Petite réflexion sur les Sans papiers :

Selon Maurice Rajsfus, raflé par la police française le 16 juillet 1942, « ce n’est pas parce que les Français du temps de l’Occupation ont assisté sans vraiment réagir à la traque aux Juifs — de l’été 1940 à l’été 1944 — que ceux de 2006 auraient hérité de cette volonté de refuser à d’autres étrangers la possibilité de vivre dans leur environnement ».

« Pourtant chaque jour, des enfants d’immigrés sans papiers sont expulsés sans que la majorité des citoyens de ce pays y trouvent à redire, approuvent même cette ignominie ».




Aucune nouvelle des légionnaires de Guyane :

Qu'on se rappelle, selon le Nouvel Obs du 10 Août 2006, une trentaine de légionnaires encagoulés, et armés de battes de base-ball et de bâtons, du 3e Régiment étranger d'infanterie (REI) basés à Kourou avaient mené, une violente expédition dans les rues de la ville, faisant plusieurs blessés, informations confirmées au ministère de la Défense.

Deux légionnaires seulement placés en garde à vue, sept hommes auditionnés dans la journée, et quatre plaintes avaient été déposées contre les légionnaires.

Au ministère de la Défense, qui avait qualifié cette « expédition » d'« intolérable et d'inadmissible », une enquête interne avait démarré, mais on est toujours en attente de sanctions disciplinaires.

Il y a généralement une condamnation unanime et médiatique lorsque des adolescents (de banlieue) se livrent à des actes de ce genre, moins graves, mais parce que ce sont des légionnaires, (en d'autres lieux et en d'autres temps des agriculteurs), on se perd dans des considérations, des explications, des atermoiements, des atténuations....

« La légion étrangère a organisé une expédition punitive à Kourou en cassant et agressant les habitants de race noire », avait dénoncé l'union syndicale Solidaires Guyane (syndicats Sud), « cette attitude raciste est digne des périodes les plus sombres de l'histoire de l'humanité », avait-il ajouté.

Qu'en est-il ?




Le problème toujours scandaleux des pensions des anciens combattants :

Il faut savoir rester mesuré et donner à l'événement sa juste valeur : certes mieux vaut tard que jamais, mais à voir les articles qui pullulent pour saluer cette « décristallisation », on va finir par pleurer. En effet, au brave soldat américain célébré pour ses exploits sur les côtes normandes, il va falloir accoler le brave soldat africain tombé dans les Vosges, à cela près que ce dernier était membre de l’armée française.

Selon Serge Slama du Gisti (Groupe d'informations et de soutien des immigrés), le problème des pensions d'anciens combattants n'est pas nouveau : http://www.gisti.org/doc/actions/2006/retraites/index2.html

Mais avec la sortie du film « les Indigènes », les politiciens se sont précipités dans une course de vitesse médiatique (dans son allocution du 14 Juillet, Chirac avait déjà annoncé cette « décristallisation »). La cause est bonne, mais le contexte et l'habillage de la décision politique absolument délirants.


Quels sont les problèmes non évoqués et/ou non réglés ? :

- d'abord il n'est pas garanti une pleine égalité des droits ; ce qu'il y a de scandaleux, c'est que le critère de la parité des pouvoirs d'achat signifie que lorsqu'un ancien combattant Marocain est au Maroc, sa pension doit être adaptée au niveau de vie local (donc diminuée), mais lorsqu'un fonctionnaire français s'y expatrie, on lui donne des primes d'expatriation (déménagement, billet vacances...) et un salaire à taux majoré pour compenser la cherté locale.

Qui peut m'en expliquer les raisons ?


- selon Hamlaoui Mekachera (Secrétaire d'État aux anciens combattants), il n'est pas question « de rembourser les arriérés qui remontent à la décolonisation », à partir des années 1950 ; Lionel Jospin également, alors Premier ministre, avait refusé cette « décristallisation », jugée trop coûteuse ; Qu'on se rappelle les Antillais qui se sont longtemps battus pour la départementalisation : c'était la preuve qu'ils seraient des Français comme les autres. En réalité, ils n'obtiendront les mêmes Smic et prestations sociales qu'en 1996, c'est-à-dire il y a seulement 10 ans (il n'y a évidemment pas eu de rattrapage). Par ailleurs, les TOM ne sont toujours pas concernés.


- les pensions de retraite militaire (acquises après 15 ans de service pour la France) et les pensions de réversions (versées aux veufs ou veuves d'un fonctionnaire décédé ou à leurs enfants), ne font pas partie de cette loi (les lois de « cristallisation », touchent toutes les pensions civiles et militaires versées aux anciens fonctionnaires).

Le sort de 50 000 anciens engagés volontaires dans l'armée française qui y ont fait une carrière d'au moins quinze ans, sans forcément participer à des guerres, ne sera donc pas évoqué. Comme pour leurs camarades français, cela leur ouvre droit à une retraite... mais celle-ci reste gelée à son niveau d'il y a quarante ans. « C'est un vrai scandale, puisque celui qui a travaillé chez Renault a la même retraite que l'ouvrier français, mais pas celui qui a servi dans l'armée de la République !».

De même, imaginons qu'un marocain épouse une fonctionnaire française. Si par malheur elle venait à décéder, le mari marocain ou leurs enfants subiraient la cristallisation de leurs pensions de réversion !!! C'est malheureusement une situation courante.


Ces mesures de gel des pensions - de « cristallisation » en jargon administratif (terme suffisamment « neutre » pour endormir ou leurrer tout le monde) - remontent à l'époque de l'indépendance des colonies françaises. Les pensions furent alors bloquées à leur niveau de 1959, alors que celles des anciens combattants français ont continué à être revalorisées.

Quantitativement il y a bien plus de pensions de retraite ou de pensions de réversions versées que de retraites du combattant ou de pensions d'invalidité, celles dont on fait la publicité en ce moment. Ce sont donc des demi-mesures, qui témoignent de la considération qu'a la France pour ses anciens colonisés. Même les Harkis, les Moghzanis et autres supplétifs de l'armée française étrangers sont aussi frappés par des mesures discriminatoires.


A l'occasion de la loi sur les aspects positifs de la colonisation en Février 2005, ou des événements de banlieue en Novembre 2005, un grand nombre de personnes ont indiqué à juste titre, qu'ils n'étaient pas responsables de leurs ancêtres. Aujourd'hui, ils ont pourtant l'occasion de montrer par des actes et non par des paroles, qu'ils rejettent sincèrement ce passé honteux, en luttant énergiquement à l'abrogation des lois de cristallisation de TOUTES les pensions, puisque la seule revendication viable est l'abrogation de toutes les lois de cristallisation.


Dernier point dont je n'ai pas davantage entendu parlé et qui est pourtant « à l'ordre du jour médiatique » : en vertu des lois Pasqua, tout ancien combattant étranger qui a servi dans une unité combattante a droit à un titre de séjour de 10 ans, qui lui ouvre droit au RMI, puis au minimum vieillesse (environ 600,00€ mensuels), mais la loi Chevènement de 1998 oblige le bénéficiaire à être domicilié en France. De ce fait, les anciens tirailleurs, pour envoyer de l'argent à leur famille, attendent ainsi la mort dans les foyers.

Ne peut-on pas trouver un système via les ambassades pour permettre à ces vieillards de terminer dignement leur vie auprès des leurs ?
Qui s'en préoccupe ?


Une note d'optimisme quand même : je suis quasiment certain que ce jour (harmonisation totale des pensions) arrivera (la France sait se montrer généreuse), vraisemblablement dans une bonne trentaine d'années, c'est-à-dire lorsqu'il ne restera plus que disons ... une petite dizaine de personnes...