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[Chabine]

C'est avec une grande tristesse que je poste ce message, à l'attention de mes compatriotes martiniquais, essaimés de par le monde : l'animateur radio Albert Auguste, plus connu comme Albè Ti-sirè, le soleil de nos petits matins, nous a quittés brutalement dans la nuit de mercredi à jeudi, des suites d'une maladie



En 30 ans de carrière à la radio, d'abord en semi-dissidence (avant les radios libres, les radios non-gouvernementales émettaient depuis les îles anglophones voisines des nôtres, à la Dominique ou à Ste-Lucie), puis sur RCI, qui le révèle, et enfin à RFO Radio Martinique, Albè aura marqué d'une empreinte indélébile le paysage audiovisuel martiniquais. D'une gentillesse exceptionnelle, il nous réveillait tous les matins, dès 4 h, d'un énergique "Debout là dedans !" Il avait toujours "plein de calins et de bisous" à envoyer aux auditeurs, c'était vraiment la positive vibration incarnée

D'une grande richesse spirituelle, il a largement contribué à donner une image positive du Rastafarisme aux Antilles. loin des impératifs purement commerciaux, il savait imposer une sélection musicale excellente, avec beaucoup de Reggae conscient, également de la musique Roots. C'était un homme simple, discret, aimant l'authenticité et échanger avec les gens du "petit peuple". Il aimait passer du temps en commune, dans les marchés, il avait toujours une petite dédicace à envoyer pour telle ou telle marchande. Un petit homme tout simple, qui aimait, comme il le disait sur les ondes "écouter battre le coeur d'ici"

Il souhaitait les anniversaires, disait aussi les avis d'obsèques, avec une tendresse particulière dans la voix quand il donnait le surnom du défunt. Bref, celà peut sembler incroyable pour un simple animateur radio, mais il faisait vraiment l'unanimité, de 7 à 77 ans Il faut vraiment vivre (ou avoir vécu) au péyi pour comprendre ce qu'il représentait : un homme simple, sans prétentions, qui rendait la vie plus belle sans qu'on s'en rende compte... sauf depuis qu'il n'est plus là Sa disparation brutale, à seulement 49 ans, a plongé toute l'île dans la stupeur, et RFO dans l'affliction générale (Serge Bilé a fini le JT en larmes jeudi soir, ainsi que ses invités, qui ont évoqué la mémoire d'Albè avec lui La mort d'Albè a complètement éclipsé l'arrivée de Ségolène Royal ici ). Pour rendre hommage à sa simplicité, ses collègues ont joué du tambour à la station de Clairière, hier soir

Pour tous ceux qui, comme moi, ont grandi avec sa voix chaude et sympathique dans les oreilles, le jour ne se lèvera plus pareil, maintenant que l'Ange Rasta est parti

Albert Auguste : un petit Guadeloupéen, devenu un grand Martiniquais, aimé de tous dans sa terre d'adoption. Il laisse un souvenir impérissable chez lui aussi, en Guadeloupe, à Marie-Galante, la terre de son père, à la Dominique et à Ste-Lucie.

Albè, c'était un boug' roots, sé nou mêm nou mêm.

Je salue son passage avec ces mots d' Eugène MONA :

Ti chimen-an yo kryé lan-mô a
Piti piti piti
Nou tout' la ké pasé
Piti piti piti
Fok nou pasé kan mêm
Pasé nou ka pasé
Pasé anlè tè a

Yo changé nom'y pou yo bay' nom volè
Poutchi ou kryé'y volè, sa i ja volè ki ta'w
Poutchi ou kryé'y volè, Bondié pa lè'w lè ou mô
Pasé nou ka pasé
Pasé anlè tè a

(Ce petit chemin qu'on appele la mort
Petit petit petit
Nous y passerons tous
Petit petit petit
Faut que nous y passions quand même
Nous ne faisons que passer
Passer sur la terre

On a changé son nom pour l'appeler voleuse
Pourquoi tu l'appeles voleurs, qu'est-ce qu'elle a volé à toi
Pourquoi tu l'appeles voleuse, le Bon Dieu ne veut pas de toi mort
Nous ne faisons que passer
Passer sur la terre)

AU REVOIR Missié ALBè Ti-Sirè

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