Inscrit le: 11 Déc 2004 Messages: 744 Localisation: Sith land
Posté le: Mer 05 Oct 2005 19:52 Sujet du message: Afriland
Paul Fokam, le président d'Afriland First Bank, est en passe de réussir son pari. Dans un secteur bancaire tenu en grande partie par des multinationales, il mise sur le secteur informel, les ménages, les PME et les agriculteurs. Au moment où ses concurrents justifient leur surliquidité par les risques encourus à prêter à ces « recalés » du système financier classique, lui, Paul Fokam, offre une réponse aux tontines et autres financements communautaires.
Pendant des années, ce docteur en gestion a observé les besoins des populations. De la Tunisie à l'Afrique du Sud, en passant par le Nigeria, le Kenya ou la Zambie, il a sillonné son continent pour parvenir à cette conclusion : « La victoire sur la pauvreté est possible, à condition que les moyens et les compétences de la communauté soient mis en commun. » Fort de ce constat, il crée, en 1987, une banque capable de répondreaux demandes spécifiques du marché africain, faisant fi de la mondialisation et des principes de prudence de la concurrence. C'est la Caisse commune d'épargne et d'investissement (CCEI), devenue Afriland First Bank il y a deux ans. En 2000, il publie Et si l'Afrique s'éveillait ?, un ouvrage qui prône une économie conforme aux valeurs africaines, détachée de modèles qui ne lui sont pas forcément applicables.
En défendant le principe du financement des Africains par les Africains, Paul Fokam revient à ses racines. Il n'est pas seulement docteur en gestion, il est aussi Bamiléké, une ethnie de l'ouest du Cameroun, réputée pour son succès dans les affaires. Un succès dû, en partie, à des systèmes informels de financement communautaire. Mais il a su franchir le pas qui effraie tant les financiers : passer de l'informel au formel. De la tontine à la banque commerciale, avec pignon sur rue et filiales en Chine ou à Paris. À côté de ce groupe bancaire, Paul Fokam possède également une compagnie d'assurances et un fonds de capital-risque, Central Afri-ca Investment (Cenainvest), qu'il présente comme le premier fonds d'investissement à capitaux africains et bénéficie du soutien du Fonds d'aide néerlandais (FMO). Sous forme de participations au capital, de prêts participatifs, d'obligations ou de dettes subordonnées, Cenainvest propose d'investir dans divers secteurs : informatique et télécommunications, BTP, agro-industrie, etc. Mais se montre prudent, pour le moment, vis-à-vis du tout nouveau Douala Stock Exchange (DSX) : « Observons d'abord, répond le directeur commercial, Pierre Kam. Le DSX vient compléter notre système financier qui souffre énormément de l'absence d'instruments pour le financement à long terme de l'économie. »
Pour se développer dans la sous-région, la recette d'Afriland est la même qu'au niveau national : « Notre souci est d'accompagner l'entrepreneur africain dans son ouverture sur le monde. Nos produits, assez innovants, répondent aux besoins de notre clientèle, très exigeante, il faut le reconnaître. » Au Cameroun, mais aussi en Guinée équatoriale et au Congo, la banque propose des solutions de financement proches de la microfinance. Elle a inventé des produits adaptés à des demandes ignorées par la majorité de ses concurrentes. Comme le Flash-Cash, son produit phare. Fondé sur le même principe que le chèque de voyage, il permet des règlements sécurisés dans des secteurs qui ne connaissent que les espèces. Viennent ensuite les systèmes d'épargne destinés à des gens qui n'ont aucun contact avec le système bancaire. L'ouverture d'un livret passe alors par une phase pédagogique, qui sert à familiariser le client avec le fonctionnement de la banque. Les uns s'adressent aux musulmans désireux de prévoir leur pèlerinage, d'autres aux femmes, sous forme de mutuelle d'épargne, d'autres encore aux familles qui souhaitent assurer l'éducation de leurs enfants. Avec une multitude de produits de ce genre, Afriland, loin d'empiéter sur les plates-bandes de la concurrence, amène à la banque des familles qui n'y avaient pas accès.
Clientèle africaine, donc, mais aussi capital africain (à 80 %), tel est le fondement de l'action d'Afriland : « Pour nous, le développement économique de l'Afrique doit d'abord se faire par les Africains eux-mêmes, dans le respect de leurs valeurs socioculturelles et religieuses, explique Alamine Ousmane Mey, directeur général adjoint. Du reste, ce n'est pas une particularité africaine. Il ne saurait y avoir un développement durable sans une forte composante économique endogène. » Des intentions louables, que les railleurs qualifiaient encore d'utopiques en 1999, année noire pour la CCEI. Son résultat net s'inscrivait en perte, à - 1,2 milliard de F CFA (1,8 million d'euros). Des « exceptions » (deux résultats négatifs sur les douze dernières années) que le directeur commercial Pierre Kam justifie par le créneau sur lequel la banque s'est engagée, les PME, peu rentable à court terme, et par son exclusion du marché monétaire, qui limite ses capacités d'intervention. Les chiffres semblent lui donner raison puisque, depuis l'année 2000, Afriland remonte progressivement la pente. Ainsi, le résultat net, en 2002, a atteint 1,2 milliard de F CFA, en hausse de 31 % par rapport à l'exercice précédent. Dans son rapport annuel 2002, le président réaffirme sa volonté d'indépendance. Une indépendance tributaire, bien sûr, de la rentabilité de l'établissement.
Pour la préserver, cette indépendance d'Afriland, Paul Fokam travaille en
priorité sur la forme. D'abord au niveau de la politique commerciale. Avec le changement de nom, l'ensemble des supports de communication sont progressivement revus. Le réseau est élargi. Des enquêtes sont menées à partir des réclamations de la clientèle, qui permettent une plus grande proximité tout en réduisant les coûts. Car la gestion de la banque est également remaniée. Contrôle accru dans les agences, création d'une nouvelle entité de recouvrement, surveillance des engagements, Afriland a également revu sa copie sur les assurances, après un audit complet des polices contractées. L'objectif défini dans le plan 1999-2004 de capter 12% du marché camerounais n'a pas été atteint, mais le marché reste porteur. Dans le pays, plus de 50 % de la population vit en deçà du seuil de pauvreté (moins de 148 000 F CFA par an). Les ruraux (84 %) et les femmes (52 %) étant les plus touchés. Avec la création des Mutuelles communautaires de croissance (MC2) ou de la Mutuelle financière des femmes africaines (Muffa), Afriland s'adresse d'abord à ces deux catégories de population et joue sur les volumes. Un exemple parmi d'autres : avec un crédit de 50 000 F CFA amorti en cinq mois, une bayam selam (revendeuse des marchés) a monté une fabrique artisanale de bonbons qui lui permet de faire vivre sa famille et d'envoyer deux de ses enfants à F école.
Afriland First Bank n'est pourtant pas une organisation humanitaire. Elle paie son personnel et dégage des bénéfices. Cependant, elle se différencie de ses concurrentes, en réconciliant avec le système bancaire des populations échaudées par la crise qui a frappé le secteur dans les années quatre-vingt-dix au Cameroun. _________________ Domine ta peur et tu seras plus fort que la mort
Inscrit le: 11 Déc 2004 Messages: 744 Localisation: Sith land
Posté le: Mer 05 Oct 2005 19:52 Sujet du message:
Banque d'affaires à vocation internationale, le groupe présidé par Paul Fokam se veut, avant tout, profondément africain. Le paradoxe n'est qu'apparent...
Pour Afriland First Bank, 2002 est décidément l'année de tous les records. Son bilan total culmine à 141 milliards de F CFA (215 millions d'euros, + 13 % par rapport à l'année précédente), alors que les dépôts de sa clientèle ont augmenté de 21 % pour atteindre 118 milliards, dont plus de 70 % placés sur des comptes épargne. Quant au résultat net d'exploitation (1,4 milliard de F CFA), il fait un bond de 32 %. Bref, le groupe présidé Paul Kammogne Fokam confirme son ambition de devenir la troisi ème banque du Cameroun à l'horizon 2005. Une ambition qui n'a rien de démesuré, même si ses concurrents directs ne sont pas les premiers venus, qu'il s'agisse de la Banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit (BICEC), du groupe Banques populaires, du Crédit Lyonnais du Cameroun ou de la Société générale de banque du Cameroun (SGBC).
Mais les espoirs du groupe ne se limitent pas à son pays d'origine. À l'instar de la Bank of Africa, d'Ecobank ou de la BGFI Bank, Afriland a aujourd'hui pignon sur rue dans plusieurs pays subsahariens. Déjà présente en Guinée équatoriale depuis 1994 sous le nom de CCEI Bank (Caisse commune d'épargne et d'investissement), elle a récemment ouvert une succursale dans le port congolais de Pointe-Noire, ainsi qu'à São Tomé e Príncipe, en 2002. Cette même année, le groupe a pris pied en Côte d'Ivoire via une prise de participation dans le capital de la banque Omnifinance. Des partenariats ont en outre été mis en place avec des établissements comme la Banque de développement du Tchad, la Société marocaine de dépôt et de crédit et la First National Bank of South Africa.
Pourtant, à en croire son patron, Afriland First Bank n'est pas une banque panafricaine. « Ce terme désigne un agglomérat d'entités qui auraient perdu leur identité, explique Fokam. Je préfère parler de "banque africaine", puisque, par ses racines, sa culture et ses actions, notre entreprise l'est en effet profondément. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons, l'an dernier, changé de raison sociale. "Afriland" souligne notre attachement au continent et "First" notre ambition professionnelle. »
Pourtant, les objectifs du groupe débordent largement le continent. Des bureaux ont ainsi été ouverts en France et en Chine, et plusieurs autres partenariats lui assurent une représentation en Amérique et en Europe occidentale. En fait, la démarche de Paul Fokam est double : « Nous voulons, dit-il, développer des partenariats entre l'Afrique et le reste du monde à travers nos activités de banque d'affaires. Et parallèlement, mobiliser l'épargne de la diaspora. »
De manière générale, le problème des banques africaines n'est certainement pas le manque de liquidités. Faute de projets « bancables », ce serait même plutôt le contraire ! « C'est pourquoi Afriland s'efforce de répondre aux demandes de financements à long terme, commente Fokam. Car ce sont ces services financiers qui font le plus défaut aux entreprises. La Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale, à Libreville, ou le Douala Stock Exchange ne pourront remplir leur mission tant que des mesures destinées à promouvoir l'investissement en Afrique centrale ne seront pas mises en place. Il faut au préalable modifier l'environnement des affaires et réduire de manière significative le coût des facteurs de production. Tant que la situation n'évoluera pas, la Bourse restera une coquille vide. »
Faute d'instruments financiers communautaires, Afriland a donc choisi de développer des produits adaptés, en misant notamment sur les fonds de capital-risque. En 1998, avec le soutien de la coopération néerlandaise, il crée Cenainvest (Central Africal Investment), un outil de capital-risque destiné aux entrepreneurs africains souhaitant réaliser des investissements à moyen et long terme (sept ans en moyenne). À ce jour, plus de 2,3 milliards de F CFA ont ainsi été mobilisés par le biais de diverses prises de participation.
Enfin, même s'il a surtout des activités de banque d'affaires (60 % de son chiffre d'affaires), le groupe ne néglige pas sa clientèle de base : les PME du secteur formel et les petits commerces informels, ainsi que les ménages désireux d'acquérir des produits financiers. Contrairement aux filiales des multinationales, qui appliquent sur le terrain des recettes « universelles », Afriland met l'accent sur l'adéquation entre ses services et leurs usagers. Dans les pays où existent des communautés musulmanes importantes, elle a lancé le compte de dépôt islamique, respectueux des règles imposées par l'islam (absence d'agios, d'intérêts et de frais de tenue de compte), et propose une épargne « spécial pèlerinage ». Plutôt que d'investir dans des équipements monétiques inaccessibles au plus grand nombre (comme les ditributeurs automatiques de billets), Afriland a choisi de développer le Flash Cash, un outil bancaire qui permet de remplacer l'argent liquide par des contre-valeurs certifiées. Autre produit en cours de lancement, la e-card, un instrument de paiement sécurisé qui permettra aux clients d'éviter de transporter de grosses sommes en espèces.
Enfin, le groupe s'intéresse à la finance comme outil de développement social. Il est à l'origine d'un réseau d'une cinquantaine d'établissements de microcrédit baptisés MC2, ou Muffa (Mutuelles financières des femmes africaines). Docteur en gestion et enseignant au Conservatoire national des arts et métiers (Paris), le Bamiléké Paul Fokam se veut profondément afro-optimiste. Passionné par les cultures africaines, il est parvenu à bâtir un groupe financier sans renier ce qui fait sa spécificité. L'établissement qu'il préside respecte scrupuleusement les normes « prudentielles » internationales sans pour autant se couper de sa clientèle de Bafoussam ou de Kousseri. _________________ Domine ta peur et tu seras plus fort que la mort
Inscrit le: 11 Déc 2004 Messages: 744 Localisation: Sith land
Posté le: Mer 05 Oct 2005 19:53 Sujet du message:
LE CRU 2003 A ETE EXCEPTIONNEL pour le Dr Paul K. Fokam, fondateur en 1988 de la Caisse commune d'épargne et d'investissement (CCEI). La banque, rebaptisée Afri-land First Bank en 2001, a, pour son premier exercice concordant avec l'année civile (fin juin auparavant), annoncé un total de bilan en hausse de 13 %, à 141 milliards de F CFA (215 millions d'euros). Le résultat net a progressé de 14,5 %, et le bénéfice d'exploitation de 32 %. La banque a ouvert une représentation en Chine et créé une filiale à Sâo Tome e Principe, s'ajoutant à celles de Guinée équatoriale et du Congo-Brazzaville. Docteur en gestion, Paul Kammogne Fokam prône depuis toujours une création de richesses qui prenne en compte les spécificités africaines. Les performances de sa banque, qui se hisse à la 3e place au Cameroun tout en y soutenant activement le développement du micro-crédit, en font la démonstration : Afrique et business à l'occidentale ne sont pas incompatibles. _________________ Domine ta peur et tu seras plus fort que la mort
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum