bamiléké Super Posteur
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Posté le: Sam 27 Oct 2007 11:52 Sujet du message: Visite de Biya à Paris |
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Commentaires lucides et concis d'une blanche qui vous veut du bien...
Citation: | Séjour en France : Mme Mongo Beti dénonce la visite de Biya
Odile Biyidi, présidente de l’Ong Survie qui se bat, entre autres, pour la fin de la Françafrique, apprécie à sa manière le séjour parisien du chef de l’Etat.
Comment appréciez-vous la visite de Paul Biya en France ?
Cette visite traduit les liens d’allégeance qui attachent le Cameroun à la France, principal soutien du régime camerounais depuis l’indépendance. Elle s’inscrit donc dans la tradition politique qui consiste, pour les présidents d’Afrique francophone, à venir chercher la bénédiction du nouveau président français.
Vous avez eu une réaction de désapprobation des visites de MM Bongo, Sassou Nguesso à Paris il y a quelques mois. Que reprochez-vous à ce type de visite ? Celle qu’effectue M Paul BIya rentre-t-elle rigoureusement dans le même registre ?
Ce type de visite sert de caution à des régimes qui sont issus de consultations électorales notoirement truquées et qui ont, pendant de très longues années, pillé les ressources de pays dont les populations s’enfoncent dans la pauvreté. Le régime de Biya entre tout à fait dans cette catégorie. C’est un échange de bons procédés puisqu’en retour du soutien qu’on lui apporte, Paul Biya garantira la continuité des intérêts néocoloniaux français au Cameroun.
Au demeurant, M Sarkozy vous semble-t-il porteur d’une certaine rupture dans la logique de la ”Françafrique” jusque-là en vigueur.
Il n’y a aucune rupture au contraire. On trouve chez Nicolas Sarkozy la même complaisance à l’égard de pouvoirs non démocratiques et corrompus et une dureté renforcée à l’égard des populations africaines, qui sont suspectes a priori et assignées à résidence forcée dans des États où leurs droits élémentaires sont bafoués. Le pacte d’exploitation des richesses africaines entre les entreprises françaises et une classe politique camerounaise inamovible et rapace est ostensiblement reconduit.
Paris va-t-il demeurer le passage obligé des chefs d’Etat africains du ”précarré” ? Des évolutions notables sont-elles envisageables, dans quel sens ?
Le changement ne peut pas venir des Français, qui ont installé à leur profit la structure néocoloniale de collaboration avec des régimes qui leur doivent tout. Il ne peut pas venir non plus de la classe inamovible au pouvoir en Afrique, qui s’accroche à ses privilèges. Il viendra forcément de la pression populaire. On constate que les gens supportent de moins en moins les brimades et les privations qui sont leur lot quotidien. La répression des mouvements de colère populaire a fait au moins six morts en un mois au Cameroun : deux à Abong Mbang, après quatre mois de privation d’électricité, deux à Yaoundé au marché Mokolo, quand on a cassé les échoppes de gens qui n’avaient que cela pour vivre et à qui on n’a laissé que le désespoir, deux à Bamenda, quand on a usé de violence contre un mototaxi, seule activité pour des jeunes sans avenir. Le changement est une loi historique. Il est toujours surprenant et prend en défaut toutes les prévisions de ceux qui pensent gouverner le monde.
Propos recueillis par
Valentin Siméon Zinga |
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