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La cavale de Rachel et Jonathan

 
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Rocs
Bon posteur


Inscrit le: 11 Déc 2004
Messages: 744
Localisation: Sith land

MessagePosté le: Jeu 06 Oct 2005 10:07    Sujet du message: La cavale de Rachel et Jonathan Répondre en citant

Pour échapper à une reconduite à la frontière, deux jeunes Congolais ont basculé dans la clandestinité. Ils vivent aujourd’hui cachés par un réseau de citoyens ordinaires en attendant leur régularisation

Il faut monter dans la voiture sans poser de questions et se laisser conduire à travers les bourgades jusqu’à une petite maison qui ressemble à tant de petites maisons. Les hôtes ne connaissent pas la conductrice, qui, après les avoir brièvement salués, s’éclipse dans le couloir de l’entrée, sort son téléphone portable et dit « c’est bon » à un interlocuteur inconnu. Elle raccroche et enlève la puce de son appareil. Quelques minutes plus tard, le deuxième groupe arrive. Tout le monde s’assoit. Sauf celui qui semble être le chef et qui dit, se tenant debout, vers la porte: « Je veux rappeler les règles: vous ne connaissez pas l’endroit où nous sommes ni les prénoms de ceux qui vous répondront. » Sur ce, la « conférence de presse » peut commencer.
Nous ne sommes pas chez un lieutenant de Ben Laden ni dans le maquis corse. Mais quelque part en France attablés à boire un jus d’orange clandestin avec deux adolescents en cavale. Car Rachel, 15 ans, et Jonathan, 14 ans, qui viennent d’entrer dans la pièce, l’air fatigué et triste, sont recherchés par la police. Pas qu’ils soient de dangereux individus. Mais ils doivent être expulsés vers la République démocratique du Congo qu’ils ont fuie avec leur mère et leurs deux petites sœurs en 2001. « Nous avons vu notre mère persécutée devant nous, on a décidé de s’enfuir en France parce qu’on parlait la langue et que c’est une terre d’accueil », lâche juste Rachel de « ce qui s’est passé là-bas ». Les Makombo s’installent à Sens dans l’Yonne, où Barbe, la mère, demande l’asile. Il lui est refusé comme à 84% des demandeurs. En juin dernier, on lui signifie un arrêté de reconduite à la frontière. Le 9 août, elle est convoquée au commissariat. Elle dépose ses deux petites filles, Naomie, 10 ans, et Grâce, 12 ans, au centre aéré et dit juste à ses deux grands: « Si ça dure trop longtemps, prenez la bonne décision. » Comme dans les films. Au bout de deux heures, elle n’est pas rentrée. Ils prennent quelques affaires et partent. Bonne décision: dans l’après-midi, la police va chercher leurs petites sœurs au centre aéré. Barbe et les deux petites sont assignées à résidence à Migennes en attendant que les deux grands les rejoignent: une fois la famille au complet, l’expulsion pourra être exécutée. Rachel et Jonathan ont compris cela. Ils sont déjà à Paris. Quelques euros en poche, ils dorment dans les salles d’attente des gares, mangent des sandwichs, avant de contacter, au bout de trois jours, « quelqu’un » qui peut les aider. Bientôt le Réseau Education sans Frontières (voir encadré) est alerté.
Aussitôt, la nouvelle fuse sur la Toile. A Sens, un collectif est créé. « A la première réunion, nous étions quatre, raconte Daniel Vey, un prof de sport. A la deuxième 50, à la troisième 100. Cette histoire touche beaucoup de gens, y compris des personnes qui n’ont jamais milité mais qui sont choqués que la police arrête des enfants dans un centre de loisirs. » Ou qu’elle les empêche d’accéder au collège comme ce fut le cas pour Grâce, accueillie par un cordon de forces de l’ordre lors de sa rentrée en sixième et forcée de changer d’établissement. Ou qu’elle perquisitionne, comme le 22 août, le domicile de Bleuette Dupin, une journaliste à Radio-France, qui avait interviewé Mme Makombo. Deux manifestations ont lieu à Sens. Des gens proposent leurs services. Naomie, toujours scolarisée à Sens, est hébergée chez une institutrice. Chaque jour, des bénévoles l’accompagnent jusqu’à Migennes, à 40 kilomètres de là, pour voir sa mère. Réseau, téléphone, internet: tout est mis à contribution. Héritée d’un militantisme d’extrême gauche dans les années 1970, la culture de la clandestinité est réactivée: « Moins on en sait, mieux c’est », récitent les soutiens, qui se passent le relais sans savoir forcément qui est qui ni qui fait quoi.
Jonathan et Rachel sont pris en charge par une deuxième équipe, souterraine. Des gens dont on ne saura pas grand-chose, prudence oblige. Sauf qu’ils sont jugés « fiables » par le réseau. « Il y a un certain nombre de personnes dont on sait qu’elles ont des convictions sur l’aberration de cette politique migratoire et les capacités d’accueillir les enfants, en termes de place, d’affection et de possibilité d’éducation », explique Richard Moyon, vitrine du Réseau Education sans Frontières sur cette affaire, et grand mystérieux: « Très peu de personnes savent où ils sont. Nous sommes obligés de renouer avec des méthodes de prudence issues d’époques que l’on croyait révolues. »
Danielle, elle, ne veut pas solenniser son engagement. Quand des « gens du réseau » lui ont demandé d’héberger Jonathan et Rachel, l’enseignante n’a pas hésité. « Ils ressemblent tellement à mes élèves que ça me paraît naturel de les aider. Je ne suis pas une héroïne. C’est juste un acte citoyen. Je suis prête à assumer les conséquences de mes actes mais pas à négocier sur mes principes. » Chez elle, comme chez ceux qui les ont accueillis avant et après, Danielle a tenté d’aménager la cavale aussi confortablement et utilement que possible. Des profs leur donnent des cours particuliers. Rachel lit « le Journal d’Anne Frank » mais elle trouve ça trop long et préfère, comme son frère, la console de jeux et la télévision. A part une voisine proche, mise dans la confidence, personne de l’entourage n’a été au courant: « Il a fallu ruser avec la famille et les amis, éviter qu’ils ne passent à la maison. »
Des précautions qui ont marché: depuis le 9 août, la police n’a pas trouvé Rachel et Jonathan. Leur mère, qui n’a pas eu de contacts avec eux, est tenue au courant. « C’est elle qui décide de tout, explique un membre du réseau. Si elle nous disait: “Je n’en peux plus, je veux mes enfants”, on les lui ramène dans la journée. » Pour l’heure, Jonathan et Rachel sont déterminés malgré le manque de leur famille. Ils se disent prêts à tenir dans cette vie clandestine jusqu’à « ce qu’on nous donne des papiers ». Dans une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur, ils demandent d’« être régularisés afin de finir nos études ici et d’avoir la chance que vous avez eue, vous, de réussir ». Depuis huit semaines, une poignée de personnes ont accueilli les deux fugitifs pour quelques jours. Des citoyens ordinaires, croyants, parents d’élèves, des courageux qui, pour ne pas transiger avec leurs principes, ont pris un risque. En cas de poursuite judiciaire pour « aide au séjour irrégulier », ils encourent cinq ans de prison et 30 000 euros d’amende.
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Violetta
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MessagePosté le: Jeu 06 Oct 2005 11:37    Sujet du message: Répondre en citant

Je n'en peux plus de voir, jour après jour, à quel point ces français nous HAÏSSENT.
Cela devient presque intenable.
Il me semble qu'ils tirent un plaisir (totalement) malsain à nous retourner, dès que l'occasion se présente, le couteau (de la haine) dans la plaie qu'ils nous ont infligée il y a plus de quatre cents ans.

Ah, mon Dieu !
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