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L'opposant et ancien président ivoirien, Henri Konan Bédié, revenu en Côte d'Ivoire après un an d'exil à Paris, a annoncé tout de suite après son retour que l'opposition réclamerait "très haut une transition" après le 30 octobre, date de la fin du mandat du président Laurent Gbagbo. "Nous devons, avec nos partenaires du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition des principaux parti de l'opposition), travailler activement et revendiquer très haut la transition à organiser", a déclaré M. Bédié, également président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, ex-parti unique) lors d'un rassemblement lundi au siège de son parti à Abidjan. Dès son retour, M. Bédié s'était aussitôt déclaré opposé à toute "prolongation" du mandat du président Gbagbo après le 30 octobre. "Il n'est pas question pour les gouvernants actuels qu'on leur donne au-delà de cinq ans", avait-il affirmé. "L'identification (des populations) n'a pas eu lieu dans la zone gouvernementale, l'établissement des listes électorales n'a pas encore commencé, (...) tout est à reprendre comme au commencement", a observé M. Bédié, estimant que "cela traduit l'incompétence à gouverner le pays". La transition politique est devenue en quelques jours le point central de la crise ivoirienne avec le report quasi acquis de l'élection présidentielle qui ne pourra être organisée le 30 octobre comme prévu en raison des blocages politiques et du retard dans les préparatifs, comme l'a indiqué M. Kofi Annan secrétaire général de l'Onu. La question du début trouverait sa justification dans la « précipitation » avec laquelle Bédié, pressé par Paris est rentré au bercail. Si après le 30 octobre, il s’avérait être l’homme de la situation transitoire, on se rappellerait alors fort opportunément un autre scénario dans lequel David Dacko, ancien président centrafricain rentra « précipitamment » à Bangui, dans les soutes d’un avion français en provenance de France, pour remplacer Bokassa alors vomi par son cousin Giscard d’Estaing. Le RHDP et la rébellion des Forces nouvelles (FN), qui contrôle le nord du pays, avaient rejeté fin août l'hypothèse d'une présidentielle le 30 octobre et exigé une "transition politique", excluant M. Gbagbo. Mais celui-ci, qui se fraye de plus en pus une place dans le cœur d’une jeunesse africaine excédée par l’interventionnisme français n’est pas Bokassa. Le président Ivoirien a du reste a affirmé en Conseil des ministres que les différents accords de paix inter-ivoiriens "ne font pas mention d'une quelconque transition".

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