs derniers bastions dans les Petites Antilles depuis le traité de paix de 1660, avaient été défendues corps et âmes, contre les Français puis les Anglais. Mais les Caraïbes durent se soumettre à l'alliance avec l'un ou l'autre de ces deux camps pour tenter de subsister : pris entre deux feux, ils ne purent résister bien longtemps à l'extermination de leur peuple.

Au massacre des Caraïbes succéda l'asservissement de masse des Noirs africains, vendus avec la complicité d'autres Africains aux puissances européennes, durant une période d'expansion économique sans précédent. Les premières habitations des pionniers furent les habitations à pétun (tabac) dans lesquelles certains Blancs européens, enrôlés pour les Amériques afin de "défricher" ces terres nouvelles, partagaient la dureté de vie des esclaves noirs encore peu nombreux.

L'habitation sucrerie qui domina par la suite le payasage antillais, marqua le changement de la donne : la déportation des Noirs de l'Afrique vers le Nouveau Monde alimenta un esclavage de masse. Le Blanc règna en maître incontesté sur ses esclaves noirs, réduits à la condition de bétail exploitable jusqu'à la mort. Les Noirs des Antilles, qui avaient certainement le plus souffert du système esclavagiste, dans la plantation, s'affirmèrent alors comme le moteur de l'émancipation, aux Amériques.

Dans chaque contrée conquise part une puissance coloniale, des Noirs, refusant leur condition d'esclave, prenaient la fuite, devenant ainsi des marrons. Puis, avec les guerres opposant les Européens pour la conquête du Nouveau Monde, ces Noirs marrons surent profiter des divisions "internes" aux Blancs, pour préserver liberté et territoires conquis, et bénéficier de nouveaux privilèges (armes, argent, etc.) ; ils furent ainsi courtisés par les puissances française, anglaise ou espagnole, qui s'appuyèrent sur ces troupes d'élites pour se déstabiliser les unes les autres.

Un événement déterminant fit cependant pencher la balance à la fin du XVIIIè siècle du côté français : avec la première abolition de l'esclavage, décrétée par la France révolutionnaire en 1794, les Noirs du Nouveau Monde en vinrent à se ranger en grand nombre derrière la bannière tricolore!"



[Cf. Nicolas Rey, 2007, p.67]
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Dernière édition par OGOTEMMELI le Jeu 08 Nov 2007 05:43; édité 2 fois
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 08 Nov 2007 05:38    Sujet du message: Répondre en citant

Etudier l'histoire de l'abolition de l'esclavage, comme a fait OPG, sans jamais évoquer le contexte antillais, américain, a fortiori africain, de cette histoire, en la réduisant exclusivement aux seuls courants abolitionnistes occidentaux ; cela revient à fomenter une escroquerie historiographique négrophobe...

En outre, il semblerait que même le monde arabe connut lui aussi ses abolitionnistes, lesquels sont purement et simplement ignorés/occultés par ce qui se donne, ou se vend, comme une "histoire globale" de la "traite négrière"...

Cette imposture idéologique du négriérisme académique est sérieusement mise à mal par le travail exceptionnel de Nicolas Rey, qui complète celui non moins conséquent de Nelly Schmidt, L'abolition de l'esclavage. Cinq siècles de combats XVIè-XIXè siècle, éd. Fayard, 2005...

Outre les Wilberforce, Scholschoer et consorts, il y eut aussi les Caraïbes Noirs, les Negros Franceses, Sonthonax, Polverel, Toussaint Louverture, Delgrès, etc.

Ainsi, l'histoire de l'abolition de l'esclavage, c'est d'abord l'histoire des luttes séculaires, inlassables, des Nègres esclavagisés contre leur condition de bois d'ébène : d'abord depuis leur razzia en Afrique, où ils combattirent les institutions élaborées sur les côtes atlantiques en vue de cette razzia. Ensuite aux Amériques, sur les lieux mêmes de leur réduction criminelle à l'inhumanité ; sans oublier lors des funestes traversées maritimes négrières, à fond de cales putrides, et leurs cortèges macabres de révoltes ou suicides à bord...

Réduction adoubée par l'Eglise (maintes Bulles papales), l'Etat (Traités, Asiento, Codes Noirs, etc.), et l'écrasante majorité des élites intellectuelles occidentales contemporaines...
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