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Boat people haïtiens: les Etats-Unis renforcent les patrouilles

A BORD DE LA VEDETTE DES GARDE-COTES DILIGENCE (AP) - La crise en Haïti pose un problème aux Etats-Unis: le risque de voir affluer en masse des boat people sur le territoire américain. Pour cette raison, les patrouilles de la garde côtière américaine ont été multipliées ces derniers jours au large d'Haïti.

Le Dr Daniel Garcia affirme que c'est la première fois en plus de six ans de carrière qu'il a une tâche aussi difficile à accomplir. Sur le plan psychologique surtout: traquer avec les garde-côtes américains les boat people haïtiens et les renvoyer dans leur pays en proie au chaos.

Une dizaine de bateaux patrouillaient au large d'Haïti dimanche, alors que les jours précédents, seuls deux navires avaient été envoyés pour empêcher un éventuel afflux de boat people sur les côtes de Floride. La vedette Diligence était l'un de ceux-là. Des patrouilles maritimes et aériennes ont en effet été mises en place depuis que le président américain George W. Bush a exhorté les Haïtiens à "rester à la maison", affirmant que ceux qui ne le feraient pas seraient renvoyés dans leur pays.

Cette politique, annoncée alors que les Etats-Unis pourraient évacuer leurs ressortissants d'Haïti, a suscité des critiques de mouvements de droits de l'homme et de certains parlementaires américains. Selon ces derniers, les Etats-Unis sont contraints par le droit international à accorder l'asile aux personnes fuyant les zones de conflit.

Le 27 février, la Diligence a rapatrié 233 Haïtiens qui tentaient de rejoindre les côtes américaines sur une petite embarcation en bois. Le Dr Garcia a passé quatre heures à faire un bilan de santé sommaire de chacun. Ceux qui étaient capables de se débrouiller en anglais ou en espagnol ont joué les interprètes, la majorité de leurs compagnons d'infortune ne parlant que le créole. Il a ensuite assisté à leur débarquement à Port-au-Prince.

"Depuis six ans et demi que je suis dans les garde-côtes, c'est le moment le plus pénible", déclare ce médecin, particulièrement en "voyant ce qu'ils devaient retrouver". "Je ne leur reproche rien. A leur place, je m'en irais également", confie-t-il à l'agence Associated Press (AP). Selon des policiers, certains se sont énervés quand ils ont compris qu'on les ramenait en Haïti. Quelques-uns ont dû être enchaînés parce qu'il ne voulaient pas revenir.

Au total, plus de 900 boat people haïtiens, dont des nouveau-nés, ont été rapatriés depuis que le président Bush a annoncé que les transfuges seraient systématiquement renvoyés chez eux. Une grande partie d'entre eux ont été débarqués dans la banlieue sud de la capitale livrée au chaos. Des partisans de Jean-Bertrand Aristide érigeaient alors des barricades enflammées, volaient les voitures et l'argent des personnes circulant dans ce secteur.

La plupart d'entre eux reconnaissent avoir tenté de fuir leur pays en raison de la pauvreté et non pour des raisons politiques.

Au début des années 1990, quelque 65.000 Haïtiens avaient été interceptés en mer alors qu'ils essayaient de fuir la dictature militaire qui régnait alors à Port-au-Prince. Aujourd'hui, alors que le pouvoir est vacant et que le pays est divisé entre partisans et opposants de Jean-Bertrand Aristide, beaucoup pourraient tenter à nouveau de partir.

On ignore le nombre d'Haïtiens qui sont morts en essayant de rejoindre la Floride dans de petites embarcations de fortune pleines à craquer. Les boat people haïtiens font rarement la "une" de la presse, sauf peut-être lorsque dans un naufrage périssent d'un coup plusieurs dizaines de personnes au large d'une terre promise qui se refuse à eux. AP