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1440-1870 : la traite des Noirs, selon HUGH Thomas

 
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 07 Déc 2006 03:10    Sujet du message: 1440-1870 : la traite des Noirs, selon HUGH Thomas Répondre en citant

J'ai lu ce livre (traduction française, éd. Robert Laffont, 2006), en vue de la critique de celui d'OPG. Sur le fond, le propos est semblable entre les deux auteurs. Il y a même des bizarreries sur lesquelles je reviendrai, en ce sens que Petré-Grenouilleau ne cite pas Hugh Thomas, pourtant certains passages de son ouvrage ressemblent à des copier-coller de celui de HT...

Toutefois, une différence majeure entre les deux auteurs consiste en la démarche intellectuelle. Petré-Grenouilleau a une point de vue (négriériste/négrophobe) sur la traite, et sélectionne des éléments d'histoire afin de l'étayer. Tandis que Hugh Thomas étudie ce phénomène dit "traite des Noirs", en rassemblant une foultitude d'informations sur le sujet qu'il expose (me semble-t-il) le plus honnêtement possible.

C'est seulement par la suite, dans un chapitre à part (le dernier du bouquin) qu'il propose sa propre compréhension du corpus ainsi rassemblé. Et ce chapitre est intitulé "UN point de vue sur la traite des Noirs" (pp854-862). Ce qui veut bien dire, au moins implicitement, qu'il est possible d'avoir un autre (ou d'autres) point de vue sur les faits présentés. Que l'auteur a conscience de ne pas detenir LA vérité ; ce qui ne lui interdit pas de dire SA vérité. Et qu'au fond, le propos de Hugh Thomas n'est pas tant d'asséner son point de vue, que d'apporter le plus d'éléments documentés possible à la connaissance du sujet examiné. Cette approche est tout à son honneur, et est indéniablement respectable...

Donc, il est possible d'avoir une opinion analogue à celle d'OPG (en l'occurrence c'est probablement OPG qui s'aligne sur Hugh Thomas...), sans que cela ne (me) suscite quelque animosité. Sauf que Petré-Grenouilleau présente ce point de vue comme étant LE SEUL POSSIBLE, celui auquel parvient nécessairement toute personne douée de raison (heu de science) : "[...] elle est déformée par les ravages du "on dit" et du "je crois", par les rancoeurs et les tabous idéologiques accumulés, sans cesse reproduits par une sous-littérature n'ayant d'historique que les apparences" (OPG, p10). Pître-la-Grenouille est bel et bien en guerre (mais non en Histoire...). Il fait juste pitié de pleurnicher sur les places médiatiques (où il est omniprésent, en l'absence de tout contradicteur Exclamation ), au prétexte qu'il serait attaqué...par des invisibles... lorsque sa propre attaque initiale râgeuse est sans équivoque.
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RICHYRICH
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MessagePosté le: Jeu 07 Déc 2006 15:02    Sujet du message: Répondre en citant

le 20 septembre 2005, Marcel Dorigny (maître de conférences au département d’histoire de l’université de Paris VIII-Saint-Denis) a écrit:
On se permettra d’abord de regretter qu’un tel ouvrage ne soit complété ni par un index des noms cités, ni par une bibliographie finale, ordonnée et hiérarchisée, qui éviterait au lecteur de chercher les références au fil des notes de bas de page. Cette absence de bibliographie est d’autant plus dommageable que l’essentiel des sources utilisées pour cette vaste synthèse sont de seconde main, principalement puisées à travers l’immense bibliographie anglo-américaine, mais également dans les travaux de Serge Daget et de Jean Mettas pour la traite française. En l’absence de traductions des synthèses anglaises ou américaines sur la traite (que l’on pense, par exemple, que l’ouvrage magistral de Hugh Thomas, The SlaveTrade. The History of the Atlantic Slave Trade 1440-1870, [Publication Date : February 1999] n’a toujours pas d’édition française alors qu’il est traduit en espagnol et en italien et l’on aura une idée des blocages de l’édition française en ce domaine !), ce livre permettra aux lecteurs français de se faire une idée de la complexité des problèmes que toute recherche sur les traites négrières rencontre.
http://lmsi.net/article.php3?id_article=460#nb1
OGOTEMMELI a écrit:
J'ai lu ce livre (traduction française, éd. Robert Laffont, 2006)

Bonne nouvelle Wink



Thomas, Hugh
La traite des Noirs : histoire du commerce d'esclaves transatlantique, 1440-1870

Traduit de l'anglais par Guillaume Villeneuve
Prix 30,00 EUR
Paru le 21 septembre 2006
Editeur R. Laffont, Paris
Collection Bouquins
Description XVI-1037 p.
Résumé
Analyse et explique la déportation transatlantique et la traite intra-africaine qu'elle suscita. Preuve que l'histoire de la traite des Noirs est liée à celle de l'Occident, à l'histoire antique et moderne de l'Europe.
Public motivé

Dossier dans "Le Monde" Vendredi 29 septembre 2006
La traite des Noirs
Hugh Thomas revient sur les quatre siècles d’histoire du commerce atlantique des esclaves. Plusieurs ouvrages analysent les conséquences de cette tragédie. Dossier. Pages 6-7.
Contibutions
Olivier Pétré-Grenouilleau, maître de conférences à l’université de Bretagne Sud, est spécialiste de l’histoire de l’esclavage. Il est l’auteur de Les Traites négrières. Essai d’histoire globale (Gallimard, 2004).
Citation:
(...)Hugh Thomas, auteur en 1970 d’une histoire de Cuba jamais traduite en français, consacre aux dernières années de la Traite sur cette île des pages particulièrement éclairantes.
Au sortir de cette volumineuse synthèse, on regrettera peut-être quelques simplifications, notamment sur la traite musulmane, considérée comme essentiellement domestique, et donc radicalement différente de la traite occidentale, ce que la recherche tend à fortement nuancer. Mais le travail de Hugh Thomas a l’immense mérite de donner un visage à tous les acteurs de ce drame qui ne cesse depuis deux siècles de hanter la mémoire de l’Occident. Ce que pressentait William Grenville, futur premier
ministre de Grande-Bretagne, lorsqu’il se demandait au début du XIXe siècle, devant la chambre des Lords, « Pouvons nous être assurés que le malheur créé par la Traite des noirs ne laissera pas un souvenir durable, pour notre honte ? »
Jérôme Gautheret

http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20060928/817636_sup_livres_060928.pdf




OGOTEMMELI a écrit:
C'est seulement par la suite, dans un chapitre à part (le dernier du bouquin) qu'il propose sa propre compréhension du corpus ainsi rassemblé. Et ce chapitre est intitulé "UN point de vue sur la traite des Noirs" (pp854-862). Ce qui veut bien dire, au moins implicitement, qu'il est possible d'avoir un autre (ou d'autres) point de vue sur les faits présentés. Que l'auteur a conscience de ne pas detenir LA vérité ; ce qui ne lui interdit pas de dire SA vérité. Et qu'au fond, le propos de Hugh Thomas n'est pas tant d'asséner son point de vue, que d'apporter le plus d'éléments documentés possible à la connaissance du sujet examiné. Cette approche est tout à son honneur, et est indéniablement respectable...
Peut-être pourriez-vous nous faire un petit topo sur SON point de vue qui ne s'étale que sur 9 pages?
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OGOTEMMELI
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Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Jeu 07 Déc 2006 22:53    Sujet du message: Répondre en citant

Hugh Thomas a écrit:
La traite atlantique a pris la forme que nous lui connaissons par suite de la rémanence de l’esclavage, qui touchait les Blancs comme les Noirs, dans le monde méditerranéen au Moyen Age.

[…] L’expansion musulmane en Afrique occidentale au cours du Moyen Age européen permit l’expansion simultanée d’un trafic transsaharien d’esclaves noirs à partir de l’Afrique occidentale […]

[…] Si le trafic transatlantique dura si longtemps, c’est sans doute parce qu’aux Amériques les Africains s’avérèrent d’admirables travailleurs […] Nombre d’entre eux étaient des paysans et des éleveurs compétents. Les Indiens autochtones comme les Européens leur étaient inférieurs dans ces domaines.

[…] Cette vaste force de travail n’aurait pu être fournie aux Européens sans la collaboration des rois, des trafiquants et des nobles africains. En général ces chefs autochtones n’étaient pas obligés par la menace de conclure les ventes […] Il y eut peu d’exemples, mais il y en eut, de rois africains s’opposant à la nature du trafic voulu par les Européens.

Les Européens volèrent aussi les hommes pour en faire des esclaves et d’autres furent, comme en Angola, des prisonniers de guerres menées spécifiquement par les proconsuls portugais.

Mais c’est parce les négriers africains étaient prêts à vendre des êtres, en général arrachés à un peuple éloigné, mais parfois proche, et exceptionnellement leurs propres parents, que tant de déportés quittèrent l’Afrique entre 1440 et 1870. Presque tous les esclaves envoyés au Nouveau Monde avaient été volés du fait des Africains.

[…] Les retombées du trafic furent considérables pour les Amériques. […] La plupart des grandes entreprises des quatre premiers siècles de présence coloniale européenne doivent beaucoup aux esclaves africains.

[…] L’incidence du trafic sur l’Europe fut également considérable.Certes il ne faut pas voir dans la traite des Noirs la principale, encore moins la seule raison de tel ou tel développement de l’industrie ou de la manufacture en Europe ou en Amérique du Nord.

[…]l’argument selon lequel le capital dégagé par l’odieux commerce a permis de financer la révolution industrielle ne paraît plus aujourd’hui qu’un jeu d’esprit.

[…] Mais la Traite stimula grandement la construction navale, l’assurance maritime, les corderies, les charpentiers dans tous les ports concernés, de même que les manufactures textiles (comme le lin de Rouen par exemple), la production d’armes à Birmingham et Amsterdam, les forges et les barres de fer en Suède, le cognac français et le rhum à Newport, sans parler de la verroterie à Venise et en hollande, ou les raffineries de sucre voisines des ports importants d’Europe et d’Amérique du Nord.

[…] Il est beaucoup plus difficile d’évaluer l’effet de ces émigrations forcées sur l’Afrique, car la démographie africaine reste assez mystérieuse avant 1850. Il est clair, en tout cas, que les personnes déportées d’Afrique n’étaient pas des esclaves par nature, mais des fermiers ordinaires ou des membres de leur famille, soudain privés de leur liberté par des kidnappeurs africains […]

On peut supposer que si la Traite induisit un dépeuplement soutenu, une fertilité normale aurait permis son remplacement. […] Une population féconde aurait même pu tirer parti de l’élimination d’une partie de ses membres dans un contexte d’épuisement des ressources. Si, comme c’est plausible, la population d’Afrique occidentale avoisinait au début du XVIIIè siècle les 25 millions de personnes, avec un taux de fécondité de 17 pour mille tous les dix ans, l’effet des déportations (0.2% de cette population par an) aurait au moins annulé la croissance démographique.

Peut-on considérer que les deux cultures d’origine américaine introduites en Afrique, le maïs et le manioc, contribuèrent à compenser l’épuisement des forces vives du continent ?

Certains effets politiques induits furent évidents. Le premier fut de renforcer les monarchies ou autres entités prêtes à collaborer avec les Européens pour écouler les prisonniers, au premier rang desquels les potentats du littoral […]

D’autre part, la Traite ne peut qu’avoir encouragé les monarchies africaines à se faire la guerre (elles l’avaient toujours fait) dans le but de faire plus de prisonniers qu’avant comme de substituer l’emprisonnement à l’exécution.

Du fait de ce trafic, les communautés côtières éparses connurent souvent croissance territoriale, centralisation politique et spécialisation commerciale. Ces concentrations étaient probablement induites par le désir des Européens de disposer de cargaisons entières sur un seul mouillage.

Quant aux conséquences induites par celles-ci [la déportation transatlantique] sur l’économie africaine, outre la démographie, elles furent évidemment multiples. L’idée d’une monnaie d’échange s’en trouva stimulée : les cauris se généralisèrent dans le delta du Niger, remplaçant les vieilles monnaies de fer, tandis que les barres de fer d’origine européenne, les bâtons et bracelets de cuivre jouaient aussi un rôle fiduciaire. Il faut noter toutefois que la circulation des cauris se répandait en « Guinée » dès avant l’apparition des premières et funestes caravelles portugaises. […] La vente des êtres humains provoqua, en revanche, le déclin des échanges traditionnels. […]

Peut-on douter que l’esprit d’entreprise de l’Afrique fut aiguisé par la Traite ?

[…] Mais peut-être la Traite invite-t-elle surtout à se demander pourquoi, durant les cinq siècles de contacts constants entre les Africains et les européens, les premiers n’ont pas davantage modelé leur développement sur celui des seconds.

L’ethnocentrisme voit une faiblesse dans le peu d’empressement de l’Africain à s’européaniser. Une explication plus judicieuse soulignerait la force de la personnalité africaine qui, en dépit d’étroites relations commerciales ou politiques, reste imperméable aux influences extérieures.

Tout historien de la Traite des Noirs sait bien que son tableau comporte un grand vide.

L’esclave est le témoin muet de sa relation.

[…] Comme les esclaves de l’Antiquité, les esclaves d’Afrique ont souffert, mais il appartient peut-être plus au conteur, par exemple Mérimée, d’exprimer l’intensité de leur angoisse, qu’à l’historien.
[Pp854-862]

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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 07 Déc 2006 23:41    Sujet du message: Répondre en citant

SUR LE POINT DE VUE DE HUGH THOMAS

D'abord quelques remarques générales : l'auteur emploie plus souvent "prisonniers" qu'"esclaves" ; plutôt "déportation" que "exportation", etc. Et comme les mots sont importants, le choix de ceux-ci n'est pas anodin. Il me semble signer une certaine réserve à l'égard de rasionnements commercialistes outranciers que j'ai nommés "négriérisme"...

Le point de vue de HT est amené avec prudence, souvent sous forme de questions et hypothèses ; plutôt qu'à travers des affirmations définitives, voire arrogantes. Mais le fond reste essentiellement fidèle à l'interprétation la plus répandue dans l'historiographie occidentale de la traite des Noirs.

D'ailleurs, on a parfois l'impression que certaines idées (reçues) sont présentées comme par psittacisme, même lorsqu'un examen attentif des faits documentés permet facilement d'envisager d'autres voies plus fécondes...

Je retiendrai malgré tout, en particulier, le premier et le dernier paragraphe de l'extrait que j'ai rapporté : La traite des noirs comme une "rémanence" de l'esclavagisme méditerranéen, et le mutisme du bois d'ébène comme un "grand vide" de l'historiographie dominante.

Ces seules considérations montrent à quel point le propos de Hugh Thomas demeure finalement très nuancé, comparativement à la pompeuse "histoire globale" de Petré-Grenouilleau : Les vrais savent qu'ils savent pas ; méfiez-vous des autres, qui prétendent qu'ils savent tout...
Citation:
La traite atlantique a pris la forme que nous lui connaissons par suite de la rémanence de l’esclavage, qui touchait les Blancs comme les Noirs, dans le monde méditerranéen au Moyen Age.

C'est rare qu'un auteur souligne aussi directement la filiation socio-historique, pourtant indéniable, entre la Traite Négrière et la Traite Méditerranéenne. Dommage que cette piste n'ait pas été aussi méticuleusement investie par Hugh Thomas.
On a coutume de dire (comme l'auteur l'a fait) que l'Europe du Nord avait abandonné l'esclavage vers le XIIè siècle. Mais les régions d'Europe initialement en contact géographique avec le monde méditerranéen, en tant que parties intégrantes de ce monde, ont baigné dans cette culture esclavagiste millénaire jusqu'à l'ouverture des courants transatlantiques. Même qu'au début du XVIè siècle, on relève au moins une occurrence où un monarque français dealait du butin humain : "[...]le 24 juillet 1501, les armées de Louis XII, roi de France, et de César Borgia, neveu du pape, prirent la ville de Capoue : sacs, massacres et viols ; "les femmes furent la proie des vainqueurs qui, ensuite, allèrent les vendre à vil prix sur les marchés de Rome"" [J. HEERS, "Lesnégriers en terre d'islam", éd Perrin, 2003, p44]

Citation:
[…] L’expansion musulmane en Afrique occidentale au cours du Moyen Age européen permit l’expansion simultanée d’un trafic transsaharien d’esclaves noirs à partir de l’Afrique occidentale […]

La relation entre expansion musulmane et traite négrière est effectivement très prégnante. Cependant, il convient de noter que c'est à partir de la Mer Rouge que l'islam pénètre en Afrique ; soit dans les contrées orientales du continent noir. Raids et razzias sporadiques constituant le principal monde de prédation de captifs nègres par les musulmans proche-orientaux...
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RICHYRICH
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MessagePosté le: Ven 08 Déc 2006 10:34    Sujet du message: Répondre en citant

dans "Le Monde" du Vendredi 29 septembre 2006
Jérôme Gautheret a écrit:
(...)Au sortir de cette volumineuse synthèse, on regrettera peut-être quelques simplifications, notamment sur la traite musulmane, considérée comme essentiellement domestique, et donc radicalement différente de la traite occidentale, ce que la recherche tend à fortement nuancer.(...)

http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20060928/817636_sup_livres_060928.pdf

Pourriez-vous nous en dire plus sur ce sujet contenu du livre?
Merci également de nous confirmer, si cela est mentionné, que la date de parution originale de l'ouvrage (en anglais donc) est bien 1999?
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 08 Déc 2006 18:51    Sujet du message: Répondre en citant

Hugh Thomas a écrit:
[…] Si le trafic transatlantique dura si longtemps, c’est sans doute parce qu’aux Amériques les Africains s’avérèrent d’admirables travailleurs […] Nombre d’entre eux étaient des paysans et des éleveurs compétents. Les Indiens autochtones comme les Européens leur étaient inférieurs dans ces domaines.

Les personnes déportées n'étaient pas de la marchandise, produite selon des mécanismes obtusément commercialistes. Tant de compétences soustraites à l'Afrique pendant tant de siècles ne peuvent pas avoir constitué des "retombées positives" pour son épanouissement.
Hugh Thomas a écrit:
[…] Cette vaste force de travail n’aurait pu être fournie aux Européens sans la collaboration des rois, des trafiquants et des nobles africains.

L'auteur cite des cas où des capitaines de bateau négriers invitaient des Africains à bord, en profitaient pour les entraver en vue de compléter leurs cargaisons. D'autres cas où certains négriers en attaquaient d'autres et dérobaient leurs cargaisons de Nègres. Il existe des exemples documentés d'Européens suscitant ou attisant des conflits inter-africains, afin de se procurer du bois d'ébène. Toutes choses qui indiquent une terrible pression de la demande européenne de Nègres-bêtes-de-somme ; laquelle demande a surdéterminé l'économie négrière atlantique. Les Européens disposaient, et usèrent, de tous les moyens nécessaires et suffisants pour imposer ce système économique quelle que fusse l'attitude des Africains à son égard.
Hugh Thomas a écrit:
En général ces chefs autochtones n’étaient pas obligés par la menace de conclure les ventes […] Il y eut peu d’exemples, mais il y en eut, de rois africains s’opposant à la nature du trafic voulu par les Européens.

Dans une perspective macroptique, c'est la configuration générale des rapports de force du système économique considéré globalement qui assigne aux divers protagonistes les fonctions qu'ils occupent structuralement. Ce n'est donc pas une question de "menaces" physiques (quelle ingénuité...), c'est une question de logique du système (des relations transatlantiques), de structure de ce système, et des conditions nécessaires à sa reproduction/expansion...

Exemple contemporain d'actualité : c'est la saison des Restos du Coeur, l'on observe une croissance préoccupante de la pauvreté en France, dans un pays croulant sous ses excédents agro-alimentaires, dont pourtant de plus en plus de citoyens crèvent la dalle. Font-ils exprès de devenir pauvres, dans un pays de libre-entreprise, où personne ne les force à ne pas travailler, à vivre sans abri...ou bien sont enserrés dans un système de relations socio-économiques qui les assigne à cet appauvrissement galopant?

Quant aux révoltes, oppositions : la question de leur nombre ("peu") est accessoire. Car à partir de combien considère-t-on qu'il y en a eu peu ou beaucoup? Dispose-t-on de suffisamment d'éléments sur celles qui se sont effectivement produites pour en tenir une comptabilité significative?
En revanche, ce qui est sûr, c'est que quel que fût leur nombre ces révoltes ou protestations africaines s'avérèrent vaines. Et des raisons objectives, notamment de désavantages militaires absolus, peuvent expliquer non seulement leur échec mais aussi leur moindre prolifération. L'anticipation de défaites certaines pouvait dissuader d'aucuns africains d'opter pour les stratégies d'opposition, et de tenter plutôt les compositions, compromis, voire compromissions...
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RICHYRICH
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Inscrit le: 30 Juil 2006
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MessagePosté le: Ven 08 Déc 2006 22:50    Sujet du message: Répondre en citant

RICHYRICH a écrit:
dans "Le Monde" du Vendredi 29 septembre 2006
Jérôme Gautheret a écrit:
(...)Au sortir de cette volumineuse synthèse, on regrettera peut-être quelques simplifications, notamment sur la traite musulmane, considérée comme essentiellement domestique, et donc radicalement différente de la traite occidentale, ce que la recherche tend à fortement nuancer.(...)

http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20060928/817636_sup_livres_060928.pdf

Pourriez-vous nous en dire plus sur ce sujet contenu du livre?
Merci également de nous confirmer, si cela est mentionné, que la date de parution originale de l'ouvrage (en anglais donc) est bien 1999?


si cet ouvrage date effectivement de 1999 cette critique du Monde est quelque peu abusive en ce que je ne crois pas que la recherche ait fait un bon spectaculaire sur le sujet de la traite musulmane entre 1999 et 2006 si ce n'est à considérer l'ouvrage de Pétré-Grenouilleau de 2004 comme une avancée majeure de la recherche sur le sujet Wink
OGOTEMMELI peut-il nous renseigner sur cette question? et par la suite sur la place de la traite musulmane dans cette oeuvre magistrale de Hugh Thomas
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 09 Déc 2006 06:37    Sujet du message: Répondre en citant

OPPOSITIONS, RESISTANCES A L'ECONOMIE NEGRIERE


Ca Da Mosto a écrit:
Pays des Sereres
Une fois passé ce petit golfe, la côte est habitée par deux peuples, l’un appelé Barbacins, l’autre, Sereres ; tous deux sont noirs, mais ils ne sont pas sujets du roi de Sénégal. […] Ils ne veulent pas avoir de seigneur et refusent qu’on vende leurs femmes et leurs enfants comme esclaves, comme font les rois et seigneurs de tous les autres pays noirs.

Grands idolâtres, ils n’ont ni foi ni loi, sont forts cruels et usent d’arcs et de flèches empoisonnées, à la moindre blessure desquelles il s’ensuit incontinent la mort. Les hommes sont très noirs et de belle corpulence. [P.85]

L’interprète [captif noir éduqué/dressé au Portugal] devait s’informer sur la qualité du pays [des Barbacins], sur son seigneur, se renseigner sur l’or ou les autres choses à acheter qui pouvaient s’y trouver et revenir ensuite nous rapporter tout ce qu’il aurait pu apprendre. Dès qu’on l’eut débarqué à terre et que la chaloupe se fut éloignée, quantité de Noirs vinrent à sa rencontre. […] les Noirs se mirent à frapper furieusement notre interprète avec de courtes épées mauresques et en somme le massacrèrent, sans que les marins de la chaloupe pussent le secourir. [pp86-87]

[…] nous étions venus là pour traiter en bonne paix et concorde et entrer dans les bonnes grâces de ces populations qu’il convenait de gagner par l’astuce et non par la force ou les armes.[…] Les rives du fleuve étaient belles et verdoyantes, mais lorsque nous vîmes que le fleuve faisait plusieurs détours en amont, nous jugeâmes inutile d’aller plus loin et revînmes en arrière. C’est alors que surgirent de l’embouchure d’un ruisseau qui se jetait dans ce fleuve trois almadies […] Lorsque nos chaloupes virent ces almadies [des pirogues], craignant quelque injure, car à l’arc et décochaient des flèches empoisonnées, et voulant obéir aux ordres et ne pas provoquer de scandale, nous empoignâmes nos rames et retournâmes à la petite caravelle aussi vite que nous pûmes, bien que nous fussions suffisamment nombreux pour nous défendre. Etant fort bons rameurs, ils ne se laissèrent pas distancer, car nous les trouvâmes à environ un trait d’arc derrière nous quand nous atteignîmes la caravelle. Après que les nôtres furent remontés à bord, on se mit à héler les Noirs des Almadies, lesquels pouvaient contenir chacune vingt-cinq à trente hommes et on leur fit signe de s’approcher, mais ils ne voulurent rien savoir. Ils restèrent un bon moment à regarder ces choses qu’ils n’avaient jamais vues de leur vie : des hommes blancs et des vaisseaux sur un fleuve. Quoiqu’on dît ou fît, ils repartirent sans jamais vouloir parlementer avec nous et nous en restâmes là pour cette fois. [Pp88-89]

Nota : en fait, « Barbacin » est « Mbur ba Siné » (sauf erreur d’orthographe : GUIDILOU ?), c’est-à-dire le seigneur de la région du Siné, dont les Serères sont des ressortissants. Par conséquent, c’est dans un seul et même pays que les événements rapportés ci-dessus se sont déroulés (contrairement à ce que pense Ca Da Mosto, et ainsi que le confirme la traductrice, dans une note de la pge 139.).


Pays de Gambie
Quand nous les aperçûmes, nous virâmes de bord et, craignant leurs fameuses flèches empoisonnées, nous couvrîmes nos navires du mieux que nous pûmes, nous abritant derrière cette protection de fortune et nous armant au moins mal. Les Almadies nous rattrapèrent sans peine, car le vent était tombé. Elles étaient déjà à la hauteur de la proue du premier navire dans lequel je me trouvais et se séparèrent en deux, comme pour nous encercler ; l’attaque était imminente. Nous en comptâmes dix-sept de la taille de grandes barques.

Les Noirs relevèrent leurs rames et nous regardèrent comme une chose extraordinaire et inouïe ; nous en déduisîmes qu’ils n’avaient jamais vu de voiliers. Nous les examinâmes à notre tour ; ils devaient être au plus cent cinquante. Ces hommes me parurent splendides. Certains d’entre eux étaient vêtus de chemises de coton blanches et portaient sur la tête une sorte de béret blanc, un peu à la manière allemande, avec sur le côté, une aile blanche et au milieu une plume qui leur donnait un air guerrier.

A la proue de chacune de ces almadies, un Noir se tenait debout, portant au bras une targe ronde, qui semblait de cuir. Nous n’échangeâmes d’abord aucun signe d’hostilité, mais, quand ils aperçurent les deux autres navires derrière nous, ils se dirigèrent vers eux et sans autre cérémonie, abaissèrent leurs rames et se mirent à tirer sur eux avec leurs arcs.

Les deux navires ripostèrent à cette première attaque en faisant feu avec quatre bombardes. Le vacarme de cette première salve étonna et stupéfia tant qu’ils abaissèrent leurs arcs, jetant des regards effarés de tous côtés et suivant des yeux les boulets de canon qui tombaient dans l’eau. Quand ils ne virent plus rien et qu’ils furent faits à l’épouvantable fracas de l’artillerie, dont on tira de nombreuses autres salves, ils reprirent hardiment leurs arcs et la fête recommença.

Lorsque les noirs furent à un jet de pierre du navire, nos marins se mirent à tirer sur eux avec des arbalètes et le premier à décharger la sienne fut un bâtard du gentilhomme génois. Il blessa à la poitrine un Noir qui tomba mort dans son almadie sous les yeux des autres Noirs, lesquels prirent le carreau de l’arbalète et l’observèrent avec émerveillement, sans pour autant laisser de tirer vigoureusement sur nous. Nous n’étions pas en reste, de sorte qu’en un court espace de temps beaucoup de Noirs périrent. Parmi les chrétiens il n’y eut, grâce à Dieu, pas un seul blessé. Pp90-91
["Voyages en Afrique Noire, 1455 & 1456", éd. Chadeigne/UNESCO, 2003]


PS : L'édition anglaise du livre de Hugh Thomas date de 1997. Les nouvelles recherches dont parle le journaliste et qu'il ne référence pas pourraient consister en la publication de "l'essai" d'OPG : un e critique a posteriori, qui de toutes manières n'est pas fondée...
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MessagePosté le: Sam 09 Déc 2006 07:30    Sujet du message: Répondre en citant

Au fond, pour mieux appréhender la question des résistances africaines à l'économie négrière transatlantique, il faut considérer tout particlièrement la manière dont s'établirent les premiers contacts entre Européens et Africains.

Il y eut d'abord raids sporadiques et razzias de la part des premiers Portugais à rapporter du butin nègre. Puis, avec la construction du fort d'Arguin, certaines cargaisons de Nègres destinées aux marchés d'Afrique du Nord et de la Méditerranée septentrionale vont être détournées par leurs convoyeurs "Aznègues" et Arabes vers les négociants blancs d'Arguin. Selon Ca Da Mosto, ce comptoir affrétait 800 à 1000 Nègres par an vers le Portugal. C'était le plus important des décennies 1450-1460. Or, les négriers transsahariens procédaient également par raids et razzias pour obtenir l'essentiel de leurs captifs nègres.

Les pages des extraits ci-dessus se suivent : il s'agit bien d'étapes consécutives des "voyages" de Ca Da Mosto, qui sont parmi les tout premiers contacts entre Européens et Africains.
Selon Ca Da Mosto (p.53), le fleuve Sénégal constitue une frontière naturelle entre le pays des Nègres à proprement parler et celui de populations dites "Maures", "Azenègues", voire "Arabes". Les nations nègres mitoyennes desdites populations ont adopté la religion musulmane (leurs souverains, tout au moins), et échangent volontiers des marchandises étrangères contre des êtres humains. C'est le cas du "roi du Sénégal" qu'il nomme "Zucholin", et de "Budomel".

En revanche, les nations nègres non-islamisées du Siné et de Gambie sont farouchement opposées à la traite. Selon toute vraisemblance, elles n'avaient jamais vu de Blancs (Européens, mais probablement Arabes non plus). A maintes reprises, elles vont chasser ces Blancs de leurs eaux territoriales, en envoyant des flotilles de pirogues pour les espionner et les intercepter. On note la persévérance des Blancs, leur détermination à établir des contacts avec ces Africains, qui exaspérés finissent par attaquer, après une sorte de premier avertissement qui consista au massacre d'un des interprètes nègres des Blancs.

Malheureusement pour les assaillants, la supériorité militaire des Européens aura rapidement raison de toute vaillance ou intrépidité, dont pourtant Ca Da Mosto les crédite et qu'il admire. On voit par ces événements que les Africains ont eu tôt fait de comprendre qu'ils ne pourraient pas empêcher militairement les Blancs de poursuivre leurs desseins sur les côtes atlantiques. Que toute résistance était vouée à l'échec, y compris même à très court terme. On imagine que très rapidement, au bout de quelques décennies, les milliers de côtes africcaines vont être progressivement hâpées par une nouvelle conjoncture historique, dont les ressorts radicaux, dont le paradigme et le programme procèdent de puissances exo-africaines.

Après coup, il est facile d'observer hâtivement qu'il y eut peu d'opposition à la traite. Je préfère retenir que la vanité de toute opposition militaire était inscrite dans la structure des rapports de forces entre Européens et Africains, d'une manière dont l'évidence n'a pas échappé longtemps aux protagonistes africans... Ceux qui s'y sont frottés n'ont pu en témoigner qu'outre-tombe...

Aux XVIIIè et XIXè siècles, périodes d'où l'historiographie occidentale considère généralement l'économie négrière transatlantique, on peut dire que les "jeux sont faits" depuis longtemps, dès le XVIè siècle ; a fortiori le XVIIè : les régions côtières de la Fédération du Mali ont été déjà enrôlées dans la "Traite" ; de même que celles de Kongo-Dyna-Nza. Les régions du bassin du fleuve Gambie supplantent désormais celles du fleuve Sénégal en tant qu'entrepôts ou réserves de bois d'ébène. Le bassin du fleuve Kongo est encore plus important comme plantation de bois d'ébène.

En somme, les deux grandes puissances politico-militaires africaines anciennes ayant des marges atlantiques ont été assez rapidement vaincues. Celles qui naîtront de ces défaites, ou plus généralement de la nouvelle conjoncture historique, sont surdéterminées par la "Traite": c'est en composant avec le nouveau contexte socio-historique dominé par la présence en force des Européens que Dahomey, Ashanti, Jolof, Oyo, Benin, Loango, etc. ont pu émerger ou se maintenir.

A leur tour, ces sociétés de la période négrière vont être phagocytées ou balayées par la colonisation, c'est-à-dire par l'occupation militaire massive de l'Afrique par les Occidentaux...

D'ailleurs, on trouve encore aujourd'hui des auteurs pour suspecter les résistances africaines à la dite colonisation, bien que cette séquence historique soit plus récente. Et que les mouvements de résistance à la colonisation soient beaucoup mieux documentés. Au collège (en Afrique), j'apprenais que Lat Dior Diop, Gbéhanzin, Samory Touré, etc. étaient des nègres sanguinaires qui foutaient le bordel en Afrique ; laquelle dûe être pacifiée, grâce à la magnanimité des civilisateurs et leurs "aspects positifs"...
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MessagePosté le: Sam 09 Déc 2006 20:46    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Après coup, il est facile d'observer hâtivement qu'il y eut peu d'opposition à la traite. Je préfère retenir que la vanité de toute opposition militaire était inscrite dans la structure des rapports de forces entre Européens et Africains, d'une manière dont l'évidence n'a pas échappé longtemps aux protagonistes africans... Ceux qui s'y sont frottés n'ont pu en témoigner qu'outre-tombe...

Une autre cause est à considérer : certes les Européens ont un avantage militaire absolu. Mais ils en usent dans une stratégie très dissuasive, plutôt qu'offensive.

En effet, dans la "Chronique de Guinée" de Eanes De Azurara, on note que l'usage systématique de la force pour razzier des Nègres menait rapidement à une impasse. Ceux-ci ayant tué quelques proches compagnons de Dom Henrique, ce qui émut le milieu huppé portugais, des aristocrates et ecclésiastiques ; ceux-là même qui étaient les premiers clients des "prises" de Nègres.

Dans "les voyages...", malgré son avantage militaire, Ca Da Mosto flipe vraiment de la "cruauté" des Nègres, de leur intrépidité (pour lui, ce sont les meilleurs nageurs au monde), ils sont réputés doués de "charmes" (kimboa...) ; et surtout de leurs flèches empoisonnées qui tuent "incontinent". Bref, il a conscience que tant qu'il est sur son navire, son avantage militaire le protège. Mais s'il met pied à terre et qu'il fait le "chaud" dans un milieu écologique méconnu et hostile, il n'est pas sûr que ses canons embarqués - les pièces d'artillerie DCA n'existaient pas encore- lui servent à grand chose. C'est donc bien vite que les Blancs vont percevoir la nécessité de susciter du personne local réceptif à leurs objectifs. On ne peut pas les chasser par la force, mais ils ont du mal à s'imposer en Afrique grâce à elle seule (ce n'est pas pareil en Amérique...)

Très tôt, Dom Henrique enjoigna ses marins de prendre moins de risques militaires, d'user davantage d'expédients commercialistes : d'"astuce" comme dit Ca Da Mosto. C'est cette stratégie "de la carotte au bout du canon" qui va conduire à l'édification du fort d'Arguin, et permettre de faire l'économie de certaines confrontations militaires.

Mais il y a encore plus efficace : à partir du règne d'Isabelle de Castille et de son époux devenu roi d'Aragon, les Portugais vont déporter des Juifs, surtout beaucoup d'enfants, à Sao Tomé au large de l'Afrique. Cette politique de déportation va s'accentuer sous le règne de leur fils, Jao II. Arrow http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=6333 [MERCI CHABINE...]
Citation:
[...] Mais ce dernier meurt en 1468 à l’âge de 15 ans. Ce sera donc Isabelle, sa sœur qui héritera de la couronne castillane. Pour asseoir son pouvoir, elle épouse Ferdinand, héritier de la couronne d’Aragon. Elle prend le titre de Reine en 1474. L’événement n’est pas du goût de tous les membres de la noblesse ; une guerre civile s’en suivit mais le couple royal en vient à bout et Ferdinand devient roi d’Aragon en 1479.

[...]Le milieu du XV° siècle fut crucial du point de vue historique puisqu’en 1445, Ca’da mosto découvre certaines îles du Cap-Vert dont celle de Santiago et s’installe à Gorée et que l’année suivante, Nuno Tristao accoste en Guinée Bissau. S’en suivit la venue de la troupe chargée de pacifier la région afin que des comptoirs commerciaux puissent s’y ouvrir. Pillages et razzias y furent nombreux si on en croit les récits de voyages de ce temps. Mais cette politique ne suffit pas à faire de la région une terre portugaise. À partir de 1460, la stratégie de la Couronne se modifie. Après une guerre de conquête dont les résultats se sont avérés décevants tant sur le plan commercial qu’au niveau religieux, Elle établit des rapports pacifiques avec les chefs des différents royaumes qui se partageaient la zone.

[...]Mais par sa situation géographique, Sao-Tomé s’avérait un relais essentiel pour organiser les expéditions vers les Indes, terre de toutes les richesses. Devant le peu d’empressement des autochtones pour aller s’implanter sur ces terres, le Roi du Portugal n’eut d’autre recours que de programmer le départ sous la contrainte des exclus du royaume c’est-à-dire les détenus condamnés à mort - la sentence étant alors commuée sous la forme d’une déportation - et certains enfants de marranes issus de la communauté juive espagnole réfugiée sur son territoire dont l’âge était compris entre 2 et 14 ans.

Ces petits Blancs qui ont grandi en Afrique étaient devenus aussi Africains qu'ils étaient Européens. Ce sont eux qui sont devenus les fameux lançados, tango maos, mais aussi les premiers intermédiaires, commissionnaires, négociants, de l'économie négrière transatlantique naissante. En tant que "lançados" ils razziaient, mais en tant que négociant...ils négociaient. Ce furent les plus efficaces agents de la stratégie de "la carotte au bout du canon".

D'autres Blancs suivront au fil de siècles, mais cette fonction d'intermédiaires de l'économie négrière assignée aux Juifs portugais s'est maintenue jusqu'à la cour de Mvemba A Nzinga, dont l'ambassadeur auprès de la couronne portugaise fut, pendant quelques années, le célèbre Lopez DIAZ qui a bien couillonné les autorités Kongo...

Donc un avantage militaire absolu permet également de dissuader des oppositions/résistances, sans qu'on ne puisse raisonnablement interpréter cela comme un consentement enthousiaste des Africains à contribuer à leur propre déportation et exploitation criminelles.

A la même époque, de l'autre côté de l'océan, les autochtones d'Amériques morflaient sous la supériorité militaires ultra offensive des "conquistadors" : leurs résistances ne les ont pas sauvés de ce qui relève de génocide, le premier des Européens dans leur expansion en Atlantique...
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MessagePosté le: Ven 15 Déc 2006 01:40    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
En effet, dans la "Chronique de Guinée" de Eanes De Azurara, on note que l'usage systématique de la force pour razzier des Nègres menait rapidement à une impasse. Ceux-ci ayant tué quelques proches compagnons de Dom Henrique

Hugh Thomas a écrit:
L'un des protégés du prince Henri, Gonçalo de Sintra, "qui avait été son écuyer", perdit la vie en cherchant des esclaves lors d'une de ces expéditions, de même que l'un des pionniers des premiers jours, Nuno Tristao. Un noble danois, Vallarte, le premier Européen du Nord à voguer vers l'Afrique de l'Ouest et qui s'était agrégé à la cour du prince Henri, fut aussi capturé et tué, au large de Gorée, en 1448.
[P43]

Citation:
Ces petits Blancs qui ont grandi en Afrique étaient devenus aussi Africains qu'ils étaient Européens. Ce sont eux qui sont devenus les fameux lançados, tango maos, mais aussi les premiers intermédiaires, commissionnaires, négociants, de l'économie négrière transatlantique naissante. En tant que "lançados" ils razziaient, mais en tant que négociant...ils négociaient. Ce furent les plus efficaces agents de la stratégie de "la carotte au bout du canon".

Hugh Thomas a écrit:
L'exploration portugaise avait ceci d'inédit qu'elle donna lieu, dès le début, à l'établissement de négociants de Lisbonne, dont quelques criminels bannis, sur les estuaires des fleuves, et parfois à l'intérieur des terres. Quelques uns habitant dans les villages où ils épousaient des femmes noires jusqu'à ce qu'ils s'intègrent totalement, eux et leurs descendants métis, dans la société africaine, s'associent aux fêtes et célébrations, renoncent au costume portugais, se tatouent le corps et deviennent de moins en moins européens. Ces lançados (lançados em tierra, "les hommes qui s'étaient jetés sur le rivage") ou tango-maos ("commerçants européens qui s'étaient fait tatouer") étaient détestés par les autorités portugaises, d'abord parce qu'ils pouvaient échapper à tous les règlements que la Couronne imposait au commerce maritime, dont les impôts.
[P49]

Avec une population blanche sur les côtes africaines composée en bonne partie de malfrats et autres "criminels bannis", il est aisé d'imaginer que leurs relations avec les autochtones ne furent pas des plus paisibles et sincères.

En tout cas, l'on peut voir que dès le début la conjoncture historique du yovodah crée anthropologiquement son propre personnel euro-africain, en vue de produire et développer les conditions générales de sa reproduction/expansion : c'est bien tout un Nouveau Monde qui est inventé sur les rivages atlantiques, à l'instigation des Européens.

Ce monde a son versant américain, mais aussi (et d'ailleurs initialement) un versant africain. Les phénomènes de métissages et créolisation naissent d'abord du côté africain, sur les archipels notamment du Cap Vert et de Sao Tomé ; mais aussi dans les lacis de rivières et fleuves de Guinée et Sierra Leone...
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MessagePosté le: Ven 15 Déc 2006 02:37    Sujet du message: Répondre en citant

Hugh Thomas a écrit:
La traite atlantique a pris la forme que nous lui connaissons par suite de la rémanence de l’esclavage, qui touchait les Blancs comme les Noirs, dans le monde méditerranéen au Moyen Age.

Assurément, le monde atlantique succède au "monde méditerranéen". Aussi, à ma connaissance, Joseph INIKORI est l'auteur qui a le plus mis l'accent sur cette idée de formation d'une économie-monde atlantique, en tant que nouveau système global de relations économiques instauré et contrôlé par les Européns, dont l'Europe fut le centre (puis vint le tour des EUA...), l'Afrique et l'Amérique du sud en étant les immédiates périphéries.

Les concepts de "Modernité", "Renaissance" ou "Capitalisme" ignorent, voire occultent, souvent les manifestations externes (africaines et américaines) des phénomènes ainsi considérés, pour n'envisager que leurs modalités intra-européennes/occidentales. A l'opposé, le concept de "traite" s'applique quasi-exclusivement à la déportation massive d'Africains, en ignorant, voire occultant, les filiations politico-historiques de cette "traite" avec le monde méditerranéen qu'il remplace progressivement. Hugh Thomas présente un aperçu des modalités de cette mutation :
Hugh Thomas a écrit:
[...] les Turcs s'étaient emparés de Constantinople et le pape se retrouvait, incontestablement, le premier prince de la chrétienté (un cardinal russe, Isidore, fait prisonnier et vendu comme esclave après la catastrophe, parvint à gagner Rome au bout de six mois). La chute de la ville impériale eut une conséquence inattendue : elle obligea les Génois, dont les relations avec les mers Noire et Egée étaient sérieusement entravées sinon détruites, à s'intéresser à l'Occident et à l'Atlantique (les affaires de Venise, qui commerçait avec l'Egypte, étaient moins perturbées).

Les Génois finançaient à présent le développement de dépôts d'alum à Tolfa, près de Rome, pour remplacer ceux perdus à Phocée, près de Smyrne ; ils investissaient dans de nouvelles plantations de canne à sucre dans l'Algarve, en Andalousie et à Madère.

[...] Toutes ces fameuses bulles approuvant les expéditions portugaises avaient été promulguées parce que la papauté estimait nécessaire d'agir avec vigueur contre l'Islam qui semblait menacer, après la chute de Constantinople, l'Italie elle-même, autant que l'Europe centrale.
[Pp52-53]

En gros : évincés de la Méditerranée, les Européens vont progressivement ds'intéresser à l'Atlantique ; juste à l'extrémité ouest de l'ancienne "mare nostrum". Leur pratique millénaire de la navigation maritime sera le premier avantage absolu qu'ils auront sur les populations, africaines et américaines, côtières de l'atlantique : dans un réseau économique donné, le protagoniste qui contrôle les transports (plus généralement, les voies de communication) contrôle l'essentiel de la chaîne des valeurs ajoutées, donc de la richesse créée lors des échanges lointains, à chaque étape successive desdits échanges.

Bien entendu, à cet avantage logistique s'ajoutait l'avantage militaire (également absolu) des Européens. Ce qui leur a permis d'imposer les règles fondamentales de fonctionnement de la nouvelle économie-monde, notamment son système monétaire d'étalon-captif sur les côtes africaines...

C'est pourquoi, quelqu'un qui connaît tant soit peu les mécanismes économiques ne peut pas prétendre honnêtement que la "traite" n'a pas contribué significativement à l'expansion du capitalisme, par transformation des ressources mercantilistes en emplois industriels innovateurs...
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MessagePosté le: Ven 15 Déc 2006 03:33    Sujet du message: Répondre en citant

OPPOSITIONS/RESISTANCES : CAS DU SAGNAN SOSSOTA
Citation:
Au fond, pour mieux appréhender la question des résistances africaines à l'économie négrière transatlantique, il faut considérer tout particlièrement la manière dont s'établirent les premiers contacts entre Européens et Africains.

Il faut également pister les mutations socio-politiques suscitées ou amplifiées par la traite dans les sociétés africaines de la conjoncture historique du yovodah. En voici un exemple, dit "Sagnan Sossota", documenté par les traditions orales.

http://www.pyepimanla.com/mise_3/pdf/esclavage.pdf
Mamadou Camara Lefloche a écrit:
« Les révoltes serviles dont on parle le plus souvent au Rio Pongo, sont celles des habitants de Dominghia contre les négriers et leurs collaborateurs de la cité.

Certains disent « Mulata guéré ». Malgré l’usage des moyens occultes, les révoltes serviles étaient fréquentes. Encore une fois qui peut accepter volontairement d’être esclave ?

C’est d’ailleurs ce refus de la traite qui est à la base de la fondation de « Sagnan Sossota » (la Cité Soussou de Sagnan) dont les moyens et la puissance occulte ont interdit toute capture ou razzia dans leur cité, sise à quelques kilomètres de sa voisine Sagnan Paulia, fief des négriers Paul et Marie Faber ».

Sagnan Sossota s’est faite de façon singulière. Nos parents soussous se
réfugiaient dans la brousse des environs, en se camouflant à l’aide de feuilles et de branchages pour échapper aux chasseurs d’esclaves, d’où le terme soussou de « Souté »
(celui qui se camoufle de feuilles et de branchages et passe inaperçu). La notabilité la plus importante à Sagnan Sossota est celle des Camara et des Soumah, réputés également pour leur pouvoir occulte.

Le Rio Pongo est une mosaïque et une synthèse de toutes les ethnies de la
Guinée. Beaucoup de gens changeaient de nom de famille, ou se faisaient adopter par une autre famille puissante, qui inspire la crainte et le respect. A cette époque, cette pratique étaient hautement sécuritaire, d’où le mot « N’Founya » pour les hommes et « Nkélé » pour les femmes (mon protégé ou ma protégé, ou celle de ma famille, au sens le plus large et le plus contraignant du terme).

Les cités comme Konyéya et Gbassaya sont proverbialement connues au Rio Pongo pour leur puissance et leur pouvoir occulte qui les mettaient à l’abri des razzias et des guerres. On dit qu’à cette époque négrière, elles se faisaient « suspendre » (ta singan) par leur « mikhi khori » (personnes de haute valeur, doué de force occulte), en charge de la sécurité occulte des cités. Ces « prêtresses » officiaient, dit-on, quand le ciel et la terre dormaient au même moment.

Konyéya est aussi la cité de liberté du Rio Pongo dont le statut juridique fut inviolé. Tout fugitif, pour une raison ou pour une autre qui parvenait à y entrer, devenait de facto un homme libre après un rituel occulte dit de réappropriation de sa dignité humaine.

Sous le fromager centenaire que vous avez pu voir, il y a trois pierres. C’est à cet endroit précis qu’officiait le patriarche en charge du rituel de libération du corps et de l’esprit du fugitif. Une jarre posée sur le trépied de pierres, contenait, dit-on « l’eau médicamenteuse » pour laver trois fois le visage du fugitif. Puis, il en buvait, avant de recevoir l’eau bénite sur tout le corps dans le strict secret de l’intimité quand le ciel et la terre dormaient au même moment. Au terme de ce rituel l’homme changeait souvent de patronyme en devenant un homme libre.
[p40]


Le phénomène de Nèg Mawon est très certainement un écho américain à celui africain illustré ici par Sagnan Sossota. Sauf que dans le premier cas, la recherche historiographique est désormais assez conséquente, tandis que dans le second elle n'est qu'encore balbutiante...
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MessagePosté le: Jeu 21 Déc 2006 23:09    Sujet du message: Répondre en citant

Ce passage m'a intrigué :
Hugh Thomas a écrit:
L'expansion musulmane en Afrique occidentale au cours du Moyen Age européen permit l'expansion simultanée d'un trafic transsaharien d'esclaves noirs à partir de l'Afrique occidentale : le voyageur Ibn Battûta se rappelle les avoir rencontrés à presque toutes les étapes de son voyage dans la région au XIVè siècle ; il en partit avec 600 femmes asservies.[854]

... alors je suis allé vérifier dans "Voyages" de Ibn Battûta :
Ibn Battûta a écrit:
C'est de Bernou que l'on ramène, dans les différentes contrées, les belles esclaves, les eunuques et les étoffes teintes avec le safran.
[...] Je sortis de Tacaddâ le jeudi [12 septembre 1353], en compagnie d'une caravane considérable, où se trouvait Dja'far de Taouât, un des hommes distingués. Il y avait avec nous le jurisconsulte Mohammed, fils d'Abd Allah, juge à Tacaddâ. La caravanne renfermait environ six cents filles esclaves.
[Voyages, Inde, Extrême-Orient, Espagne & Soudan, vol.III, éd. La Découverte, 1994, Pp439-442]

Vu comme ça, c'est moins ambigu ; car on aurait pu comprendre avec Hugh Thomas que Battûta a reçu ou acheté les six cents esclaves...
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MessagePosté le: Sam 23 Déc 2006 18:20    Sujet du message: Répondre en citant

Ogotemmeli a écrit:
En somme, les deux grandes puissances politico-militaires africaines anciennes ayant des marges atlantiques ont été assez rapidement vaincues. Celles qui naîtront de ces défaites, ou plus généralement de la nouvelle conjoncture historique, sont surdéterminées par la "Traite": c'est en composant avec le nouveau contexte socio-historique dominé par la présence en force des Européens que Dahomey, Ashanti, Jolof, Oyo, Benin, Loango, etc. ont pu émerger ou se maintenir.

Je crois que cette partie n'est jamais assez expliquée , nombreux sont les Africains , ouvrages d'Africains ou non , qui n'ont pas assez de connaissance sur la question et qui ne se basent que sur ces Royaumes assez récents devenus esclavagistes pour l'occasion , pour déduire pleins d'inexactitudes , merci OGO de le rappeller ...
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MessagePosté le: Ven 30 Mar 2007 00:01    Sujet du message: Répondre en citant

André Sanphrapé a écrit:
À propos de La Traite des Noirs 1440-1870 de Hugh THOMAS, dont il est question plus haut, voici un extrait du compte rendu qu'en a fait la revue L'Histoire dans son n°314 de novembre 2006, page 89 :

L'Histoire a écrit:
« [...] Passionné par le sujet, l'auteur a travaillé sur des sources variées et effectué des « lectures vagabondes ». Il s'appuie généralement soit sur des études anciennes soit sur des témoignages d'acteurs. Nulle mise en perspective, nulle présentation historiographique, nulle indication de débats ne vient nourrir un livre qui se présente d'abord comme un récit. [...] »
http://www.passion-histoire.net/phpBB_Fr/viewtopic.php?t=11413
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MessagePosté le: Sam 08 Nov 2008 20:50    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Hugh Thomas a écrit:
La traite atlantique a pris la forme que nous lui connaissons par suite de la rémanence de l’esclavage, qui touchait les Blancs comme les Noirs, dans le monde méditerranéen au Moyen Age.


C'est rare qu'un auteur souligne aussi directement la filiation socio-historique, pourtant indéniable, entre la Traite Négrière et la Traite Méditerranéenne. Dommage que cette piste n'ait pas été aussi méticuleusement investie par Hugh Thomas.

On a coutume de dire (comme l'auteur l'a fait) que l'Europe du Nord avait abandonné l'esclavage vers le XIIè siècle. Mais les régions d'Europe initialement en contact géographique avec le monde méditerranéen, en tant que parties intégrantes de ce monde, ont baigné dans cette culture esclavagiste millénaire jusqu'à l'ouverture des courants transatlantiques.

Le dernier ouvrage de Rosa Amélia Plumelle-Uribe explore explicitement cette veine :
TRAITE DES BLANCS, TRAITE DES NOIRS - Aspects méconnus, conséqsuences actuelles, éd. L'Harmattan, 2008.

Elle y explique que des Blancs (ex. Venitiens) vendaient d'autres Blancs (ex. Slaves), notamment aux Arabes d'Al Andalus et de l'Egypte musulmane. Et que de leur côté des Africains vendaient d'autres Africains, notamment dans la Boucle du Djoliba. Mais que dans les deux cas, le commerce d'êtres humains n'atait pas une activité économique majeure dans les échanges internationaux, en Europe comme en Afrique, malgré un centre particulièrement actif comme la Méditerranée, et des foires aux esclaves florissantes comme Venise, Verdun, Florence, ect.

Cette toile de fond expliquerait les développements ultérieurs en Atlantique, eux mêmes amplifiés par la "découverte" des Amérique et l'explosion de la demande de main d'oeuvre servile qui s'ensuivit. Bref, ce serait parce que l'esclavage existait préalablement dans les mondes européen et africain, à divers degrés, que ce "cancer social" va se métastaser dans le contexte historique favorable de l'économie négrièree atlantique.

Si la perspective est relativement innovante, les éléments historiographiques mobilisés sont les mêmes que l'on connaît ; y compris ceux parmi les plus fragiles puisés aux fameuses sources arabes mobilisées par Plumelle-Uribe via, entre autres, Maleck Chebel, Jacques Heers et Wikipédia...

Autant dire que sur "la Traite des Blancs", j'ai préféré de loin l'ouvrage de Youval Rotman (Les esclaves et l'esclavage - de la Méditerranée antique à la Méditerranée médiévale VIè - XIè siècles) ; bien que la principale source d'Amélia Plumelle-Uribe soit Charles Verlinden, effectivement considéré comme LA référence sur ce sujet. Tandis que sur la "Traite des Noirs", les ouvrages de Hugh Thomas et de Izequiel Batista (pour ce qui concerne Sao Tomé) restent les mieux documentés de ceux que j'ai lus.

Au total, un sentiment très mitigé sur ce dernier titre de Rosa Amélia Plumelle-Uribe...
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MessagePosté le: Lun 10 Nov 2008 17:52    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Au total, un sentiment très mitigé sur ce dernier titre de Rosa Amélia Plumelle-Uribe...

Tout à fait d'accord, je suis pour ma part très surpris du manque de profondeur dont elle s'est illustrée dans cet ouvrage, contrairement à sa prestation dans La férocité blanche, je n'arrive toujours pas à suivre qu'on se limite à une démarche comparative sur les motivations économiques tandis que l'aspect moral reste minimisé.
pourquoi les sources égyptologiques restent ici ignorées? Et pourtant elles éclairent sur la philosophie et la morale égyptiennes qui ont toutes déterminer celles de l'Afrique noire pré-coloniale.
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MessagePosté le: Lun 10 Nov 2008 19:25    Sujet du message: Répondre en citant

ARDIN a écrit:
Tout à fait d'accord, je suis pour ma part très surpris du manque de profondeur dont elle s'est illustrée dans cet ouvrage, contrairement à sa prestation dans La férocité blanche, je n'arrive toujours pas à suivre qu'on se limite à une démarche comparative sur les motivations économiques tandis que l'aspect moral reste minimisé.
pourquoi les sources égyptologiques restent ici ignorées? Et pourtant elles éclairent sur la philosophie et la morale égyptiennes qui ont toutes déterminer celles de l'Afrique noire pré-coloniale.

Oui...

Toutefois, je compte binetôt nuancer mon appréciation sur le topic dédié à l'ouvrage en question que tu as eu la bonne idée de créer. En effet, il vaudra toujours mieux retenir ce qu'un tel livre apporte, plutôt que d'en rester à ce qu'il lui manque : le niveau d'information des uns et des autres sur ces sujets est tellement disparate que cet ouvrage pourrait rendre de très grands services à ceux qui s'intéressent seulement à peine à l'historiographie du Yovodah ; même si quelques autres pourraient le trouver (à juste titre) un peu léger. Pour la vulgarisation d'un autre son de cloche, ce qu'a fait Rosa Amélia Plumelle-Uribé n'est pas du tout négligeable.

- D'abord, elle réduit à néant l'idée vendue par Pitre-La-Grenouille que l'esclavage avait disparu de l'Europe au moment où les Etats européens mettaient le grapin sur l'Afrique et l'Amérique. Le caractère mensonger de cette doxa négriériste ne sera jamais assez souligné...

- Ensuite, elle réhabilite quelques auteurs trop peu souvent sollicités, tels que Basile Davidson et surtout Robert Barlett (The Making of Europe : que je ne connais pas), à propos duquel elle fait une superbe note aux pages 78-79 sur l'ostracisme académique qui prévaut en France contre les ouvrages divergents de la bienpensance, et qu'elle nomme "insularité intellectuelle"...

- Enfin, elle évite le piège qui consiste à séparer une période dite de la traite négrière avec deux autres consécutives qui seraient la Colonisation et l'Indépendance : une foutaise historiographique qu'il (me) fait toujours plaisir de voir dénoncée...

Sauf que pour quelques uns parmi les mieux informés d'entre nous cici (sur ces sujets), la valeur ajoutée d'Amélia Plumelle-Uribé serait somme toute très relative, puisqu'une question préjudicielle comme celle de l'existence du commerce d'êtres humains en Afrique ancienne/antéislamique n'est pas sérieusement discutée par l'auteure qui considère ce phénomène comme ayant été indéniablement documenté : par quoi ? Par qui ? That's my point...

...Et c'est bien entendu là où je te rejoins sur la nécessité de mobiliser les sources historiographiques kamaiennes, mais aussi celles des milliers d'archives antiques de la Boucle du Djoliba : avant cette investigation, pour ce qui me concerne, tout ce qui a été raconté sur "la traite intra-africaine", a fortiori par des négriéristes, reste entièrement sujet à caution...
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