Posté le: Ven 05 Mar 2010 15:30 Sujet du message: La Préface D'Oleko NKombe A Mubabinge Bilolo
Force Et Vitalité Aux Ancêtres !
Le Pr. Oleko NKombe est Docteur en Philosophie de l'Université Catholique de Louvain. Il était professeur au département de Philosophie et Religions Africaines de la Faculté de Théologie Catholique de Kinshasa (lieu de formation du Dr. M. Bilolo et d'un grand nombre d'intellectuels Africains de renom). Aujourd'hui à la suite d'un décret officiel en date 03 Aout 2009, le département de Philosophie et Religions Africaines a été réduit dans sa dénomination, à : Faculté de Philosophie tout court. Le Dr. Oleko Nkombe est donc Professeur de Philosophie aux Facultés Catholiques de Kinshasa de l'Université Catholique du Congo (UCC).
Mubabinge Bilolo a écrit:
Les professeurs de philosophie et de théologie en Afrique et dans la Diaspora ont le devoir de chercher et de valoriser tout penseur européen qui contribue positivement à l'Histoire Africaine de la Pensée. En outre, il est de notre devoir de promouvoir les recherches sur les apports philosophiques et théologiques de l'Afrique; d'encourager des recherches sur les Sources Grecques et Romaines de la Philosophie Africaine.
Il est anormal d'avoir des Départements qui forment des Grécologues et des Latinistes et de briller par l'absence des publications, voire de simples thèses sur les sources grecques ou grécophones et latines ou latinophones de la Pensée Africaine. On enseigne Origènes, en Afrique, sans enseigner sa Théologie de la Négritude. On parle de Plotin en reproduisant le cathéchisme de l'histoire Populaire de la Pensée. L'Histoire de la Philosophie Africaine, enseignée jusqu'à ce jour, par les Africains, en Afrique et ailleurs, est fausse. Elle est un monument de la paresse intellectuelle.
Presque la Totalité des Facultés Occidentales de Théologie et de Philosophie consacrent des cours à la Pensée Égyptienne. Elles partent de l'évidence qu'on ne peut étudier la Bible ou la Pensée grecque sans connaître la Pensée de la vallée du Nil. Le Biblicum de Rome a un département d'Études Orientales.
Pendant ce temps, les Africains occidentalisés comme moutons de panurge, suppriment à Kinshasa, par exemple, le "Faculté de Philosophie et Religions Africaines" pour le remplacer par le "Faculté de Philosophie".
Nous, qui écrivons ces lignes, sommes non pas "Licencié en Philosophie", mais "Licencié en Philosophie ET Religion Africaines". Notre particularité sur la carte scientifique mondiale est d'être "Porteur d'une Licence en Religions Africaines". Nous ne pouvons donc pas accepter que les esprits marqués par l'imaginaire leurrant enlève de notre Diplôme de Licence, le domaine africain de notre spécialisation : Religions Africaines.
Cette formation reçue en Afrique, formation au contenu vérifié auprès de nos peuples, était unique et sans concurrence. C'est justement ce point fort de notre formation, que les Facultés Catholiques de Kinshasa, appelées par notre collègue Prof. Dr. Dr. Onzakom "Difficultés Catholiques de Kinshasa", ont effacé des documents officiels afin de ne pas encombrer l'enseignement anti-nigriste de Kant, Hegel et Heidegger.
On supprime l'étude des Religions Africaines, et indirectement celle de la Philosophie et de la Théologie Africaines, afin de faire de la publicité des pères de l'anti-nigrisme philosophique. Ces facultés de l'Afrique, mieux ces "Difficultés Universitaires Africaines" n'enseignent ni le Copte ni la Pensée de l'Éthiopie et de la vallée du Nil. Elles forment une pseudo-élite, une génération de basse-classe, indifférente à la progression de l'esclavage philosophique, théologique et spirituel. Elles hypothèquent la Religion, la Théologie, la Philosophie, la Culture et la Vie de tout un Continent contre un salaire de misère et contre le statut de mBaka, de TuBaka des Négriers et de l'Anti-Nigrisme.
Les Fondements Thébains de la Philosophie de Plotin l'Egyptien, P. 134-136
J'avoue avoir été surpris par la colère de M. Bilolo, alors je suis allé voir ce qu'il en est réellement des OBJECTIFS de l'enseignement de la philosophie dans les Facultés Catholiques de Kinshasa, sur leur site internet, on peut lire ceci :
FCK UCC a écrit:
PHILOSOPHIE
La Faculté de philosophie a pour objectif essentiel de concourir à la formation des philosophes de métier et d’avoir, comme un des principaux centres d’intérêt et de réflexion, l’homme en général et le phénomène religieux et africain en particulier. Le programme de la formation philosophique tend à donner à l’étudiant la largeur et la vigueur d’esprit indispensables à une appréhension philosophique et scientifique de la société, de la pensée, de la sagesse et de la spiritualité africaines.
La faculté entend ainsi aider ses étudiants à entrer en dialogue avec les théologiens et les autres savants. Les bénéficiaires d’une telle formation sont au service de l’Eglise et de la Nation dans divers secteurs de l’enseignement et pour toutes les autres tâches de développement national auxquelles les destine leur formation.
Les études de base s’échelonnent sur cinq années, soit 3 années de graduat et 2 années de licence. Le programme de licence peut être complété par celui de l’Agrégation de l’enseignement secondaire du degré supérieur qui habilite le licencié en Philosophie à enseigner dans les écoles secondaires. Au niveau du troisième cycle, les étudiants peuvent acquérir les grades de Diplômé d’Etudes Approfondies en philosophie, de Docteur en philosophie et d’Agrégé de l’enseignement supérieur en philosophie.
Le Département d’Agrégation de l’enseignement secondaire du degré supérieur Attaché à la Faculté de philosophie, le Département d’agrégation de l’enseignement secondaire du degré supérieur est interfacultaire. Il a pour objectif la formation théorique et pratique des professeurs de l’enseignement secondaire détenteurs du diplôme de licence délivré par toute Faculté existante au sein des Facultés catholiques de Kinshasa.
De celle-ci le département d’agrégation de l’enseignement secondaire du degré supérieur est un des outils privilégiés d’entraînement et de transmission efficaces d’une éducation de la jeunesse aux valeurs morales et spirituelles selon la vision chrétienne.
Le programme du département s’étend sur 2 ou (au maximum) 3 années d’études. Il comprend un tronc d’enseignement théorique commun à toutes les facultés, des cours spécifiques organisés au sein de chacune des facultés et des exercices de pratique didactique dans les branches spécifiques.
Apparemment, selon ce que l'on peut lire, le contenu de l'enseignement serait orienté "Philosophie Africaine". Mais alors pourquoi avoir supprimé la dénomination "Africaine" du titre de l'institution ? Il serait intéressant d'analyser le contenu du PROGRAMME des cours de l'ensemble du cursus pour véritablement juger de sa pertinence du point de vue Africain. Cela dit, il me semble (j'ai peut-être tort) que l'UCC soit la seule institution sur le contient qui puisse se targuer de posséder un VERITABLE Centre d’Études des Religions Africaines (CERA) dans lequel le Dr. M. Bilolo est un membre actif.
Bien que je ne sois pas d'accord avec le terme CONVENTIONNEL de "Religion" collé aux faits spirituels africains, la mise en place d'un tel Centre par l'Eglise Catholique est à mon sens la seule chose de positif qu'elle puisse faire sur le continent, après voir anéanti l'Authenticité africaine. Ce fut d'ailleurs le combat de toute une vie d'O. Bimwenyi Kweshi : la reconnaissance de l'Afrique dans sa spiritualité propre et l'ouverture d'un dialogue constructif entre les tenants de la tradition africaine et les Africains christianisés. C'est son DEVOIR pour l'Église catholique, à travers des institutions de ce genre de recoller les morceaux, dans le respect mutuel. Et cela doit se faire dans d'un cadre Africain, entre Chrétiens Africains et Philosophes Africains. La fraternité humaine sur ce contient en dépend.
FCK UCC a écrit:
LE CENTRE D’ETUDES DES RELIGIONS AFRICAINES (CERA)
Le Centre d’Etudes des Religions Africaines (CERA) est une unité de recherches au sein des Facultés. Placées au cœur du continent noir, les Facultés catholiques de Kinshasa considèrent que leur vocation spécifique est de contribuer à l’élaboration d’une pensée et d’une pratique chrétiennes tenant compte de l’expérience spirituelle des peuples africains.
Dans cette perspective, le CERA entreprend des recherches en vue d’une meilleure connaissance scientifique des croyances, coutumes et religions africaines traditionnelles et modernes. Le centre dispose d’une bibliothèque ouverte aux chercheurs.
Le Centre a pour mission de :
a. Mener des recherches sur les religions, croyance et coutumes africaines
b. Publier une revue semestrielle, les "Cahiers des Religions Africaines"
c. Publier une collection, "la Bibliothèque du CERA"
d. Constituer une bibliothèque spécialisée des religions africaines
e. Monter un musée d’art religieux africain.
Le Centre est organisé scientifiquement en Unités de recherches (UR); toutes mettant l'étude des religions africaines en rapport avec un centre d’intérêt scientifique spécifique. En voici l’énumération :
a. Religions africaines et pensée théologique
b. Religions africaines et philosophie
c. Religions africaines et développement
d. Religions africaines et communications
e. Anthropologie et sociologie des faits religieux africains
f. Religions africaines et histoire
g. Religions africaines et arts
h. Religions africaines et psychologie
Une des œuvres majeurs d' Oleko NKombe : Métaphore et métonymie dans les symboles parémiologiques, l'intersubjectivité dans les proverbes tetela, Faculte de theologie catholique, Kinshasa, 1979 .
Le texte dont il est question ici, est tiré de : Mubabinge Bilolo, Les cosmo-théologies philosophiques de l'Égypte Antique. Problématiques – Prémisses herméneutiques-et-problèmes majeurs, PUA, 1986. _________________
"L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir".THOMAS SANKARA
Posté le: Ven 05 Mar 2010 18:30 Sujet du message: Re: La Préface D'Oleko NKombe A Mubabinge Bilolo
Merikama a écrit:
J'avoue avoir été surpris par la colère de M. Bilolo (... )
Apparemment, selon ce que l'on peut lire, le contenu de l'enseignement serait orienté "Philosophie Africaine". Mais alors pourquoi avoir supprimé la dénomination "Africaine" du titre de l'institution ?
Meri, c'est Hountondji (African Philosophy , Myth & Reality) qui serait content, lui dont l'esprit n'arrive pas à concevoir que l'on puisse mettre au même niveau : Philosopie et Religions Africaines, à fortiori que ces deux termes fassent partie de l'appellation d'une faculté universitaire, son urticaire aurait disparu à l'annonce de cette bonne nouvelle !
Gorge G.M James (Stolen Legacy) écrivait que la philosophie grecque n'est qu'une partie de la théologie Memphite, de ce que j'ai lu des posts sur Bilolo que tu as fait, je suis pas mal sûr que pour Bilolo ces deux concepts (Philosophie & Religion Africaine) DOIVENT aller de paire, sinon même que le dernier concept (Religion Africaine) devrait supplanter le premier (philosophie), ceci pourrait expliquer cela... _________________ "Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou
"Le Maïs se réserve lui-même la semence". Préface de Oleko NKombe, in Mubabinge Bilolo, Les cosmo-théologies philosophiques de l'Égypte Antique. Problématiques – Prémisses herméneutiques-et-problèmes majeurs, PUA, 1986.
_________________________________________________________________________________
Mubabinge Bilolo, appartient à cette jeune élite africaine du savoir qui vit pour le moment une véritable aventure ambigüe. Rejetée par l'élite du pouvoir qui lui refuse de véritable responsabilité dans la conduite des affaires de l'Afrique, négligée par l'élite du savoir qui ne comprend pas que la science est le nerf moteur du développement, cette élite se débat comme un oiseau pris au piège, hésite entre la prostitution politique et la misère déshumanisante. Cependant, elle est convaincue de la grandeur de sa mission, de l'importance de la recherche scientifique dans le processus de développement du monde en général et de l'Afrique en particulier.
Aucun développement, en effet, ne peut se réaliser d'en haut et de l'extérieur, mais d'en bas et de l'intérieur. Certes, l'extérieure peut servir de stimulant. Dans ce sens, le dialogue synchronique avec les autres cultures est important. Ainsi, par exemple, le contact avec l'occident nous a révélé certaines dimensions insoupçonnées de notre être culturel. La découverte de l'autre nous met en situation de concurrence. "On apprend à danser en imitant les pas d'autrui", dit un proverbe. L'apparition de l'autre suscite en nous le désir d'être ce qu'il est. L'homme s'enrichit en devant étranger (alienus), tout en restant lui-même. C'est un mécanisme d'assimilation réciproque où on se laisse transformer tout en transformant l'autre. C'est ainsi que l'étranger, par les nouveautés qu'il apporte nous sert de stimulant, tout au niveau de la techno-science qu'à celui de la philosophie et de la religion.
Mais le véritable moteur du développement est interne. Chaque peuple a sa fierté. Il incarne une certaine volonté de puissance. Si cette fierté est vaincue et si cette volonté de puissance est "gelée", ce peuple est réduit à rien. Ainsi le colonialisme et le néo-colonialisme tendent-ils à briser la fierté et la volonté de puissance des peuples dominés en faussant leur histoire. La mission de l'élite africaine du savoir est de redonner aux peuples africains cette fierté perdue. La fierté de soi ne passe pas nécessairement par la négation ou par le discrédit de la fierté de l'autre. C'est cela que l'auteur de ce livre veut exprimer en disant qu'une autre philosophie de l'histoire est possible.
Sans méconnaître la valeur du dialogue horizontal avec les autres cultures, M. Bilolo a saisi l'importance de développer un dialogue vertical. L'Afrique doit chercher à dialoguer avec son propre passé, à interpréter l'histoire à la lumière de ses propres catégories. Pour définir aujourd'hui sa théologie, l'Afrique a besoin de fouiller profondément son archéologie. Comme une flèche, qui, pour s'élancer devant, doit être tirée en arrière, comme une fusée, qui pour s'élancer dans l'espace intersidéral, a besoin d'un socle, d'une rampe de lancement, l'Afrique a besoin de partir de sa source, a besoin d'une connaissance approfondie de son histoire, pour pouvoir s'élancer vers l'océan de l'avenir.
L'Égypte antique, appelée la "Noire", la Kmt, fait partie de cette source de l'histoire africaine. L'Égypte pharaonique ou la Vallée du Nil, qui, comme l'a démontré Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga et bien d'autres chercheurs européens et américains, porte la marque indélébile de KAME, a joué un rôle important dans l'éclosion de la science et de la culture. C'est dans la Vallée du Nil, comme le témoignent la plupart des écrits de la Grèce antique ainsi que les découvertes des fouilles menées en Égypte, en Nubie ou au Soudan, qu'à été inventée une des plus vieilles écritures que l'humanité ait connue. Les plus anciens documents écrits, découverts jusqu'à nos pours, relatifs à la philosophie, à la théologie, à la religion, à la géométrie, à l'astronomie, à la médecine, etc. proviennent pour la plupart de la vallée du Nil.
Certes, à l'heure de la suprématie occidentale, le discrédit a été jeté aussi sur la glorieuse histoire de l'Égypte et de la Nubie antiques. Une herméneutique dévalorisante a voulu faire croire que les créateurs de ces plus anciennes cultures africaines, que les bâtisseurs des plus anciennes pyramides connues, étaient des enfants naïfs. Les inventeurs de la géométrie et de la science cadastrale, n'auraient eu aucune capacité d'abstraction. Cette herméneutique dévalorisante, pour utiliser l'expression de l'auteur de ce livre, part des prémisses douteuses comme :
a/ la langue égyptienne est très pauvre pour pouvoir exprimer les hautes conceptions philosophiques;
b/ la pensée égyptienne est matérielle et grossière, non abstraite, non spéculative;
c/ l'Égyptien ignore la distinction "sujet-objet", "pensée-réel"; sa pensée est essentiellement "mythopoétique";
d/ la pensée égyptienne n'a fait que concevoir la philosophie - celle-ci est née en Grèce et est devenue adulte en Occident;
e/ le climat chaud est défavorable à la philosophie, celle-ci n'a pu se développer que sous un climat tempéré;
f/ ceux qui parlent de philosophie égyptienne sont victimes de leur interprétation grecque, romaine ou chrétienne, victime d'un "mirage", etc…
M. Bilolo ne s'est pas contenté d'une réfutation théorique de ces prémisses. Il a fait plus. Il a considéré ces prémisses comme des hypothèses et les a confrontées aux données historiques dans la deuxième partie de son étude. Pour ce faire, il a choisi un thème complexe qui traverse aussi toute l'histoire de la pensée occidentale, à savoir : la cosmo-théologie. Cette deuxième partie ne constitue pas le moment analytique, mais plutôt une reprise libre, dégagé des considérations d'ordre philologique. L'auteur s'est efforcé de reprendre certaines conclusions de ses recherches sur la pensée égyptienne dans un langage accessible au philosophe, au théologien ou à tout autre lecteur sans connaissance préalable de la langue pharaonique. Il s'agit plus précisément d'une reprise libre qui est également une initiation très vivante à des catégories, à des expressions et conceptions fondamentales de Kmt antique, relative au "Préexistant", à "tout ce qui existe", à l'homme, etc.
Les "Ecoles" d'Héliopolis et d'Hermopolis, par exemple, s'efforcent de saisir les conditions de possibilité de l'ontogenèse, le passage du "Méta-Être"-et-"Méta-Non-Être" à l'Être, c'est-à-dire le processus d'auto-création d'une part et de création ou d'organisation de "tout ce qui est" d'autre part. Sur l'origine de "tout ce qui est", l'"Ecole" héliopolitaine a développé une théorie de l'"Ennéade" et celle d'Hermopolis, une théorie de la "Tétrade" ou de "l'Ogdoade".[/b][/color] A travers les métaphores et les métonymies de l'"Œuf" et de "Plante", certains hermopolitains se sont efforcé d'expliquer la biogénèse. Les "Ecoles" de Memphis et d'Armana, elles, expliquent la cosmogénèse et son histoire à partir d'un modèle de la création par la Pensée-Parole. Le problème de l'Un et du Multiple, qui est au centre de toute "cosmo-théologie", caractérise l'"École" thébaine.[/b][/color] Derrière ces différentes conceptions se cachent plusieurs conceptions de la connaissance. Parmi les courants épistémologiques explicitement évoqués par les documents égyptiens, l'auteur cite :
a/ celui de la connaissance par "illumination" ou par "révélation";
b/ celui de la connaissance par comparaison et par introspection;
c/celui de la connaissance sur la base des données sensibles et contrôlables …
Les penseurs égyptiens étaient tolérants, mais ils n'étaient pas unanimistes. L'Auteur montre que la philosophie égyptienne était un débat ouvert et critique sur les différents problèmes de la vie. Les "Harpistes", par exemples, critiquent la cécité de leurs contemporains devant l'implacable loi de la fugité de toute œuvre humaine …: "Où sont leur tombeau ? Leurs murs sont détruits, leur tombeau comme s'il n'avait pas été". Ils critiquent aussi la conception du bonheur d'outre-tombe, considèrent ce discours fondé sur des données incontrôlables. Certains penseurs égyptiens, surtout ceux de l'"École" thébaine, ont développé aussi une théologie négative, qui remet en question les affirmations sur l'être de Préexistant et s'efforcent de mettre en évidence l'incognoscibilité et l'ineffabilité de l'Un : son origine est inconnue, sa représentation iconographique est impossible; il est innommable, ineffable, son être et sa véritable "nature" sont inconnus … etc. Bref, l'Un demeure un "Mystère" pour tout ce qui est issu de lui.
Ces exemples montrent que la pensée égyptienne est loin d'être naïve, primitive, mythopoétique, … comme une certaine herméneutique dévalorisante, fondé sur l'ethnocentrisme occidental, voulait nous le faire croire. La plupart des grands problèmes philosophico-théologiques qui nous préoccupent encore aujourd'hui étaient au centre des réflexions de certains penseurs et de certaines "Écoles" de Kemet antique et cela plus de deux millénaires avant notre ère. La plupart de nos essais de réponses présentent des affinités notoires avec ceux de l'époque pharaonique. Cela veut dire que la philosophie égyptienne ne constitue pas le seuil de la philosophie, son étape préliminaire, mais une philosophie adulte ayant des analogies avec des philosophies d'autres pays et d'autres périodes.La connaissance de cette philosophie, comme l'a si bien souligné l'auteur, nous permet de revoir nos évidences et de renouveler, sur la base de cette connaissance, nos problématiques actuelles.
Cette étude s'inscrit dans l'horizon d'une nouvelle vision de l'histoire et d'une interprétation valorisante des autres cultures. L'herméneutique valorisante, dans laquelle s'insèrent Cheikh Anta Diop et l'auteur de ce livre, redonne à la Pensée Africaine, toute sa portée. L'Afrique apparaît ainsi être non seulement la Mère de l'humanité, comme le présentent certains scientifiques, mais aussi la Mère des cultures, de la plupart de nos cultures actuelles. Loin d'être des paresseux, incapables de sciences et de philosophie ou de théologie positive et critique, les Africains sont des faiseurs de l'histoire, des créateurs de la plupart des conceptions philosophico-théologiques qui éclairent encore jusqu'à nos jours, l'itinéraire de la plupart des hommes.
Lorsqu'on se rappelle que la philosophie égyptienne n'existe pas encore dans les programmes d'enseignement universitaires, exception faite des allusions sporadiques à certains problèmes philosophiques au cours des leçons consacrés à l'histoire des religions, et qu'il n'existe pas encore de véritables spécialistes de la philosophie égyptienne, on ne peut qu'admirer et remercier l'auteur de ce livre pour son ouvrage intellectuel et l'immense travail investi en vue de rendre la pensée pharaonique dans un langage intelligible pour notre temps. Le fait que l'auteur croit prolonger la tradition amorcée par Breasted, Drioton, Frenkian, Banu, Hornung et Assmann, … ne peut nous empêcher de souligner la nouvelle perspective d'approche de la pensée égyptienne qu'il vient d'ouvrir. Il y a ici une nette rupture méthodologique et conceptuelle. Grâce à cette rupture, l'intégration de la philosophie égyptienne dans le programme d'enseignement de nos facultés de Philosophie et de Théologie devient possible.
Je souhaite au lecteur africain de se sentir revigorer en lisant ce livre. Sa fierté devrait renaître. Que ces pages sur la pensée pharaonique puissent l'aider dans ses efforts pour préparer l'Aurore qui permettrait à l'Afrique de redevenir une Afrique Pharaonique. Une Afrique comparable à celle des Pharaons de la XIIe, de XVIIIe et de la XXVe dynastie. Nous ne rendrons hommage à cette Afrique antique qu'en reprenant une fois de plus le volant de l'histoire.
Quant au lecteur non africain, ce livre lui permettra de pendre un recul essentiel, non seulement vis-à-vis de sa philosophie de l'histoire et de son histoire de la pensée, mais aussi et surtout de son interprétation des données culturelles africaines. Que ces pages puissent contribuer à enrichir son intelligence des problèmes cosmo-théologiques et de leur histoire.
Et enfin, je souhaite à l'auteur, une bonne poursuite de ses recherches sur les problèmes philosophiques majeurs de Kemet antique.
Fais à Marburg, le 20 Août 1986
Dr. Nkombe OLEKO
Professeur ordinaire au département de Philosophie et Religion Africaines de la Faculté de Théologie Catholique de Kinshasa/Zaïre. _________________
"L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir".THOMAS SANKARA
Posté le: Lun 15 Mar 2010 22:40 Sujet du message: Re: La Préface D'Oleko NKombe A Mubabinge Bilolo
Gnata a écrit:
Merikama a écrit:
J'avoue avoir été surpris par la colère de M. Bilolo (... )
Apparemment, selon ce que l'on peut lire, le contenu de l'enseignement serait orienté "Philosophie Africaine". Mais alors pourquoi avoir supprimé la dénomination "Africaine" du titre de l'institution ?
Meri, c'est Hountondji (African Philosophy , Myth & Reality) qui serait content, lui dont l'esprit n'arrive pas à concevoir que l'on puisse mettre au même niveau : Philosopie et Religions Africaines, à fortiori que ces deux termes fassent partie de l'appellation d'une faculté universitaire, son urticaire aurait disparu à l'annonce de cette bonne nouvelle !
Hutuapo Gnata ! (Hutuapo = Hotep en Ki-Swahili). Enfin, je viens alimenter ce topic laissé quelque peu à l'abandon. A propos d'Hountondji, ce monsieur n'est pas un philosophe pour moi. Il conçoit la philosophie comme une fin en soi, une simple science pour la science, sans aucune utilité pour l'homme. Il pense que la philosophie doit se réduire en quelque sorte à un simple sophisme. Je ne partage pas son point de vue (j'y reviendrai plus en détail dans un prochain topic que j'intitulerai : La Philosophie, Le NKindi Et La Renaissance Africaine), tout comme Mubabinge Bilolo d'ailleurs :
Mubabinge Bilolo a écrit:
La philosophie n'est pas un métier, mais une vie polarisée par la Maat, une vie consacrée à la promotion de la maatocratie sur cette terre des hommes. Un Nkindi, un philosophe est un "prêtre", un "serviteur" de Dieu (ḥm-nṯr), un amoureux de la Maat (M3ˁt)
Les cosmo-théologies philosophiques de l'Égypte antique, P.227
Ceci est la pensée profonde de M. Bilolo que je partage totalement. L'objet de la philosophie ce n'est certainement pas la science pour la science. Mais la science pour l'ELEVATION de l'homme vers le summum de la sagesse. Les grands philosophes grecs, tous formés en Afrique étaient aussi mûs par cet idéal.
Citation:
Gorge G.M James (Stolen Legacy) écrivait que la philosophie grecque n'est qu'une partie de la théologie Memphite, de ce que j'ai lu des posts sur Bilolo que tu as fait, je suis pas mal sûr que pour Bilolo ces deux concepts (Philosophie & Religion Africaine) DOIVENT aller de paire, sinon même que le dernier concept (Religion Africaine) devrait supplanter le premier (philosophie), ceci pourrait expliquer cela...
Tu as tout à fait raison mon frère. Tous ceux qui tentent d'opérer IDEOLOGIQUEMENT une rupture entre Philosophie et Religion (disons plutôt "spiritualité"), devraient relire toute l'œuvre de Platon et d'Aristote. En tous cas M. Bilolo, est contre cette manière de voir la philosophie :
Mubabinge Bilolo a écrit:
Dans des cultures où l'on partage une conception de Dieu comme un être sur qui on n'a pas de témoignage parfait [l'auteur pointe ici la culture Nègre], des cultures dans lesquelles le dogme fondamental est celui de la relativité et de l'ouverture de tout discours sur Dieu, on n'y ignore l'opposition entre philosophie et théologie.Car la théologie est la philosophie par excellence.Cette opposition n'a de sens que dans des cultures où l'on possède des théologies révélées par Dieu et auxquelles tout le monde (= tout croyant) doit se soumettre. Et c'est là un des drames de la pensée dans l'univers judéo-islamo-chrétien.
Bref, l'opposition entre philosophie et mythe, philosophie et religion ou théologie, qui d'ailleurs n'a jamais été rigoureuse en Occident, est un non-sens en dehors de la culture judéo-islamo-chrétienne. Elle n'est pas universelle. C'est une expérience régionale et malheureuse.
Les cosmo-théologies philosophiques de l'Égypte antique, P.55
J'irai même plus loin, et dire que c'est ce divorce tant vanté par Paulin J. Hountondji et ces disciples en Afrique, groupe auquel heureusement n'appartient le grand Marcien Towa, qui est la cause du désastre humain, écologique et morale en Occident, où c'est au Pape de donner des leçons de morale aux gens. Si l'Afrique quant à elle a su mettre en place des sociétés stables et durables dans leur stabilité, c'est justement parce qu'elle n'a jamais eu honte ou ne s'est jamais gênée de débattre sur des questions aussi importantes que celles touchant à Dieu. Et la clé de la Renaissance Africaine, la clé de l'ECOLE AFRICAINE (une école tournée vert la Maât) se trouve ici et nulle part. _________________
"L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir".THOMAS SANKARA
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum