Soundjata Kéita Super Posteur
Inscrit le: 06 Mai 2005 Messages: 1655 Localisation: Au sein de mon Empire
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Posté le: Dim 02 Oct 2005 05:57 Sujet du message: Paa Joe et ses sarcophages modernes |
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Cercueils rêvés
Les œuvres de Paa Joe
Il règne toujours une ambiance studieuse et affairée dans l’atelier de Paa Joe situé sur la route de Tema où officient les plus talentueux menuisiers de la place. Paa Joe, il suffit de prononcer son nom à Accra pour que chacun laisse échapper un signe de respect. Du chauffeur de taxi à la marchande du Makola market, du conducteur de « tro-tros », ces bus à ciel ouvert, au joueur de foot d’Ashanti kotoko, tous vouent un culte à Paa Joe. Voici en effet plus de trente ans que cet homme au regard acéré et vif dessine et fabrique des cercueils. Non pas les banales quatre planches clouées pour faire office de dernière demeure, Paa Joe fait dans l’original, l’inattendu, l’exceptionnel. Il fabrique des cercueils qui évoquent la vie des futurs occupants de ces objets utiles à la mise en terre. Son atelier témoigne de la société ghanéenne. Là, un cercueil en forme de bouteille de soda, plus loin, c’est une réplique de la « Star », la bière locale qui est en train d’être peinte et vernie. Il y a aussi des avions aux couleurs de la Ghana Airways, des serpents, des serpents, des oiseaux, une maison, une chaussure anglaise, une autre de sport. Plus loin, attend une pirogue géante que l’ouvrier finit d’ajuster à la taille d’un enfant et aussi une voiture, mais pas n’importe laquelle, une Benz… et ainsi de suite, c’est selon. Paa Joe nous explique qu’il incarne la troisième génération de ces sculpteurs qui matérialisent les rêves des gens qui souhaitent être mis en terre dans des objets qui incarnent leur rêve de grandeur ou leur projet de réincarnation. Il dit aussi qu’on vient de partout pour lui rendre visite et surtout lui commander ces véritables œuvres d’art. a la question de savoir ce qui pousse les gens vers lui, il répond qu’il souhaitent voir de leur vivant l’endroit dans lequel ils seront enterrés. « Ils commandent à l’avance, pour être sûr que la famille respectera bien et fidèlement leurs dernières volontés » ajoute cet homme que plus rien ne surprend ni n’étonne. Il affirme d’ailleurs qu’il a des demandes étonnantes comme cette commerçante qui souhaitait une réplique de sa boutique dans les moindres détails. « Je lui ai réalisé son rêve » dit-il, un sourire au coin des lèvres. Mais pas question de parler d’argent car dit le vieil homme, « être bien dans sa dernière demeure n’a pas de prix » et c’est de cela que témoignent ceux qui viennent choisir leur sarcophage pour un dernier voyage entre faste et beauté.
Photoreportage d’Hortance Nouvian, in Cité Black Magazine n°58, p.27 (acheter le magazine et/ou commander le numéro pour voir les images)
http://sfgate.com/cgi-bin/article.cgi?f=/chronicle/archive/2002/10/30/HO134013.DTL
Une petite vidéo ici : http://www.rit.edu/~africa/paajoe/paaJoePg2.shtml
Hotep, Soundjata _________________ La vérité rougit l'oeil, mais ne saurait le transpercer
Pour la Renaissance du Gondwana |
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