Kinshasa - 27.11.2006

La victoire officielle et définitive de M. Kabila, premier président élu au suffrage universel direct en RDC, intervient dans un climat tendu, après des violences ces derniers mois à Kinshasa et des combats dans l'est du pays, opposant depuis samedi l'armée régulière à des soldats dissidents. La CSJ "proclame élu à la majorité absolue président de la République démocratique du Congo Monsieur Kabila Kabange Joseph", a déclaré le premier président de la Cour, Benoît Iwamba, dans la capitale Kinshasa, placée sous très haute sécurité. La Cour a ainsi confirmé les résultats provisoires de la Commission électorale indépendante (CEI) qui donnaient M. Kabila vainqueur avec 58,05% des suffrages exprimés contre 41,95% pour son adversaire le vice-président Jean-Pierre Bemba lors du second tour organisé le 29 octobre. Quelques minutes avant, elle avait rejeté le recours déposé par M. Bemba en jugeant non fondés les huit points de sa requête. M. Kabila, 35 ans, désigné à la tête de l'Etat en 2001 après l'assassinat de son père, le président Laurent-Désiré Kabila, devrait prêter serment le 6 décembre. Ni M. Kabila ni M. Bemba n'avait réagi en début de soirée à la proclamation des résultats définitifs. L'annonce de la CSJ a mis un terme à une attente angoissée dans la capitale, secouée depuis août par trois flambées de violences post-électorales qui ont fait une trentaine de morts. La semaine dernière, le camp Kabila avait exigé l'éloignement du centre de Kinshasa de militaires affectés à la sécurité du vice-président Bemba - estimés à un millier et impliqués dans ces incidents. Mais au total, moins d'une centaine de ces soldats ont quitté la capitale. La Belgique, ancienne puissance coloniale, a félicité dès lundi soir M. Kabila, estimant qu'"investies de la légitimité du suffrage universel, les autorités congolaises seront mieux préparées à affronter, dans un esprit consensuel et de réconciliation nationale, les défis de la stabilité et de la reconstruction" de la RDC. Le jeune président devra notamment s'atteler à la pacification de l'est, région en proie à de violents affrontements depuis ce week-end impliquant d'une part des soldats insurgés et d'autre part l'armée régulière, appuyée par l'ONU. Il était impossible lundi d'établir un lien quelconque entre ces combats, qui se déroulaient à Sake, et l'annonce des résultats de la présidentielle à Kinshasa, à plus de 1.500 km à l'ouest. Les élections générales de 2006 en RDC doivent mettre un terme à une transition politique entamée en 2003 après une guerre régionale de cinq ans sur le sol congolais. Ces scrutins sont considérés comme les premières élections libres et démocratiques en 41 ans dans l'ex-Zaïre, depuis des législatives tenues en 1965 peu avant le coup d'Etat du général Joseph-Désiré Mobutu. Depuis son indépendance en 1960, le pays a connu une succession de coups de forces, rébellions et crises politiques. Les Congolais ont voté dans le calme à chacune des étapes de ce processus crucial pour la stabilité du pays et de la région des Grands Lacs. La communauté internationale, qui a financé la quasi-totalité des 500 millions de dollars du processus électoral, a multiplié les appels au calme et à la responsabilité des dirigeants congolais. L'ONU, qui entretient en RDC sa plus importante mission de maintien de la paix dans le monde avec 17.600 Casques bleus, est épaulée pour la sécurisation du processus par une force européenne (Eufor), qui a déployé 1.400 hommes à Kinshasa et environ un millier au Gabon, prêts à intervenir dans les 24 heures.

Augustin Nsonsa Editeur