Billets - Pays des hommes intègres - Pays désintégré ? - DotClear 1.2-rc
Par Juaana, mercredi 28 décembre 2005 à 14:24 :: Général :: #678 :: rss
Commencer par une fin...
Billets - Pays des hommes intègres - Pays désintégré ? - DotClear 1.2-rc
A ceux et celles qui auraient déjà consulté cette page dans l'espoir d'y trouver ne serait-ce que le début de ce que le titre promet, toutes mes excuses: j'étais encore en train de ruminer ce que je considère comme une défaite mémorable pour le peuple burkinabè: la réélection avec un "score" de plus de 80%, de M. Blaise Compaoré, à la tête du pays depuis 18 ans. Ruminer aide à digérer. Digérer la situation actuelle nécessite - que l'on porte sur l'actualité du Burkina Faso un regard qui ne serait pas seulement "journalistique" (en tout cas tel que la plupart de nos journaux nous y ont habitués), c'est-à-dire événementiel - que l'on tente d'établir un lien entre l'officiel, le médiatique, le ronflant de l'appareil d'Etat, la face dite "moderne" du pays, et l'informel, le quotidien, le banal, en un mot: ce qu'il est convenu d'appeler "LE PAYS REEL". Je voudrais commencer par l'actualité, l'investiture du Président Blaise Compaoré. Depuis que l'on a commencé à parler de cette cérémonie marquante pour la vie de la Nation, j'ai, moi, passé le temps à trébucher sur le terme, disant chaque fois - et sans mauvaise foi -: intronisation. Il n'y avait pas que le style dans lequel la campagne électorale s'était déroulée, qui m'amenait à me dire qu'à la réélection - en fait une nomination -, ne pouvait succéder qu'une intronisation. Point par point, pas à pas, dans le gros comme dans le détail, on (nous verrons plus tard qui est ON) a tout mis en oeuvre pour faire ressortir le caractère féodal et monarchique de cette "investiture". Avant la cérémonie proprement dite, qui a eu lieu le 20 décembre, les médias d'Etat etaient mobilisés pour, sous couvert de "bilan" du quinquennat dont on sortait, glorifier et encenser le Président sortant-entrant. Dans le cadre des nombreuses émissions programmées, un entretien avec l'éminent homme de culture Maître Pacéré Titinga sur les rites d'intronisation du Moogo Naaba, l'Empereur des Moose. Pourquoi un tel thème, sinon pour "éclairer" la nature même du pouvoir de M. Blaise Compaoré, tel qu'il souhaiterait le présenter et le vivre à partir de maintenant? La spéculation (il pourrait s'agir d'un hasard, un responsable de programme bien intentionné ayant peut-être programmé cet entretien sans arrière-pensée...) devient soupçon quand on assiste, lors de l'"investiture", à la prestation d'une délégation de la ville de Zorgho avec... les tambours royaux. Que viennent faire ces symboles d'une culture officiellement marginalisée (les "chefs coutumiers" et toutes les valeurs qu'ils représentent) dans une cérémonie hautement "moderne", puisque étant la matérialisation d'un processus dit démocratique? Le Burkina Faso navigue depuis 1987 - date de l'assassinat de la Révolution - entre valeurs anciennes et modernes. Pas dans le sens d'une harmonisation, mais plutôt d'une récupération des premières pour servir des intérêts que l'on veut faire coincider avec les dernières. Un exemple? Lors de la crise dite "Norbert Zongo", un "Collège des Sages" a été mis en place pour réfléchir sur la crise et faire des propositions de solutions. Tout l'appareillage administratif, juridique, politique burkinabè ne suffisait donc pas pour traiter le dossier Norbert Zongo? La Constitution ne prévoyait-elle donc aucune procédure, pour que l'on ait recours à des structures créées ad hoc, en se référant à des valeurs bien africaines certes (la fameuse sagesse, le respect des Anciens), mais que l'on n'a jamais estimé nécessaire d'ancrer juridiquement ni constitutionnellement? Manipulation du droit, de l'histoire...
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