Inscrit le: 06 Mai 2005 Messages: 1655 Localisation: Au sein de mon Empire
Posté le: Ven 06 Mai 2005 17:04 Sujet du message: Yovodah : 600 millions de morts ?
Voilà, le mois dernier, je lisais un topic traitant du chiffre "exact" de ce qui fut le plus grand crime contre l'humanité.
Le moteur de recherche accusant de sérieuses défaillances, je ne le retrouve plus.
C'est très important, car je n'ai pas envie qu'on me regarde avec des gros yeux à chaque occasion que j'aurais à l'avancer sans être en mesure de le prouver ou du moins de donner les sources et/ou reproduire les explications permettant d'arriver à un pareil nombre.
Moi je dirais plutot que ce chiffre est plutot le nombre de morts que l'occident a sur la "conscience", tout genocide Noir confondu. _________________ https://www.amazon.fr/dp/2955284106
Inscrit le: 06 Mai 2005 Messages: 1655 Localisation: Au sein de mon Empire
Posté le: Dim 08 Mai 2005 22:23 Sujet du message:
C'est très juste.
J'étais samedi au colloque organisé par Afrikamaat et Mainebuc.
Madame Plumelle Uribe, nous disait en substance que s'il l'on pouvait difficilement chiffré ni le nombres de morts, ni la douleur, l'on pouvait aisément chiffré le montant de réparations que nous seriont aujourd'hui en droit d'exiger. _________________ La vérité rougit l'oeil, mais ne saurait le transpercer
je n'ai pas envie qu'on me regarde avec des gros yeux à chaque occasion que j'aurais à l'avancer sans être en mesure de le prouver ou du moins de donner les sources et/ou reproduire les explications permettant d'arriver à un pareil nombre.
Pour comprendre comment est obtenu ce chiffre, voici l'article de l'auteure de la thèse de doctorat en géographie humaine qui l'a produit :
http://www.ankhonline.com/population_afrique.htm
Je te mets également les références de son livre :
Louise-Marie DIOP MAES, "Afrique, démographie, sol et histoire", éd. Khepera/Présence Africaine, 1994.
Nota : il faut distinguer les estimations concernant les nombres de Nègres déportés et réduits à la condition de "bois d'ébène" ou de "kahloush", et celles plus globales qui prennent en compte les guerres, massacres, assassinats, etc. qui ont été nécessaires au prélèvement des "bois d'ébène" ou "kahloush".
Dans le cas des déportés, les documents d'armateurs négriers, de ports négriers, de propriétaires d'esclaves et autres archives des autorités administratives publiques des pays esclavagistes permettraient de faire des estimations assez correctes. Mais il ne faut pas oublier qu'au moment de l'abolition du Yovodah, certaines archives ont été détruites, notamment afin d'embrouiller l'indemnisation des propriétaires de bois d'ébène. De plus, certaines cargaisons de "bois d'ébène" coulaient en mer, soit volontairement, afin d'échapper aux flottes militaires surveillant l'application des décrets d'abolition ; soit involontairement, par exemple à la suite de mutineries et révoltes de Nègres à bord, etc. Donc, non seulement il n'existe pas encore de travail exhaustif d'estimation du nombre de déportés à partir de toutes les archives disponibles. Mais même si un tel travail était réalisé (ce qui est fort souhaitable, avant que certains documents privés ne soient dispersés dans les trop nombreuses ventes aux enchères), il ne faudrait pas perdre de vue son caractère NECESSAIREMENT partiel, en raison des nombreuses "déperditions" dont j'ai signalé certaines causes. Enfin, en général les chiffres ridiculement bas qui circulent concernent seulement le nombre des déportés (sans aucune méthode d'estimation adéquate), ce qui n'a rien à voir avec l'ampleur globale de la catastrophe démographique due au Yovodah. Le seul intérêt de ces chiffres non étayés est qu'ils permettent de minimiser les conséquences gravissimes du Yovodah pour l'Afrique et les Africains.
Quant aux estimations de DIOP MAES, notamment les 600 millions, il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas du nombre de personnes directement mortes du Yovodah. Il s'agit d'abord d'un constat scientifique : aux 15/16 ème siècles, avant le Yovodah, la population africaine est comprise entre 600 et 800 millions d'habitants. En tout cas selon l'auteure, elle ne peut être inférieure à 400 millions d'habitants dans la plus basse des hypothèses. A la fin officielle du yovodah, au 19ème siècle, cette population n'est plus que d'environ 150 millions.
D'après ces données, pour obtenir approximativement les 600 millions, tu fais [[800+600]/2] - 150. Mais tu pourrais aussi faire [800-150], ou [600-150], ou [400-150], ou encore [[800+400]/2] - 150 ; etc. Dans tous les cas, tu obtiens des ordre de grandeur en centaines de millions qui sont sans rapport avec ce qui est communément admis. Plus que ces chiffres, ce sont ces ordres de grandeur et la manière de les calculer qui importent. Tu remarqueras d'ailleurs qu'on ne trouve pas exactement "600 millions", dans aucun des cas ici présentés.
Or comme il n'y a pas eu de grosse épidémie, ni de catastrophes naturelles (genre Tsunami, a fortiori pire que cela) il est logique et raisonnable de considérer que la principale cause de cette décroissance démographique consiste au yovodah. Auquel cas, l'ampleur effective de ce crime contre l'humanité nègre n'a rien à voir avec les chiffres habituellement colportés à son sujet.
Comment comprendre une telle catastrophe?
- le "bois d'ébène", du point de vue africain ce sont des agriculteurs, artisans, medecins, savants, etc. des "forces vives" des nations nègres qui sont ainsi broyées, réduites à néant.
- Pour extraire un bois d'ébène, il faut tuer en moyenne 9 nègres. Soit des résistants, des révoltés à fond de câle, des morts d'épuisement lors des longs voyages à pied pour réjoindre les entrepôts (Ouidah, Gorée), etc.
- pour imposer l'économie du yovodah, les esclavagistes ont destabilisé les sociétés politiques négro-africaines, suscitant de nombreux conflits, l'insécurité généralisée, l'affaiblissement des échanges commerciaux, l'étiolement des économies autochtones, donc un appauvrissement généralisé ; conditions aggravantes de la mortalité des populations.
- En perdant autant de ressources humaines dans des conditions d'intenses extraction de bois d'ébène, la natalité des populations africaines ne parvient plus à combler des saignées aussi sévères, les générations ne se reconstituant que trop partiellement, etc.
Donc, l'analyse devient certes beaucoup plus complexe, pluridisciplinaire, mais elle n'est pas impossible. En tout cas on peut en comprendre aisément la trame, et se rendre compte à quel point la misère actuelle de l'Afrique est liée aux conséquences du Yovodah. On peut aussi comprendre combien l'historiographie eurocentriste occulte le point de vue des victimes du Yovodah, et empêche de prendre conscience des causes profondes du marasme africain.
En outre, il faut bien voir que le Code de l'indigénat permet de poursuivre en Afrique même, après 1848, la réduction de millions nègres à la condition servile, et leur exploitation mortifère lors des Travaux Forcés. Donc le Yovodah s'est poursuivi en Afrique jusqu'en 1946, certes sous d'autres formes et statuts globalement dits de la Colonisation. Mais là encore ce sont des millions de Nègres qui ont été assujettis, violés, torturés, assassinés, du seul fait qu'ils étaient Nègres, dans l'intérêt exclusif des puissances esclavagistes renommées puissances coloniales. Cette dernière remarque est spécialement dédicacée aux imbéciles qui prétendent sur les plateaux télé et ailleurs que la "Traite" c'est y a très longtemps, de l'histoire ancienne...
Bien à toi _________________ http://www.afrocentricite.com/ Umoja Ni Nguvu !!!
Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum