/28/2010] Duplicité et moquerie de Faure Gnassingbé : Autopsie d’un discours creux et sans relief
Perdu de vue après le hold up électoral du 04 mars, Faure Gnassingbé a réapparu le lundi 26 avril à l’occasion de son discours à la veille du cinquantenaire de l’indépendance du Togo. Dans sa longue adresse à la nation, Faure Gnassingbé, comme à l’accoutumée, a usé de la duplicité et du double langage pour justifier sa présence dans le fauteuil usurpé et accaparé par de son père Eyadéma Gnassingbé.
Pour le président du Rassemblement du Peuple Togolais, « l’heure du pardon a sonné. Cette vertu est fondamentale, même si nous devons l’assortir, aux yeux des hommes, à la Justice et à la réparation. La commission Vérité, Justice et Réconciliation a entrepris cette tâche exaltante et délicate.
La Nation entière doit remercier ceux qui ont accepté une mission aussi difficile que malaisée.
Vérité certes ! Il faut qu’elle soit établie, depuis les origines, que les faits qui ont gangrené 50 ans de notre vie politique soient connus et reconnus.
Justice ; oui, justice qui n’est trop souvent qu’un masque à l’usage de nos passions …mais justice qui découle de la Vérité. Réconciliation et Pardon qui vont de pair et qui assurent paix et sérénité dans les esprits et dans les cœurs ».
Cette phraséologie de Faure au sortir d’une élection toujours contestée, ne surprend grand monde. Pour peu que l’on sache qui en est l’auteur. Après avoir marché dans le sang de plus de 500 Togolais en 2005 pour remplacer son père Eyadéma, Faure Essozimna s’était proprement moqué du peuple en ces mêmes termes. Pendant cinq ans, rien n’a été fait pour traquer les auteurs et commanditaires de cette tragédie. La mise en place tardive de cette comédie de Commission Vérité, Justice et Réconciliation en mai 2009, une commission qui n’a rien foutu jusqu’à nos jours, montre ô combien l’enfant d’Eyadéma continue de se moquer du peuple. On ne peut pas faire autant de preuve de mauvaise foi et de duplicité et prétendre diriger un pays. Les parents des 500 Togolais sauvagement tués continuent de faire leur deuil sans qu’aucune lumière ne soit apportée. Ces victimes ont-elles des raisons de croire à une justice dans ce pays ? Sans hésiter, la réponse est non.
Au lieu de reconnaître qu’il est le fléau qui mine l’évolution du pays, Faure Gnassingbé s’est mis à lister des prétendus manquements de qui, on ne sait . « Les défauts et les manquements qui nous caractérisent dont le plus pernicieux est, sans doute, la propension à la division en camps antagonistes l’humeur et l’esprit frondeur… Comment ne pas reconnaître, pour le regretter, que depuis 1946, sinon peut-être avant, notre pays a toujours été la proie de la division entre ses enfants. Depuis l’élection du premier togolais député à part entière à l’Assemblée nationale française jusqu’à ce jour, un clivage qui n’a jamais été résorbé, sépare les soi-disant bons des soi-disant mauvais. Les habitants d’un même pays ont pris l’habitude de s’opposer, de s’invectiver, sinon de se haïr… », a-t-il déclaré.
Mais il est surprenant que Faure tienne des propos aussi narcotiques. D’abord, c’est une pure divagation que de dire que la division date des années 1946. Si les Togolais étaient autant divisés, ils ne pourraient pas mener la lutte pour l’indépendance en 1960.
N’est-ce pas Faure lui-même qui parle du « triomphe total et sans bavures des partis nationalistes en 1958 » ? C’est la preuve que les Togolais avant l’intrusion dévastatrice du clan Gnassingbé dans la vie du Togo, savaient souffler dans le cor et la trompette de l’union. C’est d’ailleurs en 52 ans, la seule et crédible élection présidentielle que le Togo ait connue.
Parlant de la « division », Faure le sait très bien que quiconque, c’est bien sa succession dramatiquement dynastique de 2005 qui a davantage fissuré le pays. Avant Faure, le Togo n’a jamais enterré autant de morts (500 au bas mot) pour une histoire de fauteuil présidentiel. En plus, comment les Togolais peuvent-ils s’unir quand une minorité de citoyens font main basse sur les richesses du pays ? Pendant 43 ans, Eyadéma puis Faure drainent dans leur escarcelle de lugubres quidams qui sont des Togolais entièrement à part.
En clair, la division c’est le non respect de la vérité des urnes. Faure Gnassingbé ne saurait tromper personne en faisant semblant d’ignorer que c’est bien lui qui est à l’origine des malheurs du peuple. « Ne penser qu’à soi est la peste à combattre ». Cette phrase est aussi de Faure. Si le régime sanguinaire et criminel qui régente le Togo depuis 43 ans ne pense pas à lui-même, pourquoi Faure et ses sous-fifres ont passé tout le temps à bâcler l’Accord Politique Global du 20 août 2006? Quel est alors l’effort que Faure a déployé pour ramener la compréhension et la solidarité entre les fils de la même nation ? A travers ce discours vague et creux, le président du RPT a donné l’occasion aux Togolais de le multiplier par zéro à l’infini comme lui-même l’a déclaré quelque part dans la sortie inopportune et malcontreuse de lundi.
« Nous devons faire fi des manœuvres politiciennes qui ne visent qu’à assouvir des ambitions secrètes, jamais clairement avouées, fondées sur des arrières pensées ». Toutes les sornettes débitées à la veille des 50 ans du Togo se résument à cette portion susmentionnée. Les Togolais sont invités à ne pas croire aux « manœuvres politiciennes » de Faure Gnassingbé étant entendu que son discours en est une.
La crème du ridicule est qu’à cette allure les Togolais soucieux, sérieux et dignes doivent malheureusement et fatalement faire le deuil de leur bien-être. Ils sont bien contraints et condamnés à souffrir sous le poids d’un régime aussi malfaiteur.
Au total, Faure Gnassingbé a raté l’occasion de dire quelque chose aux Togolais. Il n’a pas eu le courage de ses idées, se cachant derrière de gros mots ronflants mais vides.
Kokou AGBEMEBIO
(Le correcteur)
|