Rocs Bon posteur

Inscrit le: 11 Déc 2004 Messages: 744 Localisation: Sith land
|
Posté le: Sam 13 Aoû 2005 09:23 Sujet du message: Le gouvernement essaie d'imposer des tests payants |
|
|
Tirant un trait sur leur célèbre modèle multiculturel, les Pays-Bas n'ont plus que le mot «assimilation» à la bouche. Au début des années 2000, le leader populiste Pim Fortuyn avait fait tomber le tabou avec son slogan «La barque est pleine !». Depuis, et surtout après l'assassinat le 2 novembre dernier du cinéaste Theo Van Gogh, égorgé au centre d'Amsterdam par un jeune islamiste maroco-néerlandais, la méfiance à l'égard des deux principales communautés étrangères, turque et marocaine, n'a cessé de croître. Alors que le pays détient le deuxième plus fort taux d'habitants de confession musulmane au sein de l'Union européenne (près de 6 %, contre 8 à 9 % en France), les projections démographiques montrent que, d'ici cinq ans, les Néerlandais «de souche» seront devenus minoritaires dans les quatre principales villes du royaume. Au sein de la coalition de droite au pouvoir, la ministre libérale de l'Intégration multiplie les initiatives pour réduire le fossé entre autochtones et allochtones.
Discrimination. Début avril, Rita Verdonk a fait adopter une loi unique au monde : aucun non-Occidental ne pourra plus obtenir de visa sans avoir, au préalable, réussi un test de langue et de culture néerlandaises. Ces tests payants 350 euros auraient ravi George Orwell : l'épreuve se tiendra au téléphone, dans les consulats, avec, au bout du fil, un ordinateur qui valide ou non les réponses du candidat. Un toussotement, un accent trop épais, une formulation différente de la réponse type, voire des parasites sur la ligne, et c'est le risque d'échec, ont souligné des experts en technique de reconnaissance vocale. De leur côté, les associations de défense des droits des migrants dénoncent le caractère discriminatoire de ces tests, réservés aux personnes qui ne sont originaires ni de l'UE ni d'Amérique du Nord, du Japon ou d'Australie. «Il y a deux poids, deux mesures. Cette loi vise clairement à stopper l'immigration des Turcs et des Marocains», estime Leyla Hamidi, au Bureau national contre la discrimination raciale.
Pour le juriste Kees Groenendijk, spécialiste de l'immigration à l'université de Nimègue, ces tests obligatoires et payants «sont contraires à la convention européenne des droits de l'homme mais aussi à la directive de l'UE sur le regroupement familial». Cette semaine, le commissaire européen à la Justice, Franco Frattini, l'a d'ailleurs fait savoir à La Haye. Rétropédalant, la ministre a reporté à début 2006, au mieux, l'entrée en vigueur de ces tests.
Autre revers pour l'ultravolontariste Rita Verdonk : son projet de soumettre à un cours d'intégration citoyenne les quelque 775 000 immigrés déjà installés de longue date aux Pays-Bas, mais qui n'auraient pas passé au moins huit ans sur les bancs d'une école néerlandaise. Les recalés seraient passibles d'amendes. Ce plan à grande échelle est jugé irréalisable au sein même du gouvernement, car trop coûteux et juridiquement contestable au regard du principe d'égalité.
Revirements. De facultative et gratuite, la politique d'intégration néerlandaise vire ainsi de plus en plus à l'assimilation obligatoire et payante. Elle tourne le dos sans états d'âme aux généreux programmes d'«initiation à la citoyenneté» que l'Etat, depuis 1998, payait de sa poche à tout nouvel arrivant. Le projet de tests préalables à l'entrée sur le territoire va pénaliser les moins riches et les moins éduqués, font valoir les associations de défense des migrants. Mais, pour le gouvernement, c'est une réponse au fait que les trois quarts des jeunes immigrés de la seconde génération continuent de ramener leur conjoint(e) de l'étranger. Fin 2004, le gouvernement avait déjà durci les conditions de ces mariages : l'âge et le revenu minimum pour fonder un couple ont été remontés de 18 à 21 ans, et de 100 à 120 % du salaire minimum. Mais, dénonce le professeur Groenendijk, «traiter les jeunes musulmans nés aux Pays-Bas comme des citoyens de seconde classe va créer de nouvelles frustrations qui, en fin de compte, augmentent les risques de dérive extrémiste». |
|