La crise avait commencé le 3 Janvier quand ce pseudo/chef d'État, était intervenu lui-même, pour faire libérer de prison deux personnes qui avaient été reconnus coupables de corruption.

L'opposition réclame sa démission, parce que souffrant de diabète et d'une leucémie, il est jugé inapte (a t-il seulement été apte un jour ?) à gouverner. La grève a été suspendue le 27 Janvier, après que Conté eut promis de nommer un premier ministre de consensus, suite à la journée sanglante du 22 Janvier 2007, où une équipe de bérets rouges conduite par son propre fils Ousmane, sillonna la ville et tira sans discernement.

Une soixantaine de morts ce jour-là.... http://www.youtube.com/watch?v=QmkGQG1K6qM

Certains se posaient la question de savoir comment l’armée Guinéenne qui a volé au secours de Lumumba, qui a libéré l’Angola, le Mozambique, la Guinée Bissau et qui a contribué au rétablissement de la paix et de la sécurité au Libéria et en Sierra Léone a-t-elle pu se rendre coupable d’une telle barbarie et de telles exactions (tir à balles réelles sur des êtres humains comme sur du gibier) à l’égard de sa propre population ?

C'est oublier que l'armée n'est pas une armée républicaine créée pour défendre sa population contre des agressions éventuelles extérieures, mais n'est qu'un instrument de contrôle de sa population, avec s'il le faut, la possibilité de lui tirer dessus. Le Sénégal, dont les élections douteuses ne constituent pas, quoiqu'on en dise, le modèle de démocratie idéal en Afrique (du fait d'irrégularités évidentes), utilise au moins sa police (et non l'armée) et des matraques pour réprimer les manifestations.

On se demande d'ailleurs quel est le contenu des formations que la France officielle, qui se targue de former les militaires de Guinée comme ceux de nombreux autres pays africains, dispense à ces dictateurs à l'École de guerre (un drôle de nom !) de Paris.

L'ONU qui n'a rien d'autre à faire en Afrique que de condamner, avait lancé un appel au dialogue par la voix de son secrétaire général Ban Ki-Moon, et avait demandé aux forces de sécurité guinéennes de faire preuve de retenue, rien que cela. Sic !!!

Déjà des événements tragiques avaient eu lieu en Juin 2006 (12 morts). Or, aucune enquête n’a été menée.

Le choix d'Eugène Camara, un autre de ses proches comme chef de gouvernement, le 12 Février, avait eu pour effet de relancer les protestations, auxquelles le pouvoir avait répondu en décrétant l'état d'urgence, bénéficiant de l'aide de militaires sierra léonais ainsi que de membres d'une milice libérienne (Conté ne fait forcément plus confiance à son armée).

Dans un document publié le 14 Février http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?id=4661&l=2, l'International Crisis Group, appelle « la communauté internationale à contribuer de manière active à un changement pacifique mais radical en Guinée si elle souhaite éviter que le pays ne plonge dans un chaos généralisé qui pourrait bien s'étendre au-delà de ses frontières », c'est-à-dire au Liberia, à la Sierra Leone, à la Côte d'Ivoire et à la Guinée-Bissau.

Des élections législatives sont prévues en Juin, mais comme pour d'autres pays africains, le déroulement des scrutins consiste en un bourrage des urnes, même si les méthodes se sont de plus en plus sophistiquées.



Aujourd'hui où en sommes-nous ?

Comme d'habitude en situation de crise, on (à vous de deviner de qui il s'agit) essaie de convaincre celui qui dirige, de lâcher du lest pour la pérennité du régime, l'important est que le pays ne fasse pas de vague, que le dictateur et son clan puissent continuer à voler tranquillement, la publicité n'étant jamais bonne pour les affaires.

Bien sûr, il faut quelqu'un qu'on va nommer (c'est déjà le 4 ou 5ème Premier Ministre depuis 1984), qui puisse ne pas trop troubler ce jeu, et surtout qu'il plaise à l'extérieur. En aucun cas, c'est la population qui doit choisir, on ne sait jamais sur qui on peut tomber : un Sankara bis !!!

Le mieux est quelqu'un qui a fait carrière dans un organisme international (de préférence francophone de type BCEAO, BCEAC, OIF, Cedeao...), et s'il a des compétences de banquier, ce sera parfait car il pourra serrer la vis à l'intérieur (rigueur budgétaire oblige) avec l'image de quelqu'un de rigoureux et d'intègre, tout en continuant à rembourser des dettes, dont certaines sont pourtant nulles et non avenues http://www.cadtm.org/texte.php3?id_article=22.

Pour la population c'est une opération blanche : en aucun cas la place de cet individu n'est due à la population. Il n'a donc pas de compte à lui rendre, sauf les écrans de fumée habituels pour faire croire que tout va bien.

Ainsi donc en Guinée, notre Ministre de la coopération, Brigitte Girardin est allé porter l'aumône (100 000,00€ pour ceux qui ont perdu un proche). Circulez, il n'y a plus rien à voir...

Le Premier Ministre Lansana Kouyaté n'a toujours pas formé de gouvernement, ce n'est plus l'urgence, puisque les exportations de bauxite ont repris (ce qui est l'essentiel pour le pouvoir), et accessoirement les travailleurs.

Il faut donc trouver une solution qui permette au dictateur de continuer à diriger (il souhaite aller au moins jusqu'en 2010, ce qui lui permettrait de battre le record de longévité de SékouTouré qui a fait presque 26 ans).

Pourtant la seule solution qui vaille est son départ : non seulement il n'apporte rien a son pays (l'a t-il fait d'ailleurs en dehors de l'espoir ?), mais il lui est d'autant plus nuisible, qu'il n'hésite pas à faire tirer sur la foule (des étudiants) pour sa propre pérennité.