Les Non-Blancs exclus des postes d’encadrement en France
24/02/2005
Le rapport officiel que l’élite française a tenté d’empêcher avant d’en étouffer l’impact.
Mars 2002, le Haut Conseil à l’Intégration produit un rapport officiel au premier ministre français intitulé Les parcours de l’intégration, dans lequel il s’interroge -en première partie dudit rapport- sur la présence des Français d’origine étrangère et originaires des DOM-TOM dans le monde du travail et notamment aux postes d’encadrement…Psychodrame dans l’élite française qui craint le pire, la question de la place des Non-Blancs, les Immigrés et leurs descendants dans la société française semblait enfin devoir être abordée, au moins en velléité. Les résultats tout comme les conditions de réalisation de l’enquête méritent de rester dans les archives de la discrimination à l’œuvre, du racisme à la française.
L’étude commandée par un service rattaché au premier ministère, le Haut Conseil à l’Intégration, a sollicité non pas un étudiant, stagiaire ou bricoleur de chiffres dans des conditions floues -de tels exemples abondent…- mais le très sérieux CREDOC, Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vies, organisme d’études socio-économiques qui travaille avec toutes les institutions françaises officielles et internationales demandeuses de statistiques qualitatives et quantitatives. On serait donc enclin au moins à entendre les résultats du CREDOC qui par sa position au sein même des institutions françaises à peu de chances d’être un lobby pro-intégrationniste.
Black-out sur les Blacks and Co.
Les conditions de l’enquête ont du être passablement douloureuses pour les enquêteurs du CREDOC qui prévient dans son rapport: « cette enquête s’est heurtée au tabou, prétendument républicain, qui interdirait de distinguer, même à des fins purement statistiques et sous le couvert de l’anonymat, le sort fait aux immigrés ou aux citoyens originaires des DOM-TOM, des Français dit « de souche ». ». Malgré la précaution d’une lettre de la CNIL -Commission National Informatique et Liberté- qui avalisait leur démarche, les enquêteurs n’ont pu obtenir la coopération des responsables des organisations approchées (?).
Faudrait-il préciser que pour cette étude, commandée par un service rattaché au Premier ministère français, des institutions publiques ont refusé de répondre à l’enquête ou n’ont pas donné suite après entretien préalable ! C’est le cas de la Direction générale de la Police Nationale, dépendant du Ministère de l’intérieur, de l’Assistance Publique -Hôpitaux de Paris-, du Ministère de l’Emploi et de la Solidarité (DAGEMO)…D’autres institutions relevant du giron de l’Etat ne se sont pas gênées pour refuser de répondre aux questions se rapportant à la place des Français non de souche dans l’encadrement des grandes administrations. C’est le cas de France Télévision, de la RATP, de l’IEP Paris.
Les Auchan, Usinor, EDF-GDF par exemple ont collaboré à l’enquête, au contraire des Renault, AXA, ou du très humaniste et plutôt écorché ces temps derniers, Le Monde. Qu’ont-ils donc à cacher ? Il est visible que beaucoup de Maghrébins français ou d’Antillais occupent des postes de préfets, ambassadeurs, sont à la tête des directions ministérielles, quand ils ne siègent pas dans les conseils d’administration pléthoriques des entreprises publiques. Que dire des syndicats, avides de justice sociale et professionnelle, des partis politiques aux discours policés sur la machine à intégrer ?
L’écran de fumée républicain a été brandi aux enquêteurs, pour se soustraire à l’étude, croyant dissimuler une forêt drue derrière une serviette de table… ridicule ! Un discours sur l’invisibilité sociale des immigrés ou des non-blancs était supposé prouver ou l’impossibilité d’une mesure de la discrimination raciale, ou au contraire, la bonne intégration de tous …puisque l’éventuelle discrimination ne peut se voir ! Il n’y avait donc qu’à circuler. Le summum de l’aberration étant atteint lorsque, arguant que la république est une et se refusant à en analyser les composantes ethniques sous le prisme de leur intégration professionnelle, les hiérarques, qui se sont vite transmis l’argument comme tenus par une main invisible, tentaient une stratégie de blocage en amont de l’objectivation de la discrimination…
Quant aux entreprises interrogées elles n’ont pas embrayé sur la rhétorique républicaine mais sur la prédominance du critère de compétence dans la logique d’activité. En tous cas la question a été jugée peu importante…
Il a donc fallu aux enquêteurs, face à l’écran d’opacité opposé par les élites comme coalisées, sentant que quelque chose se jouait qui pourrait à terme vulnérabiliser bien des privilèges, compléter les données fragmentaires recueillies péniblement par des explorations informelles car le fait est que l’information en elle même est mobilisable.
Au terme de ce périple, les enquêteurs arrivent à des résultas portant sur dix organismes privés et publics -Auchan, Usinor, EDF-GDF, Ville de Bobigny, CFDT, ESSEC, …- relativement aux proportions de cadres immigrés dans les grandes entreprises et administrations françaises. Pas plus de 4,7% de cadres étrangers ; 6,1% pour les Français par acquisition ; 8,2% pour les Français de 2ème génération ; 1,1% pour les Français des DOM-TOM. C’est la déclinaison grandeur nature de la fraternité républicaine ! On comprend que, politiquement très incorrect, un tel rapport ait été soumis à une Omerta en règle. Silence, c’est l’heure de la soupe pour les de souche…
En rapprochant les récentes attentions des médias et politiques français sur les discriminations raciales aux Etats-Unis, rappelant les épisodes historiques de la lutte pour les droits civiques afro-américains d’un certain Luther King ; en rendant raison à la Mairie de Paris qui a fait Mumia Abdul Jamal, prisonnier afro-américain, citoyen d’honneur de la ville et capitale française ; il y a fort à parier que ces épidermiques accès anti-racistes n'ont rien à voir avec des règlements de compte diplomatiques liés au différend irakien…
Prompts à donner de la trompette sur les discriminations raciales américaines et autres droits de l’homme, les hiérarques de la république française, une et indivisible, n’auront manqué que d’un outil statistique pour mesurer l’ampleur de leurs pratiques d’exclusions…involontaires. Nul doute que l’instrument statistique disponible, d’un coup de baguette républicaine le tout sera remis en bon ordre d’intégration, la canicule aidant, la fin de la sécurité sociale pointant à l’horizon etc.
Lire Les Parcours d’intégration ; Haut Conseil à l’Intégration ; Rapport au Premier ministre ; La documentation française, Mars 2002
Posté le: Ven 25 Fév 2005 10:34 Sujet du message: Re: Les Non-Blancs exclus des postes d’encadrement en France
M.O.P. a écrit:
Au terme de ce périple, les enquêteurs arrivent à des résultas portant sur dix organismes privés et publics -Auchan, Usinor, EDF-GDF, Ville de Bobigny, CFDT, ESSEC, …- relativement aux proportions de cadres immigrés dans les grandes entreprises et administrations françaises. Pas plus de 4,7% de cadres étrangers ; 6,1% pour les Français par acquisition ; 8,2% pour les Français de 2ème génération ; 1,1% pour les Français des DOM-TOM. C’est la déclinaison grandeur nature de la fraternité républicaine ! On comprend que, politiquement très incorrect, un tel rapport ait été soumis à une Omerta en règle. Silence, c’est l’heure de la soupe pour les de souche…
Ces chiffres ne veulent rien dire dans l'absolu. Il faut les comparer aux pourcentages dans la population totale. Par exemple, la France a à peu près 5% d'étrangers, 4,7% est donc loin d'être scandaleux en soi (mais il faudrait regarder dans le détail). Je ne connais pas les autres chiffres, mais 6.1% de français par acquisition ne parait beaucoup aussi.
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