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  Afrique du Sud : Jacob Zuma annonce une semaine de deuil national
Tandis que la société minière Lonmin demande aux mineurs de reprendre le travail sans avoir répondu à leurs revendications
 
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Afrique du Sud : Jacob Zuma annonce une semaine de deuil national

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( 22/08/2012 01:10 )
À Épinay-sur-seine / France

Du jamais vu dans la «nouvelle» Afrique du Sud: le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994, défend mordicus une police qui a tiré sur des travailleurs.
Des hommes qui suent sang et eau pour gagner modestement leur vie, et qui représentent la base électorale de l’ANC. Ce parti-Etat hégémonique draine plus des deux tiers des électeurs, et améliore ses scores tous les cinq ans, à chaque nouvelle élection.
Même si ses politiques sont contestées avec virulence par ses propres membres entre chaque scrutin.
Le massacre de Marikana (province sud-africaine du Nord-Ouest), qui a fait 36 morts et 78 blessés, ne manquera pas d’avoir d’importantes répercussions politiques.
Les vieux démons de l'apartheid
Il rappelle celui de Sharpeville, le 21 mars 1960, mais aussi les émeutes écolières de Soweto du 16 juin 1976, et toutes les fois où la police sud-africaine, sous le régime de l’apartheid, n’a pas hésité à tirer sur les manifestants.
La «vie des Africains ne vaut toujours rien», s’indignait le 20 août le quotidien noir The Sowetan, malgré l’enquête diligentée par le gouvernement sur les circonstances du massacre, et la semaine de deuil national décidée par la présidence.
Cette fois, la question n’a plus rien de racial. La violence comme mode de résolution des conflits est en cause. La police estime avoir été en situation de légitime défense, dans la mesure où deux de ses membres avaient déjà été tués, le 13 août, par des mineurs de Marikana.
Les mineurs ont pris les armes, des machettes et des bouts de bois, pour défendre une revendication sans doute peu réaliste: la hausse de 300% de leur salaire minimum, 4.000 rands (moins de 400 euros).
Selon Johan Burger, un chercheur de l’Institut des études de sécurité (ISS), la police se trouvait en «zone de guerre» et aurait sans doute déploré un grand nombre de morts dans ses rangs si elle n’avait pas tiré.
De son côté, Riah Phiyega, la chef de la police nationale, a donné du grain à moudre aux critiques de l’ANC, en déclarant le 17 août que les policiers «ne devaient pas être désolés» pour la mort des mineurs.
Un point de vue «odieux», selon l’Alliance démocratique (DA), le principal parti d’opposition, qui compte surtout sur les voix des communautés blanche et métisse.
Le pouvoir pris au piège
L’ANC se trouve pour la première fois directement pris au piège d’un conflit de classe. La bourgeoisie noire, parfois difficile à distinguer des caciques de l’ANC, siège en effet aux conseils d’administration de tous les grands groupes du pays.
Lonmin, la société minière qui exploite la mine de platine de Marikana, n’échappe pas à la règle. Le capitaine d’industrie Cyril Ramaphosa, membre des instances exécutives nationales de l’ANC et beau-frère de l’actuel ministre de la Justice, Jeff Radebe, fait partie des administrateurs de Lonmin.
Ancien secrétaire général du Syndicat national des mineurs (Num), le plus puissant en Afrique du Sud, avec 300.000 membres, Cyril Ramaphosa, le «révolutionnaire capitaliste» ne peut que constater —de loin— les affres du Num, affilié important du Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu), une centrale qui est elle-même un allié historique de l’ANC.
Le Num est si bien contesté par la base, à Marikana, qu’un nouveau syndicat indépendant, l’Association des mineurs et du syndicat de la construction (Acmu) n’a eu aucun mal à être suivi par les mineurs en colère.
Lesquels ont cru dur comme fer à sa promesse d’un salaire mirobolant de 12.500 rands (environ 1200 euros). Une promesse qui sent le populisme, un mal répandu dans une société qui perd espoir.
Le fait est souvent sous-estimé, mais l’Afrique du Sud vit depuis la crise financière internationale de la fin 2008 est en état d’insurrection permanente.
L’inflation, le chômage, la médiocrité des services publics et la corruption des élites locales provoquent des émeutes chaque semaine, à travers le pays.
En question: «Une vie meilleure pour tous», le slogan de campagne brandi par l’ANC. Une promesse qui ne se concrétise décidément pas, après bientôt vingt ans de pouvoir.
Le chômage frappe toujours 26% des actifs, la pauvreté reste endémique, le système scolaire est en crise et les policiers sont toujours des cibles de tir, comme au temps de l’apartheid.
En moyenne, une centaine d’agents de police sont tués chaque année dans l’exercice de leurs fonctions, selon l’ISS.
L'avenir de Zuma incertain
Julius Malema, ancien président de la Ligue des jeunes de l’ANC, exclu du parti en avril dernier, ne s’y est pas trompé. Il a aussitôt exploité le drame à des fins politiques, demandant la «démission immédiate» du président Jacob Zuma et du ministre de la Police, Nathi Mthethwa.
«Notre peuple a été tué pour protéger les actions de Cyril Ramaphosa dans Lonmin», a-t-il martelé, reprenant l’un de ses grands chevaux de bataille: lanationalisation des mines.
Se montrant compatissant à l’égard des mineurs, Julius Malema a décidé d’«accompagner» les familles des victimes dans les poursuites judiciaires qu’elles vont donner au massacre, en portant plainte contre la police.
Et ce, alors que le procès pour «meurtre» des 250 mineurs arrêtés le 16 août a déjà commencé, le 20 août, alors que certains des accusés se trouvent toujours à l’hôpital.
Marikana aidera-t-il Malema à se remettre en selle, avant le prochain congrès de l’ANC en décembre? Le turbulent responsable de la Ligue des jeunes pourrait profiter du désamour des jeunes Sud-Africains pour leurs responsables du moment.
Selon une enquête d’opinion publiée le 20 août par le bureau d’études Pondering Panda, pas plus de 23 % des 18-34 ans voudraient voir Jacob Zuma rempiler en 2014 pour un second mandat, et 36 % préfèreraient voir le vice-président Kgalema Motlanthe l’emporter en 2014.
Mais une majorité de 41% rejette ces deux candidats… Sans autre solution vraiment crédible du côté des partis d’opposition qui font face à l’ANC.
De son côté, la direction de la mine se montre inflexible. Première réaction du président de Lonmin, Roger Phillimore: nier le fait que le drame soit lié à un conflit social, pour estimer qu’il relève «clairement de l’ordre public».
Lonmin, troisième producteur mondial de platine a ensuite assuré qu’il prendrait en charge les frais de funérailles des mineurs morts et l’éducation de leurs enfants. Lonmin est connu en Afrique du Sud pour sa politique sociale peu progressiste.
Le groupe avait déjà licencié 9.000 mineurs en grève, en 2011. Cette fois, le groupe minier a posé un ultimatum aux 3.000 grévistes de Marikana: la reprise du travail immédiate, le 20 août, ou le licenciement sur le champ.
Un jour de répit a ensuite été donné aux mineurs… Une version dure du capitalisme à la sud-africaine avec laquelle l’ANC a choisi de prendre ses distances: la présidence a demandé à Lonmin de suspendre son ultimatum, jusqu’à ce que toutes les victimes du massacre aient été identifiées et enterrées.
Inquiétant pour l’Afrique du Sud: il n’est toujours pas question de dialogue social —un moyen pacifique de résolution des conflits qui semble relever de l’urgence à Marikana.
Selon la grande association d’avocats en exercice, la Law Society of South Africa, les «mineurs ont été victimes de l’échec croissant de la résolution des conflits, en particulier dans l’industrie minière. Un échec symptômatique de notre société et du corps politique en Afrique du Sud».
Sabine Cessou

http://www.slateafrique.com/93203/les-degats-politiques-du-massacre-de-marikana
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