M.O.P. Super Posteur
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Posté le: Mer 26 Jan 2005 09:36 Sujet du message: Enquête: L’enfer des Africains en Russie |
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Enquête: L’enfer des Camerounais en Russie
http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=15876
Enquête: L’enfer des Camerounais en Russie
Le 26 Janvier 2005
© Brice R. Mbodiam, Mutations
Encore une mort suspecte. Liste des victimes antérieures. Témoignages d’anciens étudiants. Réaction de l’ambassade de Russie au Cameroun.
Russie: Chronique d'un décès suspect
La mort subite de Clarisse G. Mbango Dimoli remet à l'ordre du jour la sécurité des étrangers dans ce pays d'Europe
Plus d'un mois après son décès survenu le 08 décembre 2004 à l'hôpital Lénine de Chakhty, en Russie, la dépouille de Clarisse Gérardine Mbango Dimoli, étudiante en journalisme à l'université d'Etat de Rostov (localité située à près de 2000 km de Moscou), est finalement arrivée au Cameroun le 20 janvier dernier. Présent au domicile des parents, au quartier Bonamoussadi à Douala où la dépouille s'est arrêtée pour une veillée funèbre, Séraphin Ekouellé, un ami d'enfance de la défunte, témoigne, la gorge nouée : «C'était une fille brillante et très dynamique, malgré son jeune âge. Mais, comme on dit souvent, les héros meurent toujours dans la tragédie».
Sur les circonstances ayant conduit au décès de l'étudiante camerounaise, Serguey Pouzikov, Consul de Russie au Cameroun, affirme que Clarisse Gérardine Mbango Dimoli, née le 11 août 1979 à Douala, a été arrêtée le 07 décembre 2004, puis détenue dans les locaux de «la maison d'arrêt provisoire» de l'arrondissement de Rostov. Ceci parce que, poursuit le diplomate russe, «en juin 2004, elle a été exclue de l'université d'Etat de Rostov pour absentéisme et mauvais résultats. Et comme le prévoit la loi russe, elle avait un mois au plus pour rentrer au Cameroun. Mais, elle ne l'a pas fait. C'est la raison pour laquelle elle était retenue par la police, en attendant qu'un tribunal décide de son rapatriement. Mais, [au commissariat de police] elle s'est plaint de douleurs au ventre. On l'a aussitôt conduit à l'hôpital, avant qu'elle ne meurt», explique Serguey Pouzykov, en se référant à un fax parvenu de Moscou.
Une correspondance adressée au ministre des Relations extérieures, Laurent Esso, le 15 décembre 2004, par André Ngongang Wandji, ambassadeur du Cameroun en Russie, soutient que Clarisse Gerardine Mbango Dimoli a été internée au pavillon de réanimation de l'hôpital Lénine de Chakhty, au motif d'un «coma d'étiologie inconnu». Ce diagnostic signifie, selon un professionnel de la santé, «qu'on ne sais pas à quoi est dû le coma». Face à ce décès à la fois subit et suspect, l'ambassade du Cameroun en Russie demande et obtient de la famille de la défunte, basée à Douala, mandat pour exiger une autopsie.
L'opération a lieu le 20 décembre 2004, en présence d'un médecin camerounais, indique-t-on au Minrex. A ce jour, les résultats sont «toujours attendus», affirme le Consul de Russie au Cameroun, Serguey Pouzykov. «Chez nous aussi, les procédures administratives sont longues. Surtout lorsqu'il s'agit d'un problème délicat comme le décès d'un étranger», argue-t-il. Dans la famille Dimoli, on attend toujours. «Nous avons le droit de savoir de quoi est décédée notre fille. Les russes doivent nous faire cette faveur-là, puis que c'en devient une», déclare la mère de la défunte.
Contradiction
Face au flou qui entoure les circonstances du décès de leur camarade, les étudiants camerounais de Rostov, eux, ont eu recours à la manière forte : ils sont descendus dans la rue. Afin, écrivent-ils dans un article publié sur l'Internet (où sur Internet?), «réclamer plus d'éclaircissements sur l'affaire». Malheureusement, ils seront tous arrêtés par les policiers de Rostov. «Selon les lois en vigueur en Russie, il faut obtenir une autorisation avant d'organiser une manifestation publique. Ils ne l'ont pas fait», observe Serguey Pouzykov. L'infraction était donc suffisante pour que ces expatriés camerounais, qui par solidarité ont été suivis dans leur mouvement de contestation par des camarades «Arabes et Russes», indique le Consul de Russie, soient mis hors d'état de troubler l'ordre public. Et tous frappés, toujours selon les lois russes, d'une amende «symbolique» d'un rouble chacun (environ 500 Fcfa), à en croire les propos du diplomate russe.
Sur les circonstances qui ont précédé le décès de l'étudiante camerounaise, quelques détails demeurent cependant contradictoires. Les sources diplomatiques camerounaises indiquent que la jeune étudiante, sans sans qu'on ne sache pour quel motif, a été exclue de l'université plutôt le 1er septembre 2004 (et non en juin comme le mentionnent les sources russes). De même, font observer les autorités camerounaises, un visa de sortie valable jusqu'au 12 novembre 2004 avait déjà été délivré à Clarisse Gerardine Mbango Dimoli, par les services de l'émigration de la Fédération de Russie.
D'autre part, alors que le diplomate russe affirme que la défunte est décédée le 09 décembre 2004 à 07h du matin, les diplomates camerounais en poste à Moscou soutiennent quant à eux que le décès est plutôt survenu le 08 décembre à 23h30. C'est-à-dire, un jour après la sentence de rapatriement de Mlle Mbango, prononcée par le tribunal de Sovestky (ville également située dans l'arrondissement de Rostov). Mais, au-delà de ces points de désaccords, certaines informations recueillies auprès de la famille de la défunte sont de nature à remettre complètement en cause les différentes versions des sources diplomatiques camerounaise et russe. Notamment, sur l'exclusion de Mlle Mbango de l'université.
Espionnage
"C'est faux !", rétorque Francisca Dimoli, la mère de la défunte qui balaie l'hypothèse selon laquelle sa fille a pu être exclue de l'université d'Etat de Rostov pour «mauvais résultats». Et de rappeler que Clarisse Gérardine Mbango était l'une des récipiendaires de «la nuit des lauréates» organisée en 2001 par l'Association des femmes inspecteurs d'Etat, sous le patronage du ministère de la Condition féminine de l'époque. Celle qui s'inscrira par la suite à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l'université de Yaoundé II-Soa venait alors d'obtenir son baccalauréat A4 espagnol, au collège Alfred Saker, avec une moyenne de... 14,69. Séraphin Ekouellé, ami d'enfance à qui Mlle Mbango a fait quelques confidences pendant ses dernières vacances au Cameroun, affirme que cette dernière a également remporté un concours de poésie organisé par son université. Et de conclure : «C'était une fille très intelligente. Et ça n'arrangeait pas les gens là-bas», croit-il savoir.
Ce d'autant plus que, révèle -t-il, «elle nous a confié qu'elle avait des problèmes avec certains enseignants, parce qu'elle refusait de payer pour avoir de bonnes notes. Il paraît que cette pratique est aussi courante là-bas». Le 07 décembre 2004 (la veille de son décès), Clarisse Gerardine Mbango Dimoli avait déjà fait état de ce «problème avec un enseignant» à sa mère. C'était au cours d'une dernière conversation téléphonique pendant laquelle l'étudiante a confié à sa génitrice son intention de porter plainte contre cet enseignant qui, indique Francisca Dimoli, «menaçait de rapatrier» sa fille. Mais, déclare-t-elle, «je lui ai demandé de ne pas le faire, puisqu'elle me disait souvent que les Russes sont racistes. J'ai même proposé qu'elle rentre au Cameroun si ça ne va plus la-bàs».
Toujours en rapport avec la situation de son amie d'enfance en Russie, Séraphin Ekouellé croit savoir que certains reportages d'application (Mlle Mbango était étudiante en 2ème année de jounalisme) effectués en caméra cachée par l'étudiante camerounaise, ont pu avoir un lien avec son décès. «Elle nous a fait visionner ces images pendant ses dernières vacances ici [au Cameroun, Ndlr]. Elle faisait des investigations profondes sur la société russe. Sur une image on pouvait même voir comment elle subissait des menaces d'une dame. Je vous assure que nous avons eu froid dans le dos quand nous avons regardé ces images. Nous l'avons prévenue que ça pouvait lui causer des problèmes. Je suis persuadé que les Russes l'on prise pour une espionne», conclut-il.
Une hypothèse que ne réfute pas la mère de Clarisse Gerardine Mbango : «Je n'ai pas vu ces images. Elle ne pouvait d'ailleurs pas me les montrer parce qu'elle savait que je me serais opposé à ce type d'initiative. Mais, connaissant ma fille, je sais qu'elle était capable de faire des choses pareilles. Elle se disait certainement qu'en tant que journaliste, elle avait le droit de le faire», affirme Francisca Dimoli. Laquelle fait d'ailleurs observer qu'une «source sûre» basée en Russie lui a confié que, après le décès, l'appareil photo, la caméra et l'ordinateur de la défunte étaient les seuls objets à n'avoir pas été retrouvés dans sa chambre. Des instruments dont la disparition ôte à Mme Dimoli, l'espoir de pouvoir un jour lire «le livre que [sa] fille écrivait». Et qui devait être bientôt publié sur le site dénommé Bonabéri.com, dont la défunte était la promotrice. De quel sujet traitait ce livre ? Ce projet de la jeune étudiante camerounaise avait-il un lien avec les reportages en caméra cachée que réalisait Mlle Mbango ? Difficile de répondre à toutes ces interrogations en l'absence de la principale concernée, décédée à la fleur de l'âge. A 25 ans. Dans des circonstances troublantes.
Là-bas, l'abîme
L'indignation des responsables du Minrex et de l'ambassade de Russie au Cameroun.
S'il ne dramatise pas l'incident survenu entre étudiants et policiers à la suite du décès de Mlle Mbango, un haut responsable du Minrex qui a requis l'anonymat s'étonne quand même que les étudiants camerounais décèdent plus en Russie que partout ailleurs. Et généralement «d'infection pulmonaire». Car, affirme-t-il, «c'est la cause de la majorité des cas de décès qui nous parviennent ici». La même source émet d'ailleurs des réserves sur la probité morale des médecins russes généralement commis au constat des décès des étrangers, et sur la qualité du suivi médical des expatriés en Russie. Et une de ses collègues de renchérir sur un ton péremptoire : «C'est toujours comme ça avec les Camerounais qui vont étudier en Russie. Quand ils ne reviennent pas dans un cercueil, ils deviennent fous». Abel Biyiha, chef service des Camerounais à l'étranger et des étrangers au Cameroun au Minrex reconnaît, lui-aussi, qu'il reçoit beaucoup de plaintes de compatriotes victimes d'actes de xénophobie en Europe.
Mais, le phénomène est «très récurrent en Russie», précise-t-il, en ajoutant que des fois, «il y en a qui soutiennent [une thèse] le matin et sont lâchement tués le soir pendant qu'ils fêtent» leur succès avec des amis. Des actes de violence raciale que reconnaît Serguey Pouzykov, le Consul de Russie au Cameroun. Il regrette que ce fléau se soit accru dans son pays «depuis l'éclatement de l'Urss». Une recrudescence d'actes racistes due, selon lui, au taux de chômage élevé : 14 %. Conséquence : «Quand ils [chômeurs russes] voient un étranger, ils pensent que c'est à cause d'eux qu'ils ne trouvent pas du travail. Mais, chaque fois qu'on arrête un Russe coupable d'acte de xénophobie, il est sévèrement sanctionné», indique le Consul, qui accompagne son explication d'un geste énergique de la main droite. Des assurances qui ne réussissent cependant pas à rassurer les parents. «S'ils veulent qu'on n'envoie plus nos enfants en Russie, qu'ils nous le disent. Au lieu de continuer à briser les espoirs des familles entières», confie la mère de Clarisse Gérardine Mbango.
Evocation: Que de crimes impunis !
Dippah Kayessé
Le décès à la fois tragique et subit de Clarisse Gerardine Mbango Dimoli, jeune étudiante camerounaise en Russie, ne surprendra guère ceux qui ont, ces derniers temps, vécu dans ce pays. C’est dire combien de tels actes étaient devenus monnaie courante dans ce pays. Depuis quelques années, il ne se passe pas de mois sans que l’on n’enregistre des drames de ce genre. Face à la montée de la xénophobie, tous les étrangers ont été victimes de ces méchancetés, à un titre comme à un autre. Crimes et agressions à connotation raciste et xénophobe se sont développés à une vitesse vertigineuse sans la moindre réaction des pouvoirs publics.
C’est en octobre 1993 que je foule le sol russe, soit quatre ans après la dislocation du grand empire russe. Pour cette première année, tout semble bien se passer, ce d’autant plus que les étrangers se comptaient encore au bout des doigts. Puis, c’est le grand déferlement des étudiants africains désireux de poursuivre leurs études en Russie. Cette arrivée massive va plutôt provoquer chez une partie du peuple russe, en l’occurrence les jeunes regroupés au sein des mouvements néo fascistes, un sentiment de haine. «La Russie aux russes», «Pureté de sang, pureté de croyance», etc. Ces slogans qui résumaient l’exaltation du sentiment nationaliste étaient entendus dans toutes les villes du pays et les milieux.
Comme corollaire, il va s’en suivre des exactions de toutes natures dirigées contre les Tchierni, terme qui signifie noirs et désigne tous ceux qui ne sont pas slaves. «Tous ceux-là qui salissent le sol russe de leur présence» sont régulièrement pris à partie. Ils sont ainsi pourchassés dans la rue, le métro, les magasins et battus parfois à mort. Tous les 20 avril de l’année, jour anniversaire de la naissance d’Adolphe Hitler, des groupes de «skinheads», des nationaux fascistes facilement reconnaissables par leur crâne rasé, vêtements et chaussures noirs, envahissent les marchés tenus par les caucasiens, rodent aux alentours des campus. Cette chasse se solde le plus souvent par des incendies des foyers d’étudiants, mosquées ou synagogues.
En 2001, c’est un jeune étudiant libanais qui fut battu à mort à Voronej par des jeunes russes. Dans la communauté des étrangers, ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ils sont tous descendus dans la rue pour manifester leur ras-le-bol. En réponse, ils ont eu sur leur chemin une police prête à tout. Toutes choses qui font penser que c’est avec la bénédiction du silence des autorités que le vent xénophobe souffle en Russie. Celles-ci voient dans les manifestations des skinheads une simple délinquance juvénile, loin de toute connotation raciste. Raison pour laquelle rarement des plaintes déposées dans des commissariats pour dénoncer ces pratiques franchissent les mailles des tribunaux.
Temoignage: Vivre la peur au ventre
Modeste Mefenza
En Russie la banalisation de la violence fait le lit des agressions racistes.
Il hurlait de douleur, le visage ensanglanté, tenant de ses deux bras ses côtes. La violence des savates assenées par une horde de jeunes Russes excités avait certainement fait des dégâts. Le jeune africain s'était pourtant débattu comme un beau diable. Mais le verglas, en ce début du mois de janvier 96 très froid, rendait tous ses efforts vains. La scène se déroulait en face de l'université Patrice Lumumba, rebaptisée Université de l'amitié entre les peuples. Juste arrivée en Russie, j'avais suivi, déboussolé et impuissant, la scène à quelques mètres de là. Pas d'Africains aux alentours pour donner l'assaut en cette matinée de dimanche. Je fus marqué par cette scène durant tout mon séjour dans ce pays. Et pour cause. D'abord marginaux et sporadiques, les agressions à caractères raciales sur les Africains et autres ressortissants du Caucase vont gagner du terrain. Le crise monétaire et financière va amplifier le phénomène.
La peur deviendra, malgré nous, notre compagnons de route. Les jours de matchs de foot ou de hockeys sont les plus dangereux. Marchés, bus, tramway, métro plus aucun lieu n'était sûr pour nous. Sous les regards des russes tantôt approbateurs, tantôt impuissants ou résignés, les groupes néo-nazi «Légion skin», «Sang et honneur», «L'unité russe», semaient la terreur. Plus de 100 cas d'agressions sur les Africains dont six suivi de mort seront recensé en 2002. Difficile de l'accepter pour les africains, surtout chez ceux arrivés à l'époque soviétique où le système prônait légalité des races. Un pays qui a donné à l'Europe son premier général Noir en 1687, Abraham Pétrovitch Hannibal, arrière grand-père du créateur de la littérature russe Alexandre Pouchkine. «C'est un blasphème, ces jeunes arborant des croix gammées d'Hitler dans un pays qui a payé le plus lourd tribu de l'invasion hitlérienne avec plus de 20 millions de morts», s'indignait un ancien soldat russe de la «guerre patriotique», appellation ici de la deuxième Guerre mondiale.
Les autorités eux, refusent encore d'accepter l'existence d'un tel phénomène, et y voient plutôt «des actes isolés qui font partie de la situation de criminalité poussée qui règne dans le pays». Pourtant, il ne se passe pas de semaine sans que des cas d'agressions d'Africains soit signaler. Même les infirmes, les enfants et les diplomates ne sont pas épargnés. Des agressions que même la banalisation de la violence aussi bien dans la vie courante que dans le discours politique ne saurait justifier. L'intervention timides des diplomates africains n'a pas changé grand chose. Il aura fallu l'agression d'un attaché militaire Noir de l'ambassade des Etats-Unis pour que les autorités russes réagissent et, dans la foulé, fassent voter en 2003 une loi contre le racisme. Des clichés qui ne reflètent pourtant pas la réalité russe. Mais plutôt contraste avec l'extraordinaire hospitalité lorsqu'on les côtoie dans leur vie privé et en campagne où, autour d'un ver de vodka, leurs récits de certains rites et interdits donnent froid au dos.
Evocation: L'amère patrie
Panorama des violences perpétrées sur les Camerounais et les Africains en Russie.
Selon Modeste Mefenza, un ancien étudiant camerounais qui a fait ses études à Moscou, le décès qui a le plus défrayé la chronique en Russie en son temps, est celui du jeune compatrtiote, Claude Moluh Ncharé, fils d'un haut gradé de l'armée. Le 24 octobre 2001, il a été sauvagement poignardé par un Russe dans un bus à Toula, localité située à 300 Km au Sud-Ouest de Moscou. L'infortuné décédera quelques instants plus tard après avoir perdu beaucoup de sang. En décembre 2003, la liste des Camerounais morts en Russie s'enrichit d'un nouveau cas. En détention dans une maison d'arrêt de la capitale russe, le jeune Mbarga, fils d'un ancien diplomate en poste à l'ambassade du Cameroun en Russie décède. Officiellement, apprend-on, le décès est imputée à une vilaine tuberculose. Mais, dans les milieux camerounais, certaines sources soutiennent mordicus que leur compatriote a rendu l'âme après avoir été copieusement bastonné par ses geôliers. Des Russes. Même Pierre Narcisse Moudio, artiste-musicien camerounais, dont l'album fait un tabac jusque dans les milieux russes de Moscou, n'échappe pas à la fureur raciste.
Témoignage : «Il y a eu une grande bagarre au mariage de mon ami Chérif. La famille de sa femme, russe nous attendait et je me suis arrêté pour acheter un bouquet de fleurs. Lorsque nous sommes sortis du magasin, nous avons été attaqués par une trentaine de personnes. Le racisme touche particulièrement les Noirs. Mais, mêmes certains Américains, Français ou Chinois, par exemple, n'osent pas trop sortir le soir», affirme l'artiste dans une interview publiée le 13 mai 2004, sur Afrik.com, un journal en ligne.
M. Abel Biyiha du Minrex évoque également le cas de M. Nzalé, premier secrétaire de l'ambassade du Cameroun en Russie, qui a été agressé dans le métro à Moscou, il y a quelques mois. En compagnie de son fils, le diplomate camerounais n'a eu la vie sauve que grâce à l'intervention d'un groupe d'Africains. Le 02 décembre 2002, c'est l'ambassadeur du Zimbabwé en Russie, S.E Mountambara, qui faisait les frais des agresseurs, à l'entrée d'un supermarché, apprend-on dans l'édition du Panorama, version française du Moscow Times, du 25 avril au 15 mai 2002.
La même publication révèle que le 07 février 2002 près du métro Dobreminskaya, le 2ème secrétaire de l'ambassade du Kenya avait subi la colère raciste «de plus de 20 jeunes fascistes». Une vague de violences à laquelle n'a pas échappé l'épouse de l'ambassadeur d'Afrique du Sud en Russie qui, en date du 09 mars 2002, indique le même journal, «subissait les menaces et des insultes à caractère racistes d'un groupe de quatre jeunes garçons». A en croire les statistiques rapportées par cette édition du Panorama, et émanant de la Commission sécurité et éducation auprès des ambassades africaines en Russie, «108 cas d'agressions ont été perpétrées sur les Africains, entre mai 2000 et avril 2002. Six d'entre eux perdront la vie». A ce jour, les dégâts de la haine raciale en Russie sont certainement plus considérables. |
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