La simple évocation du nom de David Mayebi, dans les milieux du football camerounais, impose – au regard des actions du conseiller spécial n°1 de l'actuel président de la Fécafoot, Iya Mohammed – l'utilisation du superlatif. Tant et si bien qu’il est plus connu dans le football qu'ailleurs. Témoin, combien de Camerounais savent-ils que David Mayebi est militant (actif) du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) ? Très peu nombreux. Pourtant le Roi du pétrole brut – c'est ainsi que l'appellent affectueusement ses potes – a milité pendant plusieurs années dans la sous section Canton Bell, qu'il a quitté depuis 2005. Depuis l'année dernière, David Mayebi est sollicité par une bonne brochette des militants de Wouri II, qui réclament à cor et à cri son adhésion dans leur section. "Je vais voir, pour le moment, j'observe", répond l'intéressé. Qu'est-ce qui motive les militants de la section Wouri II ? Le simple fait de poser la question est déjà un début de réponse, comme si l'évocation du nom de David Mayebi, pour quantité d'habitants de New-bell, renvoie à une générosité empreint d'altruisme. Ça peut se comprendre. A l'occasion de la 21ème journée internationale de la femme, que l'on a célébrée l'année dernière, David Mayebi a distribué une bonne cargaison de pagnes aux femmes de New-bell. Chacune des trente-trois chefferies que compte ce quartier avait reçu une cinquantaine de coupons. Scénario quasi-identique à l'occasion de la célébration de la fête des mères au mois de mai 2006. Seulement, à ses "mamans", David Mayebi a donné, en sus des coupons de tissus, des produits de premières nécessités. La tradition a été respectée cette année, à l'occasion de la célébration de la 22ème journée internationale de la femme. Ce n'est pas tout. Au mois de septembre dernier, le Roi du pétrole, dans le cadre de l'Association des footballeurs du Cameroun (Afc) dont il est l'omnipotent président, a remis des fournitures scolaires à 1650 enfants scolarisés de New-bell. Comme chez les femmes, chacune des trente-trois chefferies que compte le quartier New-bell a recensé cinquante enfants scolarisés. David Mayebi était accompagné dans son action par Me Denise Fampou, fille de l'ancien maire de vénérable mémoire, Dagobert Fampou. Les deux altruistes Denise et David se sont rencontrés lors d'une réunion regroupant les membres et sympathisants de l'Union Fc de Douala. Nostalgique aux aides que son feu père avait l'habitude d'accorder aux démunis, cette jeune avocate n'a éprouvé aucune gêne à se joindre à David Mayebi, fils de pauvre pour apporter leur soutien aux démunis de New-bell à travers des actions concertées.

La mairie ou la députation ? Cette générosité fait souffler un vent de panique dans les lobbies et autres réseaux en place surtout au moment où le Rdpc s'apprête à affronter le double scrutin municipal et législatif. D'aucuns ont donc réagi et continuent même de réagir. Dès que la présence de David Mayebi est signalée pour une réunion, on s'agite, on se braque, on développe des stratégies, on regroupe les siens et leur rappelle les dispositions de la circulaire du président national du Rdpc, celles qui concernent les sections et sous sections, en l'occurrence. En tout cas, pour faire une bonne campagne électorale, c'est bien connu, il faut aller au-devant de son peuple et brosser, si nécessaire, ses électeurs dans le sens du poil. David Mayebi le sait bien et peut-être mieux que quiconque. "Je suis fils de pauvre, reconnaît David Mayebi. Si les âmes de bonne volonté, à l'instar de M. Dagobert Fampou, ne m'avaient pas aidé, je n'aurais jamais été ce que je suis aujourd'hui. C'est donc pour moi une dette vis-à-vis des démunis." Et de conclure : "J'ai grandi à Nkongmondo et j'habite Bonapriso, à une encablure de New-bell. (…) Pour le moment, ceux qui parlent de moi sont libres de toutes élucubrations." Une chose est sûre : "David Mayebi ne peut pas aspirer à la présidence de la section Wouri II ni à la sous section New-bell", rappelle l'honorable Joseph Owona Kono, député Rdpc (Wouri II) à l'Assemblée nationale. Il est donc possible que David Mayebi aspire à la succession de Abraham Tchato à la mairie de Douala 2ème. Tout comme il n'est pas exclu qu'il remplace Joseph Owona Kono à l'Assemblée nationale. Approché pour en savoir plus sur ses ambitions, il refuse de percer le mystère. "Revenez me voir dans deux mois, nous éconduit-il. Pour le moment, j'observe encore." Voilà qui est dit : la ligne qui sépare les activités sociales de celles d'un homme politique sera bientôt franchie. La politique n'est donc pas loin du social. Et cette impression d'être en campagne électorale que donne le Roi du pétrole quasiment au-dessus de toute contingence élective peut être interprétée comme un moyen de tirer le tapis sous les pieds des potentiels candidats à la mairie et à la députation à Wouri II. En tout cas, qui vivra… Antoine Francis Ekang