Pays de la libre expression par excellence (du moins à en croire sa constitution), les médias américains ont pourtant été très prudents dans la couverture de cette polémique qui continue de faire couler beaucoup d’encre, de larmes et d’incendies. Je pense que les raisons de cette prudence médiatique ne se trouvent pas dans le respect de que les médias éprouvent pour le monde musulman mais plutôt sur trois facteurs qui ont et continuent d’influencer l’attitude de la majorité des Américains :

La difficulté de gagner la Paix en Irak – Après les photos (encore d’actualité) des abus qui se passaient à la prison d’Abu Graib sous l’autorité américaine, les Américains ne veulent pas se mettre à dos une opinion musulmane (particulièrement en Irak) qui lui est de plus en plus hostile. A un moment où les Américains tablent sur l’isolation pour défaire l’insurrection de Zarkawi, il ne faut surtout pas mettre de l’eau dans le moulin de ce dernier.

La guerre contre le terrorisme Internationale : « Gagner les cœurs et les esprits » des musulmans modérés et du reste du monde.- La victoire sur le terrorisme passe aussi par une campagne de relations publiques afin de gagner la sympathie du monde ; et il va de soi que ne pas condamner, ce qui d’après la plupart des sondages, semble être une provocation à l’égard des musulmans, serait rater un bon point.

Une leçon de tolérance à cette « Vielle Europe » - Cette Europe qui se targuait d’être le bastion du multiculturalisme, de la tolérance et des libertés est confrontée à son véritable visage : celui du berceau des deux guerres mondiales, de la colonisation, des génocides, et du racisme….Pourquoi l’Amérique rentrerait-elle dans une polémique qui met à nue cette « Vielle Europe » qui s’est opposée à la guerre en Irak, qui a décrié avec la dernière énergie les scandales d’Abu Graib et de Guantanamo et tout récemment des avions espions de la CIA….

La réserve des médias américains va au-delà du respect d’une religion pour obéir à la logique froide qui entoure des enjeux stratégiques de la politique étrangère américaine. Le sacrifice du droit à la liberté d’expression peut être un devoir journalistique impératif pour préserver certains acquis !

Sany