Posté le: Mer 11 Mai 2005 19:07 Sujet du message: COMMERCE EQUITABLE OU UNE ESCROQUERIE INTELLECTUELLE?
Il y a un an j'avais effectué un travail sur le commerce équitable. Je vous livre ici une partie sur ce travail. Lorsque je l'ai présenté, je me suis enguelé avec un des membres du jury qui l'avait qualifié de "pamphlet politique" et s'était demandé si je n'étais pas à la solde "d'un sundicat" révolutionnaire. Pourtant, j'ai essayé d'être modéré par rapport à ce qui se passe réellement. Lisez ...
3ème Partie: LE CONCEPT DE COMMERCE EQUITABLE
Les relations commerciales entre les pays du Nord et les pays du Sud est une longue histoire marquée par les pillages systématiques des ressources et l’exploitation outrancière des êtres humains. Le Sud n’a jamais bénéficié véritablement des richesses créées par le commerce international. Considérés plutôt comme des réservoirs de ressources et des matières premières nécessaires à l’industries et à l’économies des pays riches, les pays du Sud et leurs populations corvéables à merci n’ont jamais été intégrés dans l’économie et le commerce internationaux. Dès l’origine, en fait, les échanges furent inégaux entre les pays du Sud et les pays du Nord. C’est pour réduire ces inégalités que le commerce équitable est apparu comme une alternative.
CHAP I : La définition du commerce équitable
Le commerce équitable comme concept de relations commerciales est déjà vieux de quelques décennies. Il s’est développé d’étapes en étapes et trouve ses origines même dans le développement du commerce international. Si son champ d’action est tout aussi le commerce international, les principes qui fondent sa légitimité sont avant tout « d’ordre éthique, social et politique ». C’est ce que nous allons voir dans les paragraphes qui suivent.
A – Contexte historique de la naissance du commerce équitable
Il a été signalé plus haut que le commerce équitable trouvait ses origines même dans le commerce international. C’est par réaction contre les injustices générées par ce dernier qu’il est né. On ne saurait donc pas parler de l’historique du commerce équitable sans un mot sur l’origine du commerce international. Ainsi, avant d’en arriver à la définition proprement dite du commerce équitable, allons-nous parler ici des débuts et fondements du commerce international, de la dénonciation de celui-ci, des premières initiatives de solidarité et de la chronologie du commerce équitable.
1. Les débuts et fondements du commerce international*
Il ne s’agit pas de faire l’histoire du commerce international. Les échanges ont toujours existé entre peuples depuis la nuit des temps. Toutefois, les rapports commerciaux mettant en relation plusieurs continents à la fois ne remontent pas aussi loin que les simples échanges entre tribus ou pays limitrophes. Ici, nous nous limiterons donc à la période dite des « grandes découvertes » du XVème siècles.
Entreprises par les Espagnols et les Portugais, puis tardivement suivis par les Français et les Anglais, les grandes découvertes permirent la colonisation et la constitution des empires coloniaux sur tous les continents. Ce fut la première vague de colonisation qui eut pour effet immédiat le « commerce du bois d’ébène » qualifié aussi de « commerce triangulaire » ou de « traite négrière. » Il s’agissait purement et simplement du commerce des Hommes Noirs d’origine africaine réduits à de simples marchandises. Le trafic a prospéré sur plusieurs siècles et généré beaucoup de profit de la part des « Négriers »
Les Européens à la recherche du « bois d’ébènes » - les Noirs africains traqués et capturés - échangeaient, contre ces derniers leurs produits : des cauris, du sel, des étoffes, etc. Ils les transportaient par la suite jusqu’aux colonies établies dans les Iles du Pacifique, de l’océan Indien et sur le continent Américain où ils étaient vendus ou échangés contre les denrées locales prisées en Europe. Le coton, le tabac, le sucre et autres épices échangés contre les Hommes réduits en esclavage étaient acheminés en retour en Europe où ils étaient revendus et généraient des profits exorbitants. Beaucoup de multinationales et des banques actuelles trouvent leur naissance dans ce commerce international criminel. A cette époque déjà, les grandes villes et leurs ports prospères comme Bordeaux, Nantes, Liverpool,… sont construites pendant que les côtes africaines qui sont censés de faire du commerce avec elles sont razziées et ruinées. Les seuls témoins de ce passé en Afrique ne sont ni châteaux, ni villes mais des hangars et des chaînes.
Ce commerce très lucratif et le travail des esclaves conduisirent tout droit à la Révolution Industrielle en Europe et aux Etats-Unis qui en étaient les premiers bénéficiaires. La Révolution Industrielle poussa tout naturellement ces puissances à la recherche des matières premières et de nouveaux débouchés des produits manufacturés. Ce fut l’amorce de la deuxième vague coloniale. « Les rivalités entre puissances coloniales se traduisirent en des affrontements dans des colonies. Les victoires militaires qui s’ensuivent assurent le prestige et l’affirmation de la puissance diplomatique. L’occupation et l’aliénation culturelles des populations vaincues peuvent commencer sous l’étendard de la civilisation ». Et l’exploitation économique prît un autre visage : les populations locales, appelées péjorativement indigènes, furent contraintes d’abandonner leurs cultures vivrières au profit des cultures industrielles décidées par les métropoles colonisatrices. Les mêmes métropoles décident des prix à ses convenances et à la seule sauvegarde de ses propres intérêts. Comme par hasard, cette époque coïncide avec celle des grandes famines dans un bon nombre de pays africains, par exemple, parce que les « indigènes » sont privés de leurs productions alimentaires
Comme la production, « toute la chaîne logistique – infrastructures et transports – est dédiée à l’exportation et non au bien être des populations locales ». Car, aucune route intérieure, aucun hôpital, aucune école n’ont jamais été bâties pour ces « indigènes ».S’agissant de l’Afrique, même les infrastructures de ce genre existantes sont interdites « aux chiens et aux nègres »
Ces pratiques commerciales fondées sur le pillage systématique des biens et des Hommes heurtaient profondément les principes moraux et éthiques élémentaires. Légitimées par des théories du libre échangismes qui affirment sans sourciller que le libre-échange sert les intérêts de toutes les parties participantes à des opérations commerciales, elles n’ont pourtant eu pour effet, à l’égard des population du Sud, que l’appauvrissement sans cesse croissant. Ces dernières ont gagné à l’échange d’être asservies à des économies exploiteuses prospères, nourries pourtant par leur travail et leurs biens.
Aujourd’hui encore, cette carte montre la part très négligeable du commerce international africain (1,1%) dans les échanges mondiaux (Source WTO 2000).
2 La prise de conscience et la dénonciation du commerce international*
En 1860 Eduard Douwes Dekker est fonctionnaire de l’administration coloniale des Pays-Bas dans sa colonie d’Indonésie. Ecœuré par l’oppression et l’exploitation dont les javanais sont victimes par le fait qu’ils sont contraints de cultiver le café destiné à l’exportation vers la métropole, il donne sa démission après avoir dénoncé, sans effet, cette situation à ses supérieurs. En cette année, sous le pseudonyme de « Multatuli (J’ai beaucoup souffert) », il publie son roman, Max Havelaar ou les ventes de café de la Compagnie commerciale des Pays-Bas, dans lequel il dénonce les abus de ce commerce. Son témoignage aurait pu être donné par n’importe quel fonctionnaire colonial de l’époque. Ecoutons-le :
« Il (le Javanais) compte ses années en récoltes, mesure le temps à la couleur des tiges mûrissantes (…) la possession d’un couple de buffles qui tireront sa charrue, voilà la chance qui lui sourit … en un mot, la culture du riz est pour le Javanais ce que la vigne et la vendange sont en Rhénanie et dans le midi de la France ».
« Mais voilà que des étrangers sont venus de l’Ouest et se sont rendus maîtres du pays. Ils souhaitaient tirer profit de la fertilité du sol et ordonnèrent à l’habitant de consacrer une partie de son travail et de son temps à la production d’autres espèces, qui dégageraient plus de bénéfices sur le marché d’Europe. (…) A qui me demanderait, en effet, si le paysan reçoit une rétribution proportionnelle aux résultats obtenus, je serais obligé de répondre par la négative. Le gouvernement (néerlandais) contraint ce paysan à cultiver sur ces propres terres les plantes pour lui, gouvernement ; il le punit s’il vend ses récoltes à tout autre qu’à l’Etat ; et c’est encore lui qui fixe le prix offert à ce même paysan. (…) et comme en fin de compte, l’ensemble de la transaction doit absolument faire apparaître un bénéfice, on ne peut trouver celui-ci qu’en accordant au Javanais juste assez pour l’empêcher de mourir de faim, ce qui serait préjudiciable aux capacités productives de la nation.
« (…) la famine est la conséquence fréquente de telles mesures, mais à Batavia, à Semarang, à Surabaya, à Passaruan, (…) les drapeaux claquent joyeusement aux mâts des navires où l’on charge les récoltes qui enrichissent les Pays-Bas.
« La famine ? Sur cette île de Java, riche, fertile, bénie des Dieu, la famine ? Oui lecteur. Il y a quelques années encore, des districts entiers ont été dépeuplés par la faim. Des mères vendaient leurs enfants pour un peu de nourriture. Des mères ont mangé leurs enfants, … »
Telle fut la nature de l’économie et du commerce dans les colonies. La décolonisation n’a rien arrangé. Malgré les prétentions du GATT de libéraliser les échanges en se fondant sur les principes de non-discrimination, de la réciprocité et de l’interdiction du dumping, les pays anciennement colonisés ne purent pas en profiter, même indépendants. D’une part, leurs exportations n’ont jamais connu de hausses ni en termes de prix, ni en termes de ventes. Pire encore, elles n’ont cessé de chuter jusqu’ à aujourd’hui. D’autre part, les institutions financières internationales ont dépensé d’énormes sommes de dollars pour financer … la pauvreté de ces pays pauvres. Et, à l’instar de Max Havelaar, « les alter-mondialistes » d’aujourd’hui ne cessent de dénoncer la dette et les termes de changes inégaux grevant les économies et le commerce international des pays pauvres.
2. Les premières initiatives de solidarité
Après les indépendances, l’économie et commerce international des anciennes colonies restent sous le contrôle des multinationales des anciennes métropoles occidentales. Comme au temps des colons, celles-ci ne se soucient guère des conditions de vie de leur main d’œuvre corvéable à merci. Mais dans les années 50 – 60, certaines opinions - notamment chrétiennes - sont choquées et émues par les conditions de vie des paysans du Sud. Comment peut-on expliquer, en effet, que ces gens travaillent dur pour que les multinationales du Nord et leurs consommateurs ne soient jamais en rupture de stock cependant qu’eux, les producteurs, n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins élémentaires, comme la bonne alimentation, les soins de santé, l’éducation des enfants, etc ? Ces multinationales continuent de dicter leur loi et les prix des produits des travailleurs du Sud continuent d’être fixés à New York, à Londres, à Paris, etc.
Il faut attendre près d’un siècle, après la publication de Max Havelaar dénonçant l’exploitation économique des peuples colonisés, pour voir une première initiative de solidarité avec les producteurs du sud apparaître en Europe. C’est au Pays-Bas précisément, la patrie de Maltatuli, l’auteur de Max Havelaar, que de jeunes catholiques fondent une association –S.O.S aujourd’hui devenue Fair Trade Organisatie - en vue d’importer les produits du « tiers monde ». Mais déjà, avant même que les jeunes hollandais ne se lancent dans l’aventure, une association américaine –SERRV- faisait du commerce avec les petits producteurs du Sud depuis les années 40 dans le but de les aider à lutter contre la pauvreté.
En Europe, l’initiative des jeunes hollandais est vite suivie par des organisations non gouvernementales qui, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, imaginent un nouveau concept de faire du commerce avec le Sud. Qualifié de « commerce alternatif », le concept se propose d’être une alternative justement au commerce international « conventionnel ». OXFAM ouvre le bal en 1964 en créant une société ayant pour objet l’importation des produits fabriqués par les artisans du « tiers monde ». Et 1969, ces produits sont distribués dans un réseau dit de « Magasins du Monde » qui se multiplient très rapidement en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. D’autres initiatives verront le jour par la suite en Belgique et en France. C’est dans ce contexte que les boutiques « Artisans du Monde » ont été crées en France grâce à l’initiative de l’Abbé Pierre.
3. La chronologie.
Le commerce équitable ne s’est pas mis en place subitement, du jour au lendemain. D’ailleurs, aujourd’hui encore, même s’il connaît des progrès de plus en plus fulgurants, il n’est pas une pratique rentrée dans les mœurs du commun des mortels : en 2002, un sondage Ipsos pour la PFCE montre que 32% seulement des français ont entendu parler du commerce équitable. En Belgique, ils étaient 38% seulement, selon une étude de TNS Dimarso pour le compte de Max Havelaar. Mais avant d’en arriver au stade où il en est actuellement, il a connu des étapes mesurables chronologiquement, depuis son époque mythologique qu’est la publication de Max Havelaar en 1860. Voici les dates importantes de l’histoire du commerce équitable (www.mission-humanitaire.com/comequit.htm) :
-Fin des années 40 : les Américains sont les premiers à faire du commerce avec les communautés pauvres du Sud.
- Fin des années 1950 : l'ONG anglaise Oxfam développe l'idée de vendre des produits réalisés par des artisans en difficulté dans le tiers-monde en leur garantissant ainsi des revenus réguliers.
- 1957 : de jeunes catholiques créent, dans le sud des Pays-Bas, une association en vue d'importer des produits du tiers-monde.
- 1964 : Oxfam décide de créer une société commerciale (qu'elle possède intégralement) pour gérer ses activités commerciales (principalement vente de produits venant du tiers-monde).
- 1964 : à Genève, lors d'une réunion de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement, les pays du Sud insistent sur la nécessité d'échanges justes ("le commerce, pas l'assistance", "Trade not aid").
- 1969 : ouverture du premier Magasin du monde aux Pays-Bas.
- 1988 : création du label Max Havellaar.
- 1989 : des organisations commerciales non conventionnelles opérant en Afrique, en Asie, en Australie, au Japon, en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud créent la Fédération Internationale du Commerce Alternatif (IFAT, "International Federation for Alternative Trade"). Elle s'est fixé pour objectif de promouvoir le commerce équitable et de jouer le rôle d'une enceinte propice à des échanges d'informations.
- 1990 : l'Association Européenne du Commerce Equitable (EFTA, "European Fair Trade Association) est reconnue comme fondation européenne après avoir été créé en 1987.
- 1992 : création du label Transfair international à l'initiative de EFTA et de Transfair Allemagne.
- 1994 : un réseau des Magasins du Monde (magasins vendant des produits du commerce équitable) s'est créé en Europe. Ce réseau s'appelle NEWS (Network of European World Shops) et il regroupe les fédérations des Magasins du monde dans quinze Etats européens (dont tous les Etats membres de l'Union, à l'exception du Luxembourg, du Portugal et de la Grèce mais la Suisse en est membre).
- 1997 : création de FLO (Fair Trade Labelling Organisations International). Il est chargé de coordonner les initiatives en matière d'homologation au titre du commerce équitable, d'élaborer des critères internationaux de commerce équitable pour chaque produit et de coordonner la surveillance requise pour faire en sorte que ces critères soient respectés par les commerçants et par les producteurs.
- 1998 : Les principaux organismes internationaux du commerce équitable se sont regroupés pour constituer une structure informelle appelée FINE.
B – L’évolution du concept « commerce équitable »
L’évolution du commerce équitable est liée à celle du vocabulaire utilisé pour désigner celui-ci. Jusqu’à l’apparition du phénomène « commerce équitable » comme pratique et manière de consommer autrement, le consommateur du Nord n’imaginait sans doute pas qu’à « l’autre bout, lointain, de la chaîne d’innombrables producteurs continuaient de suer sang et eau » pour lui. Il ne pensait sans doute pas faire partie de l’édifice des « ressorts iniques de l’échange inégal ». En s’introduisant dans les échanges internationaux, le commerce équitable a voulu équilibrer les rapports de force entre producteurs du Sud et multinationales du Nord.
Mais il lui a fallu un certain temps pour se construire un corpus de règles pratiques qui lui ont assuré cette stabilité relative qu’on lui reconnaît aujourd’hui. Il lui a fallu tout ce temps pour se donner une définition propre distincte de celle du commerce international « conventionnel ». Examinons les différentes acceptions plus ou moins proches de l’expression « commerce équitable », avant d’en arriver à sa définition officielle actuelle.
1. Commerce alternatif/commerce solidaire
Cela a déjà été souligné plus haut, les premières initiatives à l’origine du commerce équitable d’aujourd’hui, viennent des mouvements de solidarité qui pratiquaient « le commerce alternatif ». Constitués souvent par des agences internationales de développement, ces mouvements avaient pour but l’importation des produits provenant des ex-colonies d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie. Au début, « les objectifs originaux » de ce commerce « consistaient à accompagner ces pays et à leur offrir une aide pratique pour créer des emplois ou, tout au moins, leur permettre d’obtenir des revenus ». C’était la seule façon, à l’époque, d’aider ces pays exclus de l’économie marchande à intégrer les échanges internationaux.
A l’époque, le commerce « alternatif » ne fonctionnait pas selon des règles précises ni de critères établis : « les produits importés ne répondaient ni aux normes ni aux qualités particulières ». De plus, leur importation était limitée aux produits artisanaux plus faciles à fabriquer localement avec des ressources disponibles et à « importer en petites quantités »
2. Développement durable
Le terme de développement durable désigne un mode de développement qui assure la satisfaction des besoins présents des populations sans compromettre ceux des générations futures, en cherchant un équilibre entre :
-l'action économique,
-la protection de l'environnement,
-le développement social et le respect des traditions, de l'expression culturelle et politique.
Le commerce équitable y répond parce qu’il assure :
-Un développement économique et social : le prix plus élevé et l'engagement dans la durée permettent de renforcer les initiatives des organisations partenaires. Elles répartissent une partie des gains soit directement, soit sous la forme de services (scolarisation, logement, santé). L'autre partie est réinvestie dans l'organisation elle-même (matériel, formation).
-La protection de l'environnement : Les producteurs sont encouragés à développer de nouvelles méthodes de production qui respectent encore mieux l'environnement (agriculture organique, biologique, coton non blanchi au chlore,...).
-Le respect des droits sociaux fondamentaux : Les organisations partenaires défendent les droits de l'homme au travail. Elles garantissent des conditions de travail décentes. (www.echosolidaire.net)
3. Commerce éthique, commerce bio ?
Le commerce éthique concerne notamment le secteur des multinationales et des marchés internationaux « conventionnels ». Il vise à répondre à certaines exigences mises en place par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), pour s’assurer que les fabriques respectent les exigences minimales de bonnes conditions de travail des salariés. Il s’attache également à vérifier que les produits écoulés sur les marchés n’ont pas été fabriqués au mépris du respect des édictées dans les conventions internationales comme l’interdiction du travail des enfants, de l’esclavage et du travail forcé, de la non-discrimination, le respect de la liberté syndicale, etc.
Contrairement au commerce équitable, le commerce éthique ne prend pas pour critère les considérations du prix juste, de pauvreté des producteurs ni de relations commerciales fondées sur le long terme et le développement durable.
Le commerce éthique s’attache à mettre en conformité « les grands centres de production déjà développés avec les critères sociaux » établis par l’OIT.
Quant au commerce biologique, il concerne la distribution des produits issus de la filière biologique. Cette dernière est une production répondant à un cahier des charges strict, comme l’interdiction de l’utilisation de certains produits phytosanitaires. La production biologique a pour but le respect de l’environnement, notamment dans les pays européens, après des décennies de productivisme qui ont conduit à la pollution des sols et à la détérioration de la qualité des aliments. De plus, elle nécessite l’octroi des certificats de la part des organismes agréés de l’Union Européenne ou des Etats-Unis. Les certifications « représentent un coût souvent hors proportion par rapport aux moyens financiers des petits producteurs du sud ». Seuls, quelques produits issus du commerce équitable bénéficient du label « bio ».
Le commerce équitable est nécessairement éthique mais pas forcément biologique. Le commerce équitable s’attache à appliquer des pratiques et des critères dégagés par ses acteurs et consignés dans des documents. Le commerce équitable a en commun avec le commerce éthique « la volonté d’améliorer les conditions de travail des travailleurs », même si les deux partent de bases différents : le commerce éthique se contente de répondre aux exigences posées par l’OIT alors que le commerce se conforme aux critères dégagés par les acteurs de ce dernier. On peut également noter que si le commerce éthique a pour cadre l’entreprise quel que soit le lieu de son implantation, le commerce équitable a lui pour cible les petits producteurs du Sud.
4 Commerce équitable
On en vient ainsi à définir précisément ce qu’est « le commerce équitable ». Il peut être difficilement compréhensible pour « ceux qui aiment l’injustice parce qu’ils en vivent » que l’équité puisse exister dans les échanges. Car, introduire des rapports d’équité dans le commerce, cela « revient à secouer les rapports de domination » et d’exploitation qui caractérisent le commerce international depuis l’origine.
Pourtant, c’est le pari du commerce équitable : libérer les petits producteurs du Sud « des servages contemporains que constituent les conditions de vie dans lesquelles ils se débattent » en leur permettant de « passer d’un échange inégal entre le Nord et le Sud à un commerce équitable donnant la parole aux plus faibles ».
Ainsi, le commerce équitable se veut-il un système d’échanges social et solidaire, mettant en relation les acteurs du Nord – organisations du commerce équitable (OCE), associations ou sociétés commerciales – et les organisations de petits producteurs (OP) défavorisés du Sud. Les premiers ne sont pas animés par l’esprit de lucre. Ce n’est pas le profit qui motive leur engagement, mais l’aide au développement. Aux derniers est garanti, un prix juste, le respect de leur dignité, « un contrat à long terme et la fixation d’un prix minimum pour éviter la fluctuation des cours »
Il existe deux types de filière du commerce équitable : La filière intégrée et la filière labellisée. La première se caractérise par le nombre très limité sinon l’absence même d’intermédiaires. Les importateurs et les distributeurs de cette filière achètent directement auprès des producteurs et revendent directement aux consommateurs par le biais des magasins du monde. La deuxième, la filière « labellisée », c’est un organisme de certification intervenant dans le circuit de la filière intégrée. Il repose sur la garantie de produits de qualité en échange du respect des principes du commerce équitable résumés ainsi : « échanges commerciaux équitables (méthode de fixation des prix associant les producteurs, système de préfinancement des récoltes pour éviter l’endettement), respect des droits des producteurs et des normes de protection sociale, viabilité des contrats, suivi d’un processus démocratique, souci de l'environnement, soutien financier et technique aux producteurs, sensibilisation des opinions publiques du Nord, etc. »
Dans une démarche d’harmonisation des pratiques du commerce équitable, FINE a formulé une définition unique, en 2002, qui a mis d’accord tous les acteurs du commerce équitable :
« Le Commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète.
Les organisations du Commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel »
En vertu de cette définition, tous les acteurs du commerce équitable s’engagent à pratiquer le commerce équitable en fonction des critères et principes de base que nous verrons plus loin.
CHAPITRE II : Le fonctionnement du système « commerce équitable »
A partir d’ici, le commerce équitable cesse d’être un concept pour devenir une pratique, un système. Il s’est doté de règles et d’un cadre de fonctionnement, le tout pour canaliser les rapports des acteurs bien identifiables. Concernant ces derniers, il en est de deux types, complémentaires, qui font le succès du commerce équitable tel qu’on le connaît maintenant. Il y a les acteurs de terrain et les acteurs institutionnels :
A – Les acteurs de terrain du commerce.équitable
I y a 4 acteurs de terrain. Ils sont de quatre catégories et sont aux prises réelles avec les réalités du commerce équitable : les uns produisent, les autres importent, distribuent et/ou consomment les produits équitables. Ils investissent leur force de travail ou leur argent, ils font du commerce équitable leur métier de tous les jours. Bref, ils le vivent et/ou en vivent à des niveaux différents.
1. Les producteurs
Ils se situent tout au début de la chaîne du commerce équitable. Ce sont des paysans, des artisans ou des organisations non gouvernementales et associations locales communément appelés des organisations de petits producteurs (OP). Il s’agit de producteurs défavorisés et marginalisés des pays pauvres du Sud de la planète ayant des difficultés à accéder aux circuits des marchés internationaux. Ils doivent être en mesure de s’organiser dans des structures collectives de production telles que les coopératives, les associations, les exploitations familiales… et être capables de « contribuer au développement social et économique de leurs membres et de leur communauté ». Les petits producteurs du commerce équitable travaillent sous le contrôle de leurs partenaires du Nord en fonctions des accords (avec des OCE de la filière intégrée) et des critères généraux (du côté des OCE de la filière labellisée). Ces dernières vérifient qu’un certain nombre de conditions sont respectées, notamment celles consignées dans les « standards génériques du commerce équitable pour les organisations de petits producteurs ». C’est le prix à payer pour accéder au statut de producteur du commerce équitable.
Ces conditions sont présentées comme « des exigences minimales, que chaque organisation de producteurs se doit de remplir à partir du moment où elle rejoint le système du commerce équitable (…) ». Selon les bénéfices que leur activité a pu générer, les petits producteurs doivent satisfaire aux exigences de progrès, en montrant, par exemple, que « les bénéfices du commerce équitable atteignent les petits producteurs et/ou les travailleurs ». A cet effet, un rapport d’évaluation annuel est rédigé et soumis aux organes de contrôle.
Plus généralement, « les standards génériques du commerce équitable » qui sont, en réalité, une sorte de cahier des charges soumis aux petits producteurs du Sud, prescrivent à ces derniers 4 critères d’adhésion au système du commerce équitable.
a) Les critères sociaux et du respect de droits humains
Une participation démocratique et transparente des membres, respect de la liberté syndicale et de la négociation collective
La non-discrimination entendue dans les termes de la convention 111(art 1) de l’OIT
L’élimination de l’esclavage, du travail forcé et du travail des enfants
Paiement de salaires conformes ou supérieurs aux lois nationales, et aux accords sur un salaire minimum, ou la moyenne régionale
b) Les critères économiques
La valorisation des potentiels locaux et l’utilisation des matières premières ou savoir-faire locaux
La gestion et la répartition transparentes des revenus du commerce équitable
La simplification des circuits entre producteurs et consommateurs
Rentabilisation de l’activité en diversifiant les débouchés sur le marché local et le réinvestissements des bénéfices dans des programmes économiques, sociaux, écologiques, etc.
c) Les critères sanitaires, sécuritaires et environnementaux
Prévention des « accidents et des atteintes à la santé qui résultent du travail ou surviennent au cours du travail, en réduisant au minimum les causes des risques inhérents au milieu du travail » selon la Convention 155 de l’OIT suivie par FLO
Accepter et respecter le contrôle exercé à chaque étape par FLO
2. Les importateurs
Les importateurs sont généralement des centrales d’achats constituées par les organisations non gouvernementales de développement et solidarité internationale, fondatrices historiques du commerce équitables. Parmi celles-ci, des acteurs anciens comme OXFAM, aujourd’hui concurrencés par de nouveaux acteurs. Ces derniers sont également des associations de solidarité internationale créées dans le seul but de faire du commerce équitable avec le Sud, elles peuvent être aussi des sociétés commerciales créées à cet effet. C’est le cas d’Alter- Eco, une société française important exclusivement les produits équitables. Les importateurs forment le gros contingent de la filière intégrée. Mais tous les importateurs équitables ont en commun : la prise d’engagement à établir un partenariat direct à la fois commercial et d’aide au développement avec les producteurs. Cela fait partie de quelques « engagements impératifs » auxquels ils adhèrent, du moins pour les importateurs et distributeurs membres de la PFCE. Les voici reproduits ci-dessous :
a) Dans une approche solidaire du commerce équitable, travailler d'abord avec les producteurs parmi les plus défavorisés, dans le cadre d'un développement durable.
b) Refuser systématiquement une quelconque forme d'esclavage ou de travail forcé, y compris l'exploitation des enfants.
c) Contractualiser entre les différents partenaires des garanties portant sur :
-le prix du produit qui permet une juste rémunération des acteurs économiques. Celle-ci prend en compte leurs besoins et ceux de leurs familles, notamment en termes de formation, de santé, de protection sociale...
-la qualité des produits,
-le versement d'un acompte, lorsque les organisations de producteurs n'ont pas le fonds de roulement nécessaire pour acheter la matière première, ou pour vivre tout simplement entre la commande et le règlement final.
-le délai de livraison.
d) Privilégier des relations commerciales durables avec les producteurs. Pour eux, c'est la durée qui assure l'avenir.
e) Assurer la transparence dans le fonctionnement des différents partenaires, qui passe par une information réciproque à chaque étape sur les conditions de travail, les salaires, la durée des relations, les processus de production et de distribution, les prix, les marges...
f) Accepter le contrôle sur le respect de ces principes, à chaque étape du processus.
La filière labellisée ajoute : « de payer une prime qui permet aux producteurs d'investir dans le développement »
Il est remarquable que le rôle d’un importateur équitable dépasse de loin le simple cadre de l’import-export. Non seulement, il doit gérer l’activité commerciale classique d’import-export mais aussi il est tenu d’accompagner les petits producteurs, ses fournisseurs, en leur assurant des appuis techniques, financiers et participer, en plus, dans des opérations de sensibilisation des consommateurs du Nord au commerce équitable.
3 Les distributeurs
Jusqu’à une date très récente, les distributeurs des produits équitables sont restés les mêmes ONG de développement et de solidarité internationale. La distribution et la vente étaient donc assurées par les filières spécialisées contrôlées par ces ONG. C’est le cas d’OXFAM qui vend ses produits à travers un réseau des MDM ou « Magasins du Monde ». Les MDM sont « généralement des petites surfaces commerciales de statuts associatifs et dont les ressources humaines puisent dans le bénévolat ». Ce qui à long terme constitue d’ailleurs un handicap dans la mesure où il peut être de plus en plus difficile de compter uniquement sur les bénévoles.
Toujours en matière de distribution, les choses sont entrain de changer avec l’arrivée des nouveaux acteurs sur le marché du commerce équitable. Plus besoin d’aller chercher les produits équitables dans des boutiques spécialisées, à la sortie des messes ou lors des événements particuliers car, depuis quelques années, ils ont fait leur entrée dans les supermarchés.
Depuis que la filière de labellisation est apparue, en effet, la logique actuelle du commerce équitable est de permettre aux distributeurs conventionnels de vendre un ou plusieurs produits équitables sous l’engagement de respecter les principes fondamentaux du commerce équitable. Il suffit que le distributeur désirant vendre les produits équitables sollicite le label du commerce équitable pour le ou les produits concernés. Le label est octroyé par FLO/Max Havelaar à l’entreprise qui s’engage à respecter « les termes de référence », déjà évoqués, édictés par les organismes de labellisation. Elle doit bien sûr payer une somme modique pour chaque produit vendu pour avoir le droit d’exploiter la licence du label.
Les autres canaux de distribution sont des ventes en ligne et/ou par correspondance, des ventes directes auprès des collectivités locales et administrations gouvernementales, parlements, organisations internationales, etc.
3 Les consommateurs
Tout commerce a pour finalité l’écoulement de ses produits. A cet effet, le consommateur est un maillon non seulement final mais aussi primordial de la chaîne des échanges. Toute personne qui achète un produit est a priori un consommateur. Mais en matière de commerce équitable, on demande au consommateur de ne pas se contenter d’acheter mais de consommer responsable.
Ainsi, un consommateur équitable est-il souvent militant politique, associatif et/ou humanitaire. Il lui est demandé de « donner un sens » à son acte d’achat. On exhorte son intelligence et finit par comprendre que son geste d’achat est un pouvoir qu’il peut transformer en acte de changement. En achetant un produit équitable, lui dit-on, « il peut changer le monde ».
Comment ? Le consommateur, par ses achats, tient le pouvoir d’exiger que le producteur soit rémunéré correctement, que les conditions de travail dans les entreprises changent, que l’environnement ne soit pas dégradé, et qu’il ait des produits de qualité. Le consommateur est appelé à ne pas consommer idiot, à s’informer et à comprendre qu’il consomme grâce au travail des autres qui eux, peut-être, n’ont pas le minimum pour vivre décemment.
Pour le commerce équitable, un bon consommateur est un consommateur qui se pose la question : que puis-je faire … pour préserver le futur ?. Un tel consommateur est conscient et prend des engagements. Voici ce que Max Havelaar France suggère à ce nouveau genre de consommateurs : « Dans vos rayons, préférez les produits portant le label Max Havelaar. Sensibilisez votre entourage : parlez du label Max Havelaar, faites goûter les produits...Faîtes entrer le commerce équitable sur votre lieu de travail. Faîtes en sorte que votre ville s'engage pour le commerce équitable ».
Aux collectivités locales comme aux entreprises il leur demandé de s’engager à :
« Favoriser la consommation de produits équitables dans les services et les lieux de restauration gérés par ma collectivité ;
- Mettre en œuvre des actions d’information et de sensibilisation sur le commerce équitable auprès des agents publics et des habitants de leur collectivité ».
Le consommateur du commerce équitable s’est-il ainsi trouvé un nouveau nom : il est « consom’acteur »
B – Les acteurs institutionnels du commerce équitable
En vue de réussir son pari, le commerce équitable se devait de s’organiser et se doter d’un système d’encadrement lui permettant de fonctionner avec des règles cohérentes. Jusqu’à une époque récente, il n’y avait vraiment pas de règles de conduite communes à toutes les organisations du commerce équitable. Chacune, sur le plan local, essayait de fonctionner selon les principes éthiques, moraux et de solidarité qu’elle se fixait elle-même. Petit à petit, les différentes organisations ont senti la nécessité de s’organiser et de se structurer aussi bien sur le plan national qu’international afin de donner plus de poids à leurs activités et d’affermir leur notoriété. Elles ont ainsi formé des plateformes et des organismes à caractère national ou international auxquels elles ont délégué certaines de leurs missions communes.
1. Les organisations de labellisation
Les organismes de labellisation « ont pour rôle de contrôler de manière indépendante la conformité des conditions de production » à la charte du commerce équitable.
Le premier organisme de labellisation a vu le jour en 1988 sous le nom de Max Havelaar, plus de vingt ans après la naissance effective du commerce équitable. Max Havelaar a été suivi par d’autres initiatives nationales de labellisation qui établissaient chacun une charte au regard de laquelle ils contrôlent leurs membres.
En 1997, les différents labels nationaux de commerce équitable, 17 au total, se sont regroupés dans une « fédération » internationale du nom de « International Fair Trade Labelling Organisations (FLO).
Cette dernière se voit alors attribuer les compétences de « coordonner les initiatives en matière d’homologation au titre du commerce équitable, d’élaborer des critères internationaux de commerce équitable pour chaque produit et de coordonner la surveillance requise pour faire en sorte que ces critères soient respectés par les commerçants et par les producteurs ». FLO peut-être ainsi considéré comme un organe de « législation » et de contrôle en matière de commerce équitable, puisqu’elle est chargée d’harmoniser les critères du commerce équitable au niveau international. En harmonisant les critères du commerce équitable, FLO se donne pour mission d’améliorer la situation des producteurs désavantagés et crée également l’infrastructure permettant de « pratiquer le commerce dans des conditions qui leurs sont favorables »
Le travail de FLO et des 17 autres initiatives nationales de labellisation consiste en trois missions :
a) La certification et la garantie du respect des normes : pour ce faire, FLO visite les organisations de producteurs par l’intermédiaire de son réseau d’inspecteurs et contrôle « la conformité des négociants et des commerçants aux conditions du commerce équitables » déjà vues. Un système d’audit a été spécialement développé, à la lumière duquel on vérifié que chaque produit portant le label du commerce équitable vendu à un consommateur a effectivement été produit par un producteur certifié, qui s’est vu payer un juste prix..
b) Le développement de marchés : En vue d’accroître l’impact du commerce équitable, les organisations de labellisations « analysent les marchés et leurs tendances pour les biens produits dans le Sud ainsi que les structures et les mécanismes de la production du Sud et du commerce international ».
c) Le soutien aux producteurs : FLO permet aux petits producteurs de répondre plus rapidement aux évolutions du marché et d’améliorer leur conformité aux normes du commerce équitable.
FLO a pour ambition d’être le défenseur d’un système privé international en matière de définition des normes du commerce équitable sans immixtion des pouvoirs publics. Pour ce faire une demande de reconnaissance en matières de certification au niveau européen (EN 45011) et international (ISO 65) a été déposée.
Pour une plus grande efficacité, FLO collabore en plus avec les autres organismes de certification privée au sein de la plate-forme ISEAL (International Social and Environmental Accreditation and Labelling Alliance), basée Canada.
2. Les organisations de concertation et de coopération
Depuis les années 1970, les organisations de commerce équitable se sont multipliées un peu partout dans les pays du Nord. En même temps, des rencontres et des échanges informels se sont mis en place et ont ainsi fonctionné jusqu’à la fin des années 1980.
Ces rencontres et échanges ayant permis de constater les injustices insupportables auxquelles le Sud est soumis, les organisations de commerce équitable ont compris la nécessité de mettre en commun les moyens afin de « renforcer leur coopération à un niveau international, de faire du lobbying et d’exercer plus d’influence sur la scène internationale ».
En 1989 les ATO/FTO (Alternative/Fair Trade Organisations), décident ainsi de créer l’IFAT ou « l’International Federation For Alternative Trade ». L’IFAT se présente alors comme l’association, ou le réseau mondial, de toutes les organisations de commerce équitable, de la production à la vente, au niveau mondial. En associant les organisations de toute la chaîne du commerce équitable, l’IFAT devient le seul « forum permanent Nord-Sud ». Elle forme un réseau de plus de 220 organisations de commerce équitables situé dans 59 pays du Nord comme du Sud. L’IFAT porte le message, sur le plan mondial, que chaque organisation de commerce équitable essaie de faire passer au plan local : travailler à l’amélioration du bien-être des populations du Sud, changer les règles iniques et inéquitables du commerce international « conventionnel ».
Son action se déploie dans quatre domaines :
-Organisation de conférences internationales offrant des opportunités de partenariat entre ses membres dans les domaines du développement de produits spécifiques et de l’accès à la commercialisation, au financement et à la formation professionnelle ;
-Activité de plaidoyer en faveur des droits des producteurs exploités auprès des gouvernements nationaux et des institutions du commerce international
-Développement de critères du commerce équitable internationalement reconnus.
-Echanges d’informations, à travers son service d’information, afin d’augmenter les ventes, renforcer l’efficacité du travail de sensibilisation des consommateurs mené par les organisations du commerce équitable.
Toujours dans la recherche de l’efficacité, et après plusieurs années de coopération informelle entre organisations de commerce équitable européennes, EFTA – European Fair Trade Association – a vu le jour 1990. Elle compte aujourd’hui 11 membres, composés de centrales d’importations dans 9 pays européens. Elle travaille avec 400 organisations de petits producteurs du Sud. EFTA peut-être considérée comme un syndicat par excellence des importateurs européens des produits équitables. Le but de l’EFTA « est de faciliter et rendre plus efficace l’importation des produits issus du commerce équitable. Pour ce faire :
-elle organise un réseau d’information sur le commerce équitable, des meetings permettant l’échange de bonnes pratiques entre acteurs mais aussi l’échange d’informations sur les nouveaux produits, les difficultés rencontrées, etc ;
-elle se donne pour rôle de coordonner et d’harmoniser les activés de commerce équitable au niveau européen et international ;
-Elle publie des documents de référence sur le commerce équitable et mène des activités de lobbying auprès des responsables politiques et commerciaux dans le cadre de la promotion du CE ;
Dans le domaine des publications, deux d’entre elles, annuelles, font autorité dans le commerce équitable. Il s’agit du « Fair Trade Facts & Figures » et du « Fair Trade Yearbook – Challenges of Fair Trade ». La première « porte sur l’état des marchés et des acteurs européens » la deuxième « sur les enjeux du commerce équitable et des marchés internationaux »
3 Les organisations des distributeurs
Organisations non gouvernementales, associations ou sociétés commerciales, les organisations de commercialisation des produits équitables sont nombreuses et de toute forme juridique. La plupart font toutes partie de l’IFAT qui est la seule organisation internationale à représenter les organisations de commerce équitable. Mais en 1994 les fédérations nationales des Magasins du Monde (magasins de distribution de produits équitables sous contrôle de différentes organisations du commerce équitable) créent au niveau des 13 pays de l’Europe occidentale NEWS ! ou le « Network of European World Shops ». Les membres de NEWS sont des distributeurs, comme il a déjà été souligné, mais ils peuvent cumuler cette fonction avec celui d’importateur. Ce réseau a été crée non seulement pour échanger des idées et des informations sur le marché européen mais aussi pour mener en commun certaines opérations comme celles de promotion et de lobbying en direction des institutions européennes.
Les objectifs globaux de NEWS ! sont :
-lier des magasins du monde et des organismes de magasin du monde dans l'ensemble de l'Europe.
-lancer, diriger et favoriser des campagnes communes et coordonner des activités au niveau européen lancées par les associations nationales de magasin du monde dans le but de favoriser la foire commerciale en général et le monde fait des emplettes en particulier. Les activités visent, aussi bien le grand public les médias que des décideurs politiques en Europe.
-stimuler et soutenir le développement des associations nationales de magasin du monde en Europe.
Pour parachever « ce processus de concertation au niveau international », les quatre grandes organisations du commerce équitable se sont doté d’un outil commun de lobbying. En 1998, elles ont crée FINE, acronyme des quatre tête du réseau international du commerce équitable : FLO, IFAT, NEWS ! EFTA. Depuis, dispose d'un bureau doté d'un salarié permanent à Bruxelles, aux portes des institutions européennes. Cette création répond, en premier lieu, à un voeu de la Commission européenne qui avait toujours souhaité avoir un interlocuteur unique sur le sujet. Mais le fait que FINE soit le porte-parole unique des actions de lobbying témoigne d'un progrès au sein des mouvements du commerce équitable. Le bureau de lobbying de FINE sera aussi l'interlocuteur privilégié d'autres organisations internationales comme l'OMC (Organisation mondiale du commerce) et la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement)
4 Les organisations de coordination nationale
Les organisations de commerce équitable ont encore trop peu de moyens pour se permettre certaines opérations, même au niveau national. C’est pour cette raison que, pour réussir certains événements et manifestations, les principaux acteurs s’organisent au sein d’une seule et même plate-forme en vue de promouvoir leurs activités. C’est le cas en France de la PFCE (plate-forme française du commerce équitable) Créée en 1997, elle est le seul organisme national de représentation des acteurs du Commerce Équitable. Elle regroupe pour l’instant 24 membres acteurs : importateurs, distributeurs, détaillants, boutiques, associations de promotion, associations de labellisation, structures de solidarité et 4 membres sympathisants. La PFCE a pour mission de coordonner les actions de ses membres, de mener des actions de lobbying et de sensibilisation du grand public, de faciliter la concertation, de faire réaliser les sondages et soutenir les actions locales. Le FTC tente de faire la même chose en Belgique.
CHAPITRE III : L’économie du commerce équitable.
Le mouvement du commerce équitable est né d’une évidence que le commerce international « conventionnel » génère les injustices. Un certain nombre d’acteurs s’étant mis à l’œuvre pour faire le commerce avec le sud autrement, un foisonnement de relations et de flux s’est crée entre eux. Ces relations et flux sont aujourd’hui visibles en termes d’impact chiffrable sur chacun des acteurs du commerce équitable.
A – Les relations entre acteurs du CE
Il a déjà été signalé plus haut, les acteurs du commerce équitable ont multiplié les cadres de concertation et de coopération ces dernières années, en vue de se donner plus de poids et ainsi de peser dans les décisions touchant au commerce international. Il est dès lors normal que les relations issues de ces rapports sous-tendent des tensions entre différents acteurs en raison des enjeux qui les rassemblent ou les opposent autour d’un même et seul projet : le commerce équitable.
1. Entre organisations de commerce équitable du Nord
Les organisations de commerce équitable sont des agents économiques à part entière qui, à la différence des autres, se fondent sur des relations commerciales durables, respectueuses de leurs partenaires ainsi que de leur environnement.
Actuellement confrontées à un environnement économique et commercial extrêmement concurrentiel, les organisations du commerce équitable du Nord, initiatrices de ce concept, sont amenées à changer de stratégie et à faire des choix si elles veulent que leur action puisse continuer. Sans rien renier de leurs principes directeurs, elles sont obligées, en effet, de s’adapter aux pratiques commerciales modernes en vue d’atteindre une certaine efficacité économique.
A l’intérieur même du mouvement du commerce équitable un débat reste ouvert, tant il existe des différences quant à l’approche commerciale. D’un côté, on trouve les anciens acteurs fondateurs du concept et majoritairement constitués d’organisations de solidarité internationale, de l’autre, les associations et les sociétés commerciales engagées dans le commerce équitable : les premiers restent partisans de leur formule originelle, c’est-à-dire, un commerce équitable proche de l’aide au développement. Constitués essentiellement de la « filière intégrée » du commerce équitable, ils sont généralement à fois importateurs – via leurs centrales d’achats – et distributeurs à travers leurs réseaux de magasins et boutiques implantés dans tous le pays.
De l’autre les nouveaux acteurs constitués principalement de la filière labellisée, sont plus dynamiques : ils veulent sortir le commerce équitable de ce « ghetto commercial » pour l’ouvrir aux circuits du commerce international « conventionnel », y compris, la grande distribution. Or, il est à craindre que ce dernier choix travestisse la philosophie même qui fonde le commerce équitable dans la mesure où le commerce international « conventionnel » le récupérerait pour le simple besoin d’image et de marketing social.
Mais au-delà de ces tensions qui les opposent, les organisations du commerce équitable du Nord s’organisent aussi et se structurent pour renforcer leur efficacité : elles ont par exemple réussi à s’intégrer dans les structures qui leur sont propres et celles dans lesquelles sont admises les organisations de petits producteurs du Sud. Ce qui leur permet ainsi de mieux collaborer et échanger les informations. Au niveau régional et international elles ont créé :
-FLO qui regroupe les organisations nationales de labellisation.
-IFAT la fédérations des OCE et des OP
-EFTA, le syndicat des importateurs
-NEWS le syndicat des distributeurs et
-FINE une superstructure des quatre premières, aux compétences encore mal définies.
Au niveau local et national, les organisations du commerce équitable s’organisent également en vue de mettre en commun certaines actions, comme la promotion du commerce équitable : c’est le cas déjà cité de la PFCE en France ou FTC en Belgique.
2. Entre organisations du Nord et producteurs du SUD
D’emblée, les relations entres organisations du commerce équitable du Nord et les petits producteurs du Sud sont avant tout commerciales. Même basées sur le dialogue, le respect mutuel et collégial, elles n’en sont pas moins mesurables en termes d’offre et de demande comme dans tout commerce qui se respecte. « En dépit du principe de durabilité et d’assistance technique », note une étude collective de Solagral et Cédac dans « Etat des lieux du commerce équitable – octobre 2002, « les ruptures de contrats avec les OP sont loin d’être négligeables », en raison du fait que l’une des parties ne répond pas aux attentes commerciales.
Toutefois le régime juridique des rapports entretenus dépendent de la filière dont font partie l’organisation négociante et l’organisation de petits producteurs du Sud. Pour la filière intégrée (IFAT, EFTA et NEWS !), les producteurs, les importateurs et les distributeurs sont liés par des engagements volontaires et quelques principes généraux. En 2002, elle s’est dotée d’un outil pratique, « Critères pour les organisations du commerce équitable » contenant les 9 points suivants que chacune d’entre elles se doit de respecter :
-Création d’opportunités pour les producteurs économiques désavantagés
-Transparence et responsabilité
-Renfoncement des compétences
-Promotion du commerce équitable
-Paiement d’un prix équitable
-L’égalité des sexes
-Les conditions de travail
-Le travail des enfants
-L’environnement.
Ces critères, devant régir les organisations du commerce équitable selon IFAT, ont été complété par un système de suivi et de contrôle à partir de certains indicateurs. Ce contrôle est assuré de trois manières :
-L’auto-évaluation : chaque organisation produit un rapport annuel où il fait le point sur ces propres pratiques et se fixe ses propres objectifs vis-à-vis des critères qu’il doit respecter
-Le contrôle mutuel : en vue de garantir la transparence mutuelle en partageant les informations, acheteurs et vendeurs doivent se transmettre les résultats de leur auto-évaluation
-Le contrôle extérieur : de manière aléatoire, IFAT sélectionne un échantillon d’organisations qui seront soumises à contrôle par un organisme tiers (un consultant ou une ONG) de la région, sous la coordination de FLO
Quant à la filière labellisée, les rapports l’unissant aux organisations de petits producteurs sont contractuels et par conséquent plus exigeants : En témoignent les termes des « standards génériques du commerce équitable pour les organisations de petits producteurs » dans leur point 2.2 : ils stipulent que « les producteurs doivent avoir accès à des moyens logistiques, administratifs et techniques afin d’apporter un produit de qualité ». Leurs produits doivent également « répondre à une demande existante. »
Pour adhérer au système du commerce équitable labellisé, il est demandé aux petits producteurs du sud de souscrire à une série d’exigences ou normes confinées au moins dans deux documents à savoir :
a) Les standards généraux relatifs aux organisations de producteurs : ils détaillent les conditions minimum d'adhésion auxquelles les producteurs doivent répondre pour être agréés et bénéficier du commerce équitable. Ils visent à garantir :
-que les revenus ou les avantages sont perçus par les petits producteurs et / ou les travailleurs ;
-un potentiel de développement durable ;
-le commerce équitable comme option avantageuse pour cette organisation.
Ils prescrivent, également, aux petits producteurs le respect d’un certain nombre d’exigences à caractère social, économique et environnemental.
b) Les standards spécifiques relatifs aux produits : chaque produit répond à des critères spécifiques qui déterminent le prix minimum, la qualité minimum et les normes de transformation, les normes environnementales spécifiques, … que l’acheteur et le vendeur doivent respecter
En échange, les organisations négociantes en commerce équitable s’engagent à :
-Payer un prix juste couvrant les frais de production et des besoins élémentaires
-Payer une prime que les producteurs et ouvriers peuvent décider de manière démocratique d’investir dans le développement
-Payer un préfinancement au producteur en cas de besoin
-Signer des contrats durables (sur le long terme).
Ce sont les standards commerciaux qui l’exigent car, ceux-ci déterminent la relation entre les producteurs et les commerçants. Pour aller plus loin, le lecteur pourra se rapporter utilement au site www.fairtrade.net ou le site de Max Havelaar. (www.maxhavelaar.com).
Cependant, les petits producteurs risquent de ne pas suivre le cours de la demande. Ils sont peu outillés pour. Or, en même temps, la tranche des consommateurs s’élargit depuis que les produits équitables sont passés des boutiques militantes à la grande consommation des supermachés.
D’ailleurs, à en juger les propos de M Jean François Rixen, responsable des Magasins du Monde (OXFAM) Belgique, certains producteurs, « ceux d’Afrique Noire notamment, sont peu fiables et en retard en matière de commerce équitable. Ne disposant pas de compétences dans l’export, peu organisés à tous les niveaux y compris logistique, ils ne sont pas en mesure de répondre efficacement à une demande de produits dans les délais souhaités » a-t-il indiqué lors d’un séminaire international sur le commerce équitable tenu à Bruxelles le 21 juin 2004.
3. Entre producteurs
Quant aux producteurs du sud, ils sont pour l’instant organisés sur le plan local uniquement. Il n’existe pas encore d’organisations nationales ni régionales de commerce équitable, mais seulement des coopératives de producteurs disséminées sur les territoires nationaux. On peut se demander pour quoi ces producteurs ne s’organisent pas eux-mêmes en fédérations (nationales, régionales voire internationales) ; cela leur permettrait pourtant de négocier avec leurs partenaires à l’échelon supérieur. Le manque des moyens, la non-maîtrise des enjeux du commerce international, fût-il équitable, et l’ambiguïté de ce dernier y sont peut-être pour beaucoup.
En effet, dans l’esprit de beaucoup de petits producteurs du Sud, le concept de commerce équitable n’évoque rien de précis : ils ne savent ou ne comprennent pas ce que c’est. « C’est une expression du Nord pour les gens du Nord ». Ils ne savent pas si les organisations du commerce équitable du Nord sont de vrais partenaires économiques ou des partenaires de développement, c’est-à-dire, de classiques ONG d’aide au développement - auquel cas la nature des relations changerait du tout au tout.
D’ailleurs l’ambiguïté du concept est renforcée par l’ambiguïté du discours diamétralement opposé tenu pas les acteurs du commerce équitable, à tel point que M. Marc Mormont, professeur d’économie à ULg-SEED se demande, dans ses conclusions sur le séminaire sus-mentionné, si lorsqu’ils parlent du commerce équitable, les organisations du Nord et les petits producteurs du Sud parlent le même langage, entendent la même chose.
Car, lorsque les organisations du Nord communiquent, leur discours consiste à insister sur le caractère « d’aide », du « geste solidaire » … plutôt que sur la nature commerciale de leurs relations avec les petits producteurs du Sud. C’est comme si on demandait au consommateur de faire un geste humanitaire en achetant les produits dont il n’a vraiment pas besoin.
Ceci déplait de manière quasi allergique aux petits producteurs du Sud qui, à Genève en 1964 déjà, lançaient : « du commerce, pas de l’assistance » (« Trade not aid »), lors de la première Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED). Les petits producteurs du Sud fustigent et s’insurgent contre ce discours compassionniste qu’ils qualifient de « à la limite méprisant ». Laissons la parole à Géorgina Davallos qui intervient lors du séminaire déjà cité plus haut :
« depuis tout à l’heure, tous les intervenants n’ont parlé que d’aide, d’assistance, … en parlant du commerce équitable. Nous ne demandons que l’accès à vos marchés. Nous aussi sommes fiers de voir les produits de notre travail sur vos marchés. Ce qui nous intéresse, c’est de faire du commerce avec vous. Quant à l’aide et autre assistance … permettez-moi de vous rappeler que c’est vous les gens du Nord qui prenez toutes les initiatives et qui vous chargez de leur gestion sans nous demander notre avis. Où est notre rôle dans tout ça ? Où est notre part de participation ? Nous ne sommes pas là pour demander la charité : ou vous avez besoin de nos produits … et alors nous faisons des affaires, ou vous n’en avez pas besoin … et c’est pas la peine de venir nous parler de la démocratie, de la transparence … ! Où sont les vôtres ? Nous avons le sentiment que vous ne respectez ni la démocratie ni la transparence. Nous ne savons pas comment vous fonctionnez. Comment travailler sur le même pied d’égalité tout en respectant les aspects culturels de chacun ? Pour nous, le commerce équitable, il ne s’agit pas d’aide. Il n’y a pas de charité, nous voulons vendre des produits valables. C’est aussi un choix politique. S’engager dans le commerce équitable, c’est s’engager dans une réciprocité horizontale et une solidarité collective ».
4. Entre les acteurs du commerce équitable et les acteurs internationaux
Si le commerce équitable demeure, à la base, une initiative des organisations non gouvernementales de solidarité, ses enjeux sont tels qu’il a besoin d’une reconnaissance internationale afin de mieux asseoir sa notoriété. De toute évidence, le commerce international « conventionnel » a plus appauvri les pays du sud qu’il ne les a enrichis. Il convient alors que les pays riches, les institutions internationales qu’ils contrôlent et les nations pauvres reconnaissent le rôle du commerce équitable dans le développement des pays en développement. Ou, du moins, qu’ils lui donnent la chance de prouver son efficacité.
Pour ce faire, la reconnaissance internationale du commerce équitable appelle trois mesures ou la levée de trois obstacles* tels que suggérés par un rapport du Haut Conseil de la Coopération Internationale en France (2002).
a) la levée des obstacles locaux : les pays du sud ne perçoivent pas forcément le système du commerce équitable d’un bon œil. Après tout, n’est-il pas encore un nouveau concept de plus qui leur est « imposé » de l’extérieur ? Il n’est pas de leur propre initiative. Donc, pour beaucoup de pays, c’est encore un nouvel instrument des pays du Nord pour conditionner l’octroi de l’aide au développement. Et puis, le commerce équitable s’ingère dans l’organisation des communautés et les modifient en y introduisant de nouvelles formes. Ce qui peut se heurter à la résistance, dans certains pays, des coutumes qui ne sont pas prêtes à voire l’émancipation des femmes ou de certains groupes ethniques marginalisés.
Au lieu de s’en méfier, pourtant, les pays du Sud devraient se saisir de ce nouveau concept, se l’approprier et en faire un vrai outil de développement et d’intégration de leurs économies dans l’économie mondiale. Ils devraient comprendre qu’ils ont une vraie chance d’accès au marché international dans des conditions qu’ils maîtrisent plus ou moins bien grâce aux organisations de commerce équitable qui les y aident. Mais ils ne peuvent y arriver qu’en prenant des mesures concrètes de soutien de leurs producteurs, comme l’octroi de crédits à la production, à la commercialisa
Slt,
gè pour dire vrai, plus ou moins lu ton exposé!!! Gè beaucoup aimé le debut car tu n'as pas maché tes mots!!!Au final on peut dire com tu le dis toi-meme ke tu as été assez soft avec les ONG du commerce equitable. Mè bon, le membre du jury avec lequel tu t'es engulé ne voulait pas voir la réalité en face!!! Vu ke tu connais pas mal de choses sur le sujet, peux-tu l'expliquer pourquoi, le SUD ne developpe pas les échanges SUD-SUD?Dans le cas particulier de l'afrique, pourquoi, nos états ne favorisent pas le commerce entre-eux?
pourtant ce serait un bon début avant de s'attaquer au commerce avec l'occident....
Mais, est-il déjo possible d'avoir tout le travail ?
ça serait vraiment génial si on pouvait se partager les connaissances de la sorte...vraiment génial...
Ceci dit, ton texte est-il complet ( au vu de la fin ...)
Slt,
Vu ke tu connais pas mal de choses sur le sujet, peux-tu l'expliquer pourquoi, le SUD ne developpe pas les échanges SUD-SUD?Dans le cas particulier de l'afrique, pourquoi, nos états ne favorisent pas le commerce entre-eux?
pourtant ce serait un bon début avant de s'attaquer au commerce avec l'occident....
Salut Imab ...
En posant cette question tu touches un problème qui me révolte et que je connais très bien. Les raisons sont nombreuses. Mais je dirais simplement que les états africains , si états il y a, échouent dans tous les domaines. le commerce ne fait pas d'exception. Les échanges interafricains sont nuls. Ils ne développent aucune structure dans se sens là. Ex: les axes reliants les pays sont souvent impraticables. Dans le cadre d'un visant à mettre en place une structure de soutien et de promotion des produits afro, j'ai sillonné beaucoup de pays africains par toutes les voies de transports: il m'est arrivé de passer sur la route 2 ou 3 jours, sans avoir vu une seule camion de marchandises qui traverse la frontière. Lorsqu'il y a des camions traversant les frontières, ils transportent les marchandises importés hors d'afrique ... pour me résumer, les échanges interafricains sont nuls et les états ne font rien de concrets pour les favoriser et les renforcer. Mêmes les mésures prises ne sont pas respectés: par exemples, il y a eu des mesures prises dans le cadre de la cedeao en vue de faciliter le commerce inter-cedeao. ces mesures visent entre autres la suppressions des taxes douanières et la pratique d'un tarif unique. aujourd'hui, aucun produits ne peut passer sans soudoyer les douaniers ...
Comme dans tous les domaines, il y a du boulot ici. Demandons-nous ce que nous pouvons faire pour changer les choses chez nous par l'exemple, ne comptons pas sur les états qui ont démissionné ...
Mais, est-il déjo possible d'avoir tout le travail ?
ça serait vraiment génial si on pouvait se partager les connaissances de la sorte...vraiment génial...
Ceci dit, ton texte est-il complet ( au vu de la fin ...)
Nino
Salut Nino ...
J'ai posté ici l'essetentiel de ce qu'il faut savoir su le CE. Le reste fait partie d'un livre sur le commerce interantional africain que je prépare. je ne peux donc pas tout donner ici ...
Quant à la question de savoir si le texte posté ici est complet, je n'ai pas vérifié mais je pense qu'il manque deux ou trois paragraphe ... je le mettrais dès que j'ai le temps.
Mêmes les mésures prises ne sont pas respectés: par exemples, il y a eu des mesures prises dans le cadre de la cedeao en vue de faciliter le commerce inter-cedeao. ces mesures visent entre autres la suppressions des taxes douanières et la pratique d'un tarif unique. aujourd'hui, aucun produits ne peut passer sans soudoyer les douaniers ...
Comme dans tous les domaines, il y a du boulot ici. Demandons-nous ce que nous pouvons faire pour changer les choses chez nous par l'exemple, ne comptons pas sur les états qui ont démissionné ...
Et pourtant, on connait bien le système nerveux sans lequel tout cela ne pourrait durer bien longtemps... LE SECRET BANCAIRE ET LES PLACES OFF SHORE.
Sans le réseau international des paradis fiscaux, nous n'en serions pas là, mais bien évidemment, personne n'imagine possible de s'y attaquer sérieusement. Tout le monde pense que c'est un mal nécessaire, à la marge des vrais problèmes. On pense que cette question est périphérique, satellitaire... C'est une erreur grossière que de penser de la sorte !! Le système des paradis fiscaux est le problème numéro un de la planète toute entière, et de l'Afrique en particulier. Il est au coeur de notre réalité politique, mais malheureusement on préfère faire l'autruche, et dépenser son énergie sur d'autres questions...
Or non seulement la question est bien plus grave que la plupart des gens ne l'imaginent, mais surtout, tous les problèmes géopolitiques majeurs de cette planète croissent et perdurent du fait même de cette question centrale qui semble n'être qu'une question technique... alors qu'elle est hautement politique :
LES PARADIS FISCAUX ET LEUR SECRET BANCAIRE !! _________________ Nehem
SKANK,
Ton travail est excellent, à chaque fois que je lis un frère ou une sœur de ton degré de bon sens, je loue le Ciel de nous en donner davantage. Sans te complaire à qui et à quoi que ce soit, publie ton travail et fais le connaître à un large public kemet, le Suprême t’en récompensera et le peuple en sortira instruit.
De telles initiatives doivent être nombreuses dans tous les domaines pour instruire et réveiller les consciences. Ainsi la Renaissant Africaine ne sera plus qu’une question de temps. Alors lançons la machine !
J’invite NEHEM à faire pareil sur LA FUITE DES CAPITAUX AFRICAINS VERS LES PARADIS FISCAUX BOREO-OCCIDENTAUX…
____________
L’Africain c’est celui qui défend l’Afrique (JPO)
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