Zimbabwe: les démolitions sont terminées (vice-présidente)

  HARARE, 28 juil 2005  - La vice-présidente zimbabwéenne,

Joyce Mujuru, a affirmé que les opérations de démolition de bidonvilles au Zimbabwe, qui ont jeté à la rue des centaines de milliers de personnes, étaient officiellement terminées, a rapporté jeudi le quotidien d'Etat The Herald.

  "Nous avons lancé ce programme national pour lutter contre la

misère et la pauvreté et cela a été fait dans l'intérêt de notre nation et de notre peuple", a-t-elle expliqué lors d'une cérémonie à Nyabira, à 35 km à l'ouest de Harare.

  "L'opération est maintenant terminée. Nous avons atteint nos

objectifs", a-t-elle ajouté, citée par le quotidien.

  Dans un rapport publié le 22 juillet, l'ONU a appelé à la fin

immédiate des démolitions, dénonçant une "catastrophe" humanitaire qui a privé de foyers et/ou de travail quelque 700.000 personnes.

  2,4 millions de personnes ont en outre été affectées par ces

opérations, présentées par Harare comme des opérations de rénovation urbaine et de lutte contre la criminalité, et au cours desquelles deux enfants sont morts.

  Le Zimbabwe est entré dans "un état d'urgence virtuel" dont la

population, et la société dans son ensemble, mettront des années à se remettre, estimait le rapport.

  La vice-présidente a précisé que le gouvernement avait engagé la

dernière phase de son programme, visant à construire de nouveaux logements.

  "J'appelle la communauté internationale à cesser de nous

accabler et à se joindre à nous dans cette initiative louable visant à promouvoir le bien de notre peuple", a-t-elle affirmé.

  "A cet égard, nous accueillons toute aide de la communauté

internationale, en particulier celle des Nations unies avec qui nous coopérons dans de très nombreux autres efforts humanitaires", a-t-elle ajouté.

  Le Conseil de sécurité de l'Onu a auditionné mercredi Anna

Kajumulo Tibaijuka, auteur du rapport très critique sur ces démolitions, qui a démenti avoir fait l'objet d'une quelconque pression, comme l'avait affirmé le président zimbabwéen Robert Mugabe.

  Jeudi après-midi, l'ONG ActionAid International a réclamé

l'indemnisation des victimes de ces opérations.

  "Le gouvernement doit s'excuser publiquement et indemniser ceux

qui ont perdu leur propriétés, leurs biens, leurs économies qu'ils avaient acquis légitimement au fil des années", a indiqué l'organisation dans un rapport rendu public à Harare.

  "Les coupables qui, au sein de la police, ont pillé les biens et

les propriétés des victimes sans défense de ces opérations doivent également rendre des comptes", ajoute le texte.

  "Ce qui s'est passé est une grave violation des droits de

l'Homme que rien ne peut justifier", a souligné Caroline Sande, directrice du programme d'Action Aid International en Afrique australe, lors de la présentation de ce rapport.