jovial Grioonaute
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Posté le: Ven 13 Avr 2007 18:37 Sujet du message: Le rapport annuel de la Halde : une honte ! |
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Communiqué de presse
La HALDE publie son rapport annuel :
Le CRAN dénonce l'inertie de M. Schweitzer,
Et celle des candidats à la présidentielle en matière de lutte contre les discriminations
On croit rêver ! Louis Schweitzer qui a remis le 12 avril le rapport annuel de la HALDE en grande pompe au président de la République affirme dans Le Monde que, de son point de vue, " 2006 a été l'année de la montée en puissance". Or, d'après ce rapport, en 2006, le Parquet a été saisi par la HALDE... 42 fois ! Pour toute la France , et toutes discriminations confondues. Quelle « montée », et quelle « puissance » !
Tandisque le sondage publié par le CRAN le 31 janvier 2007 montre que, en France hexagonale, 75% des noirs disent avoir été victimes de discriminations raciales dans l'année écoulée, ce qui fait presque 1 500 000 personnes concernées, sans parler de toutes les autres formes de discriminations, M. Schweitzer, lui, s'estime satisfait. 42 saisines, c'est pour lui une véritable « montée en puissance ».
Comment expliquer cette attitude ? Aveuglement ? Mauvaise foi ? Qui peut le dire ? Quoi qu'il en soit, cette posture manifeste un déficit de prise en compte des phénomènes discriminatoires. Tous les spécialistes savent qu'en la matière, l'essentiel réside dans les discriminations indirectes. Les discriminations directes sont liées à une volonté expresse, que l'on peut éventuellement révéler par des pratiques comme le testing, et condamner ensuite au tribunal. C'est ce à quoi la HALDE s'attache en général, avec cette « montée en puissance » -nous l'avons bien compris.
Mais la discrimination indirecte tient au système tout entier. Elle ne suppose pas une intention particulière, mise en oeuvre par tel ou tel, de manière isolée. Elle repose sur la logique d'un système inégalitaire, dont les structures se reproduisent à l'identique, d'année en année. Dans cette situation, les procès sont bien sûr parfaitement inutiles puisqu'il n'y a aucune intention individuelle de discriminer qui que ce soit. Dans ces conditions, la stratégie du tout-judiciaire mise en oeuvre par la HALDE trouve ici ses limites vite atteintes.
Comment mettre au jour les discriminations indirectes ? Par les statistiques de la diversité. Le combat des féministes constitue de ce point de vue un exemple éloquent. Jusqu'à récemment, de nombreux « experts » refusaient qu'on produise le moindre chiffre concernant la place des femmes dans la société, et ils utilisaient des arguments tout à fait similaires à ceux qui s'entendent aujourd'hui concernant la place des noirs ou des Arabes : « des statistiques ethniques ? cela se retournera contre eux, les pauvres », ou encore, « cela contribuera à opposer les catégories », etc., autant d'arguments qui reviennent en fait à se fonder sur la notion d' « effet pervers », caractéristique, on le sait bien, de la rhétorique réactionnaire. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, les statistiques de la diversité sont disponibles pour les femmes, et elles permettent de développer les politiques d'égalité qui, sans statistiques, seraient parfaitement impossibles à mettre en oeuvre, l'observatoire de la parité ne le sait que trop. A l'évidence, les statistiques ont été une avancée considérable dans la lutte pour l'égalité entre hommes et femmes. Plus personne ne songe aujourd'hui à remettre en cause cet acquis démocratique. Et c'est heureux.
Or c'est la même demande de justice et d'égalité (mesurable) qu'expriment les populations noires à travers le CRAN. Mais M. Schweitzer est opposé aux statistiques de la diversité pour les noirs et les Arabes, bien que plusieurs membres éminents de la HALDE , Claude-Valentin Marie (vice-président) et Alain Bauer (membre du collège) aient affirmé en plusieurs occasions que la HALDE n'était pas opposée aux enquêtes statistiques, pourvu qu'elles se fassent sans fichier (ce qui est du reste la position du CRAN).
Au-delà de ces contradictions embarrassantes au sein de la HALDE , le plus étonnant réside dans la force d'inertie absolue que déploie M. Schweitzer en toute circonstance. Alors que la HALDE est forte de 11 millions d'euros, et de 73 employés, plus les membres des collèges, plus les correspondants régionaux (bientôt entre 50 et 100), malgré ces moyens non négligeables, son président se félicite d'avoir à son actif 42 saisines du parquet en un an, et refuse qu'on mesure les progrès accomplis en France en matière de lutte contre les discriminations. C'est un peu comme si l'INSEE refusait de publier les chiffres en matière de lutte contre le chômage en France (mais ce n'est peut-être pas un bon exemple, il est vrai...).
Mieux encore. Comme l'indique l'article du Monde, malgré l'état singulièrement dégradé du lien social dans notre pays, M. Schweitzer est de toutes façons « optimiste » par nature. C'est pourquoi il « refuse de s'inquiéter de ce que l'on ne parle pas tellement des discriminations pendant la campagne présidentielle, ni qu'aucun candidat n'ait souhaité le rencontrer (sic) » ! Après les émeutes en 2005, après l'année 2006, consacrée par Villepin à l'égalité des chances (campagne dont on peine à voir les résultats), on ne parle pas de la diversité dans la campagne, qui se concentre au contraire sur les drapeaux tricolores et le ministère de l'identité nationale, laissant de côté les vrais problèmes comme les discriminations face à l'emploi, au logement, à l'éducation, à l'accès aux soins, etc. Mais tout cela importe peu, car rien ne saurait ébranler la tranquille assurance de Louis Schweitzer, président de la HALDE.
Du reste, il le dit lui-même volontiers : « je suis inamovible. »
Contacts presse :
Louis-Georges Tin
Porte-parole du CRAN
lg.tin@lecran.org
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