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R. CONFIANT, OU CREOLITE CONTRE AFROCENTRICITE

 
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OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Ven 10 Sep 2004 21:00    Sujet du message: R. CONFIANT, OU CREOLITE CONTRE AFROCENTRICITE Répondre en citant

Voici l’extrait d’une interview donnée par Raphaël CONFIANT en 2002 au magazine Jeune Afrique l’Intelligent. Je joins les commentaires critiques que ses propos m’ont suscités. J’ai numéroté chacune de ses réponses, afin que le lecteur puisse lier chacun de mes commentaires au propos visé. Je voulais ainsi contester point par point son discours créoliste que je trouve étriqué, et surtout néfaste aux relations Afrique-Antilles.



INTERVIEW (par Valérie THORIN)

De passage à Paris, Raphaël Confiant a accepté de s'éloigner momentanément de la littérature pour parler de sa langue, de l'Afrique et de la colonisation.

J.A./L'INTELLIGENT : Êtes-vous déjà allé en Afrique ?

[1] RAPHAËL CONFIANT : Je connais bien le Maroc et l'Algérie, où j'ai enseigné en 1975. Par une sorte de fatalité, chaque fois que j'ai eu l'occasion d'aller au sud du Sahara, un événement m'en a empêché. Mais je m'informe. Quand j'étais étudiant, je lisais régulièrement Afrique-Asie et Jeune Afrique.


J.A.I. : Sur le plan littéraire, quels sont les écrivains africains qui vous ont marqué ?

[2] R.C. : J'apprécie beaucoup le poète Senghor. Il n'est pas le poète du cri, comme Aimé Césaire, mais sa plénitude me fait penser à Paul Claudel. J'aime aussi Yambo Ouologuem et son Devoir de violence.


J.A.I. : C'est peu...

[3] R.C. : Oui, je trouve la littérature africaine trop conformiste à cause du problème linguistique. À part Ahmadou Kourouma, dont j'apprécie le travail sur l'africanisation de la langue, les écrivains du continent sont en général trop respectueux du français. Les anglophones - Chinua Achebe, Amos Tutuola - n'ont pas hésité à s'approprier l'anglais. Cheick Amidou Kane, Sembène Ousmane font de la belle littérature, Henri Lopès ou Mongo Beti polémiquent... Mais la littérature, c'est aussi la création d'un style. Un écrivain est d'abord un forgeron de la langue avant d'être un politique, un dénonciateur, un ethnologue ou un sociologue.


J.A.I. : D'après vous, à quoi est-ce dû ?

[4] R.C. : La francophonie pèse de tout son poids sur l'expression en langue locale. Voyez l'état du wolof, parlé par 90 % des Sénégalais, écrit depuis fort longtemps : il n'a même pas de place à l'Assemblée nationale ou simplement dans les programmes scolaires. Le créole, lui, n'a même pas deux siècles et il est présent partout. C'est paradoxal, car les Antilles sont sous domination française. Je ne comprends pas comment les Africains, qui ont des langues plus solides et plus anciennes que la nôtre, peuvent faire l'impasse sur elles.


J.A.I. : Ce n'est pas le cas dans la zone anglophone ?

[5] R.C. : Pas du tout. L'imaginaire de Wole Soyinka, Ngugi Wa Thiongo, Chinua Achebe ou Amos Tutuola s'est forgé d'abord dans leur langue maternelle. Ils l'ont ensuite pratiquée soit par le théâtre, soit par la littérature.


J.A.I. : Publier en créole, est-ce une revendication ?

[6] R.C. : C'est plus que cela, c'est un ressourcement. L'imaginaire, les sentiments, la sensibilité se forment dans l'enfance, elle-même bercée par des mots et des images. Or l'écrivain travaille avec sa sensibilité...


J.A.I. : Vous limitez néanmoins ensuite votre lectorat aux créolophones...

[7] R.C. : Oui, mais la littérature n'est pas qu'une activité économique. La plupart de mes romans ont d'ailleurs été traduits en français, quelques années après. Arrêtons de nous croire le centre du monde. Les Finlandais ne sont que 4 millions, ils font leurs études de la maternelle à l'université en finnois, ils écrivent en finnois et les éditeurs français qui s'intéressent à leurs oeuvres traduisent. Ismaïl Kadaré écrit en albanais, cela ne l'empêche pas d'être un des plus grands écrivains européens.


J.A.I. : On peut, comme Vladimir Nabokov, écrire dans une autre langue...

[8] R.C. : Je distingue les auteurs qui choisissent d'écrire dans une langue qui n'est pas la leur et ceux qui y sont contraints à cause d'un processus historique. Les Africains n'écrivent pas en français par choix, ils le font parce qu'ils n'ont pas le choix. Nabokov aurait pu écrire en russe, il y a une très belle littérature russe. Eugène Ionesco aurait pu continuer à écrire en roumain. Samuel Beckett est passé de l'anglais au français. Quand j'écris en créole, je refuse la fatalité qui fait que je n'ai qu'une langue à ma disposition.


J.A.I. : Peut-on revendiquer à la fois la négritude et l'intégration dans le monde ?

[9] R.C. : La négritude revendiquait l'humanité de l'homme noir. Il faut maintenant parler des cultures. Ce qui distingue les hommes n'est pas leur race, mais leur culture. Aux Antilles, nous avons eu Édouard Glissant et nous avons pris conscience d'être un seul et même archipel, malgré la différence des langues : espagnol à Cuba, créole en Haïti, anglais en Jamaïque, etc. Aujourd'hui, nous défendons cette particularité face à la mondialisation. La négritude n'a plus de valeur opératoire. Les problèmes de l'Afrique concernent le développement et la démocratie.


J.A.I. : Vous sentez-vous concerné par les problèmes de l'Afrique ?

[10] R.C. : Oui, je suis concerné et consterné. Certains étudiants de sciences politiques à Aix-en-Provence, en 1970, gauchistes révolutionnaires, militants de la FEANF (Fédération des étudiants d'Afrique noire en France) sont devenus ambassadeurs ou ministres. Arrivés au pouvoir, ils se sont comportés comme des s..., c'est pourquoi je parle de consternation. Cela me concerne parce qu'une part importante de nous-mêmes vient d'Afrique.


J.A.I. : Vous le revendiquez ?

[11] R.C. : Oui. Mais toute la culture antillaise n'est pas pour autant africaine. Il y a les apports amérindiens, européens. Après l'abolition de l'esclavage, des travailleurs sont venus de Chine et d'Inde. Ce mélange a produit quelque chose de nouveau : les Antillais. Mais quand j'entends ce qui se passe au Rwanda ou au Congo, cela ne me laisse pas indifférent. Pour moi, il est important que l'Afrique se redresse et avance.


J.A.I. : Votre regard sur les Africains est sans indulgence, mais les Antillais ne devraient-ils pas commencer par se libérer eux-mêmes de la colonisation ?

[12] R.C. : Cela n'a rien à voir. Il ne faut pas confondre les peuples qui vivent dans leur pays depuis des millénaires, qui n'ont perdu ni leur langue, ni leur religion, ni leurs clans, ni leurs rituels. C'est normal qu'ils viennent réclamer leur indépendance. Nous, Antillais, avons été déplacés et brisés. Nous avons dû réinventer autre chose, dans un autre pays. Il fallait que notre peuple s'habitue à considérer les Antilles comme sa patrie. Ce n'est pas si évident car les esclaves ne sont devenus des hommes qu'en 1848, c'est-à-dire il y a cent cinquante ans. Trois ou quatre générations ne peuvent être comparées avec une Afrique qui existe depuis toujours.


J.A.I. : Tout de même, c'est suffisant pour construire une identité nationale. Israël a mis moins de temps...

[13] R.C. : N'oubliez pas non plus qu'Aimé Césaire, grand défenseur de la négritude, a été le rapporteur de la loi de 1946 qui a transformé les Antilles en département français ! Il y a une contradiction. On dit « rapprochons-nous de l'Afrique », on écrit des discours, des poèmes, des pamphlets contre le colonialisme et, dans le même temps, on est député à l'Assemblée nationale française et on vote une loi qui transforme les Antilles en Pyrénées-Orientales ou en Charente-Maritime. Le « moratoire » décidé par la gauche en 1981 ne vaut guère mieux.


J.A.I. : Quoi qu'il en soit, il n'y a quasiment pas de lutte pour l'indépendance aux Antilles...

[14] R.C. : Et très peu en Afrique noire francophone ! À part Lumumba contre les Belges. Au Cameroun, peut-être... Mais les Senghor et autres Houphouët-Boigny étaient des grand commis de l'État français... Les intellectuels antillais perçoivent cela comme une indépendance fictive, cosmétique. Ces pays ont un passeport, un drapeau, une équipe nationale de foot, mais les fonctionnaires sont souvent payés par la France et les décisions sont prises par les coopérants français. Et on peut dire que l'indépendance complète n'a pas réussi à la Guinée.


J.A.I. : Encore une fois, vous êtes sévère...

[15] R.C. : Je n'ai aucun complexe envers l'Afrique. Je la respecte. Je souhaite qu'elle donne une bonne image d'elle-même, mais je ne me sens pas responsable de ce qui s'y passe. Quand certains disent que nous sommes de faux Africains, c'est vrai. Cette tentative de culpabilisation est absurde.


J.A.I. : Vous mettez de l'huile sur le feu de l'antagonisme entre Africains et Antillais...

[16] R.C. : Nos relations ont besoin d'être clarifiées, ce qui n'a jamais été fait. Chacun doit savoir où il est, qui il est et l'on parlera d'égal à égal. Mais les Africains veulent faire de nous une espèce de diaspora. J'ai horreur de ce mot-là. Je ne suis la diaspora de personne. Nous sommes cousins, c'est tout.


J.A.I. : Avez-vous une part d'américanité ?

[ 17] R.C. : Elle est objective, vu la géographie. Notre identité est américaine et notre carte d'identité est française !




COMMENTAIRES

[1 à 8 ] : J'avoue ne pas accrocher la littérature de Confiant que je trouve saturée de mignardises et élucubrations stylistiques. Je préfère le dépouillement raffiné et efficace du style de MARYSE CONDé (mon écrivaine préférée) et de MASSAN MAKAN DIABATé (mon écrivain préféré).


[9]."Ce qui distingue les hommes n'est pas leur race, mais leur culture. […] La négritude n'a plus de valeur opératoire […] Les problèmes de l'Afrique concernent le développement et la démocratie "

- Encore de nos jours, la différenciation socio-économique des êtres humains d'après leur phénotype est quotidiennement attestée un peu partout dans le monde, y compris aux Antilles. Il y a les principes d'une part, et leur effectivité de l'autre.
- Tant qu'il y aura des Nègres, et il y en a même et surtout aux Antilles, écrasés par des forces hétérogènes spirituelles, philosophiques, culturelles, etc. la Négritude (en tant que mouvement de promotion de l'humanité nègre) conservera tout son potentiel opératoire. Les conséquences de tant de siècles de férocité blanche sur le monde négro-africain ne s'estompent pas à coup de niaiseries théoriques.
- Raphaël CONFIANT gagnerait de toute urgence à se renouveler théoriquement : il ignore vraisemblablement que le concept de "développement" est obsolète. Et que cette obsolescence a été mise au jour depuis une trentaine d'années. En conséquence, le "développement" ne saurait constituer un problème pour l'Afrique ici et maintenant.
- Le panafricanisme, l'afrocentrisme, la renaissance africaine : voici les sujets de réflexion les plus heuristiques pour l'Afrique contemporaine. Il n'est plus question pour les Africains d'hériter de questions que d'autres se posent à leur propos, mais de formuler eux-mêmes leurs propres questions en des termes africanistiques, et de travailler à les résoudre suivant leurs propres critères, africanistiques.Aussi pour la réalisation d'une telle exigence, CONFIANT et ses épigones ne sont d'aucun secours, loin s'en faut...


[11] "toute la culture antillaise n'est pas pour autant africaine. Il y a les apports amérindiens, européens."

Le problème n'est pas que la culture antillaise soit purement et parfaitement négro-africaine, c'est qu'elle le soit ou non GENETIQUEMENT. Par exemple, la langue française comporte relativement peu de mots celtes et gaulois; en revanche elle est truffée de mots (étymologiquement) arabes, grecs et latins...mais elle n'en demeure pas moins pleinement et entièrement française. De la même façon, je pense que la culture antillaise (et la langue antillaise), dans toute sa diversité exubérante, est une culture génétiquement négro-africaine. J'entends par là que la matrice de génération des phénomènes culturels antillais est indéniablement négro-africaine.


[12 à 13] « Il ne faut pas confondre les peuples qui vivent dans leur pays depuis des millénaires, qui n'ont perdu ni leur langue, ni leur religion, ni leurs clans, ni leurs rituels. […] Trois ou quatre générations ne peuvent être comparées avec une Afrique qui existe depuis toujours»

D’après les recherches démographiques de Louise Marie DIOP-MAES, la population africaine était de plus de 600 millions d’habitants au XVIème siècle. A la fin de la traite négrière européenne et de la colonisation, vers les années 1950, cette population n’est plus que d’environ 150 millions d’habitants. Ce sont des millions de guerriers, chasseurs, agriculteurs, artisans, commerçants, hommes politiques, savants et penseurs africains qui ont été ainsi prélevés et/ou amputés de l’Afrique pendant des siècles. Sauf si pour Confiant, la traite n’a consisté qu’au trafic de « bois », fût-il « d’ébène » (ce qui est habituellement le point de vue du trafiquant blanc…), tant de ressources humaines (mais aussi minérales, forestières, agricoles, etc) spoliées, gaspillées, broyées, n’ont pu que laisser l’Afrique exsangue, affaiblie, radicalement traumatisée ; ce pour de longues décennies.
Par conséquent, encore à ce jour et jusqu’à nouvel ordre : LA PRINCIPALE MATRICE DE GENERATION DES PHENOMENES POLITIQUES AFRICAINS CONTEMPORAINS CONSISTE EN LA TRAITE NEGRIERE EUROPEENNE ET A LA COLONISATION DE L’AFRIQUE PAR L’EUROPE.
Cette matrice esclavagique et colonialistique est la même qui génère et structure les phénomènes psycho-socio-politiques antillais. C’est l’origine commune de notre HETERONOMIE et nos traumatismes. Elle scelle la communauté de passé et aussi d’avenir des Antilles avec l’Afrique. Il n’est donc pas question de comparaison/compétition entre l’Afrique et les Antilles, mais plutôt de COOPERATION scientifique, culturelle, politique, économique entre les deux rives d’un même univers culturel négro-africain.
C’est pourquoi je suis sidéré par la désinvolture avec laquelle CONFIANT considère la situation de l’Afrique, par une telle cécité analytique de la part d’un littérateur antillais aussi bruyant.


[14 à 15] «Les intellectuels antillais perçoivent cela comme une indépendance fictive, cosmétique. […] Et on peut dire que l'indépendance complète n'a pas réussi à la Guinée. »

Il n’y a aucune différence de nature entre ce qui s’est passé ailleurs en Afrique et le cas de la Guinée Conakry au soleil des indépendances. Seulement la Guinée de Sékou TOURé, ayant commis le crime de lèse majesté colonialiste de rompre sans fioritures, a été mâtée, muselée, étouffée jusqu’à une atrophie plus brutale et plus rapide. Il s’agissait pour la France de donner la Guinée en exemple du sort qu’elle réservait aux ex-colonies refusant de devenir des néo-colonies. En effet, « l’indépendance » n’est pas l’autonomie. Au contraire, elle s’accommode, voire ne se conçoit qu’en hétéronomie. L’indépendance est donc, politiquement parlant, une mascarade. D’ailleurs, l’Afrique dite francophone est toujours aussi inféodée à la France dont elle demeure pathologiquement dépendante et soumise. Aussi les crises politiques actuelles de l’Afrique procèdent-elles de l’épuisement de ce paradigme (in)dépendanciel.
Bref, tout cela est trop compliqué pour le chantre de la créolité qui n’y comprend rien. Mais alors il n’est pas obligé d’embrouiller ces questions avec son bavardage abscons.


[16 à 17] « Mais les Africains veulent faire de nous une espèce de diaspora. J'ai horreur de ce mot-là. Je ne suis la diaspora de personne. »

On appelle « diaspora africaine », les populations originaires de l’Afrique et leurs descendants dispersés aux quatre coins du monde, notamment à cause des traites négrières arabe et européenne, la colonisation de l’Afrique par l’Europe et les migrations contemporaines. Avoir « horreur » du mot n’efface pas la chose. La géographie humaine et l’histoire n’ont que faire des caprices de Raphaël. Confiant est bien, strictement parlant, un des membres de cette diaspora africaine. Mais libre à lui de ne pas s’assumer comme tel…
Les Antilles et l’Afrique noire contemporaine procèdent donc d’une même histoire séculaire qui s’étale sur les deux rives de la grande eau. Ce qu’analyse brillamment Alain ANSELIN, notamment dans « Les Deux Rives » où il dit ceci : p9 « l’on ne peut pas davantage écarter l’Egypte de l’histoire des civilisations africaines, qu’elle est la première à documenter, qu’on ne peut non plus écarter l’histoire des civilisations et des cultures de la Rive africaine de notre histoire américaine moderne. ». Les différences culturelles attestées entre Kongo, Ouolof et Martiniquais ne masquent pas leurs communes racines négro-africaines.




J’ai insisté sur l’inconsistance théorique de Raphaël Confiant. Par courtoisie, je n’ai pas parlé d’ignorance désinvolte…D’ailleurs, AMA MAZAMA avait stigmatisé, à juste titre, les inconséquences épistémologiques des créolistes tels que CONFIANT, CHAMOISEAU, BERNABE : "L'on pourrait ici reprocher à l'Eloge de la créolité d'être un aimable pot-pourri intellectuel de postmodernisme et de rationalisme à l'occidentale, sans que les auteurs semblent un instant troublés par les hiatus qui inévitablement jaillissent de la juxtaposition de discours souvent contradictoires."
Le continium culturel et politique de l’Afrique aux Antilles n’est pas toujours immédiatement perceptible. Ce qui frappe d’emblée est plutôt leur apparente discontinuité et rupture : l’une est constituée de « pays indépendants », les autres consistent en « Départements/Régions d’Outre-Mer ». Et tout cela selon la volonté initiale d’un même maître, « la Métropole ». L’appréhension de leur continuité nécessite souvent de mobiliser des moyens analytiques adéquats, qui ne sont pas à la portée du premier littérateur venu ; fût-il des plus réputés de sa génération.

- Confiant n’est ni sociologue, ni historien. Il peut donc ignorer que ce sont, pour la très grande part, des Africains transplantés aux Amériques (et non du « bois d’ébène ») qui sont devenus Antillais. Aussi la seule chose dont on ne peut douter que ces Africains ont emportée sur l’autre rive est leurs manières africaines d’être-au-monde, qu’évidemment ils ont adaptées aux circonstances écologiques et historiques.

- Confiant n’étant pas linguiste est incapable d’argumenter scientifiquement sur la parenté génétique (ou non) du créole avec les autres langues négro-africaines.

-
- Bref, n’habitant aucun des lieux épistémologiques où peuvent se lire et s’entendre l’unité culturelle africaine-antillaise, Confiant ne peut que les squatter avec ses bavardages sans fondement théorique sérieux.

Entre Dinka et Bambara, les différences culturelles sont au moins aussi nombreuses que celles entre Ouolof et Antillais. Pourtant tous sont négro-africains. Il faut bien voir que la perspective horizontale des phénomènes culturels ne rencontre souvent que leurs diversités. Tandis que pour saisir leur unité radicale, une perspective verticale, généalogique, est indispensable. Laquelle requiert toujours un outillage scientifique des plus précis et aiguisés. D’où le dénuement d’un Confiant face à des questions qui véritablement le dépassent.
En effet, un intellectuel qui, par définition, ne parle d’aucun lieu scientifiquement déterminé (qui donc peut parler de partout, c’est-à-dire aussi de nulle part) ne peut qu’échouer à rendre compte efficacement de rapports aussi complexes que ceux unissant les Antilles à l’Afrique.
D’où la différence essentielle entre d’une part les Chamoiseau, Bernabé, Confiant, et d’autre part les Ama Mazama, Anselin, Omotundé. Ces derniers produisent des savoirs scientifiquement vérifiables ; tandis que les premiers n’ont pas besoin de savoir pour opiner, il leur suffit d’avoir beaucoup d’imagination, d’être éloquents et bavards…



Bibliographie

- ROSA AMELIA PLUMELLE-URIBE, La Férocité blanche, éd. Albin Michel, 2001

- SERGE LATOUCHE, faut-il refuser le développement?, éd. PUF, 1986.

- Jean BERNABE, Patrick CHAMOISEAU, Raphaël CONFIANT, Eloge de la créolité, éd. Gallimard, 1993.

- Louise Marie DIOP-MAES : Afrique noire, démographie, sol et histoire, éd. KHEPERA et PRESENCE AFRICAINE, 1996

- MEDJU M'KBA "Létyopi atè Matnik. Nannan Lafrik adan palé kréyol moun Matnik", éd. Lafontaine, 1999

- AMA MAZAMA :
a/ Critique afrocentrique de l'éloge de la créolité, in Penser la créolité, p85-p99, éd. Karthala, 1995
b/ , "Langue et identité en Guadeloupe : une perspective afrocentrique", éd. Jasor, 1997

- Alain ANSELIN,
a/ Le discours caboclo, éd. de l’UNIRAG, 1992
b/ Les Deux Rives, GEREC, 1993
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

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OGOTEMMELI
Super Posteur


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Messages: 1498

MessagePosté le: Dim 26 Déc 2004 18:38    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai bien aimé un très long échange entre Fari et Colibrichips75 (exceptée la discourtoisie des protagonistes) sur le forum de zouker.com, à propos de Créolité et Afrocentricité. Aussi me suis-je permis d'en copier-coller cet extrait, en invitant ceux qui le souhaitent à reprendre tout le fil de cette dispute/discussion là où elle a eu lieu. A moins que , comme je l'espère, un débat plus courtois et serein ne se tienne ici, notamment avec la participation des deux personnes sus-mentionnées...
NOTA : le post ici copié-collé est bien de Fari, textuellement.

Citation:
colibrichips75 a écrit:
En fait, il est intéressant de souligner que l’appropriation d’un terme fut, semble-t-il, l’objet d’un « rapport de force » entre les békés et les puristes, puis d’un rapport de force entre békés et noirs (...) C’est donc très tôt que le créole a désigné le colon par soucis de légitimer les privilèges et la hierarchie naturalisée qu’il existait entre le béké dit créole et l’esclave. (...) Ces nègres et mulâtres libres, afin de prendre des postes administratifs ou à pouvoir, mirent en avant ce terme.


Merci pour l'hagiographie du terme créole, soeur Colibrichips75, mais de ce qui ressort de ces explications c'est que le terme "créole" est une APRROPRIATION, c'est toi même qui le dit d'un terme que les bourreaux Blancs racistes utilisaient pour ce désigner eux-même. Je rappelles tes propos à ce titre "C’est donc très tôt que [b]le créole a désigné le colon[/b". Tu poursuis en ces termes "on pourra dire que le créole est un mot inventé par l’occidental et sûrement pas par l’Africain" et de conclure ainsi: "nous nous sommes appropriés ce mot". Le terme "approprier" est vraiment important, et tu ne peux l'ignorer. Quand bien même ce terme, aujourdh'ui ne désigne pas dans "vos têtes et dans vos coeurs", ce dont je ne doute pas, "un terme raciste", force est de constater que ce terme (créole) désigne originelle les bourreaux Blancs racistes. En fait il s'agissait d'une auto-définition, vu le que terme n'est pas africain, mais bien indo-européen.

Citation:
colibrichips75 a écrit:
Messieurs, les kémites, merci de vous intéresser aux Antilles, mais plutôt que de crier que vous combattez le racisme, cessez de reprendre systématiquement des définitions albocentriques, cherche le sens profond des termes. Est-ce que moi je vous parle de l’Afrique en m’inspirant d’ouvrages de B. Lugan ? Bon. Alors !

Là pour, la peine j'ai repris les explications que tu nous a gracieusement fourni. Tu ne pourras pas m'accuser de mauvaise foi, quand même? Et puis entre nous, était-il nécessaire de nous comparer à cette vermine dont j'éviterai de citer le nom? Crois-tu vraiment que le rapport que nous avons avec les soeurs et les frères Kémites des Caraïbes est comparable à celui qu'entretient cette vermine avec l'Afrique dans ses écrits haineux? Aucun Kémite éclairée ne pourrait se reconnaitre dans les idéaux de cette vermines mais bien des soeurs et des frères Kémites des Caraïbes se reconnaissent dans l'afrocentricité, preuve que nous n'avons rien à avoir avec cette pourriture. S'il te plait, soeur, évite à l'avenir de nous mettre sur le même plan que ce genre d'individus.
Citation:
colibrichips75 a écrit:
nous consentons à envisager notre destin collectif autrement que par la référence constante à l’Afrique ou à l’occident. Nous sommes au sens le plus fort du terme, une nation. Et cette nouvelle revendication n’est pas l’objet d’une quelconque aliénation, car la volonté du « créole » est une reconquête de soi et notamment la recherche de nos racines, des racines de notre culture (culture africaine, notamment).

D'un côté les créolistes "consente" (quel terme horrible) "a envisager leur destin autrement qu'en faisant la référence constante à l'Afrique" et de l'autre côté les créolistes recherchent leurs raciens (notamment africaines). Il faut que tu m'expliques, comment fait-ont pour rechercher ses racines africaines sans faire allusion constamment à l'Afrique quand cette idéologie-fantaisiste, par ailleurs- voit sa genèse dans les cales de négrier, quand l'anthropologie des tenants de cette pensée insensée est proprement africaine, quand le sous-bassement de cette culture est africaine (quand bien même, elle fut influencée par d'autres cultures)?
Citation:
colibrichips75 a écrit:
Edouard Glissant dit cela parce que la cale du négrier est une sorte de gouffre qui sonne la mort de l’individu « authentiquement » africain.

Là on touche les limites du supportable! La pensée créolistes est tellement farfelue que pour justifier sa position, elle en vient à inventer, catégoriser, hiérachiser les Africains. Ainsi, il y a les "Africains authentiques" et les "Africains non authentiques", les "faux Africains". Si j'ai bien compris ceux des Africains qui n'ont pas eu le malheur d'être capturés sont des "vrais Africains", des "Africains authentiques" et les malheureux esclavagisés sont des "faux Africains", des "Africains inauthentiques". Une question, soeur Colibrichips75, a quelle moment devient-on "Africain inanuthentique"? Lors de la capture? Dès que l'on embarque? Dès le négrier lève l'encre?
Et que dire de ceux qui ont réussi à se rebeller dans le négrier et prendre possession du négrier jusqu'à les conduire sur les côtes africaine? Que dire de ceux qui se sont rebeller dans le négrier, mais qui, malheurseusement n'ont pas réussi à mettre le cap sur les côtes africaines et qui sont morts noyés? Que dire aussi, de ceux qui arrivés aux Amériques dans les colonies espagnoles, ont réussi à racheter leur liberté (comme à Cuba) et sont retourbés en Afrique?
Sinon, lequel des deux types d'Africain a le plus de valeur, est le plus important? L'authentique ou l'inauthentique? N'est ce pas le début d'une hierarchisation des êtres?
Cette notion fallacieuse d'authenticité africaine pose plus de problème qu'elle n'en résoud. C'est par le même procédé fasciste que les falsificateurs occidentaux se sont fourvoyés pour nier la paternité de la civilisation égyptienne aux Kémites d'Afrique. Ils créèrent ainsi les notions de "vrais Nègres" et de "faux Nègres", celle "de race rouge médiitérranénne" ou encore plus incongrue de "blanc à peau noire", tout cela pour justifier leur position intenable, qui voulait que les Blancs soient à l'origine de la civilisation égyptienne.
Soeur, la position des créolistes est insoutenable, tu viens d'en avoir la preuve, avec cette notion fumeuse "d'africain aunthentique" qui est une vue de l'esprit. Il n'existe pas plus d'Africain authentique que de vrai Nègre ou encore de Blanc à peau noire...

Nous savons que celles et ceux qui furent dans les cales des négriers partageaient le même patrimoine culturel que celles et ceux qui échappèrent à cette abomination que fut la traite europénne des Kémites en Afrqiue. Toi même tu le reconnais, dans ton post. Je te cite: "C’est un phénomène naturel chez tout groupe de migrants que de s’accrocher à SA culture, tout simplement parce qu’il est le seul élément de socialisation existant pour la plupart d’entre ceux-ci". Ta remarque judicieuse, par ailleurs, nous montre et démontre qu'il n'y a pas deux types d'Africains (vrais et faux), et que la culture est le "SEUL élément de socialisation EXISTANT". Ce qui tord le cou définitivement aux tenants de la créolité qui prône l'absence.
Citation:
colibrichips75 a écrit:
La créolité se fait porte parole d’une mémoire esclave sans cesse occultée ou relativisée. Il y a des lignes vraiment très fortes chez les auteurs créoles, sur ce que fut l’esclavage. L’appel des auteurs de la créolité tend à parvenir à diminuer l’influence englobale de la « culture et de l’idéologie des Centres » , contre le colonialisme, l’assimilation, l’assistanat, le faux savoir du livre d’histoire de celui qui se présente en maître.

T'es-tu jamais demandé pourquoi les tenants de le créolités s'étaient penchés sur l'esclavage et peu sur l'avant esclavage? Pour les tenants de la créolité, l'esclavage, et tu le sais, est le début, l'instant zéro de leur idéologie. C'est l'auto-genèse de la créolité. Dans toutes les sociétés, la question de la genèse est primordiale, voilà, pourquoi la Bible est le livre le plus vendu, le plus lu dans le monde judéo-chrétien, voilà pourquoi le coran est le livre le plus lu, le plus vendu et le plus commenté dans le monde arabo-islamique, voilà pourquoi l'esclavage passionne tellement les tenants de la créolité.
Tu nous parles de lutte contre le colonialisme. Mais qui fut le colon? N'est ce pas celui que les créolistes disent qu'il appartient de plein droit à la créolité, par ce qu'il a influencé la culture africaine des Kémites esclavagisés?
Tu parle aussi d'histoire (fausse) qui règne en maître. Mais qui impose cette fausse histoire? N'est ce pas celui que les créolistes disent qu'il appartient de plein droit à la créolité, parce qu'il a influencé la culture africaine des Kémites esclavagisés? Les créolistes disent accepter tous les apports, mais voilà l'apport des bourreaux blancs recistes antikémites: la falsification de l'histoire, la colonisation, l'assimilation, la déstrucration, l'aliénation, l'assitanat, l'esclavage....
Pourquoi les créolistes refusent cet apport, cette influence? Puisque'ils affirmentque le Béké, le Syro-libanais, le Coolie, lIndien Caraïbe et l'Africain ont chacun apporté des parts égales (c'est toi qui le dit: La créolisation remet le blanc à la place qui lui est dû, c'est-à-dire à égalité avec les autres composantes de la créolité. Dixit Colibrichips75). Tu vois encore que cette idéologie canabique trouve très vite ses limites et fleurte désagréablement avec la fange de l'absurdite la plus abysSALE.
Citation:
colibrichips75 a écrit:
La créolité prend tout cela en considération, elle ne nie pas que les gens aient pu garder leur culture. Elle condamne avec la plus grande virulence l’acculturation que Césaire, par exemple, critiquait mais qu’il a accéléré par la départementalisation. Mieux, la créolité s’attache à la recherche des fondements des cultures, condition essentiel pour la réalisation de nous-mêmes.

La créolité se veut réceptacle de toutes les expériences historiques et culturelles des populations des Caraïbes. Je voudrais que tu m'expliques comment fait-on pour condamner avec virulence l'aculturation, quand l'idéologie que l'on prône a pour fer de lance l'acculturation. Que l'on s'entende bien. On parle d'acculturation quand au moins deux cultures se rencontrent s'influencent, le plus souvent selon un modèle dominant-dominé quand l'une des deux cultures est d'esence indo-europénne.
Citation:
colibrichips75 a écrit:
Ainsi de nombreuses choses oubliés par les Antillais sont remémorés dans les livres des penseurs de la « créolité », histoire de forger une mémoire.

Ainsi de nombreuses choses A oublier par les Antillais (quel terme horrible) se retrouvent dans les livres des "penseurs" de la créolité. Petite remarque qui n'apportera pas forcémment de l'eau à notre moulin, mais il faillail la dire.
Citation:
colibrichips75 a écrit:
Ce que je pense, c’est qu’après la Shoah , la question juive ne pouvait plus être envisagé de la même façon qu’avant. Nègres, asiatiques et orientaux ayant subis le même sort aux Antilles, leur destin devait être redéfinis.

Et pourquoi cette question, ne pouvait être envisagée de la même manière? Qu'y-t-il de fondamentalement différent? Si tu veux exploiter cette question ouvrons un autre topic, car ça ne m'intéresse pas de polluer le sujet actuel avec des sujets qui touchent de loin celui-ci.
Deuxièmement, depuis quand les "Nègres, asiatiques et orientaux auraient subis le même sort aux Antilles"? Depuis quand les Syro-libanais, les Asiatiques furent esclavagisés par le bourreau Blanc raciste et anti-kémite?


Citation:
[quote="colibrichips75"]Vraiment n’importe quoi. Ta phrase n’a aucune logique, tu établis des liens de causalité entre des choses qui n’ont aucun rapport, c’est comme si tu me disais : « dire que colibrichips est moche, c’est dire qu’elle est gentille ». De plus, combien de nations sont nés d’un malheur extrême ? C’est le cas des Slaves qui on put construire leur pays après avoir vécu asservi par les Autrichiens et les Allemands, c’est le cas des Français qui reconnaissent la naissance de la nation française dans son universalité avec l’abolition d’un régime féodal, du servage et autres, c’est le cas des Juifs qui basent la légitimité d’Israël sur deux millénaires de souffrance. Les nations sont souvent constitués de personnes mises au ban qui de par leur situation ne peuvent plus qu’envisager leur avenir en commun, et cela même s’il n’y a pas de liens du sang véritablement présent. C’est une constante dans l’Histoire.


Citation:
Avant de te ré-expliquer par ce que je voulais dire en posant que la créolité est une légitimation de l'esclavage, je voudrais te poser question qu'en fait tu as déjà posée: De plus, combien de nations sont nés d’un malheur extrême ?
Les exemples que tu nous donnent sont faux. Les Slaves n'ont jamais créés une nation. Les Slaves sont une population éparpillé dans tout l'Europe de l'est et l'europe centrale. Les Russes sont Slaves, les serbes sont Slaves. D'ailleurs Yougoslavie veut dire Slaves du Sud. Ensuite, les Slaves furent depuis la haute antiquité les premiers esclaves des Romains. C'est d'ailleurs leur nom qui a donné le mot " esclave" ("slave, en anglais). Donc ton explication sur l'asservisement par les Autrichiens et Allemands est fausse.
Pour ce qui est de l'histoire de France, tu ne sembles pas plus dans le vrai. L'histoire de la nation française ne commence pas comme tu le prétends avec l'abrogation du servage et de la féodalité, mais dès Xè siècle avec la promulgation de la loi salique, qui est le premier document écrit en français. L'abrogation des privillèges et compagnie date de la fin du XVIIIe siècle avec le révolution de 1789 et les Constitution de. 1789 et 1792. Si ta position été vraie, alors comment expliquer que François Ier ou encore Henri IV se disent rois des Français? Preuve que la nation française existe bien avant la adte que tu nous donnes.
Les juifs ne basent pas leur Etat sur des millénaires de souffrances, mais sur le royaume de David. La Shoah a juste était un accélérateur de le concrétisation de ce voeu, car les Occidentaux avaient mauvaise conscience d'avoir appliqué à des Blancs ce qu'ils réservaient jusqu'alors aux Non-Blanc...Il faut faire attention à ce que tu dis, soeur...
En fin de compte tu n'es toujours pas arrivée à me prouver que les nations se forment grâce à des évènements horribles tels l'esclavage. Tu dis que c'est une constante, mais donne nous alors des exemples probants.
Pour en revenir à mon affirmation selon laquelle la créolité légitime l'esclavage; La créolité pose comme base, comme genèse, comme instant zéro, comme big bang, donc comme début de l'histoire la mise en esclavage des Kémites déportés dans l'enfer concentrationnaire des Amériques. Etant la genèse, cela veut dire que cet instant est par définition indépassable. Etant la genèse, cela veut dire que l'esclavage est un bien fait, dans la mesure où sans cet esclavage, le créoliste ne serait pas là, puisqu'il se définit par rapport à cet genèse. Par consquent le bourreau blanc raciste anti-kémite doit être loué, car le mal qu'il a fait un bien!
Quand tu te réfères à la genèse biblique, tu remarques que cet instant zéro est indépassable..il n'existe riien avant. Tu remarques aussi que cette genèse est louée, car sans cet évènement, l'islamo-judéo-chrétien ne serait pas là où il est, c'est par rapport cet événèment qu'il définit.


Citation:
[quote="colibrichips75"] Non, ce qui est constaté, c’est l’apparition aux Antilles d’un phénomène nouveau du aux différentes migrations, que la relation entre les différents groupes a forgé une culture inédite et détachable des cultures d’origine. Ce n’est alors pas l’image de l’esclave maudit qui est mis en avant, c’est l’image d’un homme à qui on a trop dit n’importe quoi et auquel il appartient de se prendre en main afin de « devenir ce qu’il est », de se reconquérir en luttant contre les poisons culturelles administrés par le colon.

Soeur, à qui a-t-on trop dit n'importe quoi?Au syro-libanais? Au Coolie? A l'Asiatique? Au Béké? Ou au Kémite déporté dans les enfers concentrationnaires des Amériques et des Caraïbes? Et puis, qui est ce "on"? Le Kémité esclavagisé? Le Coolie? L'Asiatique? Le Syro-libanais? ou le bourreau Blanc raciste esclavagiste anti-kémite?
Il est des faits que même l'engagement créoliste ne peut nier, la preuve en est ces quelques remarques que tu as faites :"(...)auquel il appartient de se prendre en main afin de « devenir ce qu’il est »". L'expression mise en guillemet est vraiment importante, car tu y parles de "DE-VENIR" et d'essence ("ce qu'il EST"). Pour de-venir, il faut au préalable venir, il y a par conséquent une dynamique, un mouvement. On aurait pu aussi dire RE-VENIR. Le mouvement est cyclique. Il est venu en étant ce qu'il est, puis après l'errance, ll de-vient(re-vient) ce qu'il est. Peut-être ne t'es tu pas rendu compte de la force de tes propos. Mais tu balaies d'un coup la créolité, en disant explicitement qu'ontologiquement cet homme dont parle les créolistes n'a jamais changé...Il s'est juste égaré, mais après 500 ans d'errance, il re-vient, il de-vient ce qu'il est. Car pendant cette errance, il n'est pas, en ce sens où son être, son essence a été voilé. Et que pour avancer il se doit re-venir, re-partir, de de-venir "ce qu'il est". Tant ce qu'il ne fait pas cet effort, il sera un autre, il ne sera pas lui-même.
Donc la théorie selon laquelle, l'homme qui a quitté l'Afrique, est un autre homme ontologiquement parlant est fausse, car pendant cette période de captivité cet homme "n'est pas lui-même".
Ceci est tellement vrai, que tu poursuis en ces termes " de se reconquérir en luttant contre les poisons culturelles". A nouveau on parle de RE-conquette. Pour se re-conquérir il faut avoir conquis...Conquis quoi? Son être, bien sûr...Donc l'esence de cette homme est bien antérieur à l'esclavage. Et pour re-venir, de-venir ou se re-conquérir, cet homme doit de re-tourner vers/en/à l'Afrique où se trouve son essence, son être qu'il a perdu pendant la parenthèse déstructurante que sont l'esclavat et la colonisation.
Citation:
colibrichips75 a écrit:
fari a écrit : La créolité est donc une idéologie de désolation de l'homme. Tous les hommes chérissent la liberté, les créolistes, eux chérissent l'esclavage, dont ils se vantent.

Peut-être saisi-tu mieux ce que je voulais dire là? Poursuivons, car la théorie de la re-conquette, du de-venir que tu as avancé malgré toi trouve des echos dans la suite de ton post.
Citation:
colibrichips75 a écrit:
(...) la créolité n’est pas une idéologie de désolation de l’homme, elle appelle à l’émancipation et à la reprise , au sens artistique comme au sens politique (lutte contre la domination culturelle,la primordialité occidentale, pour restituer une mémoire de ce que fut l’esclavage, la vie des différents groupes antillais depuis leurs arrivées successives, combat pour l’indépendance, contre l’assistanat et les méfaits de la départementalisation qui acculture et uniformise le monde antillais, contre une version prédatrice de l’universalisme, pour le Divers du monde,etc…).

Tu nous dit que cette idéologie (la créolité) n'est volonté de désespérer, de nier, mais dans la même phrase tu nous parles de "re-prise"...Pour qu'il y ait re-prise il faut qu'il y ait eu re-chute ou du moins chute. La chute de centaines de millions de femmes, d'hommes, d'enfants, de vieillards n'est-elle pas une désolation? N'est ce pas désolant de voir dans cette désolation la génèse d'une nation? N'est ce pas désolant d'offrir comme point de départ à toute un peuple la plus gande désolation de l'histoire de l'humanité qui débute il y a 200 000 en terre kémite?
Citation:
colibrichips75 a écrit:
La créolité est une démarche visant à notre liberté.

Liberté de qui? Des Békés? Des Syro_libanais? Des Coolies? Des Asiatiques? Ou des Kémites mis en esclavage?
Tu vois bien que la créolité, au lieu de faire converger les populations vers une seule voie, centralise tout sur le Noir esclave et exclus les autres (Békés, Coolies, Syro-libanais, Asiatiques,..). La genèse de la créolité se trouve dans le ventre du négrier, or qui était dans les négriers? Les Noirs esclaves, donc dès le départ la créolité exclus tous sauf le Noir esclave. Il se fout des genèses des autres. Un peuple ne peut avoir qu'une genèse sinon ce n'est plus un peuple mais plusieurs peuples.
La créolité selon tes propres mot est "une démarche visant à notre liberté". Le "nôtre", bien évidemment englobe uniquement les Noirs esclaves, puisqu'ils furent les seules à être mis en esclavage, il y a donc exclusions des autres populations (Békés, Syro-libanais, Coolies, Asiatiques,etc...).
Quelque soit le sens dans lequel on prend la créolité, en poussant le raisonnement par l'absurde jusqu'à son terme on se retrouve coincé, face à une absurdité! Mais poursuivons, nous ne sommes pas au bout de nos souffrances!
Citation:
colibrichips75 a écrit:
Par ailleurs, voilà ce que rappelle Glissant : « La créolisation qui constitue un processus impossible à arrêter n'a pas de morale. La créolisation ne permet pas de saisir mais plutôt de tenter d'appréhender ce qui se passe dans le monde. ». Ne pas prendre note de cela, c’est passer à côté.

Non seulement, la créolité se targue, malheureuement, de ne pas avoir de genèse, ou plutôt de voir dans l'esclavage (la plus grade désolation) sa genèse, mais en plus, un de ses plus grand penseur nous annonce que cette idéologie n'a pas de morale et qu'en plus elle est incapable de saisir le monde. Là, il me semble que c'est le sommet de la pitrerie! C'est là que ceux et celles qui croyaient voir dans cette idéologie une solution, se voient contraint de rire à gorge déployer car cette farce qu'est la créolité patauge dans la niaiserie la plus juvénile.
Comment une idéologie qui se veut universelle selon les dires de ses penseurs peut-elle se priver d'une morale? A-t-on déjà connu une société sans morale? Non, car on parle de société dès lors qu'apparait la morale. La morale, avec la genèse entre autres, constitue le fondement de toute civilisation. Même si cette morale est condamnable, criticable, un peuple ne saurait se passer de morale.
Une idéologie qui veut attquer de front les réalités douloureuses de la population qu'elle défend se doit de mettre en place les instruments de la compréhension des mécanismes néfastes et dévastateurs. Or que nous dit la créolité? Qu'elle est incapable de saisir le monde, qu'elle peut au plus "tenter d'appréhender ce qui se passe dans ce monde"! C'est à peine croyable! Ne dit-on pas que l'histoire se répète pour ceux qui ne la comprennent pas, qui ne la saisisent pas?
Et puis, entre nous, que dire d'un medecin qui se dit incapable de saisir pleinement les causes de vôtre maladie et qui au mieux tente d'appréhender ce qui se pase en vous? Peut-il encore se dire medecin?
Non seulement nous savions que la créolité était une pensée de la désolation, mais maintenant nous apprenons qu'elle se veut aussi volonté de fuite.
Citation:
colibrichips75 a écrit:
je ressens cette absence comme l’apparition d’un point de non-retour, qui fera de l’individu jeté à fond de câle une personne qui plus tard aura à reconstruire. Notre genèse, c’est « que faisons nous là ? et quelle est la raison de notre présence ici ? », s’il faut entendre la genèse en ce sens, la raison avancée par Glissant est malheureuse, mais juste malheureusement…

Pour ce qui est de l'absence dont parles créolistes nous sommes d'accord pour dire qu'ils se sont fourvoyés, car au contraire de leurs dires, il y a bel et bien présence. L'absence telle qu'elle est présentée par ces maîtres en désolations apparait justement comme tu le ressents, à savoir comme un point de non-retour. Et c'est ce qu'il veulent que les soeurs et frères Kémites pensent. Mais nôtre analyse de la situation fait que re-tour il y a, sinon comment expliquer que tu puisses parler en ces termes:" l’individu jeté à fond de câle est une personne qui plus tard aura à reconstruire". Il est bien question de re-construction, ce qui signifie bien qu'il y a possibilité de re-tour, puisqu'on ne peut re-construire que ce qui a été construit. Un mort peut-il se reconstruire? Bien évidemment non, car il se trouve dans une position de non-retour...Or que nous disent les créolistes? Que les Kémites des Caraibes, à l'instar du mort, se trouvent dans une position de non-retour. Que les frères et soeurs Kémites des Caraïbes sont morts, puiqu'ils se privent de 169 500 ans de leur histoire, de leur essence africaine, car étant dans une position de non-retour vers ce qu'ils sont. Désolé de te décevoir mais la genèse, ce n'est pas « que faisons nous là ? et quelle est la raison de notre présence ici ? », mais plutôt "d'où venons-nous?". Et à cette question, nous connaissons tous la réponse.
Citation:
colibrichips75 a écrit:
P.S. : les penseurs de la créolité ne forment pas un bloc comme chez vous. Il y a des critiques et des ruptures. Un Glissant n’était pas favorable à l’approche de Bernabé, Chamoiseau et Confiant. La critique est de mise. On est loin de votre art de discourir à la mode soviétique. (...) (Comme quoi, l’approche scientifique chez les kémites, c’est juste une façade)

Soeur, je te prie de ne pas parler des choses que tu ignores, car là tu appliques une chose très courante en mathématique, mais désatreuse dans la vie de tous les jours: l'extrapolation. Si tu estimes que les créolistes ont l'esprit critique tant mieux. Mais par pitié évite de dire des choses fausss sur nôtre compte, c'est la moindre des choses. Si tu estimes que sur une question bien précise et vitale, il est important d'avoir autant d'avis qu'il y a de personnes tant mieux, pour toi, mais par pitié, évite de nous indexer comme tu le fais, d'autant plus que ce que tu dis sur nous est totalement faux.

Merci de ton attention....bien à toi....

FARI

Qu'Amon nous garde et nous guide dans la voie de la Mâat

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olarticoechea
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Messages: 7

MessagePosté le: Dim 26 Déc 2004 19:54    Sujet du message: Répondre en citant

ne vous fatiguez pas, messieurs, vous ne pouvez pas lutter contre ceci :

aux antilles, il y eut apport d'autres éléments culturels que ceux purement africains. il y a donc eu fusion. ce n'est pas de l'acculturation. il s'agit du mouvement naturel de l'histoire, aucune culture n'est jamais figée

et quoi que vous disiez, l'élément fondateur de l'histoire antillaise, c'est la traite négrière, et pas l'égypte kémitique. effectivement, les antillais ont intégré dans leur culture des éléments provenant des gens qui les ont asservis. mais c'est exactement la même chose pour les nord-africains, qui ne sont majoritairement que des berbères arabisés; ou bien pour les français, qui ne sont que des gaulois ayant adopté les valeurs gréco-latines
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Pakira
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MessagePosté le: Dim 26 Déc 2004 22:40    Sujet du message: Répondre en citant

olarticoechea a écrit:
ne vous fatiguez pas, messieurs, vous ne pouvez pas lutter contre ceci :

aux antilles, il y eut apport d'autres éléments culturels que ceux purement africains. il y a donc eu fusion. ce n'est pas de l'acculturation. il s'agit du mouvement naturel de l'histoire, aucune culture n'est jamais figée

et quoi que vous disiez, l'élément fondateur de l'histoire antillaise, c'est la traite négrière, et pas l'égypte kémitique. effectivement, les antillais ont intégré dans leur culture des éléments provenant des gens qui les ont asservis. mais c'est exactement la même chose pour les nord-africains, qui ne sont majoritairement que des berbères arabisés; ou bien pour les français, qui ne sont que des gaulois ayant adopté les valeurs gréco-latines


Oui,mais il faut arrêter de généraliser,nous aux antilles et en Guyane sont à grande majorité des nègres,que nous soyons chabin,rouge etc...Désolé mais je ne considère pas que mon histoire commence avec la traîte négrière mais il y a des millénaires en Afrique
Ne compare pas la gaule et nous,le françiais d'aujourd'hui n'a rien avoir avec le gaulois(appart les bretons),tandis que nous nous avons gardé dans nos us des comportements africains...
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"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mar 28 Déc 2004 10:53    Sujet du message: Répondre en citant

Salut olarticoechea,

Je ne suis pas un fana, ni du PK ni de Fari. Bien souvent j'ai trouvé dans ses posts, sur différents forums, que ce dernier a laissé trop de place à l'invective (et autres recriminations), au détriment d'une argumentation aiguisée, tranchante, pour la défense de son "parti" pris.
Mais dans ce post, Fari s'est appliqué indéniablement à réduire point par point les arguments avancés par son interlocutrice (sans préjudice de ce qu'il y réussisse ou non) ; dans un effort qui mérite mieux que quelques réactions épidermiques...
En comparaison, désolé de constater que ton propos est bien trop paresseux et puérile :
Citation:
ne vous fatiguez pas, messieurs, vous ne pouvez pas lutter contre ceci : aux antilles, il y eut apport d'autres éléments culturels que ceux purement africains. il y a donc eu fusion. ce n'est pas de l'acculturation. il s'agit du mouvement naturel de l'histoire, aucune culture n'est jamais figée

Bien entendu, je ne me contenterai pas ici de copier-coller du Fari. Mais m'efforcerai de critiquer son post, dont je pense sincèrement qu'il est digne d'intérêt, de discussion.
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Kouokam
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Messages: 664

MessagePosté le: Mer 29 Déc 2004 18:59    Sujet du message: Répondre en citant

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