"La ruse du renard" ou la "force du lion"
Par cesfossoyeursdelarepublique, mardi 14 novembre 2006 à 17:50 :: Général :: #1472 :: rss
Tafsir Ndické Dièye
« La ruse du renard » ou « la force du lion »
Le président appelle au dialogue politique. Une partie de l’opposition invitée répond à son appel. D’un côté comme de l’autre, on joue à passer aux yeux du peuple comme la partie qui s’intéresse à installer dans le pays un climat de sérénité. Devant les caméras de la télévision qui manquaient à beaucoup de ces leaders politiques de l’opposition, sortant du palais, nos hommes politiques affichent un sourire charmeur, avancent un discours conciliant, montrent leur engagement à donner leur vie s’il le faut pour résoudre les difficultés des citoyens de ce pays. D’un côté comme de l’autre, chacun adopte « la ruse du renard » sur le dos du peuple. L’hypocrisie, est-elle en train d’être érigée en religion sous nos cieux ?
Dialogue politique ! Un dialogue politique sélectif à l’orée des prochaines échéances électorales de février 2007. Sélectif car, au même moment, pour une partie de l’opposition, c’est « la force du lion » qui s’applique. On crée des voies détournées pour les atteindre, les écraser politiquement parce qu’on craint leur envergure d’opposant, leur force politique qu’on a, en partie, forgée en octroyant à sa tête de file des fonds politiques conséquents. Pendant ce temps, le peuple lutte avec ses multiples pénuries dont celle du gaz, ses multiples hausses des prix dont, récemment, celle de la farine et du pain.
Les leaders défilent au palais dans leurs boubous luxurieux avec dans leurs sillages des senteurs qui n’envient en rien celles des parfums de chez Christian Dior. Ont-ils attiré l’attention du président sur les urgences de leurs, sur les véritables urgences des sénégalais. Mais enfin ! Ils ont leurs priorités à eux : le retrait des cartes électorales, le processus électoral, les alliances stratégiques pour les élections de 2007. C’est légitime et politique. Nous le reconnaissons. L’augmentation exponentielle du nombre des députés qui grignote gravement sur l’argent du contribuable ne semble pas les préoccuper. Les conséquences de telles aberrations lorsqu’on sait l’état de désoeuvrement poignant qui pousse notre jeunesse à risquer sa vie dans l’océan n’a pas de place dans leur calcul politique. C’est « la ruse du renard ». Chacun essaie, dans la mesure du possible, de tromper l’autre en faisant croire au peuple qu’il fait et défait dans l’intérêt supérieur de la nation à quatre mois des prochaines élections.
Avez-vous parlé avec le président de notre Assemblée malade, de notre justice minée par des scandales de corruption, du train de vie de l’Etat inimaginable dans une démocratie qui se respecte, des harcèlements subits par ceux qui posent des opinions contraires à celles du palais ? Ou cela fait parti aussi de ce que vous vous êtes dit et que vous ne pouvez pas dire au peuple pour l’instant ? Avez-vous bien parlé au président du monde paysan délaissé par ses services, de tous ces travailleurs qui se croisent les bras à cause des délestages intempestifs d’électricité, de toutes ces agressions liée à des problèmes d’insécurité récurrente ? Avez-vous demandé au président d’être beaucoup plus présent dans le pays pour économiser du kérosène et mieux s’approcher des problèmes de ses administrés ? Lui avez-vous demandé de faire moins de politique politicienne et plus de politique de développement ? Lui avait-vous demandé les raisons pour lesquelles dès qu’on est transhumant, quelque soit son passé, on est blanc comme neige, les raisons aussi qui font que les scandales financiers dans ce pays finissent toujours dans le cimetière de l’oublie ? Certainement cela fait aussi parti des choses dont vous avez parlées et que vous ne pouvez pas, pour le moment, livrer au public. Ce fameux propos qu’ils ont pratiquement tous adopté, à l’exception de Abdoulaye Bathily toujours constant dans sa démarche et Ousmane Tanor Dieng depuis l’Europe.
Cher peuple, la presque totalité de notre classe politique se joue de nous. Le président n’avait-il pas invité ces mêmes hommes politique au dialogue il n’y a longtemps en créant même un cadre de concertation. Cela l’a-t-il empêché de faire cavalier seul dans le vote de loi Ezzan, le prolongement du mandat de nos députés, le vote des corps militaires et paramilitaires, la suppression du quart bloquant pour n’en citer que ceux là ?
Derrière les grilles du palais, un schéma est en train d’être concocté. Le résultat final nous concernera tous. Puisque les hommes politiques ont échoué dans le règlement de nos difficultés quotidiennes, peut être la société civile, les intellectuels qui n’ont pas inscrit leur nom sur la liste des lèches bottes du régime, les religieux, les rares hommes politiques respectueux de la morale et de l’éthique, les journalistes et les artistes qui n’ont pas vendu leur âme au diable, vont continuer à conjuguer leurs efforts pour barrer la route à la catastrophe qui nous guette. Devant cette flambée des prix des produits de base, des pénuries, du chômage des jeunes, de l’absence alarmante d’éthique et de morale dans la classe politique, des injustices alarmantes, il est dangereux que ceux qui doivent porter la voix du peuple restent aphones. Cette comédie qui se joue sur les planches de la médiocrité a assez durée. Suivez mon regard du côté de la promenade des Thiessois cet après de samedi 11 novembre avec ce méga meeting qui a fini de consacrer le dangereux mélange des genres entre la religion et la politique. Nous avons souvenance de ce qui s’était passé au finish lorsque ce même leader politique s’était allié avec un grand mouvement religieux de la place en 1993 accusé à tord ou à raison d’être mêlé à des actes de violence. Les événements de 1994 ne sont pas si loin. Attention !
« On ne participe à la chasse à l’éléphant en se contentant de regarder passer son cadavre devant sa case. »
Tafsir Ndické Dièye Ecrivain sénégalais Auteur de romans policiers dont : Ces fossoyeurs de la République Les Editions Mélonic Québec juillet 2005 E-mail :ndickedieye@yahoo.fr
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