Salut à tous, Comme promis, je reviens à la charge avec la suite de mes réflexions sur le principe de la noblesse Bamiléké. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, il serait intéressant de faire une allusion complice à l'héraldique, qui est la science du blason, entendu l'étude des armoiries.

''L'héraldique s'est développée au Moyen Âge dans toute l'Europe comme un système cohérent d'identification non seulement des personnes, mais aussi en partie des lignées (le blason pouvant être transmis par héritage en traduisant le degré de parenté) et des collectivités humaines, ce qui en fait un système emblématique unique en un temps où la reconnaissance et l'identification passaient rarement par l'écrit. Apparue au XIIe siècle au sein des membres de l'aristocratie, elle s'est rapidement diffusée dans l'ensemble de la société occidentale: femmes, clercs, paysans, bourgeois, communautés... Par la suite, on s'en est également servi pour représenter des villes, des régions, des pays, des corporations de métiers.'' Source ici

Ainsi donc, on voit que l'Europe a en son temps usé d'un système de reconnaissance des individus et de leurs lignées qui ne s'appuyait pas sur les écrits, à travers les "armes dites parlantes" Mais de cette analyse découle le fait que les distinctions éventuelles des individus étaient surtout exprimées sur des blasons ou autres écus (boucliers), et donc clairement sur un support matériel! L'allusion à la guerre est même omniprésente, puisque les boucliers servaient à épéronner ou à se protéger des assauts de l'adversaire, quand on sortait du cadre ludique et floklorique.

Mais l'autre remarque est que les ornements et les formes des boucliers étaient codifiées, et donc si le roturier pouvait se créer des armes, il ne pouvait pas sur le coup accéder à la "noblesse" au sens de la classe sociale dite aisée!!!

Or, il n'est en rien dans le système "nobilaire" Bamiléké, qui justement permet sur le simple mérite, à un individu quelconque de se voir "anobli" dès qu'il se distingue par sa bravoure, qui n'est pas forcément guerrière! Il y va donc du culte du mérite!!! Et dans le principe, la bravoure n'est pas que l'apanage des Hommes, puisqu'une femme peut aussi être distinguée. Et au chapitre des distinctions, on peut les répartir en 2 groupes: celles qui donnent droit à des armoiries qui seront donc perpétuées dans le temps, et celles qui sont ponctuelles et strictement circonscrites à l'individu concerné. Le culte du mérite fait donc que les classes sociales, qui existent, ne soient pas fermées! Dans l'absolu, il convient de dire que ce sont les classes sociales les plus hautes, à l'exception de la cour (le Roi et son conseil de notables qui se succèdent tous par hérédité), qui sont ouvertes, et qui constituent en quelque sorte un appel permanent au dynamisme!!!

Quand un Titre immuable est délivré, il est porté partout par l'individu, qu'il soit avec ses "armes" ou sans! Ce Titre se perpétue ensuite à la progéniture, selon la règle de la transmission cachée ou dévoilée, selon que le descedant direct soit un homme ou une femme. Une fois revelé (par une femme), le titre se porte sans ses "armes" à la génération qui suit, pour disparaître définitivement!

Un des écueils du système est que si un individu peut reprendre toutes les "armes" stériles des ses différents ancêtres illustres, il ne lui est pas possible d'établir la chronologie entre eux! Ainsi un descendant de tisserand, de guerrier, et de danseur, qui sont tous distincts, ne pourra pas forcément dire à quelle époque chacun des ces ancêtres a vécu, ni donner la relation d'ascendance entre eux. En effet, le rappel des armes ne répond pas forcément à une logique chronologique. Le plus souvent on les classe suivant une préférence hiérarchique, émotionnelle, géographique ou même folklorique. Un individu à la fois descendant d'un Roi et d'un Chasseur sera peut-être plus souvent appelé par les "armes" royales que celles du chasseur, alors que ce dernier aura peut-être été l'ascendant du premier!

Le pendant égalitaire se matérialise par le fait que les armes "maternelles" ne sont jamais éludées, même si un autre écueil est que ces armes auront préalablement été déposées par un homme!

La suite au prochain numéro....