Grioo.com   Grioo Pour Elle     Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  



grioo.com
Espace de discussion
 
RSS  FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Tombouctou, Centre intellectuel de l'Afrique Noire médiévale

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet       grioo.com Index du Forum -> Culture & Arts
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
GUIDILOU
Bon posteur


Inscrit le: 11 Sep 2005
Messages: 730

MessagePosté le: Dim 02 Oct 2005 11:55    Sujet du message: Tombouctou, Centre intellectuel de l'Afrique Noire médiévale Répondre en citant

SOURCE http://www.grioo.com/info5511.html

Tombouctou, Centre intellectuel de l'Afrique Noire médiévale
02/10/2005

Cette semaine (re)plongez-vous dans l'histoire de Tombouctou, dans l'actuel Mali, cette cité qui connut son apogée sous l'empire songhaï. Découvrez les circonstances de l'ascension puis de la chute de cette cité


Par Yanne C. Kouomou



Il est admis que la ville de Tombouctou, qui se trouve actuellement dans la République du Mali, fut fondée approximativement au 12e siècle. Cette cité eut dès sa création un extraordinaire potentiel stratégique, étant donné qu'en plus de se trouver au bord du fleuve Niger, elle avait Gao à l'est, c'est-à-dire le centre névralgique des affaire avec l'Orient; et à l'ouest Walata, la porte menant aux mines de sel qui à cette époque pouvait valoir jusqu'à deux fois son pesant d'or. Au Nord, se trouvaient le Maghreb et la mer Méditerranée, et au sud des royaumes qui s'étendaient jusqu'à l'océan atlantique. Profitant de la protection offerte par l'Empire du Mali, puis ensuite celui des Songhaï, Tombouctou se convertit rapidement en un centre commercial, culturel et scientifique d'envergure exceptionnelle.

Dès la fondation de l'Empire du Mali par Soundjata Keita circa 1230, Tombouctou commence à avoir une importance de plus en plus grande. Mais la cité entre par la grande porte de l'Histoire universelle durant le règne de l'Empereur Kankan Moussa (qui régna de 1312 à 1337), frère et successeur de l'Empereur explorateur Aboubakar II. En 1324, Kankan Moussa entreprend son pèlerinage à la Mecque, avec une fastueuse escorte de plus de 60000 hommes-soldats. A cette époque, son Empire, plus grand que toute l'Europe occidentale, produisait la moitié de tout l'or du monde: Kankan Moussa avait donc avec lui, le partageant gracieusement sur son chemin, plus de 11 tonnes d'or qui perturberont la côte de l'or à la bourse du Caire pendant 12 ans. Il rentrera de ce pèlerinage en 1325, ramenant avec lui un grand nombre de docteurs, d'érudits, d'intellectuels et de lettrés de tous types, principalement attirés par sa richesse. Parmi eux se trouve l'architecte arabe d'origine andalouse Abu Ishaq es-Saheli, qui sera chargé de construire la fameuse cité de Djingareyber. La réputation de Tombouctou comme cité de l'or, de la science et de la culture trouve son origine à cette époque.




Mais sans doute Tombouctou atteint son âge d'or sous la bannière de l'Empire Songhaï, et plus precisement sous la dynastie des Askias. Effectivement, l'Askia Mohammed (Mamadou) Touré arrive au pouvoir en 1493, après avoir detrôné le fils de Sonni Ali Ber. Cet officier militaire d'origine soninké impose une organisation economique, administrative et militaire dont l'efficacité ne put que difficilement être atteinte par les autres empires de son temps. Il fait son pélérinage à la Mecque en 1495, revient avec le titre de Calife, et decide d'intensifier la politique de développement intellectuel et scientifique de Tombouctou. Ainsi, au début du 16e siècle, la cité de Tombouctou a plus de 100 000 habitants, dont 25000 étudiants, tous scolarisés dès l'âge de 7 ans dans l'une des 180 écoles coraniques de la cité. Tombouctou avait donc l'un des taux d'alphabétisation les plus élevés du monde à cette époque.

Le joyau de ce système éducatif était l'Université de Sankoré, une Université ou s'étudiaient la théologie, le droit coranique, la grammaire, les mathématiques, la géographie et la médecine (les médecins de Tombouctou étant particulièrement réputés pour leurs techniques de chirurgie occulaire dont le traitement de la cataracte par exemple). La splendeur de cette Université se manifestait alors par des échanges avec les Universités de Fès, de Cordoue, et surtout avec l'Université Al-Azhar du Caire.
C'est aussi ce qui explique pourquoi l'Empereur Kankan Moussa et son vaste empire figuraient sur les meilleures cartes géographiques du
14e siècle. Sur la plus fameuse d'entre elles, il tient une pépite d'or à la main.



De tous les érudits de Tombouctou, le plus fameux fut sans aucun doute Ahmed Baba (1556-1627), un scientifique, théologien, philosophe et humaniste prolifique, auteur de plus de 50 livres traitant tous de sujets différents, et qui fut recteur de l'Université de Sankoré. Pour rencontrer cet ancien disciple du savant Mohammed Bagayoko, les erudits de toutes les pays musulmans venaient régulièrement à Tombouctou.

L'attraction que Tombouctou exerçait sur les intellectuels du monde musulman se révèle dans les "Tariks", chroniques écrites par des lettrés musulmans (arabes ou non) décrivant les évènements et l'actualité de leur temps. Le Tarik le plus célèbre à propos de Tombouctou et du Soudan Occidental est le "Tarik es-Soudan", écrit par Abdelrahman es-Saadi (1596-1656) [Soudan signifie "Pays des Noirs" en arabe, et le Soudan occidental désigne l'Afrique occidentale actuelle]. Cet érudit de Tombouctou décrivait sa cité natale comme étant "exquise, pure, délicieuse, illustre cité bénite, généreuse et animée, ma patrie, ce que j'ai de plus cher au monde".
Tout aussi célèbre est le "Tarik es-Fettah" écrit par Mahmoud al-Kati, le neveu, trésorier et conseiller de l'Askia Mohammed Touré. Selon cet auteur, Tombouctou était caractérisée par "la solidité des institutions, les libertés politiques, la pureté morale, la sécurité des personnes et des biens, la clémence et la compassion envers les pauvres et les étrangers, la courtoisie à l'égard des étudiants et des Hommes de Science".
Il peut être intéressant de mentionner la particulière ascendance de Mahmud al-Kati ("al-Kati" est une déformation de l'arabe "al-Quti", le Goth): il était le fils d'une nièce de l'Askia, et de Ali Ben Ziyad, un Wisigoth islamisé qui décida de fuir les persécutions religieuses du sud de l'Espagne, traversant tout le Maghreb pour s'établir définitivement au "Pays des Noirs".



Livre de Kati Dalail (1485)


Une autre fameuse description de Tombouctou trouve son origine dans la visite faite en 1512 par Léon l'Africain, un musulman de Grenade (né comme Al Hassan ibn Muhamad al-Wazzan) qui dût aussi fuir l'Andalousie avec toute sa famille en 1494, devant l'intégrisme chrétien des Castillans. Après avoir vécu au Maghreb, puis à Rome où il se mit sous la protection du pape Léon X (qui le baptisa en lui donnant son nom), il écrivit sa fameuse "Description de l'Afrique" où il affirma à propos de Tombouctou: "On y vend beaucoup de livres venant de Berberie, et on tire plus de bénéfice de ce commerce que de toutes les autres marchandises" (rappelons que Tombouctou se trouvait au centre d'un Empire qui produisait la moitié de tout l'or du monde). Car effectivement, la cité comptait plus de 80 bibliothèques privées, la bibliothèque personnelle de Ahmed Baba par exemple était riche de plus de 1700 livres, sans être selon ses propres dires la plus grande de la ville: c'est que malgré ses immenses richesses et sa puissance économique, Tombouctou se voulait plus une cité de Savoir et de Science qu'une cité de commerce.



L'âge d'or de l'Empire Songhaï et de Tombouctou se termine à la fin du 16e siècle. En 1591, le Sultan marocain Ahmed el-Mansur y envoie une expédition militaire de mercenaires dirigés par un renégat espagnol, le pacha Youder. Ils vaincront les armées songhaï lors de la décisive bataille de Tindibi, puis entrent par la suite à Tombouctou. En 1593, le Sultan marocain décide de prendre le plus précieux de Tombouctou: il ordonne l'arrestation de tous les intellectuels, docteurs et lettrés de Tombouctou, et leur déportation à Marrakech (ainsi fut exilé Ahmed Baba, qui fut ensuite contraint par la force à enseigner à l'Université de Marrakech). Abderahman es-Saadi relatera les circonstances de cette invasion: "Les gens du Pacha pillèrent tout ce qu'ils purent trouver, faisant mettre à nu hommes et femmes pour les fouiller. Ils abusèrent ensuite des femmes.(...) Parmi les victimes de ce massacre on comptait neuf personnes appartenant aux grandes familles de Sankoré: le très docte jurisconsulte Ahmed-Moyâ; le pieux jurisconsulte Mohammed-el-Amin, (etc...). Mais surtout, comme le dira Mahmoud al-Kati dans son Tarik el-Fettah, orpheline de ses érudits, docteurs et lettrés, "Tombouctou devint un corpssans âme".



Tombouctou ne réussira plus à regagner son prestige d'antan. Pourtant, lorsque René Caillé arriva à Tombouctou en 1828, il ne pourra s'empêcher de s'extasier: "Les habitants sont doux et affables envers les étrangers, ils sont industrieux et intelligents dans le commerce qui est leur seule ressource... Tous les Nègres de Tombouctou sont en état de lire le Coran et même le savent par cœur". Même 140 ans après avoir perdu son indépendance, Tombouctou pouvait encore s'enorgueillir d'avoir une population à 100% alphabétisée, ce dont presque aucune autre ville au monde ne pouvait se prévaloir.

Tombouctou est aujourd'hui classée comme patrimoine de l'Humanité par l'UNESCO. Un programme a été mis sur pied pour protéger et restaurer les quelques 15.000 manuscrits qui sont aujourd'hui accessibles et qui datent de l'époque médiévale. On estime à quelques 100 000 le nombre de documents en circulation qui datent de la même époque et dorment dans des bibliothèques privées.
Autant de témoignages précieux sur ce que fut, et sera à jamais, Tombouctou.


_________________
"Le savoir non digéré par la pensée est vain et la pensée non étayée par le savoir est dangereuse. "(Confucius)

"L' Homme est le remède de l'Homme " (proverbe Wolof)

" Tout ce que je sais c' est que je ne sais rien." (Socrate)
__
http://sequiperenlogicielsgratuits.blogspot.com
http://passionebooks.blogspot.com/
http://passionlangues.blogspot.com/
http://passiondotnet.blogspot.com/
http://www.grioo.com/blogs/DJIBRILCHIMEREDIAW/
http://fr-fr.facebook.com/people/Djibril-Chimere-Diaw/100001784791601
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
GUIDILOU
Bon posteur


Inscrit le: 11 Sep 2005
Messages: 730

MessagePosté le: Dim 02 Oct 2005 12:01    Sujet du message: Répondre en citant

Ceux qui sont intéressés peuvent télécharger le " Tarikh es -Soudan" à cette adresse http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-26145

et http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-27214 (tome 2)

_________________
"Le savoir non digéré par la pensée est vain et la pensée non étayée par le savoir est dangereuse. "(Confucius)

"L' Homme est le remède de l'Homme " (proverbe Wolof)

" Tout ce que je sais c' est que je ne sais rien." (Socrate)
__
http://sequiperenlogicielsgratuits.blogspot.com
http://passionebooks.blogspot.com/
http://passionlangues.blogspot.com/
http://passiondotnet.blogspot.com/
http://www.grioo.com/blogs/DJIBRILCHIMEREDIAW/
http://fr-fr.facebook.com/people/Djibril-Chimere-Diaw/100001784791601
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
Gnata
Super Posteur


Inscrit le: 14 Juil 2005
Messages: 1127

MessagePosté le: Dim 02 Oct 2005 14:10    Sujet du message: Merci Guidilou ! Répondre en citant

Voilà comment nous devrions nous instruire , nous Africains !
je suis Ivoirien et je ne savais même pas à quel point ,le Mali tout près abritait un joyau du nom de Tombouctou Very Happy .

Merci Guidilou , et à la prochaine .
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Soundjata Kéita
Super Posteur


Inscrit le: 06 Mai 2005
Messages: 1655
Localisation: Au sein de mon Empire

MessagePosté le: Dim 02 Oct 2005 17:46    Sujet du message: Répondre en citant

Et puis, le gouvernement se plie en quatre pour vous accueillir :

http://www.le-mali.com/omatho/

http://www.tourisme.gov.ml/


Alors, ne vous faites surtout pas prier pour visiter le pays !!!


Hotep, Soundjata
_________________
La vérité rougit l'oeil, mais ne saurait le transpercer


Pour la Renaissance du Gondwana
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
GUIDILOU
Bon posteur


Inscrit le: 11 Sep 2005
Messages: 730

MessagePosté le: Lun 03 Oct 2005 15:09    Sujet du message: Répondre en citant


Source http://www.monde-diplomatique.fr/2004/08/DJIAN/11470

août 2004


Un patrimoine inestimable en danger

Les manuscrits trouvés à Tombouctou

.
A l’orée du Sahara et à quelques encablures du fleuve Niger, Tombouctou, au Mali, a longtemps été une cité fermée aux Européens. Carrefour commercial à l’époque des caravanes, elle fut aussi le siège d’une intense vie intellectuelle. Au cours de cet âge d’or, des milliers de livres ont été écrits à la main puis abandonnés à la poussière du désert. On commence à les exhumer. De la nuit de l’oubli émerge ainsi une passionnante histoire de l’Afrique jusqu’à présent ignorée.




Par Jean-Michel Djian
Journaliste, auteur, entre autres, de La Politique culturelle, la fin d’un mythe, Gallimard, Paris, 2005.


A Tombouctou, la progressive découverte de vieux manuscrits, dont certains remontent au XIIIe siècle, est en passe de devenir un enjeu historique pour toute l’Afrique. Plus de 15 000 documents ont déjà été exhumés et répertoriés sous l’égide de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) ; 80 000 autres dorment encore quelque part dans des malles ou au fond des greniers de la ville mythique (1). Ces précieux écrits qui firent la gloire de la vallée du fleuve Niger entre le XIIIe et le XIXe siècle (2), sont menacés de décomposition et de pillage par des trafiquants.

De rarissimes ouvrages, écrits en langue arabe, parfois en fulani (peul) par des érudits originaires de l’ancien empire du Mali (3), transitent par la Suisse, où on les maquille ; puis sont proposés à des collectionneurs qui se les arrachent. Chef de la mission culturelle de Tombouctou, M. Ali Ould Sidi ne cache pas son inquiétude : « Les manuscrits dont sont dépositaires les habitants doivent être identifiés, protégés, restaurés, sinon Tombouctou se verra dépecée de sa mémoire écrite. Une mémoire dont on ne soupçonne pas la portée. »

Tombouctou, la « ville sainte », la « mystérieuse », l’« inaccessible » qui fascina tant d’explorateurs – de l’Ecossais Mungo Park au Français René Caillié et à l’Allemand Heinrich Barth – est une fabuleuse cité de sable située au nord-est de l’actuel Mali, aux confins sud de l’immense désert du Sahara et en retrait sur la rive gauche du fleuve Niger. Fondée vers le XIe siècle par les Touaregs, la cité s’impose, à partir du XIVe siècle, comme un centre de commerce capital entre l’ancien Soudan (4) et le Maghreb. Le sel de Taoudenni, l’or des mines de Buré et les esclaves du Ghana y transitent. Marchands arabes et perses y côtoient des voyageurs (5) et des philosophes musulmans animés de l’ardent désir de gagner à la foi d’Allah les populations locales. C’est l’époque où l’Afrique sahélienne se partage entre les empires qui se convertissent à l’islam et les autres. Si celui des Mossis (actuel Burkina Faso) résiste à se donner à la religion de Mahomet, l’Empire songhaï – qui succède à l’empire du Mali à la fin du XIVe siècle – y adhère.

Les trois grandes cités de la région (Tombouctou, Gao et Djenné) deviennent les pôles d’une effervescente civilisation islamo-soudanienne dont la mémoire reste vivace. Au XVe siècle, Tombouctou ne comptait pas moins de 100 000 habitants (30 000 aujourd’hui), dont 25 000 « étudiants » qui fréquentaient l’université de Sankoré désormais transformée en mosquée. Les conférences des oulémas, savants musulmans, étaient retranscrites par des copistes sur de l’écorce d’arbre, des omoplates de chameaux, de la peau de mouton, ou du papier en provenance d’Orient puis d’Italie. Au fil des siècles, un précieux corpus philosophique, juridique et religieux s’est ainsi constitué.

En outre, tout un savoir didactique – consignant pêle-mêle la course des planètes, la tonalité des cordes d’un instrument de musique, les cours des tissus et de la noix de kola – a été conservé dans les moindres recoins des pages de ces manuscrits nomades. Les caravanes qui transhumaient entre Agadez (Niger) et Tichit (Mauritanie), en passant par Sokoto (au nord du Nigeria), transportaient une multitude d’informations destinées à des marchands éclairés. Pendant près de trois siècles, le commerce et la connaissance se sont mutuellement enrichis, à dos de chameau, entre des barres de sel et des sacs de tabac.

Considérés comme une manne scientifique inédite, ces manuscrits mettent à mal le mythe de l’oralité africaine entretenu par des intellectuels comme feu Hamadou Hampâté Bâ (6). Mais quelle valeur scientifique accorder à des documents devenus objets de spéculation plutôt qu’outils de compréhension du passé ? Comment s’emparer de ce gisement de connaissances écrites que les injures du temps menacent de disparition ? Autant de questions qui nourrissent les réflexions d’universitaires américains (7) ou des historiens locaux (Cool.

Ainsi, en plein cœur de Tombouctou, au Centre de documentation et de recherches Ahmed-Baba (Cedrab), créé par le gouvernement à l’initiative de l’Unesco en 1970, se joue une grande partie de la conscience historique de l’Afrique. En choisissant le nom d’Ahmed Baba, érudit né en 1556 qui enseigna le droit (fatwa), les autorités saluent un résistant à l’envahisseur marocain (9). Elles honorent aussi un savant qui exerça une considérable influence sur ses concitoyens et dont l’orthodoxie de ses enseignements continue de marquer les esprits.

Le Cedrab a reçu pour mission de répertorier, numériser, protéger et restaurer les manuscrits trouvés. Le papier est un support fragile : il craint l’humidité et le feu ; il sèche, se casse, se déchire et finit en poussière. Les termites en raffolent. Le ministre de la culture, M. Cheik Omar Sissoko, précise : « A défaut de récupérer la totalité de ces manuscrits, nous cherchons à encourager la création de fondations privées permettant de reconstituer rapidement des fonds d’origines familiales ; c’est le meilleur moyen de responsabiliser les citoyens et en même temps de protéger ce trésor. »

Car la plupart de ces mystérieux manuscrits appartiennent à des personnes privées. Pour en connaître le contenu, il suffit de se rapprocher de familles qui vous accueillent à bras ouverts. Par exemple, M. Ismaël Diadé Haidara que l’on retrouve devant son ordinateur où il écrit des livres de philosophie et d’histoire, comme Les Juifs à Tombouctou (10). Les juifs ont joué un rôle important dans la montée de l’or du Soudan vers l’Espagne chrétienne. C’est par eux qu’un des pères de la cartographie, Abraham Cresques (1325-1387), juif des Baléares, dont la famille émigra d’Afrique du Nord au début du XIIe siècle, eut connaissance de Tombouctou qui était reliée à l’Afrique du Nord par des chemins dont les ports étaient habités par des juifs. Léon l’Africain, dès la première moitié du XVe siècle, mentionne la présence juive dans le royaume de Gao (11)...

Descendant de la dynastie Kati (12), M. Haidara met un soin méticuleux à expliquer l’histoire de sa fondation, installée à proximité de la mosquée Jingereber, dans une ancienne demeure restaurée de Tombouctou : « Tout ce fonds a commencé à se constituer avec l’exil de mon ancêtre, le Wisigoth islamisé Ali B. Ziyad Al-Kuti, qui quitta Tolède en 1468 pour venir s’installer à Gambu, en pays Soninké. Dès lors, la bibliothèque ne cessa de s’enrichir à travers plusieurs générations de Kati, mes aïeux. Nous avons décidé en 1999 de les exhumer. » Un compendium du savoir médiéval est représenté dans cette bibliothèque : traités de bonne gouvernance, textes sur les méfaits du tabac, précis de pharmacopée... Des ouvrages de droit, de théologie, de grammaire et de mathématiques sont commentés par des savants de Cordoue, de Bagdad ou de Djenné. Sur des étagères grillagées, protégées des ravageuses poussières de sable, des actes juridiques portent sur la vie des juifs et de renégats chrétiens à Tombouctou, témoignent de l’intense activité commerciale de l’époque. La vente et l’affranchissement des esclaves, les cours du sel, des épices, de l’or et des plumes sont l’objet de parchemins adossés à des correspondances de souverains des deux rives du Sahara, illustrés d’enluminures en or.

L’ensemble est souligné, expliqué, annoté à la marge ou sur le colophon, cette dernière page d’un livre ou d’une fin de rouleau de papyrus où le copiste note son nom et la date à laquelle il a achevé son travail. On y apprend, au détour d’une enchanteresse manipulation, la survenue de tremblements de terre ou d’une violente rixe ayant perturbé les écritures. Grâce à quelques traducteurs contemporains, toute une fresque africaine remonte à la surface de l’histoire. Il n’existe aucune homogénéité dans ces textes, et pour cause : si l’écrasante majorité des manuscrits est rédigée en arabe, chaque copiste s’exprimait en fonction de ses origines (tamashek, haoussa, peul, mais aussi songhaï, dioula, soninké ou wolof) selon une base calligraphique commune inspirée du maghribi, sorte d’écriture arabe cursive qui, par sa forme, permettait d’économiser le papier.

Richesse de l’Afrique précoloniale
La portée de certains documents est évidente, en particulier celle du fameux Tarikh el-Sudan (Histoire du Soudan) de Mahmoud Kati (XVe siècle) qui retrace la succession des chefs de Tombouctou. De même, le Tarikh el-Fetash (Histoire « du chercheur ») d’Abderahmane Es-Saad (XVIIe siècle), chronique du Soudan médiéval.

La découverte de ces manuscrits donne à l’Afrique subsaharienne le substrat historique qui lui fut longtemps dénié et dont on commence à saisir l’importance. Comme un écho aux travaux du grand historien sénégalais Cheikh Anta Diop (13), elle souligne la profondeur spirituelle de l’Afrique pré-coloniale. Elle montre aussi que la richesse de cette région s’est bâtie autour d’une dynamique commerciale « transtribale » dont l’islam a été le déclencheur, et les oulémas, par leurs aptitudes à l’enseignement de « masse », les accoucheurs.

Il en est résulté une sorte de continuum culturel à partir duquel la dimension mystique s’est consolidée sur des héritages plus ou moins structurés, jusqu’à l’arrivée des Portugais au XVe siècle. Cheick Dan Fodio (1754-1817), pour s’être inspiré de ses prédécesseurs, en particulier d’Ahmed Baba, confirme dans ses Mémoires que, jusqu’à l’arrivée des Européens, « la pensée africaine cultivait l’amour d’un islam ouvert sur l’universel qui se distinguait très nettement de celui qui était observé dans le monde arabo-musulman (14) ». Constat confirmé au début du XXe siècle (15).

Parviendra-t-on à sauver les précieux manuscrits de Tombouctou ? Pour préserver ce fabuleux patrimoine, 4,5 millions d’euros sont nécessaires. Une somme soixante fois inférieure à l’augmentation de capital que vient de réclamer Disneyland Paris à ses actionnaires pour renflouer son parc d’attractions...


Jean-Michel Djian.


--------------------------------------------------------------------------------

(1) Des manuscrits – moins nombreux semble-t-il – ont aussi été découverts en Mauritanie, au Niger et au Sénégal. Lire Mohamed Saïd Ould Hamody, Manuscrits africains anciens, Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes (EBAD), université Cheikh Anta Diop, Dakar.

(2) Lire Jacques Giri, Histoire économique du Sahel, Karthala, Paris, 1994.

(3) A son apogée, au XIVe siècle, l’empire du Mali s’étendait jusqu’aux côtes du Sénégal actuel.

(4) Au Moyen Age, le « Soudan » ou « Soudan occidental » s’étend de l’actuel Soudan au fleuve Niger.

(5) Le grand voyageur et géographe tangérois Ibn Battuta séjourne au Mali en 1352-1353, il visite Tombouctou, et laisse une passionnante description de son périple, Le Pays des Noirs (1357), Anthropos, Paris, 1969.

(6) Lire, par exemple, Hamadou Hampâté Bâ, L’Etrange Destin de Wangrin, éditions 10/18, Paris, 1973.

(7) John Hunwick, professeur à l’Institut d’études de la pensée islamique en Afrique, université de Northwest, Etats-Unis, et Chris Murphy chercheur à la Bibliothèque du Congrès, cités par Lila Azam Zanganeh, The New York Times, 24 avril 2004.

(Cool Samuel Sibidé, directeur du Musée national du Mali, et Mohamed Galla Dicko, directeur du Centre Ahmed-Baba de Tombouctou.

(9) En 1591, une expédition marocaine détruit l’Empire songhaï.

(10) Ismaël Diadé Haidara, Les Juifs à Tombouctou. Recueil de sources écrites relatives au commerce juif à Tombouctou au XIXe siècle, éditions Donniya, Bamako, 1999.

(11) Lire aussi Jacob Oliel, « Les Juifs du Mali », La Voix des sépharades, n° 28, septembre 1997.

(12) Fondation Kati, BP 66, Tombouctou, Mali.

(13) Lire Cheikh Anta Diop, Nations nègres et culture, Présence africaine, Dakar-Paris, 1963.

(14) Seyni Moumouni, « La vie et l’œuvre de Ousman Dan Fodio », thèse de doctorat, université Michel-de-Montaigne, Bordeaux, 8 janvier 2003.

(15) Pierre Marty, Etudes sur l’islam et les tribus du Soudan, Editions Leroux, Paris, 1920, ou Vincent Monteil, Islam noir, Seuil, Paris, 1964.








_________________
"Le savoir non digéré par la pensée est vain et la pensée non étayée par le savoir est dangereuse. "(Confucius)

"L' Homme est le remède de l'Homme " (proverbe Wolof)

" Tout ce que je sais c' est que je ne sais rien." (Socrate)
__
http://sequiperenlogicielsgratuits.blogspot.com
http://passionebooks.blogspot.com/
http://passionlangues.blogspot.com/
http://passiondotnet.blogspot.com/
http://www.grioo.com/blogs/DJIBRILCHIMEREDIAW/
http://fr-fr.facebook.com/people/Djibril-Chimere-Diaw/100001784791601
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
GUIDILOU
Bon posteur


Inscrit le: 11 Sep 2005
Messages: 730

MessagePosté le: Jeu 06 Oct 2005 19:40    Sujet du message: Répondre en citant

infos relayées par afrikara.com

La Renaissance Africaine en marche : Les Manuscrits de Tombouctou exposés à Johannesburg
02/10/2005

Grande première culturelle pour la Renaissance africaine et incontestable initiative d’avant-garde du président sud-africain Thabo Mbeki : Pour la première fois les manuscrits anciens de Tombouctou sont exposés depuis le 01 octobre 2005 en dehors de l’Institut Ahmed Baba du Mali, leur réceptacle. Une sonde jetée vers un avenir culturel panafricain vivant, reposant sur des symboles et des matériaux délivrant les Africains du passé «sans histoire» des ethnologues et les remettant au cœur de l’humanité comme producteurs de savoir, de savoir-faire, de sciences, de questionnement philosophique, et de spiritualité.


Pour des raisons de préservation et de sécurité ces documents anciens dont certains remontent au XIIIème siècle chrétien sont toujours restés calfeutrés dans leur précieux écrin, l’institut Ahmed Baba à Tombouctou, ville mythique et mystérieuse aux abords du fleuve Niger. Il aura fallu la rafraîchissante initiative Afrique du Sud-Mali, mise en œuvre dès 2003 par le président Mbeki, pour entreprendre de sauvegarder ce patrimoine culturel panafricain, ces textes anciens du continent, pour que ce trésor du passé soit accessible aux Sud-africains, aux Africains, au monde. Un double symbole. Celui d’une Afrique aujourd’hui appauvrie qui a enseigné au monde pendant plusieurs siècles, à la rencontre d’un des peuples africains qui a sonné la charge contemporaine, au paroxysme du courage, contre la barbarie raciale de l’Apartheid.


L'exposition qui démarrait le 01 octobre 2005 est prévue jusqu'au 08 octobre à la Standard Bank Gallery au centre de Johannesburg. L’existence de ces manuscrits anciens est aujourd’hui un des plus vibrants témoignages de la vitalité intellectuelle de l’Afrique noire entre les XIIème et XVIème siècle, battant en brèche la poussive et commode thèse de l’oralité africaine.

Trop souvent les commentateurs ont tenté et le pli n’est pas levé, d’attribuer l’héritage et les vestiges de Tombouctou à une civilisation musulmane qui aurait tout d’étranger à l’Afrique noire, sinon la localisation et la couleur de peau des habitants. Les manuscrits que les Sud-africains peuvent découvrir contiennent des traités de musique, d’astronomie, de physique, de pharmacopée traditionnelle ne se limitant aucunement à l’islam. Une biographie du philosophe négro-africain et musulman Ahmed baba, éminente figure intellectuelle de son époque est également exposée.


La sauvegarde de cet héritage africain est au centre des préoccupations des autorités nationales et panafricaines avec l’aide de l’Unesco. Environ 80 000 manuscrits seraient encore entre les mains des familles de Tombouctou, disséminés dans les greniers et patrimoines privés, transmis de père en fils depuis des temps reculés. Ecrits en arabe et quelques fois en fulani [langue peule], ils ne demandent qu’à être protégés de l’usure du temps et récupérés par des structures de conservation culturelle.


Conscient de l’intérêt capital de ce patrimoine dans la reconstruction de l’identité collective panafricaine et de la dimension unificatrice de la culture dans ses aspects de civilisation, le président sud-africain Thabo Mbeki a lancé un appel de fonds de 35 millions de rands [4,7 millions d'euros] pour sauver cet héritage précieux. Il faut espérer qu’il soit entendu et que quelques mécènes africains privés [rêvons un peu], pour une fois, se manifestent. Rien n’empêche par ailleurs des associations de la diaspora de faire des propositions.


Source : AFP

_________________
"Le savoir non digéré par la pensée est vain et la pensée non étayée par le savoir est dangereuse. "(Confucius)

"L' Homme est le remède de l'Homme " (proverbe Wolof)

" Tout ce que je sais c' est que je ne sais rien." (Socrate)
__
http://sequiperenlogicielsgratuits.blogspot.com
http://passionebooks.blogspot.com/
http://passionlangues.blogspot.com/
http://passiondotnet.blogspot.com/
http://www.grioo.com/blogs/DJIBRILCHIMEREDIAW/
http://fr-fr.facebook.com/people/Djibril-Chimere-Diaw/100001784791601
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
Ambassadeur
Grioonaute 1


Inscrit le: 26 Aoû 2005
Messages: 184

MessagePosté le: Lun 17 Oct 2005 00:24    Sujet du message: Répondre en citant

Dans quelle langue ils enseignaient dans ces universites de Tombouctou et ils utilisaient quel alphabet? Si c'etait en Arabe, c'est assez etrange, car nous ne somme pas des arabes nous...
_________________
"L'hypocrisie est un vice a la mode et tous les vice a la mode passent pour vertus"-----Don Juam, Moliere"

"La fin justifie les moyens"----Machiavel
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
GUIDILOU
Bon posteur


Inscrit le: 11 Sep 2005
Messages: 730

MessagePosté le: Lun 17 Oct 2005 07:35    Sujet du message: Répondre en citant

EN quelle langue exprime-tu ton étonnement avec quel alphabet?
_________________
"Le savoir non digéré par la pensée est vain et la pensée non étayée par le savoir est dangereuse. "(Confucius)

"L' Homme est le remède de l'Homme " (proverbe Wolof)

" Tout ce que je sais c' est que je ne sais rien." (Socrate)
__
http://sequiperenlogicielsgratuits.blogspot.com
http://passionebooks.blogspot.com/
http://passionlangues.blogspot.com/
http://passiondotnet.blogspot.com/
http://www.grioo.com/blogs/DJIBRILCHIMEREDIAW/
http://fr-fr.facebook.com/people/Djibril-Chimere-Diaw/100001784791601
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
Soundjata Kéita
Super Posteur


Inscrit le: 06 Mai 2005
Messages: 1655
Localisation: Au sein de mon Empire

MessagePosté le: Lun 17 Oct 2005 16:22    Sujet du message: Répondre en citant

GUIDILOU a écrit:
EN quelle langue exprime-tu ton étonnement avec quel alphabet?
Shocked Tu veux dire que nous ne sommes pas des français, "nous" ? Shocked

Le choc Surprised Wink


Hotep, Soundjata
_________________
La vérité rougit l'oeil, mais ne saurait le transpercer


Pour la Renaissance du Gondwana
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
GUIDILOU
Bon posteur


Inscrit le: 11 Sep 2005
Messages: 730

MessagePosté le: Lun 17 Oct 2005 17:13    Sujet du message: Répondre en citant

Ambassadeur est parfois provocateur Soundjata .
Pour les écritures africaines voir http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=678
j' ai essayé d' étoffer la page . Bien à vous .

_________________
"Le savoir non digéré par la pensée est vain et la pensée non étayée par le savoir est dangereuse. "(Confucius)

"L' Homme est le remède de l'Homme " (proverbe Wolof)

" Tout ce que je sais c' est que je ne sais rien." (Socrate)
__
http://sequiperenlogicielsgratuits.blogspot.com
http://passionebooks.blogspot.com/
http://passionlangues.blogspot.com/
http://passiondotnet.blogspot.com/
http://www.grioo.com/blogs/DJIBRILCHIMEREDIAW/
http://fr-fr.facebook.com/people/Djibril-Chimere-Diaw/100001784791601
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
Ambassadeur
Grioonaute 1


Inscrit le: 26 Aoû 2005
Messages: 184

MessagePosté le: Lun 17 Oct 2005 23:29    Sujet du message: Répondre en citant

GUIDILOU a écrit:
Ambassadeur est parfois provocateur Soundjata .
Pour les écritures africaines voir http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=678
j' ai essayé d' étoffer la page . Bien à vous .



Je suis parfois provocateur? Pourquoi? J'ai une opinion totalement differente de la majorite, je vois pas en quoi dire ce que je pense est de la provocation. Et je posais une question sincere. Beaucoup de gens, y compri moi, ne savaient meme pas que la premiere universite a ete cree a Tombouctout et que Tombouctou etait une cite universitaire. Alors j'etais curieux de savoir dans quelle langue ils enseignaient et avec quelle alphabet. C'est une question parce que je sais que les gens ici allait donner une reponse. Je vois pas en quoi c'est provocateur. Faut pas toujours etre sur la defensive et prendre tout au premier degre.

"I have more respect for a man who let me know where he stands---and thinks---than one who comes up like an angel, says nothing, and is nothing but a devil"----Malcolm X
_________________
"L'hypocrisie est un vice a la mode et tous les vice a la mode passent pour vertus"-----Don Juam, Moliere"

"La fin justifie les moyens"----Machiavel
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet       grioo.com Index du Forum -> Culture & Arts Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum



Powered by phpBB © 2001 phpBB Group