Menga ma Nza Grioonaute régulier
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Posté le: Jeu 30 Avr 2009 23:27 Sujet du message: Chroniques de Guyane |
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Je suis en terre de Guyane, et donc en Amérique du Sud, depuis deux mois dans quatre jours ; comme mille réflexions me fourmillent à l’esprit, il est temps de faire un petit bilan de ma présence ici.
Tout d’abord le climat local qui est d’une importance cruciale dans les humeurs des uns et des autres, voire dans l’attitude des uns à l’égard des autres : il fait une chaleur difficilement descriptible ici, que je n’ai pas vu ni en terre africaine, que je pensais pourtant la plus chaude de toutes, ni même à Mayotte où je pensais avoir atteint le summum de la chaleur dans la journée.
Non, ici c’est une chaleur sans doute semblable à celle de la caricature mexicaine qui fait que de jour la plupart des gens font la sieste s’ils n’ont fort à faire ailleurs, ici c’est la même chose, sauf quand un impératif y oblige, rares sont ceux qui traînent dans les rues la journée et les gens ne sortent véritablement devant chez eux, qu’ils vivent en immeubles ou en pavillon, que le soir venu quand le soleil a cessé de réchauffer l’atmosphère de son éclat, pour essayer de prendre un semblant de fraîcheur naturelle, là où on n’en trouve vraiment pas.
Je parle là du centre ville qui est dégarnie de toute végétation, comble d’absurdité pour un pays situé en pleine amazonie, en revanche dans les quartiers défavorisés, peuplés surtout d’immigrés haïtiens, surinamiens et du Guyana la végétation abonde, ainsi que les arbres de toutes sortes, manguiers, bananiers et autres, sans oublier les herbes, toutes choses qui permettent d’adoucir l’atmosphère.
En vérité en centre-ville, c’est chic mais c’est aussi l’étouffoir, il est difficile de rentrer chez soi en plein après-midi après avoir effectué quelques courses, sans se laisser emporter par un sommeil suscité par l’excès de chaleur, cette chaleur qui annihile toute velléité de pensée à moins d’être dans un espace climatisé, ce qui permet de rafraîchir et l’esprit et le cerveau, donc de les rendre plus fonctionnels.
Mais quand, comme moi, on a en horreur ces fraîcheurs artificiels on se contente de ventilateurs qui sont bien insuffisants à produire un rafraîchissement permettant de rester éveiller, à moins de le placer le plus proche de soi, tel qu’en ce moment pour pouvoir coucher sur pc ces pensées.
Voilà pour le contexte de la terre de Guyane, une terre chaude, chaude, chaude à un point extrême, de jour même en voiture il est difficile de circuler sans clim, mis à part peut être nos frères visage pâle désireux de bronzage.
Ce sont d’ailleurs les seuls qui semblent prendre un plaisir certain à se balader quasi à poil en short et tee-shirt sans manches.
Nous sommes ici à Cayenne, la capitale, la population est surtout composée de non-Guyanais de souche, mais plutôt de brésiliens, sans doute les plus omni-présents compte tenu de la proximité du Brésil et de son grand peuplement, c’est bien simple lorsqu’on a dit qu’il s’agit d’un Etat continent, on a tout dit ; mais des Guyanais des deux autres Guyanes, anglaise et hollandaise, sont également là partout, à tel point que dans certains quartiers ils sont incontournables.
Des dominicains sont aussi là, encore que je n’en ai pas encore repérés comme tel et aussi des haïtiens bien que ceux-ci en raison du créole se confondent facilement pour qui ne serait pas très regardant à des créoles guyanais car la Guyane c’est à la fois une population créole et une partie neg marrons, ou bushinenges, demeurés très Afrique ancienne par leurs us et coutumes dans leurs villages, jusque parfois dans la caricature la plus cocasse car depuis tous ces siècles que leurs ancêtres quittaient le continent-mère de l’humanité, là-bas les choses ont évolué dans tous les domaines, dans le bon et le mauvais sens.
Ainsi en pays bushinenge, d’abord on reste très souvent entre soi et s’ouvre assez peu au reste du monde, même si de nombreux jeunes font de plus en plus d’efforts en ce sens, mais globalement la méfiance vis-à-vis de tout ce qui n’est pas de leur univers est demeurée, même si elle ne dit plus son nom, argent et attraction qu’il entraîne oblige.
En pays bushinenge, une fille de neuf, voire quelques fois moins est réputée bonne pour le sexe dès lors qu’elle a des attributs féminins évidents et ce ne sont pas des enfants qui la dépucèlent, mais des adultes, de la trentaine révolus, sinon au-delà, curieusement c’est là le fait de pères de famille, étrange comportement !
Si bien qu’il n’est pas rares que des filles de quatorze ou quinze années à peine soient déjà mère de deux enfants sinon plus, alors qu’elles poursuivent leur scolarité tant bien que mal ; de même pour toute femme ou fille ayant déjà connu le sexe, avoir au moins quatre amants est une règle qui semble bien partagée partout, aux dires mêmes des enfants bushinenge, cela concerne aussi les femmes mariées et avec enfants.
De nombreuses femmes vivent avec leurs enfants mais sans le père géniteur et avec un homme qui leur fait un énième enfant, en tous cas rares sont celles qui vieillissent sous le même toit que le père de leurs enfants, lorsqu’il s’agit d’un père unique car le plus souvent à tout enfant correspond un père différent, voilà ce que entraîne de vivre si longtemps en autarcie sans plus aucune référence de là d’où l’on vient pour se renouveler et se remettre à jour.
Jusqu’ici, j’ignore encore l’ampleur du phénomène sida en milieu bushinenge mais cela fera l’objet de prochaines observations, il faut dire que leur univers est surtout concentré autour de saint laurent du maroni, dans le nord du pays, tandis qu’ici c’est le sud.
Chose moins étonnante, les faiseurs de bonne morale occidentaux sont ceux-là même qui s’en vont profiter de cette espèce de zone de non-droit que constitue saint laurent pour aller y copuler allégrement avec toutes ces mineures à l’abord des plus faciles pour peu que l’on respire l’argent : ainsi il n’est pas rare d’y voir un adulte blanc entrain de quêter une petite négresse à peine nubile, j’y ai même vu un vieil occidental, tous cheveux blancs, à vu d’œil au mieux dans la soixantaine entrain de régler les arrangements de sa dernière aventure avec une petite de quatorze-quinze ans au milieux d’autres adultes, noirs ceux-là, sans doute des entremetteurs.
Mon passage avec des regards appuyés dans les lieux a attiré l'attention de tout ce beau monde me regardant l’air de se demander qui était l’intrus empêcheur de négocier des copulations en paix, l’occidental surtout lance vers moi des regards suffisants de celui qui est dans son bon droit et se dit : « celui-là avec sa belle voiture, me doit nécessairement allégeance car il ne peut se l’être acheté qu’en travaillant pour nous (occidentaux) » !
Au quatrième passage, le quatuor n’est plus sur les lieux sans doute les tractations ont -elles abouties, à moins qu’il ne s’en soit allé vers des cieux plus discrets.
A Cayenne donc pour qui veut percer l’âme guyanaise, c’est mission impossible car les concernés n’y passent que de jour furtivement ou presque pour vaquer à des occupations administratives ou autres, le reste de la population n’en est pas.
Une très grande partie de cette population féminine se consacre à la prostitution ouverte ou voilée : soit sur le trottoir la nuit en plein centre-ville dans un quartier dénommé Chicago, soit dans les rues çà et là, ou petit bonheur la chance, elles déambulent l’air de rien espérant le bon prince qui sollicitera leurs faveurs moyennant finances mais sans pour autant qu’elles ne revêtent l’habit de la péripatéticienne officielle.
Ce dernier type de prostitution est le fait de tous, y compris des guyanaises, qui ne peuvent s’exhiber publiquement dans les places réputées pour sans se faire reconnaître par quelques de leurs connaissances, en revanche la prostitution sédentaire, sur des emplacements précis concerne surtout les ressortissantes du Guyana, du Surinam, de la Dominique et du Brésil, avec une prépondérance des premières.
Il faut dire que de plus en plus les brésiliennes sont soucieuses de respectabilité et d’amélioration de leurs conditions de vie en se faisant faire un enfant par un français, de quelque coloration qu’il soit, pour avoir des papiers en règle puis se faire une vie à la régulière.
Tandis que les premières, y compris les surinamiennes, espèrent épargner suffisamment pour retourner à court ou moyen terme au pays ouvrir un commerce, en tête les salons de coiffure, construire une maison et se draper de respectabilité de la sorte, manifestement d’autres sont déjà passées par-là servant d’exemples.
En attendant pour améliorer le quotidien et échapper aux scrupules, elles sont consommatrices régulières de drogues de toutes sortes, y compris l’alcool et le tabac.
Mais dans l’ensemble, la vie en communauté très prononcée leur permet de tenir le coup dans leur activité, d’autant qu’elles ne sont guère ennuyées par les autorités de police, ce qui constitue une belle adaptation de la rigidité administrative française de ne pas appliquer systématiquement les lois de l’hexagone ici où cela ne ferait qu’engendrer des désordres sociaux plutôt qu’autre chose.
Toutes ces femmes se construisent ainsi un avenir, tout en rendant de fiers services à bien des hommes, de toutes les couleurs, de tous les âges et conditions sociales, mais aussi à des femmes puisque des lesbiennes font commerce de leur corps au profit d'autres femmes.
Malgré les visages quelques enfantins de certaines de ces praticiennes, aucune n’avoue être mineure, sans doute sont-elles au fait des lois françaises et s’en prémunissent par là, mais de par les histoires personnelles de certaines, il ressort que nombreuses sont celles qui quittent leur pays à quinze, seize ou dix sept ans, donc fatalement certaines commencent ce métier-là en tant que mineurs…
Autour de ces prostituées circulent toujours des petits jeunes à scooter ou bicyclette qui sont à la fois soit leurs petits copains, leurs copains, leurs parents, ou bien leurs protecteurs qui veillent à toute agression, manifestement elles se sont arrangées pour que jamais ils ne les agressent, mais il parait que cela arrivait dans le passé.
Globalement elles ont une attitude négative et de grande méfiance vis-à-vis de celui qui vient vers elles avec d’autres questions que celles de « combien » et « où », ce qui se comprend quelque peu dans un univers où il n’y a pas si longtemps les attaques de toutes sortes étaient monnaie courante dans la rue de jour comme de nuit.
Et puis la Guyane aujourd’hui est un véritable creuset de populations : chacune apportant ses particularités locales avec plus ou moins de bonheur, ainsi le Brésil avec son racisme à l’égard des peaux les plus sombres, tout comme la Dominique tandis que surinamiennes et originaires du Guyana, au contraire, se recroquevillant autour de cela car elles sont dans leur écrasante majorité de teinte sombre…
Cette hétéroclicité de la population guyanaise pose le problème de la culture locale car il est bien plus simple de chercher une aiguille dans une botte de foin que les particularités de la culture guyanaise mis à part le créole et le taki-taki des bushinenge et quand on songe que le créole est une des langues les plus simples à maitriser, il est bien difficile de s'y fier pour identifier un guyanais !
Il est vrai que le territoire a été décrêté "zone de peuplement", donc ouverte à tout ?, par les maîtres visages pâles de ce monde !
Quoiqu’il en soit pour qui est suffisamment armé pour faire face, c’est ici une terre d’observation intéressante de l’évolution de l’humanité dans ses instincts les plus nobles, comme les plus bas.
Tout d’abord la loi de la jungle toute proche a l’air de prévaloir ici : c’est le chacun pour soi le plus complet que l’on rencontre çà et là, même si tous ne s’en rendent pas compte, tout particulièrement à Cayenne, en dehors des communautés établies, nul ne semble se préoccuper de son prochain... |
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