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Congo: Catastrophe de la depigmentation comme sport national

 
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M.O.P.
Super Posteur


Inscrit le: 11 Mar 2004
Messages: 3224

MessagePosté le: Sam 24 Nov 2007 12:07    Sujet du message: Congo: Catastrophe de la depigmentation comme sport national Répondre en citant

Dépigmentation : Les Congolais se donnent des couleurs

Hommes, femmes, enfants sont au coude à coude dans la course vers des produits éclaircissants.



Au marché, à la télévision, dans les services administratifs, les supermarchés, les hôtels et dans les rues, ce qui frappe le visiteur qui se rend pour la première fois à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, c'est le nombre de personnes qui ne sont plus véritablement noires. Mais qui ne sont pas vraiment blanches non plus. Cette identification de peau est rendue difficile par le " décapage ", qui a pignon sur rue ici. Ceux qu'on appelle "Akomi tshoko" (en lingala, "ceux qui enlèvent leur peau") permettent de voir quelle a été l'étendue des dégâts de la colonisation. "La Belgique n'a jamais eu l'intention de quitter la Rdc. En dehors des nouveaux quartiers périphériques, tous les autres sont tracés, les concessions sont faites en matériaux définitifs. Toutes les rues sont numérotées. Les Belges ont installé le Congolais dans une position de "sous-homme", destiné à des tâches d'exécutant. Aujourd'hui, cette mentalité d'esclave n'est pas partie ; d'ailleurs, il faut observer comment ceux qui sont complexés par la peau du blanc essayent de l'avoir sans succès", explique Joseph Mbombo, enseignant à l'université de Kinshasa. Le " décapage " ici est une religion. Ses adeptes se recrutent dans toutes les classes sociales.

Que l'on soit dans les quartiers défavorisés comme N'djili, Ista, Barongu ou Bandal, en remontant vers Gombé le quartier résidentiel et administratif, en passant par Limété, les ouailles de la dépigmentation sont reconnaissables. La belle peau noire a laissé la place à beaucoup de variantes. Il y en a effectivement que l'on peut aisément identifier. Il y a au premier plan ces femmes qui ont eu raison de leur couleur de peau originelle grâce aux tubes dépigmentant, laits éclaircissants et savons aux extraits de citron et carotte. Ces nouvelles " blanches ", ou plus précisément "jaunes" uniformisent le teint avec des injections. Pour celles qui ont moins de réussite, qu'on qualifie "Azali tshoko", elles ont les doigts, les coudes, les talons qui refusent d'adopter, même avec l'application de l'hydroquinone, la couleur des " gens biens". Enfin, il y a celles qu'on ne peut classer, les cosmétiques ayant tellement agressé la peau qu'elles virent au rouge tomate ou au vert grisâtre. Dégoûtant.

Egalité oblige

Sylvie Mutemba, partisane de cette pratique, sourit quand on présente le phénomène sous l'angle de l'autodestruction physique et identitaire, parce qu'elles seront toujours noires pour ceux à qui elles veulent ressembler, malgré le " décapage ". Dans sa tête, tout est simple et clair : "Il est toujours préférable d'être la lumière que les ténèbres. Les femmes à la peau jaune ont beaucoup de réussite. Les produits coûtent cher. On sait que vous êtes une personne aisée quand vous n'êtes plus noire. Pourquoi dois-je abandonner ? Tout être humain tend au mieux être". D'ailleurs, pour justifier cet aspect de choses, Sylvie Mutemba indique que " Même [son] époux s'y est mis…"
Ce dernier, responsable commercial à la Brassicole Congo (Bracongo) ne dément pas. Au contraire, il adresse un sourire complice à sa femme avant de dire " qu'il n'y a rien de scandaleux ". Devant l'étonnement de voir une telle harmonie sur un sujet qui fâche ailleurs et le besoin de savoir comment ça se passe concrètement après le bain, le couple, qui porte des stigmates du "décapage", comme beaucoup d'autres couples congolais, éclate d'un rire bruyant. On n'est évidemment pas au Cameroun!

En s'essuyant les larmes qui commençaient à perler de ses yeux, Désiré Mutemba veut dire sa part de vérité sur son choix de vouloir changer de peau : " Quand vous vous rendez coquette, c'est pour plaire à qui ? Quand nous prenons soin de nous, c'est pour vous conquérir ". Désiré Mutemba poursuit sur la genèse de cette pratique qu'il a adoptée : " un matin, il y a six ans, mon lait de toilette était fini. J'ai utilisé celui de mon épouse pendant une semaine. Et c'est dans mon lieu de service que les gens ont commencé à me trouver plus beau et à me faire des remarques flatteuses. Je me suis accroché ". Il a fini par devenir accro car sa trousse de toilette est plus épaisse que celle de son épouse.

Il n'est pas exclu que des disputes éclatent souvent.

Elles conduisent même à des bagarres. Pour le chef de la famille Mutemba, il y a des entorses aux principes de vie notamment dans la gestion des produits de beauté qui doivent être sanctionnées. Il ne faut pas, d'après lui, traverser la ligne rouge : " Je me oint moins que ma femme ; quand son lait de toilette finit, elle prend le mien et me fauche ainsi dans mes calculs car il faut débourser entre 15 et 20.000 Francs Congolais (entre 17.000 et 22.000 francs Cfa) par mois pour maintenir son teint. Je ne supporte pas ces manquants. J'ai souvent levé la main". Sylvie explique que c'est parfois à tort, "car nous avions trois adolescents à la maison, en dehors de nos quatre enfants qui, pour éclaircir leur teint, utilisaient en douce les produits de leur oncle. J'ai été injustement accusé jusqu'au jour où l'un d'eux s'est levé avec le visage qui tirait et se craquelait par endroits. Il avait raté la composition en abusant du tube à l'hydroquinone". Irréel.

Marketing

Pourtant on avait conduit le jeune homme au marché central de Kinshasa à quelques kilomètres de l'hôtel Memling. Le conseiller esthétique avait donné une autre potion pour calmer les brûlures et avait recommandé de laisser reposer la peau un mois avant toute autre application du même produit. Mais les consignes n'avaient pas été suivies. Joseph Kabunda a aujourd'hui un visage dont le front et les contours des yeux sont plus foncés que les joues, le nez et le menton. Le souci de cet étudiant de l'Institut national des arts (Ina) est de ressembler à ceux qui posent pour les publicités des cosmétiques.

En effet, le marché des cosmétiques est florissant en Rdc, surtout à Kinshasa qui concentre une population que l'on dit proche de huit millions. Généralement, les prix de ces produits sont adaptables à la bourse des Congolaises : entre 2000 et 3500 francs Cfa, pour la matière première, la pommade à base d'hydroquinone. D'après Jean-Marie Nkumba, journaliste au quotidien L'Avenir, " ce sont des produits qui proviennent de Côte d'Ivoire, du Nigeria et de France. D'autres par contre sont fabriqués en Rdc. Les autorités compétentes, ministre de l'Industrie et celui de la Santé publique, ont interdit la commercialisation et l'exportation des produits fabriqués sur base d'hydroquinone. Malheureusement, cette mesure manque de suivi."

Le "décapage" en Rdc respecte le Gender equity, car même les hommes sont de gros consommateurs et sont parfois recrutés pour être les testeurs d'un nouveau produit. Les entreprises qui commercialisent ces produits décapants à base d'hydroquinone ont compris que le marché est très porteur puisqu'il touche plusieurs cibles : à savoir les femmes, les hommes et les enfants. "Les enfants ne peuvent pas être épargnés par ce phénomène. Ils sont les victimes innocentes des agissements malheureux de leurs parents. Comment pensez vous qu'on puisse laisser un enfant noir avoir des parents jaunes ? Il faut donc rectifier l'erreur, au prix de la destruction de la mélanine d'une enfant. Je ne sais pas comment nous allons nous y prendre pour réussir à changer les mentalités, surtout que le gouvernement ne condamne pas cela", explique, courroucé, Joseph Mbombo. Le business ne s'embarrasse pas de sentiments…

Ces entreprises spécialisées dans les cosmétiques font un marketing agressif. Le quart des panneaux publicitaires dans la ville de Kinshasa, à partir de l'aéroport, est réservé à Angel et Viva clair, les plus importantes, à côté d'une vingtaine d'autres. Le premier a développé, dans les actions pour couvrir le marché congolais, une gamme aux produits éclaircissants pour homme, baptisée "Clarmen". En dehors des panneaux d'affichage, il y a des spots publicitaires de deux minutes qui présentent un jeune métis au volant d'une belle voiture qui va être assailli à son arrivée par une nuée de magnifiques filles. Le secret du charme de ce jeune homme, c'est "Clarmen". Viva Clair quand à lui promet "une peau sans tâches, ni boutons" à toutes les femmes qui l'utiliseront. Les spots publicitaires sont diffusés en boucle sur une dizaine de chaînes de télévision, à intervalle de 30mn. Les ambassadeurs et ambassadrices de ces marques sont régulièrement invités dans des émissions de télé et de radio et font des apparitions dans les spectacles avec des atouts d'aisance matérielle qui agissent comme un catalyseur dans le conscient des Congolais. Se "décaper" devient donc une nécessité pour exister.

LE 23 NOVEMBRE 2007
© Marion Obam, Mutations

http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=21095
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semeki
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MessagePosté le: Sam 24 Nov 2007 22:56    Sujet du message: Répondre en citant

Evil or Very Mad Le phénomène n'est pas nouveau mais persiste et apparemment progresse. Les noirs américains ont été les premiers à utiliser ces produits cosmétiques éclaircissants la peau et défrisant les cheveux. La RDC n'a malheureusement pas le monopole de cette dangereuse aliénation culturelle qui fait des ravages jusqu'aux villages les plus reculés du Sénégal selon un ami originaire de ce pays. Certaines personnes par souci d'économie ne s'enduisent que certaines parties du corps comme le visage ou les bras...

A nous d'informer les membres de nos familles avant qu'il ne soit trop tard!
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Abiola
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MessagePosté le: Dim 25 Nov 2007 10:03    Sujet du message: Répondre en citant

Un jour ma grand-mère a quitté son village de Lakota (Côte d'Ivoire) pour venir nous rendre visite à Abidjan. La malheureuse un jour de solitude, a trouvé un tube barriolé tout à fait affriolant. Ne sachant pas lire elle a pensé que c'était un produit éclaircissant et s'est barbouillé le visage avec. Manque de pot, c'était un défrisant qui lui a mis le feu au visage !
Je ne me fais pas d'illusions, ce genre de pratique ne s'arrêtera que quand l'Etat prendra des mesures radicales et contraignantes.
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Maryjane
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MessagePosté le: Dim 25 Nov 2007 14:53    Sujet du message: Répondre en citant

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